Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai accepté. Et puis, hein, qui a bien eu cette idée aussi ? Il y a quelques trous dans mes souvenirs. Non, je n’ai pas touché une goutte d’alcool depuis un moment. Travail à la fois passionnant et extrêmement prenant, sorte de surmenage professionnel en somme. Cependant, j’ai un grand sourire aux lèvres. Assise du côté passager, ledit sourire s’étend un peu plus dès que je jette un coup d’œil au conducteur. Je ne sais pas si notre « un peu plus qu’amitié » est la même qu’avant, mais nous repassons un peu plus de temps ensemble et ça me rend… bien. Joyeuse certainement et tout un tas d’autres adjectifs positifs. Et même s’il n’a pu se libérer que pour une journée, vous n’avez aucune idée à quel point je suis touchée. Alors que monsieur a l’attention de me traîner dans la maison hantée du Parc, si j’ai bien compris, je me serai contentée de quelque chose de moins… traumatisant. Peut être pas le truc avec le bateau et les poupées en provenance du monde entier, mais le Space Mountain me suffit en temps normal. « Dis, tu ne comptes pas te venger de mon comportement dans le courant de la journée ? » Je tiens à ma vie mine de rien et avoir peur… Ce n’est pas pour rien que je n’ai jamais fêté Halloween ou que je ne me suis jamais rendue dans une maison hantée. Je tremble déjà assez quand Idalie et son frère me laissent seule à l’appartement. « Et puis, j’ai envie d’un serre tête avec les oreilles de Minnie, tu sais et puis prendre une photo avec toutes les princesses de Disney… » Je supplie Tay du regard. Comme un chiot abandonné sur le bord de la route, bien qu’entre nous je sois entre d’excellentes mains aujourd’hui. « Et puis aussi avec tous les princes, tout aussi charmants les uns que les autres. » Si jouer avec sa patience n’est pas volontaire, j’apprécie encore de jouer avec ses nerfs. Et puis, ce n’est pas comme s’il n’était pas au courant. Arrivés sur le parking, je descends, claque la portière de la voiture et entends la musique. Et puis je me mets à trépigner comme une gamine de cinq ans qui est sur le point de réaliser un grand rêve. Et qu’on se le dise, c’est tout sauf de la comédie. L’adrénaline a un effet terrible sur mon organisme. Promis, ce soir je fonds en larmes si notre journée se passe bien et qu’optionnellement je sois toujours vivante, et non dans un sac noir en direction d’une morgue parisienne à cause d’une crise cardiaque. Je suis une fille plutôt optimiste, je vous jure. J’attrape Tay par le bras et le traîne sur le bien trop long chemin menant à l’entrée.

« dis, tu ne comptes pas te venger de mon comportement dans le courant de la journée ? » j'souris, concentré sur la route. ou pas. haha. « tu me donnes des idées, je n'y avais même pas songé. » non, en fait, j'pensais suuuurtout à passer plus de temps avec toi avec la petite idée dans mon fort intérieur de te faire flancher dans un jour peut-être non si lointain. impatient. j'souris encore, et j'me dis que ce serait peut-être bien que j'arrête de penser à ça ne serait-ce que deux secondes. « et puis, j’ai envie d’un serre tête avec les oreilles de minnie, tu sais et puis prendre une photo avec toutes les princesses de disney… » oh misère. une vraie fille, celle-là. j'la regarde faire ses petits yeux suppliants parce que c'est totalement priceless puis j'bouge mes yeux vers la route. « et puis aussi avec tous les princes, tout aussi charmants les uns que les autres. » j'me mets à rire, c'est juste plus fort que moi. « t'auras les oreilles de minnie, les photos avec les princesses et absolument tout c'que tu voudras, mais pour les princes .. j'suis pas certain, tu ne voudrais tout de même pas me rendre jaloux, non? » clin d'oeil. je stationne la voiture dans l'parking définitivement beaucoup trop grand. j'ouvre la portière, descends tout comme sephora, puis elle me prend par le bras pour me traîner vers l'entrée. sephora, habituellement plutôt sérieuse, absolument gamine (dans l'bon sens, hein.) j'souris en la voyant heureuse comme ça, puis une fois arrivé à l'entrée, j'prends à coeur mon rôle d'homme puis j'sors mon portefeuille pour payer nos deux entrées. nous y voilà, et j'dois avouer que j'ai vachement hâte de la voir dans cette maison hantée. j'sais qu'à la base, ce n'est pas duuu tout son genre, en fait, et j'suis déjà heureux d'avoir été capable de la traîner jusqu'ici. « t'es pas trop nerveuse? » je la regarde avec ce sourire mesquin, assez fier de moi. maintenant, j'me demande si elle va se la jouer combattante ou si elle va finir à pleurer dans mes bras en me suppliant de faire demi-tour. « tu veux prendre tes 345234 photos avant ou tu préfères attendre .. après? » d'une manière ou d'une autre, saches que tu ne t'en sortiras pas. quitte à te traîner d'force, je te jure que tu vas poser tes pieds dans cette maison. d'une manière ou d'une autre, j'vais rire de la situation. peut-être qu'en fait, j'ai juste envie de devoir te réconforter, haha. te rassurer que t'es toujours vivante, te voir paniquer à un point tel que j'pourrai te le rappeler chaque jours de ta vie jusqu'à ta mort pour rigoler. mais non, j'suis gentil, j'ferai pas ça, mais j'y songe, j'y songe.

