12h37. Je venais à peine de me lever. En fait, me lever n'était pas vraiment l'expression appropriée. J'avais ouvert les yeux une première fois au environ de 10h et je n'avais pas tardé à me rendormir. Je sais, je suis une flemmarde, et je l'assume totalement. La plupart des gens se lèvent tôt par peur de perdre leur matinée. Ce genre de détails ne me posaient aucun soucis. Je préférais largement passer ma matinée à dormir plutôt qu'à glander sans savoir quoi faire. Faut dire qu'il n'y avait pas vraiment de quoi s'occuper, dans le coin, à part si on aimait aller folâtrer à gauche et à droite. Malheureusement pour moi, ce n'était pas mon cas. Bref, inutile de préciser que comme la plupart des personnes au lever du lit - enfin, au lever du canapé serait plus juste étant donné que je squattais ce dernier depuis mon arrivée ici -, j'étais d'une humeur massacrante. Il était fortement déconseiller de venir me parler avant minimum une heure. Heureusement, comme s'il avait prédit le massacre, mon père avait quitté les lieux sans prendre la peine de préciser où il était parti à l'aide d'un petit mot. Mon père, quoi. Je n'aimais pas qu'il se barre comme ça sans prévenir. J'avais toujours peur qu'il ne rentre pas. Surtout que je ne savais pas où je pouvais le chercher au cas où c'était le cas. Allez savoir où est ce qu'un toxicomane comme lui peut traîner à des heures tardives de la nuit ... Bon OK, en tant que droguée, je devrais le savoir mais n'oublions pas qu'il s'agissait de mon père et qu'il avait des idées tordues mais ça, ce n'était plus un secret.

Alors que j'avais trouvé la force morale de me déplacer jusqu'à lui cuisine pour piocher un bol dans une armoire et y verser la première sorte de céréales qui m'était tombée sous la main, j'entendis sonner à la porte. J'hésitais un instant à aller ouvrir. Je n'aimais pas trop me retrouver face à des inconnus, surtout que mon français laissait encore à désirer. Je voyais mal comment expliquer à l'étranger qui se tenait sûrement encore devant la porte que mon père était de sortie. Je n'avais pas assez de vocabulaire pour ça. Bref, je finis par me dire que si je passais ma vie à éviter d'avoir à faire la conversation, jamais je ne maitriserais la langue du pays. J'abandonnai donc mon petit-déjeuner à contre coeur et descendis les escaliers pour aller ouvrir à la personne dont j'ignorais encore l'identité. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombai nez à nez avec Brooke. La première chose que j'eus envie de faire fut de lui fermer la porte au nez en lui jetant une flopée d'insultes à la figure au passage. Depuis que j'avais pris connaissance du sale coup qu'elle avait fait à mon père, je ne pouvais tout simplement pas blairer cette fille. En tout cas, j'allais lui faire regretter de s'être déplacée. Une Alecto fatiguée et morte de faim n'est pas toujours des plus agréables.

Brooke ouvrit alors la bouche, probablement pour expliquer la raison de sa présence. Je ne lui laissai pas l'occasion de dire un mot, lui lançant d'une voix sèche :

« Pas la peine de gaspiller ta salive, j'en ai rien à foutre de ce que tu t'apprêtes à me dire. » Je serrai les poings, me retenant de lui balancer ces derniers à la figure. « T'es pas la bienvenue ici. Je te le dis parce qu'apparemment, t'es pas assez futée pour le comprendre par toi-même. »

Alecto, ou comment se faire détester en quelques secondes.