embrasse moi idiot.

Putain de lumière, à peine les yeux ouverts, mes iris pleurent déjà. Je déglutis, allongé sur mon sofa. Comment suis-je arrivé jusque là ? Je regarde l'heure sur la box sous mon téléviseur. « BORDEL ! » Je me lève à la hâte, manque de frapper mon front contre les poutres apparantes de l'appartement que je loue, sous les combles, et vacille. Mon esprit est embrumé, mes muscles crispés, et mon esprit... à des miles away de mon cerveau encore éteint. Rapidement, je me rends dans ma kitchinette et m'y prépare une tasse de café tout en ôtant mon t-shirt transpirant l'odeur de la fumée et de l'alcool. Je déboutonne mon jean délavé et le balance à travers la pièce tout en prenant deux cuillères à café d'un nespresso qui, je l'espère, rendra mes idées plus clairs avant que je ne quitte les lieux. « Magne toi... » Je grogne contre un boiler qui, malgré toute mon inconscience, ne pourra jamais fonctionner plus rapidement qu'il le fait actuellement. Lorsqu'enfin je sens l'eau bouillir, je remplis ma tasse et quitte la cuisine pour me diriger directement vers la salle de bain. J'y fais couler l'eau sous la douche, manque de me brûler la langue avec mon café et jure une nouvelle fois. « P*TAIN ! » Maladroitement, je dépose la tasse sur les chiottes, ôte mon boxer et peine à m'enfiler sous le jet d'eau. Les idées peu clairs, je ferme les yeux. La soirée d'hier s'est effacée, comme toutes les autres, et comme les précédentes. Ma vie n'est qu'un amas de souvenirs ôtés, mes journées se ressemblent toutes, quant à mes soirées... si seulement je pouvais encore m'en souvenir. Les jambes lourdes, je manque de tomber en sortant de la douche, reprend une goutte de mon café tiède et m'obsèrve dans la glace. « T'es incroyablement pathétique ce matin Julian... Petite mine, va ! » J'esquisse un sourire mais rien n'y fait, je suis à la ramasse. Combien d'heures ai-je dormis cette nuit ? Aucune idée. Je peine à m'extraire de cette atmosphère lourde et glauque, ces lendemains de veilles trop arrosées.

Dehors, le soleil attaque mes yeux, mon sac installé en bandoulière sur mon épaule, j'évite les regards en camouflant ma mine déconfite derrière des lunettes de soleil. Il est à peine midi, mon ventre sonne creux et mes muscles tremblent encore. L'esprit lourd, je me fraye un chemin jusqu'au trottoire et hèle un taxi. Bon sang qu'il fait chaud, j'ai chaud ! Je sens mon corps tout entier transpirer mais lorsque je me touche, niet ! Je suis sec... Pathétique me répètais-je encore ! Le taxi me déposera devant la librairie, encore quelques instants et j'y serai. Je ne m'y rends jamais, 'fin, pratiquement jamais. Je n'y trouve aucun plaisir, juste la satisfaction de croire un instant que je suis encore quelqu'un de normal... L'air de rien, je pousse les grandes portes de cet illustre bâtiment en ranchonnant. Vie de m*rde ! La lumière est tamisée, le silence règne et je me sens brusquement comme un étranger. Mes jambes sont toujours aussi lourdes, mon esprit toujours aussi déconnecté et j'ai l'impression d'avoir, encore, dans mon sang l'équivalent d'avoir avalé un tonneau entière de vodka rouge. Mon palpitant est au summum lorsque je m'approche d'une étagère. Et puis, je sens soudainement une présence à ma gauche, une présence familière. Un parfum envoûtant que je me souviens avoir déjà reniflé. Alors je tourne mon visage et mes yeux croisent celui de mon jeune voisin... « DelaMerveillère ! » Improbable, Maxxie est à mes côtés. Un mec que je me souviens avoir vainement allumé lors d'une de ces nombreuses soirées dont je ne me rappelle que brièvement. Et brusquement, un sentiment de frustration me monte au nez. Je me souviens de tout, notamment du vent incroyable que cet apollon m'a jeté en plein visage lors de notre seule et unique rencontre. « Incroyable, te croiser ici... Moi qui pensais que tu avais carrément changer de continent. » Du haut de mon mètre quatre-vingt, je le toise du regard... mon halaine put l'alcool et mon regard est vitreux, qu'importe ! C'est dans cet état lamentable que l'on s'est rencontré, dans ce même état qu'il me regardera aujourd'hui. « Comment s'est déroulée ta fin de soirée ? »

Elle dort encore. Parfaitement installée contre ton torse nu, elle est plongée dans ses songes les plus profonds. Tu la regardes depuis une bonne dizaine de minutes. Elle respire doucement contre toi. Tu caresses lentement sa chevelure ambrée alors qu'elle bouge légèrement pour se mettre dos à toi. Une des rares nuits que tu passes avec elle. Tu te lèves, faisant glisser la couverture le long de ton corps. Tu cherches à faire le moins de mouvements possible, tu la laisses dormir. Il n'y a jamais aucune ambiguïté de ta part lorsque vous dormez l'un dans les bras de l'autre. C'est plutôt une manière de la protégée d'un monde et d'une réalité que tu refuses qu'elle affronte. Tu ne peux pas lui mentir indéfiniment et pourtant tu fais tout pour créer une sorte de bouclier autour d'elle et du risque que tu encoures en étant ce que tu es. Tu te rends dans la cuisine en ouvrant les volets des différentes pièces dans lesquelles tu passes. Le salon est submergé par les rayons de soleil persans qui le traverse. Tu souris alors que ton chien déboule en courant vers toi. Tu lui donnes à manger, te préparer à déjeuner. Une routine, encore une de plus. Des fois, vous ressemblez réellement à un couple marié depuis des années. Lassé de tout contact affectif physique, de toute conversation palpitante sortant de l'ordinaire. Tu te contentes d'être le futur maris parfait sans te soucier du reste de ta vie. A croire que tu as grandis trop vite, oubliant ton enfance, ton adolescence et bientôt ta vie de jeune adulte. Tu es trop responsable pour ton âge, c'est ça ton problème.

Elle finit par se lever alors que tu es entrain de faire du café. Elle te salut, encore dans les bras de Morphée. Tu ne cherches pas à lancer la conversation, tu lui dis bonjour à ton tour avec un faux sourire heureux sur le visage. Tu la sers et tu files sous la douche. Tu préférerais rentrer de soirée sans aucun souvenirs plutôt que d'en être là, avec elle. Tu l'apprécies oui, mais rien de plus. Rien qui ne te soulève le coeur, rien qui te donne une envie d'ouvrir les yeux tous les matins. Après une brève douche, tu t'habilles. Jeans basique, brettelles et marinière. Un look pour le moins décontracté que tu n'adoptes quasiment jamais alors que l'on t'a dit plus d'une fois que tu n'étais pas plus mal de cette façon là. Tu embrasses ta fiancée sur la joue et tu t’éclipses. Direction la librairie. Un des endroits dans lesquels tu passerais ta vie. Au milieu des écrits de Baudelaire et des plus écrivains français. Tu marches, après tout elle n'est pas si loin de chez toi. Tu y pénètres rapidement, salut la caissière et file dans un rayon. Tu scrutes les différents ouvrages, tous plus passionnants les uns que les autres. « DelaMerveillère ! » Eh merde. Cette voix t'es familière. Tu n'oses pas défaire ton regard du bouquin que tu tiens entre les mains. Julian. Ce type que tu as dragué étant bourré en soirée que tu as laissé planter là, sans lui avoir laisser l'occasion d'explorer la terre promise. Tu te racles la gorge et te tourne légèrement vers lui. Les souvenirs sont encore bien présents dans ta mémoire. Tu sentirais presque encore ses lèvres pressées contre les tiennes ce qui t'arrache un léger frisson. « Julian... » Tu reposes sagement le livre devant toi. « Incroyable, te croiser ici... Moi qui pensais que tu avais carrément changer de continent. » Tu le fixes alors que lui même pose ce regard accusateur sur toi. Si il savait la vérité il n'en serait surement pas là. Tu soupires légèrement alors que son haleine emplie d'alcool t'arrive au nez. Les souvenirs sont intacts. Ses lèvres sont là, elles t'appellent et tu cherches au plus profond de toi à résister à ce chant de sirène, à cette attraction qu'il effectue naturellement sur toi. « Non, je suis toujours là, en vie. Et sobre. Ce qui n'a pas l'air d'être ton cas. Tu t'es encore mis dans des états pas possibles hier soir ou je me trompe? » Reste impassible, froid, distant. Ne lui montre pas ce que tu ressens. Ne montre pas qui tu es. « Comment s'est déroulée ta fin de soirée ? » La fameuse soirée. Tu l'as passé, frustré, au fond de ton lit. Comme toujours. « Je suis rentré plus tôt que prévu... Et toi? »

Je le regarde. Dans ma tête, un troupeau de vaches passe et m'oblige à plisser des yeux. La lumière est forte, malgré son inexistance quasi-évidente. Je garde mes iris concentrés sur le jeune homme. Frustration, colère, une sorte de mélange incroyable d'un sentiment que je ne connais plus depuis que j'ai quitté Paris, la première fois. Je me refuse à le montrer, je ne ressens rien, je reste impassible. Je suis fort, plus fort qu'eux, plus fort que lui. L'image de Ches' effleure mon esprit et fait trembler ma tempe, mes mains cherchent un semblant d'étagère contre lequel je finis par m'appuyer. Bon sang, reste concentré sur le mouflet, je ne peux cependant m'empêcher de voir en Maxxie qu'un cruel renouvellement de ce qui m'arrive toujours, depuis plus d'une année. Je rencontre un type simple, charmant, drôle, un mec bien, qui me plaît. Certes, je suis rarement capable de discernement logique lorsque ça m'arrive, mais à chaque fois, je rentre seul, frustré et vexé par l'abandon d'un parfait inconnu. Je me refuse à montrer ma rancoeur, je suis plus fort que ça. Les jambes vacillantes, j'esquisse un sourire lorsqu'il prononce mon prénom. La curieuse évidence qu'il me balance ensuite en pleine tronche ne me fait pas broncher. De ma bouche s'échappe un rictus nerveux. Je le toise du regard, je plisse les yeux. Mon haleine transpire l'air chaud, mon haleine s'écrase contre son visage, j'en aurai presque honte si j'étais encore capable de m'en rendre vraiment compte. « Regardez qui se soucie de ma santé... » J'essaie de rire, mais le son rauque qui s'échappe de mes lèvres me racle la gorge, m'obligeant presque à tousser. Mes bras se croisent sur ma poitrine, mes yeux ne quitte pas Maxxie une seule seconde. Les images se bousculent dans mon esprit. Je passe du visage infantile de ce minet de vingt ans aux traits marqués et virils de l'homme dont j'étais amoureux. Je repense à la Norvège, je repense à ma mère, je repense à ce vide béant qui m'oblige à manquer d'air, chaque nuit, chaque matin. « Je vais parfaitement bien, DelaMerveillère. » Je ne me résous pas à prononcer son prénom, je ne m'en souviens pas, de toute façon. De notre soirée, je ne garde que le goût amer d'un triste abandon. Mais je suis bien trop fier pour le lui faire remarquer. A sa réponse vague, je ne sourcille pas. Son excuse ne m'apporte rien... Fais toi une raison mon pauvre, tu l'intéresses pas plus que tu l'intéressais lui... Je soupire, intérieurement, je sens mon coeur se serrer et mon estomac bougonner. J'ai faim, j'ai soif ! Mes yeux se plissent à nouveau et mes mains ramènent sur mon nez les lunettes que je portais à l'extérieur. D'un ton las, je me contente de répondre en détournant pour la première fois mon visage du sien. « Je suis rentré en très bonne compagnie... » J'ai baisé comme un porc toute la nuit et au petit matin, je ne me souvenais pas plus du prénom de ce résidus de chair qui respirait dans mon lit que de ma propre identité. Je suis pathétique, je l'ai toujours été, mais je m'en fiche. Un léger sourire se dessine au coin de mes lèvres, mes yeux, derrière les montures de mes lunettes, cherchent le regarde du jeune homme. « Tu m'as planté en beauté... Félicitation ! » Plus une pique qu'un reproche, je m'amuse à le tester... Ses réponses ne m'apportent au fond que la satisfaction d'être enfin entendu. Pauvre de moi !

