to infinity

Courir. C'était une envie, presque un besoin quotidien. Courir pour réfléchir, courir pour se libérer l'esprit et ne plus penser à rien. Courir pour se dépenser et oublier les tracas quotidien. Avec le retour de Justin, l'arrivée de Baptiste et d'autres évènements imprévus au départ, courir me semblait être une bonne échappatoire et surtout un excellent moyen pour décompresser et me retrouver seul avec moi-même. Vêtu d'un sweatshirt et d'un short, je descendis rapidement les escaliers du 6ème étage au rez-de-chaussée comme entraînement saluant au passage l'une de mes voisines dans ma foulée. Écouteurs dans les oreilles et Ipod dans la poche avec mes clefs et mon téléphone portable, je sortis dans les rues de Paris, débutant alors mon parcours habituel du 13ème arrondissement jusqu'au 1er. Parcourant la capitale au rythme de She Wolf, tube de David Guetta et la chanteuse Sia que j'affectionnais particulièrement. Sifflotant au départ les premières notes de musique, je finis rapidement par laisser tomber pour me concentrer uniquement sur ma foulée, ma respiration et surtout ma destination. Toujours à l'affut de nouvelle redécouverte, je me laissais aller à la contemplation du Panthéon et de la Sorbonne pour finalement atterrir sur l'île de la cité et Notre-Dame-de-Paris, notre magnifique cathédrale. Pas le temps pour une prière, je continuais ma route en courant. N'étant pas pratiquant, j'admirais simplement l'architecture de ce monument parisien.

Je repensais à beaucoup d'anecdotes, d'évènements qui m'étaient soudainement tombé dessus ces derniers temps. Tout d'abord, j'avais fais vœux de célibat avant de me retrouver, forcé, à un speed-dating sans importance durant lequel j'avais rencontré cet homme. Baptiste Argent. Certes, c'était tout nouveau, nous nous connaissions à peine mais le fait d'être tous deux contraint par notre famille de venir nous avait rapproché. Bien évidement, je n'avais pas informé Charline. Je ne voulais pas qu'elle jubile d'une pseudo-victoire concernant mes relations amoureuses. Ma sœur cadette pouvait parfois être bornée et têtue, surtout lorsqu'elle manigançait avec notre cousine derrière mon dos. Et, en plus, Justin - qui avait disparu deux semaines - était revenu un soir à mon appartement, entrant comme si jamais rien n'était arrivé même si son visage trahissait sa honte et ses conneries passées.

J'arrivais sur le pont des arts, profitant de la vue qui m'était offerte sur les Invalides. Et je m'arrêtais. Je m'arrêtais au niveau de l'un des bancs pour m'étirer et ainsi éviter les crampes une fois mon footing achevé. Un homme se présenta alors devant moi. N'y faisant tout d'abord pas attention croyant qu'il souhaitait simplement s'asseoir, je ne le regardais pas. Je continuais mes étirements avec toujours mes écouteurs dans les oreilles. Malheureusement, après une ou deux minutes, je finis par redresser mon visage pour le tourner vers cet inconnu que je dévisageais de la tête aux pieds. Je me recentrais ensuite sur visage pour constater le mouvement de ces lèvres. Il me parlait. Je ne le reconnaissais pas. Je ne l'avais jamais vu et il venait vers moi se taper la discute. J'éteignis mon Ipod et, regard planté dans le sien, je pris la parole. « On se connaît ? » Demandais-je bêtement.

