stars will lead the way

« That may be all I need... In darkness she is all I see, come and rest your bones with me... » Passant l'éponge douce sur le petit corps potelé d'Emma, Albane finit de la rincer et la déposa sur une serviette moelleuse pour la sécher tout doucement, massant ses membres en même temps. La gamine riait aux éclats quand les doigts ou les cheveux de sa mère la chatouillaient. Un léger sourire un peu mélancolique étirait les lèvres de cette dernière. Sans cesser de chantonner, elle souleva Emma pour la transférer sur la table à langer. « Driving slow on sunday morning, and I never want to leave... » Emma sentait bon le bébé. Cette odeur de savon si facilement identifiable mêlée à celle légèrement plus forte du lait deuxième âge. La jeune femme poussa un petit soupir d'aise en frottant son nez contre le cou de sa fille, s'attirant de nouveaux éclats de rire. Enfin, elle se décida à lui mettre une couche tout en lui parlant doucement. « Aujourd'hui, on sort ! On va aller voir la tour Eiffel... » La tour Eiffel. Un endroit lourd de sens, pourtant, mais elle avait envie d'aller se balader dans le parc du champ de Mars. Aussi habilla-t-elle rapidement sa fille d'un body jaune pâle à manches longues, d'un petit pull en laine, d'un collant et d'une salopette sombre. « Chérie, c'est toi la plus belle. » Un dernier baiser sur sa tête et elle la déposait dans son parc pour se préparer elle-même. Rapidement, Albane enfila une de ses habituelles robes sur un épais collant en laine gris clair, accompagné d'un épais gilet et d'une écharpe autour de son cou. Elle chaussa une paire de bottes à talons large pour agrémenter le tout, attrapa sa fille, la cala dans sa poussette et c'était parti pour une expédition dans tout Paris.

Heureusement, pour une fois, le métro de la capitale n'était pas tant bondé que ça et la mère et la fille réussirent à se frayer un chemin jusqu'au Champ de Mars en une vingtaine de minutes à peine. Elles eurent même droit à une petite sexy octogénaire qui s'extasiait sur tout et rien, depuis la coiffure d'une femme d'affaires jusqu'à la couleur de la casquette d'un jeune. Enfin, elles sortirent dans le froid mordant de cette fin octobre et Albane se mit presque immédiatement à penser à la soirée d'Halloween. Elle avait prévu de confectionner bon nombre de cupcakes spécialement pour l'occasion, avec des formes un peu étranges... « Avec de la pâte d'amande en forme de citrouille ça peut être marrant... » Parce qu'en plus elle réfléchissait toute seule. Mais déjà elle entrait dans le parc, les mains bien accrochées à la poussette d'Emma qui babillait joyeusement en agitant ses jambes dans le vide. Mais déjà, son regard trop vert accrochait un profil qu'elle connaissait bien. Qu'elle connaissait un peu trop bien, avec ses lunettes de soleil... Un juron particulièrement vulgaire passa les lèvres de la jeune femme. « Oh le putain d'enculé ! » Courant presque pour le rattraper en dépit de la poussette qui menaçait de se renverser à tout instant (l'expérience, bizarrement, enchanta Emma qui rit aux éclats tout le temps que dura la course folle), elle rattrapa le jeune homme in extremis. Sa main se referma brutalement sur son bras et elle l'obligea à se retourner vers elle. « Celestin Avery. Je m'étais pas plantée. » Son meilleur ami au coeur brisé qui avait eu la bonne idée de disparaître de la circulation six mois plus tôt. Elle l'observa un long moment avant d'abattre sa main sur son épaule. « Sale petit con, j'espère que t'as une bonne excuse pour avoir disparu comme ça ! » Mais elle souriait. Elle était fichtrement heureuse de le revoir.

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« Putain Albane ! Ca fait un bail ! » Ca faisait un bien terrible de le voir. Six mois d'absence, sans aucune nouvelle, l'avait rendue horriblement anxieuse. Il lui avait vraiment manqué, et sentir ses bras la serrer fermement contre lui était un petit bonheur personnel. Son parfum était toujours le même. Elle resta contre lui un petit moment, le visage fourré contre son cou, avant de doucement se détacher de lui pour attraper son visage entre ses mains et l'observer longuement. « T'as meilleure mine que quand t'es venu me voir à la maternité après mon accouchement. » Et ça la rassurait. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il était pâle, des cernes effrayants sous les yeux, l'air complètement paumé. Il semblait s'être requinqué en l'espace de six mois. Elle lui sourit et se hissa sur la pointe des pieds pour lui plaquer un baiser affectueux sur le front. Son meilleur ami. « J'suis vraiment désolée d'avoir disparu comme ça... Mais... j'en avais besoin, vraiment. j'allais devenir dingue, t'as pas idée. » Elle se contenta de lui adresser un sourire un peu triste. Ils avaient un peu le même parcours, finalement. Ils avaient traversé l'enfer tous les deux et s'en étaient sortis seulement parce qu'une personne précise les avait raccrochés au semblant de vie qu'ils subissaient encore. Pour elle, c'était Emma. Elle savait que sa fille ne pourrait pas survivre sans elle et elle tenait à sa fille plus qu'à n'importe qui d'autre. Pour Celestin, c'était sûrement Elyon. Elle savait les liens qui unissaient le frère et la soeur envers et contre tout. « Je pense quand même en avoir une petite idée, chéri. T'as raté pas mal de trucs sur Paname en l'espace de six mois, plus que tu peux imaginer. »

Déjà un cri de frustration d'Emma attirait son attention. La jeune femme se tourna vers la poussette et cueillit sa fille dans ses bras, caressant sa tête couverte d'épais cheveux noirs avant de lui plaquer un baiser sur le front. « Et madame joue les jalouses en plus de ça. » La gamine se contenta de lui adresser un sourire humide et édenté avant de caler son poing contre sa bouche, se mettant presque immédiatement à saliver dessus. Elle faisait ses dents depuis quelques jours maintenant et Albane n'avait qu'une hâte, que ces fichues dents sortent enfin. Mais en attendant, au lieu que sa fille ne se mange le poing, elle se pencha pour fouiller dans la grappe de la poussette et en sortit un hochet qu'elle lui tendit. Emma s'en empara un peu maladroitement mais le porta immédiatement à la bouche pour appuyer ses gencives douloureuses contre le plastique. « Voilà... Et maintenant, on dit bonjour à tonton Celestin ! » La gamine braqua son regard vert trop sérieux sur Celestin, semblant le jauger longuement, avant de lui adresser un sourire baveux et de tendre une main vers lui en babillant autour de son hochet. « Elle a drôlement grandi. J'ai du mal à me dire qu'il y a six mois je l'avais encore dans le ventre... » Et, qu'il y a six mois, Cesar était encore à ses côtés. Elle repoussa cette pensée d'une pichenette mentale et recala correctement le bébé contre elle. Ce n'était pas le moment de penser à ce genre de trucs. « Bon, qu'est-ce que t'as fait pendant ces six mois de disparition ? »