Tu dragues et tu te barres. C'est toujours la même chose. La crainte d'aller plus loin est toujours bien présente dans tes entrailles. Tu n'as eu que dans ton lit des conquêtes féminines, des amantes d'une nuit dont ta fiancée ignore l’existence. Tant mieux. Elle n'a pas à savoir que tu la trompes avant même le mariage. Un homme, tu en rêves. C'est un fantasme interdit que tu te permets de frôler en séduisant, en flirtant. Aller plus loin, c'est trop dur pour toi. Tu fuis. Tu es pathétique après tout. Tu as tout pour être heureux mais tu veux tellement plus. Une vie parfaite n'est rien comparée à une existence remplie de rebondissements en tout genre. A croire que tes infidélités mettent ce piment qui te manque dans ta vie. Tu fixes Julian sans savoir quoi dire, ni quoi faire. La frustration de cette séduction qui n'est pas finit te hante. Après tout, aller plus loin ne te déplairait pas. Mais c'est plus fort que toi. « Regardez qui se soucie de ma santé... » Tu soupires longuement alors que tu t'appuis légèrement contre les étagères de livres. Tu enfonces tes mains dans les poches de ton jeans sans le quitter des yeux. Cet affrontement du regard n'est pas si intimidant, pourtant tu sens ton coeur se serrait à chaque fois que vos prunelles se croisent. T'aimerais être encore une fois contre lui, comme dans cette soirée, mais tu sais que sobre, il t'est impossible d'être proche d'un homme. Tu n'es pas comme ça. « Je vais parfaitement bien, DelaMerveillère. » Sa voix sonne étrangement comme un sarcasme. Tu te contentes de bêtement le croire, même si au fond tu en doutes plutôt pas mal. Étrangement, ton nom semble une injure une fois sortit de ses lèvres. Ce nom dont tu as toujours été si fier de porter tellement l'histoire de celui ci est prestigieux. Tu as toujours été le petit gosse de riche basique. Tu gardes ce gout du luxe bien en évidence alors que tu caches plutôt cette richesse que parfois tu n'aimerais pas posséder. Les belles filles, les fringues plutôt chicos et tout le reste. « Je suis rentré en très bonne compagnie... » Une pointe de jalousie te serre le coeur. Serais-tu jaloux qu'il ai trouvé mieux que toi? Surement. Tu as tellement l'habitude de passer pour le second choix, celui qu'on oublie aussi facilement qu'on le rencontre. Invisible. Trop petit dans un monde qui ne cherche pas à lui faire une place. « Ca m'étonne pas. » Tu n'en diras pas plus. Les murs ont des oreilles, on t'a toujours appris ça. A même se méfier du voisin d'en face, sait-on jamais les mauvaises intentions qu'il peut avoir face à toi. Bien sûr que ça ne t'étonnais pas, Julian était plutôt pas mal à regarder, pourquoi rentrerait-il seul? Tu n'as pas cette chance. Tu garces cette sorte de faux respect que tu as face à ta fiancée. Tu as beau la trompée avec des femmes, la gente masculine t'intimide plus qu'autre chose sur ce point là. « Tu m'as planté en beauté... Félicitation ! » Tu le regardes et tu soupires. Il cherche à t'atteindre, à te tester surement. Tu te contentes de te tourner face aux livres et de les parcourir du regard. « Passe à autre chose. Je suis surement pas le premier. Et puis je ne joue pas dans la même cour que toi. Désolé de te décevoir. » Étrange non? Tu l'as plutôt draguer, tu l'as plutôt embrasser et tu serais presque aller jusqu'au bout si tu n'avais pas eu cette once de bon sens au bon moment. A part ça, tu es entièrement hétéro, oui.

J'avoue ne pas être à l'aise, j'avoue me sentir mal. Bordel, l'effet de l'alcool devient de plus en plus violent, mon coeur saigne, mon corps aussi. J'ai beau chercher ses yeux derrière les verres teintés de mes lunettes, je sens mes jambes trembler. Combien de temps encore avant que je ne m'écroule. Quelle riche idée que de quitter la chambre aussi rapidement, après avoir oublié les trois quarts de ma veille ! Lorsque, d'un ton plutôt las, il me répond qu'il n'y avait rien d'étonnant à ce que je ne rentre pas seul, je laisse s'échapper de ma gorge un rictus sévère. Ai-je l'air aussi pathétique que je le pense ? Mon corps vacille mais le voit-on vraiment ? L'homme à la grande gueule que le jeune homme a rencontré en boîte ne ressemble en rien à la loque qui se tient debout devant lui, à présent. J'en aurais presque honte si je n'étais aussi occupé à garder mon esprit le plus clair possible. Si j'en avais eu la force, j'aurai répondu quelque chose du genre difficile de résister à mes attouts, en même temps, mais que nenni ! Impossible d'articuler une phrase avec un semblant de sens. Stupide, je suis si stupide que la seule chose que je peine à m'entendre dire c'est : « T'as loupé l'coche DelaMerveillère. » Mon ton est laconique, presque fatigué. Enfoncé le couteau dans la plaie, finalement, reste la seule chose que je maîtrise encore la moindre. Du revers de ma main, je caresse ma joue, elle est chaude, elle est humide. Je transpire, c'en est affligeant. Le regard perdu dans celui du jeune homme, j'enlève mes lunettes de soleil et plisse les yeux. Pourquoi faut-il que l'on me sermonne autant ? J'entends des voix hurler dans ma tête, un autre effet tout aussi désagréable du manque de sommeil conjugué à l'abus d'alcool. Je tangue, l'univers autour de moi tangue. Je suis à la dérive complète, mais qui s'en soucie vraiment. Je ne suis qu'un pion perdu parmi tant d'autres, qu'une marionnette à laquelle on aurait enlevé les ficelles. Je suis seul, livré à moi-même, dans un océan de requin. Ches' me manque, Jéricho aussi ! Deux sentiments pourtant si contradictoires. Trois mois d'exil n'auront pas suffit à mon deuil. Du haut de la tour d'ivoire dans laquelle j'ai cherché à protéger mon propre intérêt, je toise un jeune homme qui m'a laissé en plan après m'avoir correctement allumé. Finalement, je ne lui en veux pas pour m'avoir lâchement abandonné alors que j'espérais obtenir de lui ce que j'obtenais toujours de tout le monde, mais simplement de m'avoir fait prendre conscience qu'une fois encore, je ne méritais l'attention de personne de suffisamment intéressant. Dans mon lit, je ne ramenais que des mecs qui me ressemblaient ; paumés, drogués, ou complètement à l'ouest. Rien de jamais sérieux, juste des mecs prêts à partager leur chagrin avec le mien, le temps d'une seule nuit. Depuis mon retour à Paris, je n'avais rencontré personne de bien intéressant... sinon DelaMerveillère ! Notre soirée, je m'en souvenais à présent. J'avais apprécié sa façon de me parler, de danser avec moi, de me regarder... Bref, je me souvenais à présent m'être perdu dans l'éclat de ses yeux et c'en était plus ridicule encore. Quel con ! Un léger sourire se dessine sur mon visage alors qu'il me dit clairement ne pas jouer dans la même catégorie que moi, ne pas être à ma hauteur. Dédaigneux, je harque l'un de mes sourcils en lui répondant, sur un ton narquois. « Ah ça... On ne mélange pas les torchons et les serviettes. » Une pique bien vive, acérée. Je cherche à le tester plus qu'à le blesser, jusqu'où sera-t-il capable de me supporter d'aussi bonne heure dans la matinée ? Le regard toujours vitreux, je ne peux m'empêcher d'ajouter. « Un tour de manège avec moi t'aurait propulsé dans la cour des grands, bonhomme ! » Suis-je vraiment sérieux ? Au fond de moi, je sais que cette assurance n'est qu'une jolie façon de protéger ce qu'il me reste encore d'humanité. Trop longtemps trahi par les autres, je n'ai confiance à présent qu'en une chose ; moi ! Finalement, s'en rendre compte, c'est déjà mieux que rien...

