Célestine Diane d'Arenberg est née un beau jour de mai, il y a de cela 21 ans.Ses parents, Archibald et Victoire d'Arenberg, l'ont trés vite confiée à une nourrice. Il était hors de question que Victoire allaite son enfant ! A vrai dire, une fois qu'ils eurent la certitude d'avoir une future héritière, les parents de Célestine ne virent pas l'avantage d'avoir d'autres enfants. Ils préféraient avoir trois chambres de libres pour les hommes d'affaires qu'ils recevaient dans leur grand appartement parisien.

La jeune Célestine a donc grandi seule, ou tout du moins entourée de sa nounou, et du personnel de ses parents. A son entrée à l'école, privée évidemment, Cél' est vite devenue la fille que tout le monde enviait. Belle, fine, dotée de cheveux soyeux et d'yeux noirs profonds. Tout le monde ne pouvait que succomber à son charme, qui venait d'ailleurs d'on ne sait où. En fait, sa mère Victoire se plaisait à dire que le charisme était inscrit dans les gènes de d'Arenberg, et que c'était ce qui faisait d'eux une famille d'excellence.

Une famille... Qu'ils n'étaient pas. Si Victoire faisait mine de s’intéresser à sa fille en venant la chercher à l'école, c'était surtout pour montrer aux autres qu'elle était parfaite, avait une fille parfaite et menait un vie parfaite. Sauvegarder les apparences était la seule chose qui importait chez les d'Arenberg. Surtout quand on sait que les parents de Cél' étaient toujours de sortie, que Madame passait son temps à dépenser dans des magasins de luxe l'argent de son mari, héritier d'un grand holding familial pouvant assurer la survie de la famille sur dix générations.

Mais dans tout ça, Célestine n'était pas des plus heureuses. Certes, elle était promise à un avenir en or sans avoir à travailler, sa mère lui achetait tout un tas de vêtements hors de prix, les gens l'aimaient sans qu'elle ait à faire le moindre effort, et pourtant... Et pourtant elle était presque malheureuse. Ce que la majorité des gens ne comprenaient pas. Célestine Diane aurait pourtant échangé avec plaisir sa jolie cage en or contre une maison normal dans une petite rue normale, avec des parents réellement attentifs à leurs enfants et plein de frères et soeurs.

Si au primaire et au collège Célestine restait un peu en retrait, obéissant au doigt et à l'oeil aux directives de ses parents qui la traînaient dans des galas de charité, et faisant mine de s’intéresser à la petite cour avide qui se formait autour d'elle, cela changea du tout au tout quand elle arriva au lycée.A peine arrivée, elle était déjà très populaire, son nom l'ayant encore une fois précédée. Mais là, Cél' était bien décidée à ne pas se faire marcher sur les pieds par ses parents et sa petite cour. Désormais, c'était elle qui choisissait ses amis, les gens avec qui elle sortait, et ses parents avaient de moins en moins d'influence sur son train de vie. C'était la crise d'adolescence, et Monsieur et Madame d'Arenberg prenait cela comme une maladie qu'il fallait cacher aux yeux de tous. Le contrat entre Célestine et ses parents était simple : ils lui offraient une carte Gold avec crédit illimité et en échange, elle se comportait bien dans les lieux publics et jouait à la petite fille modèle lors des galas.

En apparence donc, tout allait bien pour la famille d'Arenberg. Mais derrière les façades, cela allait de mal en pis. Célestine allait de soirée en soirée, revenant à l'aube ou ne revenant pas, tout simplement. Elle menait un train de vie moins que raisonnable, et pourtant elle continuait à être une des meilleures élèves de sa classe. Pour couronner le tout, sa carte de crédit lui servait à plus à acheter du champagne et de la drogue qu'autre chose, les vêtements de marque mis à part. Célestine était devenue la fille la plus populaire du lycée, celle qui décidait qui était "in" et qui était "out", à quelles fêtes il fallait être invité, quels habits porter... Et Célestine Diane avait bien changé, puisqu'elle se réjouissait désormais de cette notoriété. Secrètement, sa mère aussi en était fière : elle aussi avait été, dans son temps, la coqueluche et dictatrice de son lycée...

Sa crise de gosse de riche terminée, Célestine poursuivit des études de droit et d'économie, sous la pression parentale à laquelle elle avait malgré tout cédé : si elle voulait hériter, il fallait qu'elle fasse ces études, comme tous ses ancêtres. Mais ce ne fut pas pour autant qu'elle se distingua pour son assiduité aux cours, préférant s'éclater dans Paris. Au fond, Célestine reste toujours un peu abîmée, attentive aux autres et n'aimant pas les voir malheureux, à l'instar de son enfance. Mais elle préfére donner l'apparence d'une fille à la vie parfaite et égoïste comme elle devrait l'être et comme elle l'a été, car ses parents lui ont au moins transmis une chose : la préoccupation des apparences.

Alors, gentille fille un peu perdue ou richissime fêtarde élitiste, qui prendra le dessus ?