Demain, j'avais prévu un jeu avec mes élèves. Quand j'étais stagiaire, le prof chez qui j'étais me félicitait toujours pour mon esprit créatif et mes idées pour captiver les enfants. Et j'savais qu'ici je trouverai quelque chose, un truc qui les motiverait vraiment. Il était pas trop tôt, mais y avait déjà pas mal de monde sur ce marché. C'ets pas la première fois que je viens, mais j'me suis jamais habituée au bordel que c'est. J'm'étais pas vraiment préparé, juste un coup de brosse, l'effet 'coiffé-décoiffé' comme disait Ana. D'ailleurs, j'ai encore failli l'appeler ce matin, mais j'crois que je vais enfin retenir que c'est plus nécessaire. Dès que j'pose le pied entre deux stands, je commence à me faire interpeler de tous les côtés pour que j'essaie ça, que j'vienne voir ce truc, où que ce machin j'le trouverai jamais ailleurs à ce prix là. La longue respiration de Paris quoi. Ca en devient même presque fatiguant, je pourrais pas y venir tous les jours, mais se changer l'esprit une fois de temps en temps, ça peut pas faire de mal. Et puis, c'est surtout pour les p'tits.

J'passe, j'repasse devant les stands mais rien n'attire mon attention. Faut que je leur trouve un truc pour les récompenser pour ce foutu exercice d'orthographe. Plus facile à dire qu'à faire, apparemment. Puis j'vois un truc. Ou quelqu'un plutôt, une jeune fille, qui doit pas avoir loin de mon âge je pense. Elle a l'air de se cailler, mais je la comprends en même temps, elle est plantée là, derrière son stand, sans pouvoir réellement bouger, alors qu'moi j'me promène. Et en plus j'me plains, tss. Je m'approche de son stand et je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres dès qu'elle voit que je commence à m'intéresser à ses bracelets. En plus ils sont vraiment bien. Ils iraient aussi bien pour les filles que pour les garçons. « c'est toi qui les as fait ? ».