Ne rien laisser passer. Tu es l'un des meilleurs joueurs de poker de ton entourage, surement parce qu'aucune émotion ne parvient à se glisser sur ton minois innocent. Personne ne se doute de se que tu caches. Ton entourage le plus proche n'est même pas au courant de cette tentation constante que tu as face à la gente masculine. Rien que l'idée de leur dire te tue. A croire qu'ils sont encore coincés dans le siècle précédent. L'église ne permet pas ce genre de relations? Très bien, tu ne vois pas les permettre non plus. Tu t'en empêches. Tu es une sorte de cheval fougueux qu'on bride pour le ralentir. On te retient, on te tiens d'une main de fer pour que rien ne te fasse dépasser du droit chemin. Putain d'alcool qui dévoile ta véritable façade. A croire que c'est tout ce que tu dois éviter. Le tout puissant s'acharne sur toi. Il serait presque assez ouvert pour te pousser vers la véritable personne que tu es. Tu soupires alors que tu vois Julian devant toi en vraie loque. Tu te demandes si un jour tu serais capable d'être dans un tel état en journée. Ta famille aurait honte de te voir idem à un véritable zombie puant l'alcool, la débauche. Encore heureux que tes parents aient déménagé, tu es enfin tranquille. Il ne reste que ta fiancée pour te mettre des barrières. Tu t'y tiens. Très rarement, certes. Tu es le type infidèle, qui feinte de l'aimée. Un acteur hors pair. « T'as loupé l'coche DelaMerveillère. » T'hausses les épaules. Un de perdu, dix de retrouvé mon gars. Un jour tu goûteras aux plaisirs charnels avec un homme, mais pas aujourd'hui. Le jour où tu pourras repousser cette femme qui t'empêche de te dévoiler. Quand tu arrêteras de penser à son bonheur avant le siens. Vivre une vie de rêve et ne vouloir qu'une chose : en sortir. Que les pauvres se plaignent, les riches ne sont pas plus heureux que ça. Du moins, pas toi. La soirée avec Julian est aussi limpide que de l'eau. Tu te souviens, dans les moindres détails, des gestes effectués, des mots prononcés. Pour une fois que l'alcool n'a pas fait l'effet d'un violent coup sur la tête. Tu te souviens des mouvements sensuels que tu as effectué en guise de danse, au corps à corps avec ce bel Apollon. Tu te souviens du gout de ses lèvres et de la chaleur des ses mains sur toi. Tu frissonnes en y repensant. Tu ne dois pas y penser. C'est une erreur, une erreur de type bourré qui ne sait plus trop où il en est. Tu te mens à toi même. Il t'attire, c'est le plus gros du problème. « Ah ça... On ne mélange pas les torchons et les serviettes. » Un long soupir. Il cherche à t'atteindre mais n'y parviendra surement pas de cette façon. Il ne sait pas qui tu es, ne sait rien de toi. Tant mieux, il ne sait pas comment attaquer plus en profondeur pour t'atteindre. Tu attrapes un ouvrage d'un auteur français, au hasard et tu te tournes à nouveau vers lui, serrant le libre entre tes phalanges. « Un tour de manège avec moi t'aurait propulsé dans la cour des grands, bonhomme ! » Tu ris, malgré toi. Voir à quel point il se surestime te fait rire. Bien sûr, l'idée d'atterrir dans le même lit que lui durant une courte nuit ne te déplairais pas, si tu n'était hétéro. Oui, hétéro. « Je suis déjà pris. » Tu craches ça comme une insulte. A croire que tu aurais presque honte d'être fiancé. Tu détournes le regard un instant sans savoir quoi dire de plus. Il ne cherche qu'à atteindre la corde sensible pour te faire chanter, mais il est loin de se douter de tout ce que tu peux cacher. Il doit surtout s'en foutre. Il a l'air d'être le genre de type à tirer son coup et se barrer vite fait. Tout ton contraire quand tu es sobre, en gros. « Et je suis pas ce que tu crois que je suis. J'avais trop bu. On fait tous des erreurs en étant bourré, non? » Une erreur réellement? Tu n'aurais pas pus trouver mieux?

« Je suis déjà pris. » Une simple affirmation qui me ramène à de cruels souvenirs. BON SANG ! Je m'étais juré de ne plus jamais me laisser atteindre, pourtant, indirectement, ce petit bout d'homme a su mettre le doigt exactement là où il fallait pour que je saigne à nouveau. Mon corps pouvait être imbibé de tout l'alcool que produisait notre beau pays de France, il n'en restait pas moins des blessures douloureuses, et limpides. J'avais beau me prendre des cuites de douze tous les soirs, oublier jusqu'à mon prénom et mon adresse, il y avait une image qui jamais ne s'était effacé de mon esprit. Son image ! BORDEL ! Je suis plus fort que ça, je l'étais. Trois mois d'exil pour parvenir à oublier ce qu'il avait fait de moi. Une loque, un mec dans un état proche du coma, un mec amoureux qui avait souffert de le voir partir. Tu vaux mieux que ça Julian, mieux que lui mais jamais je n'arrivais à m'en convaincre complètement. Sortir tous les soirs, boire tous les soirs, baiser toutes les nuits avec un gamin différent n'arrangerait rien à ce qu'il avait laissé derrière son départ. Un corps vide de tout ressentiment. Mon coeur avait arrêté de battre le jour où, droit dans les yeux, il m'avait dit Je m'en vais Kaspar, je m'en veux du mal que je te fais mais je m'en vais. Cette situation est insoutenable, j'ai besoin de vivre autre chose. P*TAIN mais pourquoi ?!? C'était après cette réponse que j'avais couru pendant plus de trois mois, à l'autre bout du globe. Trois mois durant lesquels j'étais arrivé à cette simple constatation : Tu vaux rien Kaspar, t'es pas suffisamment bien pour retenir qui que ce soit d'intéressant. Allez savoir pourquoi, à présent, je ne m'occupais plus que de mon égoïste petite personne ? J'en ai rien à foutre du regard qu'on pose sur moi. Être déchiré, sentir l'alcool et la fumette à onze heure de la matinées ne me dérangeait pas. DelaMerveillère ne pouvait pas comprendre, et pourquoi le ferait-il. Je ne suis suffisamment intéressant pour personne. Je n'ai aucun compte à rendre et finalement, je préfère cette situation. Être vu comme la dernière des loques à Paris me protégeait des explications qu'on aurait pu me demander à me voir me lamenter quotidiennement. Cheshire était une enflure, un p*tain d'enfoiré. Il avait fait de moi ce que j'étais de pire. Une simple affirmation qui avait fait remonter comme un goût amer entre mes lèvres. Mon coeur saigne, je sens l'odeur du sang jusque dans ma gorge. Bon sang resaisis toi Julian. Les poings serrés, je ne détache pas mon regard du petit bout d'homme qui me fait face. Sa deuxième affirmation me surprend, son ton presque insultant ne me blesse pas, cependant. Sans broncher, je me contente d'hausser l'un de mes sourcils. S'il me considérait comme une erreur, grand bien lui fasse. J'étais aujourd'hui l'errreur de plus du trois quart de Paris. « J'crois pas qu'il s'agisse d'une erreur. » Mon ton est dédaigneux, toujours. Mes yeux ne rompent pas le contact avec le jeune homme et mon corps tout entier se tend. La pression est forte, qu'est-ce qu'il me retient de le prendre ici, à même le sol ? Rien... Je reste stoïque cependant, je ne cède pas. Pour une fois, je vais jouer les mecs sensés, pour une fois, j'vais faire celui qui réfléchit avant d'agir. « Ou alors tu éprouves un malin plaisir à bouger ton cul comme une folle et à allumer les mecs sans jamais rien leur donner... » Intelligent, je me rends compte en lui balançant cette affirmation qu'au fond, le problème de DelaMerveillère, c'est qu'il est peut-être encore puceau. Un sourire narquois s'affiche sur mon visage... « Je pense qu'au contraire, t'as jamais goûter à la queue et c'est pour ça que tu m'as planté comme ça. » Reste à savoir si mes soupçons étaient fondés...

Reste-t-il un espoir avant que ta crédibilité ne s’efface complètement et ne laisse place à une sorte de mal être? Tu sais que jouer la carte de l'erreur te mèneras surement droit dans le mur, pour un choc frontal violent mais tu n'as pas le choix. Tu n'as pas mieux à lui proposer pour justifier ce flirt. Julian était loin d'être la première erreur que tu ais faite, pourquoi ne pas l'accepter? Juste avouer une bonne fois pour toute que tu rêves de te taper un mec? Pour la simple et bonne raison que tu es trop bon. Et trop con. Tu pourrais profité, et ce serait l'occasion de virer de ta vie cette femme qui la pourrie. Tu ne veux peut-être pas être heureux, pour changer. Tu préfères te complaire dans ton mal-être. On dit que l'argent fait le bonheur. Proverbe bien menteur. Dire que tu étais pris était une bien grande chose. Tu étais censé être pris, l'anneau à ton doigt en témoigné pourtant ça te passais plutôt au dessus de la tête lorsque tu étais bourré. Tu lui serais fidèle si les sentiments étaient là. Tu ne sortirais, tu lui ferais atteindre le 7ème ciel toutes les nuits mais tu ne l'aimes pas. Tu es pris, sur le papier, mais libre comme l'air dans ta tête. « J'crois pas qu'il s'agisse d'une erreur. » Tes mains se serrent autour du bouquin. Il ne faut pas qu'il te capte. Surtout pas. Ca serait mettre en danger cette parfaite couverture derrière laquelle tu as réussi à te cacher depuis de longues années. T'as toujours eu ce comportement d'allumeur une fois bourré. C'est surement pour compenser cette attitude de coincé que tu adoptes lorsque tu es sobre. Un balais dans le cul, une manière de s'exprimer digne des bourgeois de la vieille époque. T'aurais presque honte d'être tout juste dans la vie adulte alors que ça fait des années qu'on t'y prépare. Déconner? Passer du bon temps? Qu'est ce que s'est? Tu connais que tes bouquins, tes heures de travail intense pour être le meilleur dans toutes les matières. Tu n'es qu'une machine façonnée par cette éducation stricte. « Je t'assure que c'est une erreur. » T'affirme ça farouchement. Comme si le ton que tu allais employé aller plus que le convaincre qu'un autre. Il t'a grillé surement, et depuis longtemps. « Ou alors tu éprouves un malin plaisir à bouger ton cul comme une folle et à allumer les mecs sans jamais rien leur donner... » Tes joues se teintent de rouge. T'avais oublié ce détail. Tu baisses légèrement les yeux vers le sol sans savoir quoi ajouter. L'alcool est la seule excuse que tu ais. Le reste n'est que poussière. C'est à la fois une excuse et une réalité. Ton comportement change du tout au tout une fois que l'alcool coule dans ton organisme. Il te libère d'un énorme poids. Tu es celui que tu es quand tu es bourré. « Je devais avoir trop bu. Ca doit bien être la première fois que je fais ça. » Tu mens comme tu respires. Une phrase, dix mensonges. Tu l'as fais plus d'une fois, ce manège, ce jeu de séduction, sans jamais aller au bout de tes envies. Un lueur de bon sens qui t'éclaire juste au bon moment. « Je pense qu'au contraire, t'as jamais goûter à la queue et c'est pour ça que tu m'as planté comme ça. » Tu te forces à rire. Un rire horriblement gêné. Tu ne peux pas cacher que la situation te met mal à l'aise. Il a trouvé l'arc sur lequel jouer pour te faire plier face à lui. Tu ne vas pas lui balancer la vérité en pleine gueule, tu vas nier, encore et toujours. T'as pas franchement mieux à faire. « Je vois vraiment pas en quoi ça peut te regarder et surtout pourquoi ça te touche autant. C'était qu'une soirée, on avait bu, point. Y a pas plus à rajouter. Je suis hétéro, c'est tout. Désolé. » Tu prononces ses mots plus pour te convaincre à toi qu'à lui. Le ton de ta voix n'est pourtant pas très élevé, quasi une murmure. Ta vie sexuelle ne te concerne qu'à toi, pas aux clients de la librairie. « Je vois même pas pourquoi tu t'attardes sur mon cas vu qu’apparement je ne suis pas le premier à avoir fait ce que j'ai pus faire. Tu devrais pas t'attarder sur mon cas, surtout que tu dois t'en foutre, au fond. Vas boire un coup, sort et ça ira mieux. Excuse moi d'être avec une fille que... J'aime. » Tu te vends tout seul. Plus tu avances, plus le verbe " aimer " a du mal à sortir de tes lèvres. Oui, t'aimes les mecs, oui Julian t'attire, ça n'ira pas plus loin.

