maya l. rowe feat. taylor marie hill
« Maya, joue pas à l'idiote, on se connaît depuis des années toi et moi. Je peux savoir quand tu me mens, je sais ces choses là. » me dit-il, ses superbes yeux verts plongés dans les miens. D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours connu Pierre. Et c'est justement pour cette simple raison que je ne peux rien lui dire. Je suis une lâche, je n'assume rien. Depuis mes quatorze ans, ce garçon me rend dingue. Deux ans que je lui tourne autour d'une façon différente d'auparavant. Lui seul sait aussi bien me faire tourner en bourrique, me dérouter comme il le fait. Je repense à toutes ces fois où il m'a clairement fait comprendre que j'étais bien trop jeune pour lui, mais que si ce n'était pas le cas, il ferait tout son possible pour que je lui appartienne. Mais c'est quoi cinq ans ? C'est le bout du monde pour lui, et c'est à portée de main pour moi. Mais moi je m'en fous qu'il soit plus âgé, je n'y accorde aucune importance. La seule chose qui est constamment dans mon esprit c'est que malgré mes seize ans, la simple amitié que l'on a toujours eu ne me suffit plus du tout. Doucement, Pierre vient s'asseoir à côté de moi. Tout son être m'attire. Il pose délicatement sa main sur mon genou comme pour tenter de gagner ma confiance. « Je vois bien que quelque chose te tracasse, t'es pas comme d'habitude depuis un moment. Je suis pas fou, ça me crève les yeux. Alors raconte moi, tu sais que tu peux tout me dire. Qui sait ? Je pourrais peut-être même te venir en aide ! » déclare-t-il à un mur. J'admets que depuis quelques temps, je deviens un bloc de glace en sa compagnie. Plus de joie de vivre, de colère, plus de complicité ni de confidences. En réalité, je me tue à éradiquer le moindre sentiment, qu'il soit positif ou négatif. Je ne veux pas flancher devant ses beaux yeux. Je suis idiote, certainement trop fière. Mais je me refuse d'avouer une telle énormité. Il est plus âgé, plus expérimenté, ça devrait le fusiller que je suis folle de lui. « Rien, il ne se passe strictement rien. » je réponds alors à ses inquiétudes. Bien sûr, je prends soin d'éviter son regard. Il suffirait qu'il voit mes yeux pour déceler le gigantesque mensonge que je viens de lui sortir. Irrité, il se tourne un peu plus vers moi, toujours assit sur le divan. « Tu mens, tu me prends pour un con Maya. Crois pas que je vais te supplier non plus pour que tu me racontes, j'ai passé l'âge et je rentrerais pas dans tes magouilles de gamine. Trop peu pour moi ! » rugit-il avant de se lever et de se diriger vers la porte d'entrée (et de sortie). Ses paroles me font l'effet d'une gifle en plein visage. Je suis fatiguée qu'il rapporte toujours tout à l'âge et qu'il me le remette toujours devant les yeux. J'ai clairement compris qu'il ne voyait que comme une gamine immature, mais je ne le supporte pas. « Oh ferme là avec ça ! Arrête de constamment me rappeler que je ne suis qu'une enfant et que toi tu es un homme, j'ai capté la nuance... » je râle alors. Soudain, il se retourne vers moi un air étonné gravé sur le visage. « Ça y est ? Tu te décides à t'ouvrir un peu, à me parler ? Il était temps... Mais pourquoi tu me dis ça ? Je pensais pas c'était un problème pour toi, que je suis plus vieux. » dit-il d'une voix plus douce. Je suis parfaitement consciente que malgré tout, Pierre tient à moi. Il ne voudrait pour rien au monde, que je souffre, je le sais. Je suis sa "petite protégée" à ma plus grande déception. « Tu comprends vraiment rien à rien. Tu es plus vieux mais certainement pas plus lucide ! Laisse tomber, ça vaut pas le coup, je t'assure... » je rétorque un peu énervée. Je suis las de tenter de lui faire comprendre sans lui balancer ça trop brusquement. « Arrête avec ça. Je veux que tu me dises ce qui ne vas pas, ça m'inquiète et j'aime pas beaucoup te voir comme ça. Tu sais que je ferais n'importe quoi pour t'aider alors laisse moi cette chance. » lâche-t-il avant de me prendre la main. Et alors qu'il la serre contre la sienne, mon corps entier est parcouru de frissons, à tel point que cela me fait sursauter. Puis soudain, je croise son regard. Et dans ses yeux, je vois qu'il a comprit, qu'il sait désormais le fond du problème. Je le connais par cœur, et je serais prête à parier ma main au feu. « Oh Maya... Dis moi que ce n'est rien, que ce n'est qu'un petit coup de cœur d'adolescente. Dis moi que tu ne m'aimes pas vraiment. » me réclame-t-il.