J'avais quitté mon appartement pour respirer l'air pur, pour décompresser, oublier, se sentir vivre. J'avais eu ce désir de m'enfermer dans ma bulle avec mon Ipod, ma respiration et mes pas de courses sans que personne ne puisse intervenir pour m'empêcher d'avancer et de continuer mon footing en toute tranquillité. Mais je vivais à Paris et la tranquillité n'était un adjectif de cette magnifique cité. La capitale n'était jamais tranquille. A toute heure de la journée ou de la nuit, les klaxons, les rires et les bavardages pouvaient se faire entendre dans la capitale. Paris était Paris et c'était également pour ça que je l'adorais et que j'adorais ces quartiers, ses rues, ses monuments, ses habitants et ses ponts. Le pont des arts restait probablement mon préféré parmi tous et c'est pourquoi je m'y rendais quotidiennement lorsque je courrais. Je profitais du sport pour revisiter la ville et me souvenir des moments passés en ces lieux avec des amis, entre amoureux ou seul comme aujourd'hui. Enfin, seul. C'était un bien grand mot puisque je n'étais plus seul désormais. Un homme, d'une vingtaine d'année environ, c'était positionné juste devant moi. Il ne disait rien, ne bougeait pas et attendait que le temps s'écoule. Je redressais mon visage dans sa direction. Je ne le connaissais pas. Je ne l'avais même jamais rencontré, ni croisé. Je lui fis donc une remarque, arrêtant mes étirements pour lui parler. Il sourit. Je me demande pourquoi. Étais-je drôle, amusant ou me prenait-il pour un clown ? Je ne le savais pas. Je ne voulais pas le savoir. Je le fixais. Il ne disait toujours rien. Je désirais qu'il me réponde, qu'il dise quelque chose, qu'un mot sorte enfin de sa bouche. Son silence me tuait. « Oui, en effet... on a passé une nuit plutôt... Hm... Torride ensemble... » Je le regardais, les yeux grands ouvert en lui sortant un « Quoi ? » presque ahuri. Allant de surprise en surprise avec ce jeune homme, je doutais de ces dires. Je ne le connaissais pas. J'en étais sûr et certain. Comment le connaîtrais-je d'ailleurs, nous n'étions pas de la même génération et encore moins du même monde. « Je t'en voudrais pas si tu te souviens pas, t'en fais pas. » Il croyait vraiment me connaître. J'étais en pleine hallucination. Il était fou ou quoi ? Pour qui me prenait-il ? Nous ne nous connaissions pas et nous avions encore moins couché ensemble. Je m'en souviendrais. Jamais je n'avais oublié un partenaire sexuel même pour une seule nuit. Cet homme était définitivement dans l'erreur. « On n'a jamais couché ensemble. Je n'te connais pas. Tu crois que oui mais c'est faux. Tu te trompes d'homme. Je ne suis pas celui que tu crois. Je m'en souviendrais si j'avais été aussi loin avec toi. » Je m'étais redressé, montrant ma supériorité, et j'avais vu ses pommettes rougir face à ces paroles. Il n'avait aucun doute à mon sujet mais il se trompait. « Tu t'appelles comment d'abord ? Moi, c'est Cassandre. » J'espérais qu'il me dirait qu'il se trompait de personne, qu'il n'avait jamais couché avec moi. Pourtant, son regard me disait que non, qu'il était sûr de lui et qu'il savait déjà qui j'étais. « T'es sûr à 200% que c'était moi dans ton lit ? » Lui demandais-je finalement. J'appréhendais sa réponse.

les relations amoureuses n'ont jamais été ton fort. Ce n'est qu'aujourd'hui, après un magnifique echec avec Niels que tu t'en rends compte. Pourtant au fond tu es comme tout le monde, tu veux aimé, tu en as besoin. C'est comme ça que tu arrives à survivre. C'est grâce à ça qu'aujourd'hui tu respires, tu inspires l'air que tu trouves autour de toi. Si tes parents ne s'étaient pas aimé, n'avaient pas assouvi le désir qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre tu ne serais pas là. Tu ne serais jamais né, tu n'aurais jamais existé. Pourquoi tu devrais bannir ses sentiments de ta vie après quelques erreurs de parcours? Tu t'en es remis aujourd'hui, tu es quand même heureux. Tu n'as pas à te prendre la tête pour cette histoire désormais close. Il fera toujours partit de toi, c'est ainsi mais c'est une bonne partie de toi. Celle qui t'as fais grandir, mûrir. Celle qui t'as fais souffrir, sourire, qui t'as rendu heureux puis t'as achevé. Peu importe ce qu'elle t'a fait ressentir, elle