Le problème, c'est que l'amour, ça m'blesse. Plus que j'n'aurai pu l'imaginer. Rien qu'à voir dans l'état pitoyable où j'ose me montrer en pleine librairie. Les valises sous les yeux, la gueule six pieds sous terre et les jambes vacillantes. Je ne suis plus qu'un déchet, au fond, c'est ce qui me blesse vraiment. Je n'ai jamais été suffisamment bien pour retenir qui que ce soit. Mon passé avec les hommes me reste en travers de la gorge comme si je m'évertuais à essayer d'avalaer un os. Je suis incapable d'aimer car incapable d'être aimé. Cheshire m'a fuit, Jéricho aussi, Aaron ne voulait pas de moi, quant à Cassandre, c'est un sujet que je préfère éviter d'aborder. Je n'ai jamais été qu'un aimant à m*rde, jamais ça ne changera. J'ai beau regarder la vérité en face, elle n'en est pas moins blessante. DelaMerveillère n'est qu'un énième refus considérable que je me prends en pleine gueule. En sang, j'ai l'impression d'avoir été frappé, encore. Et c'est à présent sans remord qu'il s'amuse à enfoncer le couteau plus loin, dans une plaie déjà béhante. Ramener des hommes dans mon lit ne me fait pas plaisir, au fond, savoir que je plais encore est une bien maigre consolation alors que le seul homme que j'aimerais avoir près de moi aujourd'hui a fuit le pays pour étudier à l'étranger, sous prétexte que je n'étais pas prêt pour lui, qu'il méritait mieux que moi. Et comment m'en relèverais-je un jour si je suis incapable de comprendre pourquoi on m'abandonne, à chaque fois ? DelaMerveillère n'est pas un homme dont je pourrai tomber amoureux, juste une nouvelle erreur sur un parcours déjà plus qu'ébréché. Il m'a refusé, il n'a pas voulu de moi, il ne désirait pas rentrer avec moi... Le simple fait d'avoir vécu ce vent comme un affront prouve à quel point mon état est lamentable.

Les yeux vitreux, je ne détache mon regard du sien pas une seule seconde. Dans l'état dans lequel je suis, il ne me reste plus que ma provocation méchante et gratuite pour vaincre le duel. D'une simple pression du pouce sur mon coeur, il m'écraserait. Je ne le lui montre pas, jamais, pas une seule seconde. Je continue à lui faire front, je n'ai pas peur, je ne cède pas. Cheshire m'a amoché, DelaMerveillère ne me touchera pas. Ses propos glissent sur moi, me blessent mais pas suffisamment pour que je rende les armes. Il rougit à mes accusations, je touche un point sensible, je le sens. Alors j'appuie, j'appuie. « Tu puais l'expérience DelaMerveillère. Je suis pas le premier mec que tu allumes, par plaisir ou par frustration, peu importe... » Il me regarde droit dans les yeux, fort comme un roc. Il continue de nier, pourtant, je sens qu'il y a entre nous comme un sentiment d'inachevé. Il est face à moi, je pourrai lui envoyer sur la gueule tout ce que j'ai sur le coeur. Mais l'accusé de ce dont je suis incapable serait égoïste de ma part. Alors je me retiens, je joue sur la provocation et sur le mutisme pour marquer des points. Lorsque je lui parle de sa potentielle homosexualité, DelaMerveillère s'excite. Je souris en coin, mon plan fonctionne. J'ai beau ne pas être capable de discernement à cent pour cent, je sais encore lorsqu'on me ment. Du haut de mon orgueil, je l'écoute sans en perdre une miette. Tant d'arguments qui ne pourront que jouer en sa défaveur. Calmement, je garde les pieds sur terre. Malgré mon air absent, je suis bien là. Et ce matin, pour la première fois depuis longtemps, je goûte avec délectation au plaisir de la méchanceté gratuite. Son discours sonne creux, faux. « La pauvre fille... » ma voix est calme, mon ton est scindant. Je suis limite vulgaire mais qu'importe. La bibliothèque n'est pas le meilleur endroit pour ce genre d'altercations mais ça me plaît. Je ressens comme une excitation presque cruelle et perverse à malmener ce petit bout d'homme. « Elle doit très certainement user d'un jouer suffisamment imposant pour baiser un enculé dans ton genre, DelaMerveillère. » Mes sourcils se haussent, je souris, malgré moi. Sournois, je le suis jusqu'au bout des ongles. Ma verbe n'a rien d'extraordinaire mais elle appuie là où ça blesse, toujours. « Tu devrais laisser tomber les chattes, mon gars, et par la même occasion ôter ce balais qu'on t'a enfoncé dans l'c*l. Je suis persuadé que ça te décoincerait de te prendre une quille de temps à autre... » Mes propos n'ont rien d'une invitation, DelaMerveillère n'est pas mon but, ni un objectif en soit. Tout ce que je cherche à faire, c'est à lui prouver par "a" plus "b" qu'on ne peut pas se mentir à soit-même éternellement... pas dans notre monde !

La faiblesse se lit dans tes traits. Chaque détail prouve ta fragilité. Tu es un objet friable dans les mains d'un géant. Tu peux te fracasser sur le sol sans grande difficulté, il n'y a qu'à faire pression sur les plaies déjà à moitié ouvertes présentes un peu partout dans ton âme. Tu n'es qu'apparence. Rien de plus. Tu te contentes de jouer, de feinter. Tu es faux putain, tu n'as rien de vrai en toi. Tu n'es pas qu'un tas de mensonges que les gens ont entassé à chaque fois qu'ils s'amusaient à te façonner. Tu n'es qu'un être sans réel but, tu n'es là que pour décorer. Et tu le sais, t'en as conscience. Son regard est planté dans le tiens, tu ne lâches rien, tu l'affrontes. Quitte à laisser tes sentiments les plus profonds à nus. Il n'a rien de mieux à foutre que de te provoquer, que de briser cette couverture si parfaite que tu t'étais créé. Il veut briser la protection, il veut atteindre le noyau. Tu le laisseras pas faire. Putain, surtout pas. « Tu puais l'expérience DelaMerveillère. Je suis pas le premier mec que tu allumes, par plaisir ou par frustration, peu importe... » L'expérience... Un soir sur deux tu t’entraînes. Tu fais ce manège terriblement envoûtant et tu te barres dans l'espoir que ça soit trop tôt pour qu'on remarque quoi que ce soit. Ca fait des années que tu joues à ce jeu malsain, des années que tu es passé maître dans l'art de la frustration. « Si tu le dis. » Il t'aura. Il te brisera. Il sourit alors que tu nies farouchement ton attirance pour les hommes. Tu n'es tellement pas crédible, t'en as toi même conscience pourtant c'est plus fort que toi. Tu as toujours fais ça. Nier plutôt qu'avouer une réalité bien trop blessante, bien trop évidente. Tu n'es qu'un pion. Tu te fais avoir, tu tombes dans son putain de piège. Tu sais qu'il va t'avoir. « La pauvre fille... » Ton coeur se serre. Ta fiancée est surement la femme la plus cocu au monde, mais t'y peux rien. Tu peux plus te forcer à l'attendre sagement. Tu peux pas passer à travers de ce manque évident de sentiments à son égard. Tu ne te forces plus, depuis longtemps. Tu fais juste semblant. « Elle doit très certainement user d'un jouer suffisamment imposant pour baiser un enculé dans ton genre, DelaMerveillère. » Tes traits trahissent ton énervement. Ca doit être la première fois que quelqu'un perce cette protection qui empêche tes sentiments d’apparaître. Tu serais saoul, dans le même état que lui, tu lui en aurais foutu une. Tes poings rageurs se seraient abattus sur le corps de ce type qui permet de te juger. « Je sais pas ce que tu cherches en faisant ça Julian. Tu me traites d'enculer? Tu te crois franchement mieux que moi? Regarde toi. Tu es saoul en pleine journée, tu pues la déception et l'abandon. Tu n'as rien trouver mieux comme réconfort de tomber dans la séduction répétitive. Tu plais mais ça te suffit pas. Quand on te résiste, ça te mets hors de toi. J'en suis la preuve vivante. T'es entrain de m'en foutre plein la gueule uniquement parce que je ne t'ai pas donné ce que tu voulais. D'où ça vient dit moi? Ton caractère de merde les a tous fait fuir? Tant mieux. » Les mots sortent seuls. peu importe la gentillesse, la politesse. Il a atteins ton côté sombre, ton côté "honteux". Il s'heurte à toi, le mec plutôt gentil en apparence, qui cache un fond de haine envers la société d'aujourd'hui. La frustration, voilà ce qui te bloque. La perfection tu ne l'as jamais atteinte, tu ne l'atteindras jamais. Tu t'en fous. L'humain n'est pas censé être parfait. « Tu devrais laisser tomber les chattes, mon gars, et par la même occasion ôter ce balais qu'on t'a enfoncé dans l'c*l. Je suis persuadé que ça te décoincerait de te prendre une quille de temps à autre... » Tu ris légèrement. Tu le fixes, t'approches de lui. Tu ne le dépasses pas, tu fais quasiment la même taille que lui. Tu ne détaches pas tes yeux des siens. « Si un jour j'dois me prendre une quille comme tu dis si bien, je préférerais crever plutôt qu'elle vienne de toi. Je vois même pas pourquoi ou comment j'ai pu m'approcher de toi. Tu n'as rien de respectable. T'as un déchet à qui on a ôter toute once de bonté. Je préfère avoir un ballet dans le cul qu'être comme toi. » Tu te recules et croises les bras sur ta poitrine. Après tout, on te cherche, on te trouve.