J’arque un sourcil en l’entendant rire. C’est assez inattendu comme réaction de sa part. Et dire que j’étais sérieuse… ou pas, je l’admets pour ce qui est des princes charmants du parc. Pour les oreilles et les autres photos, ça me tient à cœur et ce sera difficilement négociable. Quitte à me rendre ridicule. « t’auras les oreilles de minnie, les photos avec les princesses et absolument tout c’que tu voudras, mais pour les princes .. j’suis pas certain, tu ne voudrais tout de même pas me rendre jaloux, non? » Ce clin d’œil qui ferait défaillir le cœur de toutes les filles de la capitale, enfin cela a dû arriver lors de son dernier passage à la télévision. Je me sens défaillir à mon tour. Je dois bien planer sur un petit nuage l’affaire de quelque seconde avant de retrouver la terre ferme. Le rendre jaloux ? Loin de moi cette idée. Je lève les yeux au ciel, choquée qu’il ait une telle pensée à mon égard. Je perds toute crédibilité par la suite en révélant sourire enjouée. « t’es pas trop nerveuse? » Nerveuse ? Avec l’ambiance Halloween du parc, je ne suis pas rassurée par ce qu’il peut avoir en tête. J’écarquille les yeux et déglutis, lentement. En réalité, il n’a pas tort. Je suis nerveuse, mais pour des raisons « banale », aucun rapport avec le contexte. Mon rythme cardiaque, ma respiration, la sensation de picotement au bout des doigts. Un peu comme une adolescente. C’est plus que palpable. « Nerveuse ? Ai-je une raison particulière d’être nerveuse ? Tu me fais peur, déjà… » Pas question de lui faire part de mes émotions. Je n’ai pas envie de remettre le sujet sur la table, mais de profiter de notre journée. « tu veux prendre tes 345234 photos avant ou tu préfères attendre .. après? » Je me reprends avant d’exploser – trop d’émotions pour un si petit corps – et fait mine de réfléchir. « Après ? J’ai comme l’impression que tu as une idée bien précise de ce que tu veux faire, alors je te suis. » Après tout, c’est de sa « faute » si nous sommes ici. Et puis, nous avons tout notre temps pour faire des photos. Et, entre nous, je n’aurai pas nécessairement besoin d’être accompagnée d’un personnage de Disney. En tout cas, de mon côté, personne ne m’attend ce soir à la maison. Sauf peut être Idalie pour un éventuel interrogatoire si je rentre aussi niaise que maintenant. Quant à Tay… Il en aurait certainement parlé. J’hausse les épaules, à moi même. Peut-être. Peut-être pas, tout compte fait. Enfin, se jeter sur les attractions avant que tous les touristes n’arrivent serait judicieux de notre part. De toute façon, nous sommes bien là pour ça. « Tu veux commencer par quoi ? » Je reste à ses côtés pendant que nous remontons Main Street. Ni trop loin, ni trop collée. Je ne sais toujours pas sur quel pied nous dansons.