ne t'a apporté au final que des bonnes choses. Retenir uniquement les bons souvenirs... Tu ne disais pourtant pas ça au début, quand tout était terminé et où tu ne pensais à rien d'autre qu'à être le plus soûl possible pour pouvoir oublier. C'était tellement dur d'oublier alors que tout était frai dans ton esprit. Tu n'as rien oublié de cette période ou même des douleurs endurées, au contraire. Elles se sont amplifiées, toutes. Tu t'es noyé dans des choses qui ne te ressemblaient pas pour oublier. Mais rien n'a disparu. Tout était encore là. Ton coeur ne s'était pas arrêté de saigner. T'as fais n'importe quoi, t'as pété un plomb. Tu as couché avec ce type, cet inconnu que tu viens d'aborder dans la rue, tu le sais. « Quoi ? » Tu savais qu'il ne s'en souviendrait pas, vu la dose d'alcool que vous aviez tous les deux dans le sang. C'était un coup de chance que tu t'en souviennes, vraiment. Tu hoches simplement la tête. Oui, tu as couché avec lui. Tu le sens. Tu sens encore sa peau tiède contre la tienne, tu sens encore l'emprise de ses bras musclés autour de toi ou le gout de ses lèvres. Tu esquisses un sourire. « On n'a jamais couché ensemble. Je n'te connais pas. Tu crois que oui mais c'est faux. Tu te trompes d'homme. Je ne suis pas celui que tu crois. Je m'en souviendrais si j'avais été aussi loin avec toi. » Tu secoues la tête pour affirmer que non. Ta mémoire ne te fait jamais défaut. Tu sais toujours parfaitement ce qu'il se passe. Tu n'oublies jamais un visage si il t'a touché d'une manière ou d'une autre. Tu t'étais réfugié dans son lit pour combler ce trou au coeur qu'avait causé la séparation brutale avec Niels. Tu l'avais aimé le temps d'une nuit et pourtant tu t'en souvenais. Tu te souvenais parfaitement de lui. « Tu t'appelles comment d'abord ? Moi, c'est Cassandre. » Cassandre, voilà ! Comment avez-tu pus oublié son nom alors que tu te souvenais de tout un tas de détails salaces? Peut-être parce qu'ils sont bien plus intéressants. Du moins, à l'époque tu les trouvais plus intéressants. Tu souris et tu tends la main vers lui. « Moi c'est Celestin. Je vois que j't'ai pas marqué, ça fait mal. » Tu ris légèrement. Au fond, tu t'en fiches. Ce n'était qu'une fois. Une unique fois. Tu ne peux pas lui en vouloir pour si peu. Ce serait idiot. Tu enfouis tes mains dans tes poches sans le quitter des yeux. « T'es sûr à 200% que c'était moi dans ton lit ? » Tu hoches encore une fois la tête vigoureusement. Impossible que ce soit quelqu'un d'autre. « Je t'assure que oui. J'me souviens de tous tes tatoos... Et puis aussi de tes positions.. Enfin les choses qu'on retient le plus quand on est dans un lit. » Tu ris. « Et j'me rappelle de ton parfum ... Et de tes abdos incroyables! J'ai jamais vu un mec aussi bien battit ! »

Spoiler:

Il dit que nous avions couché ensemble. Je ne le croyais pas. Je me souvenais de tous les hommes et des quelques femmes avec qui j'avais été intimes. Cet homme, ce jeune homme n'avait pas passé une nuit torride - comme il le qualifiait - avec moi. Je n'en démordrais pas. Il avait beau être sûr de lui, je ne pouvais y croire. La surprise fut grande lorsqu'il me l'annonça et je restais sceptique face à cette soi-disante révélation. Je lui indiquais mon prénom malgré son signe de tête. Se souvenait-il réellement de moi ? Je doutais énormément ou était-ce sa façon de flirter et de mettre un homme dans son lit ? Je ne savais plus quoi penser de toute cette histoire. Je n'aurais jamais pu couché avec lui, à moins que... Non, impossible. Même durant cette période, je me souvenais de mes multiples conquêtes. Il ne pouvait en faire parti. Pourtant, il y avait toujours cette possibilité que cet évènement se soit bien produit. « Moi c'est Celestin. Je vois que j't'ai pas marqué, ça fait mal. » Il rit. Je le regarde faire, haussant un sourcil. Je ne connaissais aucun Celestin. Me manipulait-il ? « Ca ne m'dit rien... » Lui répondis-je avant d'enchainer avec une autre question sur sa certitude qu'il ne se trompait pas d'homme. Il n'y avait peut-être qu'un seul Cassandre Lefèvre à Paris mais un autre homme pouvait me ressembler et si l'état du jeune Celestin était peu glorieux lors de sa coucherie, il aurait pu facilement me confondre avec ce type.