Je n'éprouve aucune fierté à rendre les gens comme ça, je les pousse à bout et je les provoque, gratuitement, volontairement. Pourtant, je n'éprouve pas une once de fierté à l'idée d'être un connard sans nom, je m'en satisfais tout juste. Du désir ? J'en ressens à chaque fois qu'un mec s'énerve par ma faute. De l'envie, du plaisir. Je suis sale, carrément dégoutant. Je n'ai aucune dignité, ça fait longtemps qu'elle m'a abandonné. DelaMerveillère est une simple victime, j'aurai pu en choisir un autre mais c'est sur lui que je suis tombé aujourd'hui. J'ai besoin de le faire sortir de ses gonds, pas que j'ai spécialement envie qu'il admette son homosexualité pourtant évidente, mais juste qu'il s'énerve. Au fond, ce que j'aime, c'est que l'on me déteste, qu'on me trouve répugnant et qu'on appuie un peu plus sur mon front, histoire de garder ma tête sous l'eau. Je coule depuis plusieurs mois déjà, j'attends du reste du monde qu'il me maintienne dans cet état léthargique. Je ne joue pas les sal*uds par plaisir mais par obligation. Devenir humain serait la plus grossière erreur que je pourrais commettre. Pour l'avoir déjà faite ! Je suis victime d'un sentiment qui existe depuis toujours ; l'abandon ! Je m'en moque des vents que je peux prendre en soirée, je m'en moque d'avoir été planté par ce freluquet, ce jeune minet trop étroit d'esprit pour s'avouer sa propre sexualité. Je m'en fiche de ne pas réussir à toujours plaire, mais j'en souffre. Inconsciemment, les refus me ramènent tous à lui... alors je les essuie, mais à chaque fois, je prends en pleine gueule l'évidence même que je ne suis rien, que je ne suis pas assez bien. DelaMerveillère monte le ton, je sens ses muscles se crisper et je devine à son regard que mes propos l'exaspère. J'appuie là où ça fait mal, j'continue d'appuyer. Souffre gamin, souffre ! Je ne peux m'empêcher d'agir en trou-du-c*l, parce qu'au fond, c'est la seule chose qu'il me reste. Je ne suis plus qu'un objet, un mec qu'on baise et qu'on rejette, un mec qu'on regarde avec envie et luxure et qui, une fois la sobriété revenue, ne nous apporte plus que du dégoût. Les mots de ce jeune homme me font mal, inconsciemment, je souris. Je souris parce que je sais qu'il a raison, je ne suis pas duppe. Bourré en pleine matinée, c'est un spectacle pitoyable, presque désopilant si pas aussi ridicul. Mes yeux ne quittent pas les siens, ses mots me transpèrcent, me blessent. Continue gamin, tu touches au but. Mon sang coule sur mon coeur, ce dernier s'arrête enfin de battre, j'en oublie l'image de Cheshire et je sens l'alcool envahir mon corps tout entier. J'ai mal, BORDEL ! Je le laisse appuyer, il a trouvé le point sensible. Il n'est pas si c*n qu'il en a l'air finalement. Je ne lâche pas ses yeux, pas un instant. Continue bordel. J'agonise, intérieurement, je m'effondre. Je ne bronche pas, extérieurement, je reste impassible. A ses propos, je souris, je me retiens même de rire. Je ne bronche pas, il s'approche de moi. Quelle assurance ! Mes poings se serrent contre mes hanches mais mon corps ne se crispe pas. DelaMerveillère est grand, aussi grand que moi. Nos visages se frôlent presquent, sa respiration s'écrase sur mon visage tandis que la mienne envahit le sien. Je souris, je ne cesse de sourire. Son assurance me surprend, mais pas tant que ça. Je l'ai poussé à bout, je mérite ses insultes, je mérite sa rage. Cependant, dans ce petit jeu malsaint, je suis le plus doué, je le sais. Mes mains attrapent violemment ses hanches, l'attirant contre moi. Mes lèvres s'écrasent sur les siennes, lui volant un baiser aussi impudent qu'indécent. Nos visages se mélangent l'espace d'un quart de seconde et puis je le repousse. Mes yeux se posent dans les siens, je cherche une simple réaction de sa part. Je suis prêt à tout, même à m'en prendre une. Je n'attends que ça, finalement. T'es sadomaso mon pauvre Julian, mais je le vaux bien !

Tu n'as jamais laisser tes désirs l'emporter. Tu t'es toujours retenu, tenu à l'écart de toute tentation. A croire que tes efforts étaient vains, tu t'es fais capté. T'aurais jamais dus recroiser Julian, t'aurais préféré ne jamais revoir ce visage attrayant et ce corps parfait qui n'attends que toi. Tu cherches toujours des excuses pour passer au travers de ta bisexualité pourtant, elle est bien présente. Ton éducation est telle qu'elle est, c'est une honte pour toi. C'est interdit, néanmoins tu rêves d'y goûter, chaque secondes, chaque minutes et chaque heures. Ce n'est que tentations et frustration, pourtant tu t'y es fais. T'arriverais presque à gérer complètement désormais. La sobriété t'apportes cette clarté. Tu sais ce que tu veux, tu sais ce que tu ne veux pas. L'alcool n'est pas présent dans ton organisme, il ne peut pas prendre le contrôle de tes mouvements. Si quelque chose doit arrivé, tu le feras de ton plein gré. Ce qui n'est pas prêt d'arriver, bien sûr. La couverture est bien trop importante pour que tu t'amuses à la brisée pour un type comme lui. Tu le fixes, le défis. C'est à celui qui foutra l'autre dans la pire situation le premier. Tu risques de perdre, t'es pas un bon joueur. Tu ne connais pas les règles. C'est un jeu bien trop brutal pour toi, bien trop compliqué. Les mots sont ta seule arme, tu ne sais pas tellement te servir de tes poings. Tu fais peut-être du sport, mais le combat, le duel, c'est vraiment pas ton fort. Tu n'es pas assez énervé pour cogner. Peut-être qu'il parviendra à te foutre en l'air après tout. Tu n'es qu'un triste jouet dans les mains d'un expert apparemment. Expert qui semble au plus profond, brisé et déchiré. Ton coeur te dit de stopper tout ce que tu peux lui balancer à la gueule mais tes lèvres s'ouvrent et se referment toutes seules, laissant les mots s'échappés. Il sourit, il se fou complètement de toi. Ton coeur se serre alors que son souffle effleure ton visage. Il fait chier. Il fait tout pour que tu craques. Il sait que tu peux briser tes chaines à tout moment, il sait que tu en serais capable. Au moment où tu t'y attends le moins, ses lèvres s'écrasent sur les tiennes alors que ses bras t'attirent à lui. L'espace de quelques secondes, tu perds le contrôle et tes lèvres répondent aussi indécemment que lui. Une sorte de jeu de tentation auquel tu viens lamentablement de perdre. Il te repousse. Un, deux, trois pas en arrière et tu te bloques, tu te braques, le visage rougit par ce geste. Il t'a eu. En beauté. Tu serres les poings alors que tes yeux ne cessent de le fixer. Quel enfoiré. La violence n'est pas la solution, tu le sais, et pourtant t'as qu'une envie, lui en foutre une. Tu restes là, impassible. La silence de la bibliothèque laisse place aux battements irréguliers de ton coeur qui s’emballe. Un mec ne t'a jamais vraiment embrasser lorsque tu étais sobre. C'est une première. T'aurais préféré qu'elle n'arrive jamais. « J'espère que t'es content. Tu vaux vraiment rien, sérieux. Maintenant, vas te faire foutre Julian, et bien profond. » Tu passes à côté de lui et ton épaule se balance contre la sienne pour le poussé. Aucun respect. surtout pas à son égard. Tu finis par te retourner une fois que tu l'as dépassé. « Je suis stupide d'avoir crus que t'étais peut-être un mec bien. Au fond, t'es qu'une pourriture. Tu viens de foutre en l'air quelque chose d'important. J'vois bien que t'as foutu ta vie en l'air, ça t'as pas suffit? Non, fallait que tu t'en prennes à moi. » Tu le fixes. Après tout, tant qu'à y être. Il va t'en foutre plein la gueule, mais qu'elle importance. Tu vas pas te laisser faire, surtout pas.

J'aurais dû rester à ma place, j'aurais dû me montrer raisonnable, mais j'en suis incapable. Mes lèvres se perdent sur les siennes par pu goût de destruction. Les regards se tournent vers nous, deux hommes qui s'embrassent dans une librairie est un sujet qui ferait couler beaucoup d'encre. Mon coeur s'emballe lorsque nous échangeons un simple baiser, comme si je revivais soudainement. Ce n'est pas DelaMerveillère que j'embrasse à ce moment-là, mais Cheshire ! Image presque idyllique d'un mec que j'idéalisais et qui, en fait, n'étais qu'un couillon... Je n'embrasse pas un minet incapable d'assumer son côté homosexuel, non, j'embrasse un homme que j'aime. Au moment même où mes lèvres se posent sur DelaMerveillère, je l'oublie, je me donne, parce que ce sont ces rares instants qui me permettent de vivre encore. Après, je me repousse, doucement, je recule. Mon rictus ne s'efface pas, j'ai presque envie de rire. Il rougit, il semble perdu. Je m'attends au coup le plus violent de l'histoire de ma vie mais non, DelaMerveillère ne bronche pas. Son regard vide me suffit à comprendre que mon baiser le désoriente, en fallait-il plus pour me satisfaire ? Je bous, à l'intérieur, j'éprouve l'immense fierté d'avoir encore une fois blessé un être humain. Quel con, Kaspar tu fais pitié et pourtant, je m'en fiche. Il est devant moi, les joues pivoines, le corps crispé. Je comprends à son attitude qu'il en aurait voulu d'avantages si nous n'avions pas été dans un lieu publique. Je ne me soucie pas une seconde du regard des libraires braqués sur nous, c'est un duel que je mène et je suis persuadé d'avoir gagné la première manche. Brusquement, le ton monte, mais rien d'autre. DelaMerveillère n'est pas du genre à se battre, apparemment. Son discours me touche, mais je ne le montre pas. Comme si tu te doutais pas que tu ne valais rien Kaspar. Mon coeur saigne encore, ma tête s'étouffe sous cette évidence mais mon sourire ne s'efface pas. Je suis le roi des cons, à l'extérieur, mais à l'intérieur, je suis l'être le plus blessé au monde. Je n'existe plus, mais qui pourrait le remarquer ? Puisque j'agis comme le premier des salopards... Il bouge enfin, il me dépasse, son épaule me bouscule et je manque de vaciller, de tomber. Je me retourne lorsqu'il m'adresse son dernier flot de juron. Je ne pense plus à Cheshire, DIEU merci ! DelaMerveillère aura été ma distraction de la journée. Alors sans attendre qu'il s'en aille, profitant encore de l'avoir devant moi, je ne peux m'empêcher de lancer suffisamment fort pour qu'on m'entend. « Raconte tous les mensonges que tu veux à cette pauvre fille qui te sert de femme, DelaMerveillère... » Les bras croisés sur la poitrine, je sens mon corps reprendre le dessus sur l'alcool. Mes jambes m'emportent jusqu'au jeune homme, le toisant, je m'approche de lui plus encore. Les yeux dans les yeux, je souris. « Mais je sais que ce baiser t'fait bander... Et que si toi et moi n'avions pas été dans cette librairie, tu te s'rais pas fait prier pour te mettre à g'noux d'vant moi. Il serait tant que tu te l'avoues aussi ! » J'étais mûr pour la baston. Frappe moi un bon coup DelaMerveillère, agis en homme. Au fond, je ne vivais plus que pour le scandale.

« Raconte tous les mensonges que tu veux à cette pauvre fille qui te sert de femme, DelaMerveillère... » La douleur. Puissante, prenante, qui t'arrache le coeur. Il sait s'y prendre ce con pour te briser. Il sait les mots qui blessent, les mots qui fâchent. Tu es énervé, blessé. Ton coeur saigne, tes yeux, humides, laissent échappés quelques larmes. Les mensonges ne sont pas ta tasse de thé. Tu veux oublié que tu n'es pas si bon que ça, tu es capable de mentir à une femme pour le bien de la société, de ton titre et surtout pour ton honneur. Pourquoi être comme ça? Pourquoi ne pas laisser simplement la réalité prendre le dessus? Parce que ça serait décevoir, blesser, faire couler des centaines de larmes. Quel enfoiré. Il te dit ce qu'il faut que tu fasses mais il ne se regarde même pas dans un miroir. Si il croit qu'il peut te conseiller sur ta vie alors que la sienne ne se résume qu'à des coups d'un soir, qu'à des beuveries sans importance. Tu sens les fourmis envahir tes poings. Tu vas craqué, surement pour la première fois. « Mais je sais que ce baiser t'fait bander... Et que si toi et moi n'avions pas été dans cette librairie, tu te s'rais pas fait prier pour te mettre à g'noux d'vant moi. Il serait tant que tu te l'avoues aussi ! » Ses yeux te sondent. Tu ne lâches pas ses prunelles d'une semelle et tu laisses ta main s'écrasée contre son visage. Tes larmes coulent alors que ton bras retombe le long de ton corps. Tu le fixes, tu trembles, il te pousse réellement à bout. Tu voudrais le frapper, encore, mais t'en as même pas la force, mentalement. Tu peux pourtant, tu sais que tu as de la force, tu sais que tu fais mal. Tu le regardes et tu le bouscules. Tu le fixes, l'air grave, le visage embrumé par les larmes. Tu vas le défoncé si il continue à l'ouvrir, à te balancer ce genre de choses. « Tu ne sais rien de moi Julian. Je te permet pas d'me juger comme ça. Je préférerais crever - tu insistes sur le crever, plutôt que de coucher avec toi! » Tu parles bien trop fort pour une librairie mais tu t'en fous. Tu veux qu'il comprenne. Ta voix déraille plusieurs fois, les sanglots prennent possession de ton corps. Tu es si faible que ça, oui. Blessé, humilité. « Tu n'es qu'une enflure Julian, une putain d'enflure! » Et ton poing rencontre à nouveau son magnifique minois. Qu'est ce qu'il te prend, sérieusement? Tu le fixes, les larmes aux yeux et finalement tu t'approches de lui, passe une main tremblante sur sa joue en te mordillant la lèvre, te sentant horriblement coupable. L'idée de t'approcher plus que ça de lui traverse ton esprit. Embrasse le, idiot... Tu continues, avec le pouce de caresser son visage. Tu hais faire du mal à quelqu'un. Tu finis par t'approcher et plonger ton regard dans le sien. « Désolé... Je voulais pas... Te faire mal.... » Faux, t'en crevais d'envie, mais tu t'en veux, énormément. A quoi tu joues? Pourquoi tu te fous dans ce manège débile qui t’entraînes vers une mort certes. Tu joues le même jeu que lui et tu sais très bien que tu vas perdre, t'es pas comme lui, tu veux pas être comme lui. Les larmes se sont stoppés et tes yeux rougis ne cessent de contempler le visage abîmé de cette vile tentation qu'est Julian. Tu pries pour ne pas te prendre un coup, tu pries pour ne pas qu'il te repousse. Tu fais un pas en avant, tu fous tes craintes de côté. La violence c'est pas pour toi. Toi, c'est la douceur.

Je n'suis qu'un p*tain de masochiste, prêt à toutes les extrêmités pour qu'on me fasse du mal. S'il faut pousser à bout les plus faibles d'entre nous, je le fais avec un dédain presque irréversible. Passer pour un monstre ne me choque plus, plus autant qu'avant. Le regard des autres coulent sur moi comme si, dans ma triste solitude, j'avais appris à ne penser plus qu'à m'enfoncer, chaque jour un peu plus, dans cette montagne de déchets qui composait aujourd'hui ma vie ! Ce baiser volé, c'était une manière comme une autre de pousser un peu plus DelaMerveillère dans ses retranchements. Lui qui clamait haut et fort son hétérosexualité et sa fidélité à qui voulait l'entendre venait de prendre un sacré coup... Made by Kaspar, scinique, tordu et malsaint. Je me complais dans cette ammoralité, finalement. Le regard braqué contre le sien, j'attends sa réaction. Elle ne se fait pas prier. Au premier abord plutôt calme, il explose ensuite. Les insultes ne m'ont jamais touchées, aujourd'hui encore moins. Je sais qui je ne suis plus, c'est peut-être là le fond du problème. Tout ce qu'il me dit me rentre par une oreille tout en frôlant ma boîte craniène dans ses extrêmités et ressort par mon autre oreille. Je suis vide, vide de sens et de responsabilité. P*TAIN, t'es dans une librairie mon gars, pas au snack-bar. Mon regard s'échappe doucement de celui du minet qui me fait front pour se poser sur le décor de la scène. On nous regarde... Je souris en coin. Profitez, aujourd'hui, la représentation est gratuite. Puis je plonge à nouveau mes yeux dans ceux de DelaMerveillère. AZY mon gars, enfonce le clou... Je sers les dents, mon coeur saigne et mes poings se serrent. Mon subconscient m'ordonne de répondre, de répliquer. Un coup ? Je pourrai, mais je me retiens... Finalement, ça sera au jeune homme de lâcher prise le premier. Son poing s'écrase contre ma gueule. Je tourne mon visage en étouffant un gémissement de douleur. Il a visé juste le gentil bonhomme , ma lèvre rencontre mes dents et s'entrouvre. Je saigne ! BORDEL, c'est bon. Dans mon esprit masochiste, je jouis de cette bataille, pourtant mon corps en souffre. Ma lèvre gonfle très légèrement alors que, brusquement, le regard du jeune homme s'attendrit ! J'hausse un sourcil ? Je ne comprends pas... Désarmé, je le laisse poser sa main sur mon visage sans broncher. BON SANG DELAMERVEILLERE, tu nous fais quoi là ? Arrête de te la jouer Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent et fous moi une dérouillée. Je ne demande que ça, je ne me défendrai même pas. Le regard perdu, je le laisse se rapprocher de moi sans savoir comment réagir. Nos regards se cherchent, nos corps se frôlent et sa respiration s'écrase contre mes lèvres. Il s'excuse de m'avoir blessé ! INCROYABLE. Dans ma tête, c'est la confusion la plus totale. Je me sens me briser... jamais personne ne s'était excusé, jamais IL ne s'était excusé. Mon coeur s'arrête de battre et durant le quart de seconde d'un coma presque visible, les souvenirs jaillissent à gauche, et à droite. Comme assiéger, je sens mes jambes trembler, crouler sous le poids d'une culpabilité sans fond... Mes yeux cherchent ceux du jeune homme, ma bouche s'entre ouvre mais je ne parviens pas à être méchant. « Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais ? » Egaré, je viens de me perdre, et j'en oublie d'être cette ordure que je suis habituellement. POURQUOI ? Pourquoi t'as fait ça DelaMerveillère !!!?! Touché en plein coeur... Julian - O / DelaMerveillère - 1 !

Ta main caresse sa joue. Tu sais pas ce que tu fais, tu sais pas pourquoi tu fais ça. Tu cherches dans son regard cette étincelle, ce léger espoir qui confirme qu'il n'est pas si mauvais que ça. Tu le regardes sans pour autant stopper ces caresses. Tu ne sais pas à quoi il pense, tu ne sais pas ce qu'il va faire mais toi, tu sais ce que tu ne vas pas faire. Tu ne le re-frapperas pas, hors de question. Tu ne deviendras pas une brute comme cet idiot de Julian. Tu ne veux pas être brutal, tu l'es déjà bien assez quand tu es soûl. Une perle de sang se forme dans le coin d'une lèvre. Ton doigt s'avance doucement vers sa lèvre et essuie doucement son sang. Tu t'essuies sur un mouchoir que tu enfonces dans ta poche avant d'approcher ton visage du sien. Tes yeux ne quittent pas les siens. Sa voix raisonne. « Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais ? » Bonne question. T'en as aucune idée toi même. Tu sais même pas pourquoi tu fais ça. Tu sais juste que tu es toi même, que tu ne cherches pas à le suivre dans ses manoeuvres pour péter un plomb. Tu serais capable de l'embrasser, là, tout de suite. Si seulement tu n'étais pas fiancé, si seulement la situation était différente. « Je ne fais absolument rien ... Je suis juste moi même... » Tu glisses ta main le long de son bras et caresse doucement sa main avant de lui sourire pour t'échapper en direction de la caisse pour payer le livre que tu as dans la main depuis le début. Tu fais un signe à Julian pour qu'il sorte. Tu ne sais pas ce que tu as fais. Tu as juste été toi même, c'est peut-être ce qui a changé la donne. Il n'est plus tellement violent qu'auparavant. Tu le cherches des yeux une fois que tu es sortit. Tu regardes autour de toi. L'animation dans Paris à cette heure ci est toujours la même. Trop de monde, trop de bruit. Tant pis, tu peux passer plus inaperçu comme ça. Il finit par sortir et tu poses ton regard sur lui. « T'as finis de la jouée à la brute insensible? Ca marchera pas avec moi. » Tu souris légèrement avant de t'approcher de lui. Tu ne sais pas combien de temps va duré la courte période dans laquelle Julian ne te frappera pas ni rien. Tu te contentes de profiter. Il te plait, c'est vrai. Tu vas pas le nier. Ca se voit à des kilomètres à la ronde.