Il secoua une nouvelle fois la tête. Son sérieux me tuait. Je n'avais pas couché avec lui, bordel. Je ne cessais de me le répéter mais, petit à petit, je me rendais compte que la possibilité que j'avais envisagé au départ était probablement bien plus grande que je ne le pensais. C'était déstabilisant. « Je t'assure que oui. J'me souviens de tous tes tatoos... Et puis aussi de tes positions.. Enfin les choses qu'on retient le plus quand on est dans un lit. » Il ria. Pas moi. Je baissais la tête sur mon sweet-shirt. L'un de mes tatouages étaient facilement décelable. Il ne m'apportait ici aucune preuve tangible de me faire changer d'avis. Mes positions favorites ? Tout le monde en avait et l'exprimait ainsi ne rendait nullement crédible ses propos. J'attendais la suite, arrêtant mes étirements pour me concentrer sur ce Celestin. « Et j'me rappelle de ton parfum ... Et de tes abdos incroyables! J'ai jamais vu un mec aussi bien battit ! » Je soupirais. Croyait-il réellement que je me plierais à ces genoux après de telles réflexions. Il ne m'apportait rien. Rien de concluant en tout cas. Tous ces dires auraient pu coller à n'importe qui. « Je ne suis pas convaincu... » Lui avouais-je avec un regard assez dur. « T'as très bien pu apercevoir mon tatouage quand tu me parlais et le reste ne sont que des généralités pouvant s'adapter à n'importe qui. Comment veux-tu que je te crois avec ça ? » Je posais une main sur son épaule, prenant un air supérieur tel le dominateur de la situation. Je voulais qu'il est peur. Peur de moi. De cette tête que je prenais. Nous n'avions pas couché ensemble et je voulais lui montrer que cela n'arriverait jamais et qu'il ferait mieux de déguerpir. « Tu sais quoi ? On va tout oublier. Tu cherchais "je ne sais quoi" avec moi - peut-être un coup vite faite - mais j'crois que tu ferais mieux de partir. On n'a pas couché ensemble et on ne couchera pas ensemble. Maintenant casses-toi avant que je ne sois plus désagréable. » La menace pouvait faire son effet. Je le savais. Il était jeune. J'avais plus de cinq ans de différence d'âge avec lui. Il me laisserait donc tranquille. Je le savais. Enfin, je pensais le savoir. Je m'écartais donc de lui, n'attendant aucune réponse de sa part et je me mis à marcher à l'opposer de cet homme. Paris pouvait réellement nous réserver de drôles de surprises.

Tu n'es tellement pas crédible. Il ne te croit pas, il ne te croira pas plus si tu insistes. Tu n'es plus qu'un lointain souvenir d'une nuit banale passée dans le lit d'un parfait inconnu. Pourquoi tu t'en souviens toi? A quoi bon t'en souvenir? A quoi te sers ce souvenir après tout? A te rappeler à quel point tu étais mal à un moment de ta vie? Surement. Tu ne cherches pas avoir plus que ce que tu as pus obtenir, tu n'auras rien après tout. Tu ne veux rien. Rien de plus qu'il se souvienne. Ce serait à la fois horriblement gênant et comique après tout. Il serait à la fois un souvenir et quelque chose de bien réel, de bien vivant. Tu sais que c'est lui, tu ne peux pas t'être trompé, tu ne te trompes jamais. Tu te souviens toujours du visage de ceux que tu as frôlé durant toute une nuit, de ceux que tu as embrassé avec tendresse mais pourtant avec une réelle fougue. C'est tellement brouillé et à la fois clair. Pour lui, tu n'es rien qu'un putain de mythomane mais tu connais la vérité. Tu n'es pas ce genre de mec qui ment pour tirer son coup. Dans tous les cas, l'envie te manque. Tu n'as pas envie de t'envoyer en l'air avec n'importe qui juste pour t'envoyer en l'air. Les sentiments prennent de l'importance. Tu as trouvé en l'amour un sentiment bien plus fort que tout ce que tu avais pus ressentir avant. Pourquoi se contenter d'une relation où il n'y a aucun sentiment quand on peut avoir une relation emplie de sentiments divers. Tu veux de l'amour. Cassandre n'est qu'un inconnu, tu n'éprouves rien, absolument rien, à part de la gêne mais aussi de l'amusement. C'est assez comique comme situation après tout. Retrouver un plan cul, six mois après votre relation et que son souvenir soit encore parfaitement encré dans ta mémoire, comme si tout s'était déroulé hier ou il y a quelques heures. « Je ne suis pas convaincu... » Tu soupires lentement. Que lui fallait-il? Que tu décrives la moindre des positions que vous aviez effectué cette nuit là? Que tu lui rappelles le suçon qu'il t'avait fait qui avait mis plus d'un mois à partir complètement? Tout était beaucoup trop vague, il ne te croira jamais. « T'as très bien pu apercevoir mon tatouage quand tu me parlais et le reste ne sont que des généralités pouvant s'adapter à n'importe qui. Comment veux-tu que je te crois avec ça ? » Comment tu avais pus voir ses tatouages alors que son corps était recouvert de ses vêtements? C'était tout simplement stupide. T'as pas des rayons X à la place des yeux encore. Il pose sa main sur ton épaule, l'air menaçant. Il croit que tu vas repartir la queue entre les jambes après ça? Non. T'es un homme, faut pas croire. C'est pas parce que t'as que la vingtaine que tu es une vraie petite tapette. Tu es gay, bi, certes. Mais tu n'es pas une tapette. « Tu sais quoi ? On va tout oublier. Tu cherchais "je ne sais quoi" avec moi - peut-être un coup vite faite - mais j'crois que tu ferais mieux de partir. On n'a pas couché ensemble et on ne couchera pas ensemble. Maintenant casses-toi avant que je ne sois plus désagréable. » Tu ne peux t'empêcher de rire alors qu'il commence à s'éloigner de toi. Tu restes là, les bras croisés sur la poitrine. « Tu as un tatouage sur l'épaule gauche, tu as le signe astral du taureau. Tu as aussi une longue phrase sur le pectoraux gauche, si je me souviens bien, mais j'ai aucune idée de la signification, je m'en souviens plus vraiment... Tu as aussi un tatouage sur le bras droit, mais là encore je sais pas vraiment ce qu'il signifie, mais je l'aime beaucoup. J'le trouve beau. Et ne me dis pas que je peux le deviné là, comme ça, parce que tu es habillé. J'ai pas des rayons X mec. Je les ai vraiment vu. » Tu l'affirmes farouchement. Tu t'approches de lui pour éviter de crier au milieu d'un groupe de japonais. Des touristes. Toujours et encore, envahissants la capitale. « On l'a fait dans trois endroits différents. Sous la douche, dans ton lit et ... Sur le bureau. J'ai "mené" la danse, va savoir pourquoi tu m'as dis de le faire. Je déconne pas Cassandre, on a vraiment couché ensemble. Je m'en rappelle comme si c'était hier. T'étais tellement torché que tu dois pas t'en souvenir... » Tu soupires avant de te reculer. « Il te faut quoi de plus? Que j'me foute à poil au milieu des passants pour que tu t'en souviennes? Je suis pas là pour baiser avec toi, j'en ai limite rien à foutre. J'ai pas que ça à faire d'aller draguer des inconnus en plein milieu d'la journée pour m'envoyer en l'air. Si j't'ai abordé, c'est parce que je sais que c'est avec toi que j'ai couché. J'en suis sur. » Un autre soupir. Les gens te regardent de temps en temps en entendant la vulgarité certaine de tes paroles mais au fond, tu t'en fous. C'est la réalité. Qu'ils le sachent, t'as rien à perdre.