Mon coeur reprend son rythme doucement, mes nerfs se lâchent et je sens mes poils, auparavant hérissés, retomber sur mes bras. Mon corps se détend, mes yeux se font plus doux et mon regard est différent. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, ni même pourquoi brusquement, je me sens si humain... Mes yeux braqués dans ceux de DelaMerveillère, je n'arrive plus à me détacher de lui. La proximité me gêne, me met mal à l'aise. Moi qui ai pour habitude de coucher avec tout ce qui bouge, je ressens le contact du jeune homme comme quelque chose auquel je n'ai pas droit. Ses doigts essuient mon sang, puis caressent mon bras. Sa voix me frôle, m'appaise. Je me sens étrangement bien. P*TAIN te laisse pas faire Kaspar, te laisse pas faire... Pourtant, les faits sont là, je me laisse attendrir. Mes yeux quittent même ceux de DelaMerveillère en signe de soumisse. Je regarde mes pieds, mal à l'aise. L'alcool a disparu... Il s'éloigne de moi et rapidement, mon coeur suffoque. J'ai envie de lui crier "REVIENS !" mais je m'en empêche. Mon esprit est à l'ouest, pourquoi ! Je reste stoïque, je ne bouge pas. Il m'invite à le suivre à l'extérieur... une seconde, puis deux, je ne bronche pas. Trois secondes à présent, mon corps commence à bouger, mes jambes m'entraînent sans même que je ne comprenne pourquoi. Quatre secondes, mon regard est toujours baissé, j'ai l'impression d'être un animal rué de coup, battu à mort, soumis ! T'es ridicul Kaspar ! Alors quoi ? Tu vas te laisser attendrir par le premier minet venu, juste parce qu'il se montre... gentil avec toi ? Je soupire, lève mes yeux, et m'y refuse. Cinq secondes, pourtant, une partie de moi me hurle de le rejoindre. Six secondes, il m'attend, j'en suis sûr ! Sous le poids des questions, je me décide à le rejoindre. L'air, le soleil, l'agitation... tout me surprend ! Je sors de la bibliothèque et plisse les sourcils. Mon jeune camarade se tient là, devant moi. Lorsque j'arrive enfin à sa hauteur, il se plante, face à moi, se rapproche et me fixe. Mal à l'aise, encore, mes yeux butinent dans les siens tout en cherchant un point d'appui plus loin. Mon visage rougit quelque peu tandis que mes muscles se crispent. Je me sens humain et bon sang, que ça fait du bien. Sa voix me caresse encore, tandis que mon coeur entreprend un marathon dans ma poitrine ! « C'est quoi ton prénom ? » Comme pour me séparé de la simple question qu'il me pose, je change de sujet. Je cherche une manière comme une autre de me montrer plus fort qu'il ne le pense, je ne suis pas un bête animal touché en plein coeur... NON ! Je suis féroce, je suis horrible, je suis malsaint !

Combien de temps vas-tu rester ainsi? Si doux, si prévenant et attentif à des sentiments qui te dépassent? Tu commences à l'apprécier après tout. Tu aperçois cette réelle facette de Kaspar. Tu ne sais pas trop quoi en penser, tu te sens presque perdu dans ses battements dont ton coeur est victime et cet infime bien être que tu ressens à cet instant précis. Tu poses son regard sur lui, tes doigts frôlent sa peau. Tu aimerais pouvoir le toucher un peu plus mais des liens invisibles t'empêchent d'avancer plus sur cette route. Il n'a pas besoin de toi et toi pas besoin de lui surement. Tu as une vie pleine, entière alors pourquoi lui? Tu ne cherches pas plus loin, tu sais juste que tu aimerais être contre lui, que tu aimerais que vos lèvres s'assemblent une fois de plus mais c'est impossible et tu le sais. Tu ne dois pas. Surtout comme ça, exposé en pleine rue. Tu t'y refuses. C'est inconscient et irresponsable. Et si elle était là? Dans la rue, sur le trottoir, ses yeux bleutés fixés sur toi. Tu te sens rougir légèrement à l'idée qu'elle te coince, une bonne fois pour toute. Un jour, ça arrivera. Ce jour là tu risques d'être plus que perdu. Tu as trop besoin de tous ses repères pour survivre. Elle fait partit de ses petits repères qui t'aident à survivre dans un environnement bien trop compliqué pour toi. Il a finit par sortir, c'est ce qu'il t'a étonné le plus. Il allait resté à l'intérieur d'après toi et attendre que tu te barres pour s'enfuir loin de toi et de tes paroles. Ses yeux se plongent dans les tiens. Il serait capable de te sonder, de savoir tout ce que tu penses. Ta fragilité est un défaut la plupart du temps. « C'est quoi ton prénom ? » Il change de sujet. La technique basique quand on cherche à montrer autre chose que ce qu'il se passe en apparence. Tu laisses couler, il n'y a pas de raisons pour que tu t'acharnes sur lui pour ce genre de détails. Tu sais très bien que tu as raison, plus que raison. Tu souris. Il a oublié ton nom. Ca te déchires légèrement le coeur. Ouais, au fond, tu fais partit de ses conquêtes d'un soir qu'il n'a pas réussi à atteindre. Tu te détaches lentement de lui pour lever les yeux vers lui. « Maxence. Mais appelle moi Maxxie. » Tu regardes cet être que tu trouvais tellement horrible il n'y a de ça que quelques minutes et là tu serais capable de fondre dans ses bras, de te laisser atteindre par cet être autp-destructeur. Il pourrait t’entraîner vers une chute certaine. Chute que tu tentes depuis toujours d'éviter. « Ca a l'air d'aller mieux. Et encore désolé pour ta lèvre.. J'voulais pas te faire de mal... » Ta main s'étend vers sa joue et en douceur tu te mets à la caressée. Tu ne peux pas faire plus, ça serait aller contre toi même. Aller contre tes principes. Mais pourtant... C'est un fruit défendu et ce fruit... Tu veux tellement y croquer dedans.

Je le sens proche de moi, plus proche que rares l'ont été les hommes qui ont traversé ma vie ces dernières semaines. Je me laisse entraîner dans ma propre chute. L'homme malsaint que j'étais, quelques minutes auparavant, capable de le mettre à genoux devant moi disparaît pour laisser place à cet agneau qu'on a arraché de force à son troupeau. Arrive-t-il seulement à lire toute la tristesse que je refoule ? Depuis si longtemps... L'image de Cheshire me saute aux yeux, malgré le fait que le jeune homme en face de moi n'y ressemble pour rien au monde. Introverti, timide et doux, il est l'exact opposé du mec à la grande gueule qui faisait battre mon coeur, autrefois. Timidement, je l'écoute me parler, comme si j'avais l'impression de ne pas mériter tant d'attentions. Ses lèvres m'obsèdent, son visage, ses yeux... Je sens mes pieds quitter le sol alors qu'il continue à se montrer si doux, si fragile. DelaMerveillère était l'une de mes conquêtes, pourquoi mon coeur se sent-il si faible, devant lui ? Je ne connais pas son prénom, est-ce une raison suffisante pour m'être montré si acharné sur son cas ? Si horrible ? Doucement, il répond à ma question. Ses paroles m'ensorcèlent tandis que mon corps tout entier se détend. Je sens mon coeur battre contre ma poitrine, mon sang frappe contre mes tempes, mon crâne me fait mal. Je me sens vide, vide de toute colère, de toute rancoeur. Pourquoi ? Tu craques complètement Kaspar, fait gaffe ! Tu vas t'faire jeter, encore. « Maxence... » Je répète son prénom comme si au fond, je l'avais toujours su. Ma voix est aussi légère qu'un murmure, inaudible. Je reste stoïque face à ses gestes, face à son sourire presque muet. Je suis une statue, une statue ébrechée et Maxxie est à deux doigts de me briser. Te laisse pas faire, riposte ! Mais j'en suis incapable. Cette voix dans ma tête fait pression contre mon crâne mais n'arrive pas à se frayer un chemin jusqu'à mon coeur. L'acharnement de Maxxie à se montrer avec moi comme plus personne ne l'avait fait depuis son départ me laisse sur le c*l, sonné ! Complètement abasourdi ! Je ne mérite pas tout ça, je ne le mérite plus. Sa main frôle ma lèvre tandis qu'il s'excuse, à nouveau. Sans m'en rendre compte, ma main vient chercher la sienne, la laissant contre ma joue, tandis que mon visage s'écrase contre cette dernière. Au fond je sais que je devrais pas céder, mais c'est plus fort que moi... « Je n'ai pas mal. » Ma voix se meurt au bord de mes lèvres, je me sens brusquement fragile comme si cette humanité dont Maxxie fait preuve venait à bout d'une armure que je m'étais créée depuis le départ de Cheshire !!!

Si tu continues, tu vas perdre à ton propre jeu. A jouer au gentil, au mignon tu vas te brûler encore plus qu'avant. T'as peur de céder. Ses lèvres sont proches des tiennes, tu sens son souffle tiède contre les tiennes et tu ne peux t'empêcher de frissonner. Tu ne peux pas tenir. C'est une tentation bien trop puissante et tu es bien trop faible pour ne pas céder comme ça. Tu lui dis ton nom. T'as à la fois vexé qu'il ne s'en souvienne plus et d'un autre côté, tu ne peux pas lui en vouloir. L'état dans lequel il était cette nuit là n'était pas très bon. Tu te fous pas mal qu'il ne s'en soit pas souvenu, l'important c'est qu'aujourd'hui, là tout de suite, il le sache. Ta main vient caressé sa joue, encore et encore. Comme si la sensation de sa peau contre la tienne te manque si tu défais cette unique liaison que tu t'autorises. Sa main s'écrase contre la tienne et la retient. Son visage s'enfouit dans ta main et tu souris en continuant de caresser en douceur sa joue légèrement rougie. Tu sais pas ce qu'il te prend, tu sais pas pourquoi tu te mets à te comporter de cette façon, tu sais juste que ça ne lui déplais pas et ... Ca ne te déplais pas non plus. Tu sens quelque chose à chaque fois que vos peaux s'effleurent, que sa main s'attache à la tienne. Tu te sens bien, depuis longtemps. Léger, sans avoir à te prendre la tête pour des sentiments que tu n'es même pas sur de ressentir. Tu te laisses aller. Tu cherches du réconfort là où tu pourrais en trouver, certes mais tu vois bien qu'il en a aussi besoin que toi. Tu le sens, dans son regard, cette infinie tristesse et cette douleur qu'il enfouit au fond de lui. Il t'attendrit, encore plus que tu ne l'étais avant. « Je n'ai pas mal. » Tu souris, légèrement rassuré par ses paroles. Tu t'inquiètes pour lui maintenant? On aura tout vu. Dire que vous étiez limite entrain de vous foutre sur la gueule dans les rayons de la librairie et que là, tu fonds devant lui. « Tant mieux... » Tu t'approches, un pas de plus vers lui. Tu te rapproches de ses lèvres, de son visage. Tu vas céder, là, en pleine rue. Peu importe qui te regarde. Tu poses tes yeux sur lui, ce regard légèrement suppliant. Embrasse moi...