Je ne me souvenais de rien. Je ne me souvenais pas de sa tête, de sa voix, de rien. Tout n'était qu'un trou que ce Celestin essayait de comblait tandis que je croyais fermement que je n'avais jamais couché avec ce jeune homme. Je montais donc d'un ton, la colère prenant le pas sur le calme dont je faisais part jusque là. Je ne savais pas ce qu'il cherchait, je ne savais pas pourquoi il était venu vers moi sur ce pont alors qu'il y avait bien d'autres hommes seuls à manipuler. J'étais sûr de ressembler à un imbécile mais l'idiot, ici, ce n'était pas moi mais lui. Je m'éloignais de lui après une dernière mise au point. Je l'entendis rire et cela m'agaçait. Je ne me retournais pas. Je continuais simplement ma route. « Tu as un tatouage sur l'épaule gauche, tu as le signe astral du taureau. Tu as aussi une longue phrase sur le pectoraux gauche, si je me souviens bien, mais j'ai aucune idée de la signification, je m'en souviens plus vraiment... Tu as aussi un tatouage sur le bras droit, mais là encore je sais pas vraiment ce qu'il signifie, mais je l'aime beaucoup. J'le trouve beau. Et ne me dis pas que je peux le deviné là, comme ça, parce que tu es habillé. J'ai pas des rayons X mec. Je les ai vraiment vu. » Je stoppais dès ses premiers mots et déglutis à chaque propos exacte. Il les connaissait. Il les connaissait tous. Comment pouvait-il ? A moins que... Je me retournais, le fixant d'un nouveau regard comme si je le voyais vraiment pour la première fois. Il s'approcha de moi. « On l'a fait dans trois endroits différents. Sous la douche, dans ton lit et ... Sur le bureau. J'ai "mené" la danse, va savoir pourquoi tu m'as dis de le faire. Je déconne pas Cassandre, on a vraiment couché ensemble. Je m'en rappelle comme si c'était hier. T'étais tellement torché que tu dois pas t'en souvenir... » Bouche entrouverte, je ne savais quoi répondre, ni quoi dire. J'étais tout simplement surpris. Nous l'avions vraiment fait... Et trois fois. Je ne me souvenais de rien. « Il te faut quoi de plus ? Que j'me foute à poil au milieu des passants pour que tu t'en souviennes ? » J'acquiesçais d'un signe de tête, cherchant l'humour comme unique échappatoire à cette situation embarrassante. « Je suis pas là pour baiser avec toi, j'en ai limite rien à foutre. J'ai pas que ça à faire d'aller draguer des inconnus en plein milieu d'la journée pour m'envoyer en l'air. Si j't'ai abordé, c'est parce que je sais que c'est avec toi que j'ai couché. J'en suis sûr. » Je pris une profonde inspiration, me laissant tomber sur le banc à côté duquel j'étais resté debout pendant tout son discours sur mes tatouages et l'information complémentaire de sa dominance à mon égard au lit. J'étais mal. Honteux, gêné, embarrassé. J'aurais aimé pouvoir me cacher mais je ne le pouvais pas. Je redressais mon visage, plongeant mes yeux azurés dans ceux de mon interlocuteur et je m'imaginais. Je nous imaginais. Lui et moi. Ensemble. En pleine action. Je passais mes mains sur mon visages, les glissant ensuite sur mes joues. Je me mis à contempler son torse, reprenant mes esprits quelques secondes plus tard. « Donc on a... Trois fois... » Je soupirais. « Putain, je m'en souviens vraiment pas. Je sais pas pourquoi. J'étais si amoché quand on l'a fait ? » J'essayais de me concentrer, de me souvenir de cette nuit avec lui mais je ne situais même pas la semaine pendant laquelle s'était arrivée. « Et c'était quand ? J'ai bien une petite idée sur les mois possibles mais entre Février, Mars et Avril je ne sais pas vraiment par où commencer... »

A une certaine période de ta vie, t’enchaînais les conquêtes. Une personne différente tous les soirs dans ton lit. Pourtant, cette période était désormais derrière toi. Oubliées les soirées complètement défoncé ou bourré. Bonjour à la stabilité d'un couple. Pourquoi vouloir se fixer après tout ça? Sans doute parce que la jeunesse n'est pas éternelle. Mais cette partie de ta vie te manque, parfois, quand tu y réfléchis longuement. La facilité de ses relations te satisfaisaient amplement. Désormais, après avoir gouter à l'amour, tu ne peux t'empêcher de rechercher ce sentiment partout, à chaque coin de rue. Tu l'as trouvé. Ella est la femme qu'il te faut, elle est la femme que tu aimes. Mais rien n'effacera ton passé. Rien n'effacera tes conquêtes. Rien ne l'effacera à lui. Niels restera toujours celui que tu as aimé de tout ton être, celui qui t'as brisé, celui qui t'as changé. Tu lui dois tout et à la fois rien. Tu le hais et tu l'aimes tout autant. C'est un éternel paradoxe que tu tentes souvent de corriger. Tu tentes juste de ne plus penser à lui. Tu es heureux aujourd'hui, le reste, tu t'en tamponnes complètement. Cassandre était beau. Et le mot était faible. Il était époustouflant. C'était dur à croire que tu ait pus coucher avec lui d'ailleurs. Il n'était pas réellement ton genre, mais peu importe. Quand on boit, tout le monde est notre genre. Même le voisin qui put l'alcool à plein nez et qui a la patte arrière qui traine. T'as de la chance, tu fais encore une certaine distinction, même étant bourré. Cassandre avait sans doute été un bon coup vu que tu en gardes un bon souvenir. Un souvenir agréable même. Mais renouveller l'expérience ne te tentait pas plus que ça. Tu pouvais te passer de sexe. Même si, depuis des mois, tu n'avais pas eu de relations avec un homme. Ca faisait partit de toi et un jour ou un autre, tu retomberais dans les bras d'un homme, que tu le veuilles ou non. « Donc on a... Trois fois... » Tu hochais lentement la tête, détaillant du regard Cassandre qui réalisait petit à petit que tu pouvais avoir raison. Tu passais une main dans tes cheveux, repoussant tes mèches rebelles en arrière. Tu songeais à te teindre à nouveau en chatain. Le brun foncé ne te correspondait pas. Le changement ne pouvait être que bon.« Putain, je m'en souviens vraiment pas. Je sais pas pourquoi. J'étais si amoché quand on l'a fait ? » Une fois de plus tu hochais la tête suite à sa question. Il était complètement défoncé. Tout comme toi. Une nuit de débauche la plus complète possible qui avait terminé dans ton lit. Pour ton plus grand plaisir ce soir là. « On avait bu. Beaucoup. Toi surement plus que moi, vu que tu te souviens de rien. J'suis quand même un peu vexé. » Un léger rire s'échappait de tes lèvres alors que tu faisais un pas en arrière. Tu ne te souvenais que très vaguement de la soirée. Le moment avait complètement disparut du tableau. Ne restait que sa chaleur t'envahissant et ses baisers contre tes lèvres. Tout était vague, flou, mais les sensations existaient toujours dans ton subconscient. Un frisson parcourait d'ailleurs ton bas du ventre alors que tu te remémorais cette soirée, un léger sourire aux lèvres, un brin de nostalgie dans les yeux. « Et c'était quand ? J'ai bien une petite idée sur les mois possibles mais entre Février, Mars et Avril je ne sais pas vraiment par où commencer... » Je secouais doucement la tête. « J'crois que c'était en mars, je sais plus. J'étais souvent défoncé ou bourré dans c'te période là. J'saurais pas te dire exactement. J'sais juste que ça s'est passé quoi. » Tu posais ton regard sur lui, espérant qu'il comprenne, qu'il te croit. « Encore une fois, j'suis pas là pour recoucher avec toi hein, j'ai quelqu'un t'façon. » Ce n'était souvent pas une limite pour certaines personnes. Les couples sont sans doute fait pour être brisés, tôt ou tard. Mais le tiens, tu y tenais. Comme à la prunelle de tes yeux.