Renversement de situation total, j'étais venu le mettre plus bas que terre, et me voilà... à céder, devant sa tendresse, devant sa douceur ! T'es qu'un p*tain de fêblard Kaspar, un p*tain d'abruti ! Il me touche, je le laisse faire. Je me sens affreusement faible face à ce petit bout d'homme qui se montre humain, trop ! Sa main reste sur ma joue, je m'y enfonce comme je peux. J'ai l'impression de re-toucher un homme pour la première fois... Tu ramènes tout à cet enc*lé de Cheshire... BON SANG Kaspar, il t'a abandonné, comme une vieille m*rde ! Mon esprit me sonne d'arrêter cette masquerade, de quitter les lieux et de reprendre ma fierté que j'ai lâchement laissé tombé sur le pavé. Je suis une ordure, rien de plus. Je ne veux pas être aimé, je ne le mérite pas. Pourtant, j'ai l'impression de vivre à nouveau. Contradictoires, tous mes sens se réveillent, mes sentiments s'entrechoquent et mon coeur cherche désespérement le moyen de sortir de ma poitrine pour aller se loger au creux des bras de Maxence. C'était l'histoire d'une nuit ! Il prend à présent trop d'importance, plus qu'il n'en devrait. Je me sens bête, bête d'accepter les avances d'un mec qui a refusé de me baiser sous prétexte que je n'étais pas assez bien pour lui. J'étais là pour lui faire avouer ce qu'il était au fond, finalement, c'est lui qui me force à me montrer tel que je pourrai être, tel que j'étais. Mais le Kaspar qui est là, face à Maxxie, il est mort depuis longtemps. Remets-en Kaspar, t'es un p*tain d'égoïste, pas une âme perdue. Scène affreusement romantique, j'en aurai presque un haut le coeur si je n'étais pas aussi touché. Ma main libre vient chercher doucement le bassin de Maxence, elle se pose à l'extrémité de son dos et l'attire contre moi. Alors que son visage se rapproche du mien, je pose mon front contre le sien. Mes yeux se ferment tandis que nos corps se frôlent, tandis que nos visages se touchent et que nos respirations se mélangent. Affreusement romantique, cette scène digne du couple le plus anormalement banal devrait pourtant m'être répulsif. Je devrais être à des kilomètres de cet endroit, pourtant un rien dans les yeux du jeune homme me font rendre les armes. Nous étions à deux doigts d'en venir aux mains, que ma mâchoire en témoigne ! Où est passée notre rage ? à présent..

Aussi doux qu'un agneau, amadoué par un lion peu féroce en réalité. Si tu étais un tant soit peu raisonnable tu saurais qu'il ne faut pas continuer sur cette voie là, que tu allais finir comme toujours, au creux des bras de cet être à la fois si méchant et si touchant. T'as peur un peu, au fond. Peut-être se sert-il de toi? Non. Il n'en serait pas tellement capable. Il peut bien être sincère. Cette lumière dans son regard qui semble éteinte et qu'il ne cherche pas à rallumer te prouves bien qu'au fond, ce n'est qu'un agneau de plus, simplement égaré qui se retrouve confronté au loup. Il allait te détruire en quelques mots et toi tu lui as juste donner ce qu'il avait besoin qu'on lui offre. Un peu de tendresse dans ce monde de brute ne fait pas de mal à personne. Il y a ce truc entre vous qui fait que ça rend le contact encore plus agréable. Tu aimerais tellement pouvoir continuer de sentir sa joue contre ta main. C'est d'une simplicité folle et pourtant, ça semble impossible à avoir. Son bras t'attire contre lui et tu ne bronches pas. Tu te contentes de t'appuyer contre son torse. La proximité est de plus en plus importante pourtant tu ne t'en contentes toujours pas. T'aimerais plus, au fond. Vos fronts s'appuient tous les deux dessus et tu le regardes fermer les yeux. Tu songes à en faire de même mais le spectacle que t'offres le visage de Kasper t'empêches de dériver tes yeux de son adorable visage qui semble s'être détendu au fur et à mesure. Une scène à la fois horriblement romantique et terriblement dangereuse. T'as peur des représailles, peur de te lâcher un peu plus. Ses lèvres sont là, à quelques centimètres des tiennes, elles t'appellent, cherchent à ce que tu viennes déposer un baiser sur celles-ci mais tu ne craqueras pas. Pas le premier. Quoi que... Tes yeux scrutent son visage et tu ne peux t'empêcher de froler son nez avec le sien. Un geste on ne peut plus habituel, un tic dans ce genre de situation. Tu cherches du réconfort auprès de cet homme qui en fait de même. Tu en trouves, c'est surement le plus étonnant dans tout ça. Vous ne vous connaissez pas, mais il a ce quelque chose, ce truc, qui fait s'emballer ton coeur dans ta cage thoracique. Tu t'approches, un peu plus, quelques centimètres et tes lèvres effleurent les siennes et tu rougis légèrement alors que tu dégages ton visage de sa vue et que tu l'enfouis dans le creux de son cou. C'est salement romantique.

Je ne sais plus où je tappe, je me suis perdu depuis queqlues minutes déjà... Je me suis perdu au moment même où j'ai laissé Maxxie entrevoir le garçon qu'il y a au fond de moi, derrière cette muraille de haine et de méchanceté, gratuite ! Je l'ai laissé faire et peut-être suis-je entrain de le regretter, mais sa peau est si douce, sa respiration si réconfortante et son contact si agréable. J'ai l'impression de lui appartenir depuis toujours, comme si je retrouvais brusquement de vieux réflexe. Ma main reste ancrée sur son bassin, oubliant un instant qu'il est plus étroit et plus mince que celui de Cheshire, moins robuste, moins fort. Mon front se pose contre le sien, ômettant le fait que si j'ouvrais les yeux maintenant, je comprendrais que je n'étais pas avec lui mais avec un parfait inconnu. Je savoure l'instant, je prends un plaisir non dissimulé à me laisser bercer par mes propres souvenirs, dangereux, mortellement dangeureux ! Si je laisse mon coeur fondre maintenant, je ne retrouverai jamais le chemin du retour. Ma protection est entrain de se craqueler face à un Maxxie trop tendre, trop gentil. Je ne sais même plus pourquoi je tenais à le détruire, à le mettre à genoux. Je garde le contact intact, je garde mes yeux clos. Sa respiration s'écrase contre mes lèvres, douce mélancolie ! Lorsque brusquement, ses lèvres viennent frôler les miennes, j'esquisse un premier sourire, léger, presque invisible, mais présent. Je laisse Maxxie mener la danse sans me rendre compte qu'il referme de plus en plus le filet dans lequel il m'a capturé. Et puis, il blottit son visage au creux de mon épaule, alors ma main, qui quelques instants plus tôt tenait la sienne, vient chercher son bassin, aussi. D'une simple pression, j'attire vers moi Maxxie, coupant la faible distance qui pouvait encore nous séparer. Un instant, un seul instant d'intimité et je sens mon coeur se serrer. Dans ma poitrine, il vient frapper, suffisamment fort pour que le coeur de Maxxie lui réponde, dans sa poitrine. Mes yeux restent fermés tandis que mon visage se pose contre celui du jeune homme. Les battements de nos coeurs s'emmêlent, mes bras ne relâche plus son corps si fragile et mon esprit vagabonde ! Je me suis perdu... perdu entre Chesire et Maxxie, pourtant à l'opposé complète l'un de l'autre... Tu es faible, Kaspar, trop faible !

En une poignet de secondes tout avait affreusement basculé. Tout était devenu l'inverse de la situation précédente. Ses caresses, ses touchés. Tout était absolument parfait dans un monde où l'on cherche cette petite perfection là. La douceur est au rendez-vous et il n'y a vraiment pas mieux. Tu commences à t'en foutre, qu'on te vois. Tu te sens beaucoup trop bien dans les bras de Kasper pour faire attention à quoi que ce soit d'autre. Tes lèvres s'écrasent contre les siennes et tu ne peux t'empêcher de rester à quelques centimètres. Pas trop loin pour ne pas perdre ce contact à la fois électrisant et au plus profond défendu. Vos corps sont collés le plus possible et tu sens contre ta poitrine son coeur qui bat la chamade au même rythme que le tiens. Il parait qu'on ressent ce genre de chose quand on est amoureux. Un coeur qui s'emballe, qui bat au rythme d'un cheval au galop. Tu cherches ses yeux, des explications, des mots qu'on ne peut pas prononcer. Juste des gestes. C'est tout ce qu'il peut se passer de plus. T'as peur qu'il parte, qu'il s'enfuit loin de toi et que tu te retrouves comme mis à nu, en plein milieu de la rue, seul avec ton désespoir, avec cette certaine honte d'avoir lâcher ton terrible secret après tant d'années. Tes mains parcourent son dos pour le rapprocher le plus possible de toi. Une main s'aventure jusqu'à sa nuque et tu te mets à jouer avec les pointes de ses cheveux. Tu lui caresses doucement, du bout des doigts, le front appuyé contre le sien. Cette scène doit être touchante, quand on la regarde de loin. Tu te dis que les gens ouverts d'esprit savoure cette amourette rapide au milieu de la rue, ils sourient en vous voyant. Et il y a ceux, surement, qui sont dégoûtés par votre comportement. Ceux-là te font peur, t'intimident. Mais tant pis. T'es dans ses bras, il te protège. Ou pas, d'ailleurs. Tu interromps ce moment, timidement. Un murmure. « Qu'est ce qu'on fait...? » C'est une question stupide, tu penses à haute voix. Tu n'as aucune idée de si il va te répondre ou non. Dans tous les cas, ne pas bouger serait la solution. Rester comme ça jusqu'à ce que la nuit vous arrache des bras l'un de l'autre et que vous deviez vous séparés.

Le ridicul n'a jamais tué qui que ce soit, le problème, c'est que j'ai toujours accepté qu'on me regarde comme un looser qui n'avait plus rien à attendre de ce que la vie pouvait lui réserver... mais être vu comme ça, en pleine exhibition d'une p*tain d'humanité me rend complètement fou ! Pourtant, aussi loin que je me souvienne, je n'ai pas cherché à repousser ce qui était entrain de nous arriver. L'un contre l'autre, j'avais l'impression d'appartenir à Maxxie comme si c'était l'évidence même. Comme si nous étions... faits l'un pour l'autre ? Mon esprit n'est cependant pas dupe ! Kaspar, tu craques parce que ton coeur bat pour un homme qui t'as lâchement abandonné... T'as b'soin d'tendresse, mais pourquoi Maxxie ? Il n'avait rien de Cheshire... De sa fragilité à son inhibition. Il n'assumait pas son homosexualité, ou sa bissexualité, il n'avait pas une grande gueule et il n'était pas du genre à tout plaquer sur un simple coup de tête, à assumer ce qu'il pense et à dire ce qu'il croit juste ! Maxxie, c'était genre l'exact opposé de Jéricho, de Cheshire ! Tous ces hommes... Ils t'ont juste détruit pauvre andouille ! Regarde toi, Jéricho a fait de ta vie un champs de bombe, Cheshire a lancé la dernière. Juste ce qu'il fallait pour te laisser en Ruine ! Je n'étais pas mort, juste conscient de vivre dans un coma léthargique. C'était pire ! J'aurais préféré en finir de suite, mais la mort n'avait pas voulu de moi. Y rester aurait été un cadeau bien trop gentil que jamais Cheshire n'aurait accepté pour moi. Il fallait que je souffre, il faut que j'aie mal ! Et pourquoi... Pourquoi je n'ai plus mal à présent ? Pourquoi les bras de Maxxie autour de ma taille me donnent l'impression de n'être qu'un homme, et plus un monstre ? Je reste néanmoins dans son étreinte, réconfortante, rassurante. Les autres peuvent me juger, je m'en contrefiche. Et lorsque Maxxie, brusquement, se décale légèrement et pose ses yeux dans les miens, mon coeur s'arrête de battre. La respiration coupée, je l'écoute me demander ce que nous pouvons faire à présent et mes muscles se crispent. Revirement de situation, comme un réveil trop brusque, une gifle en pleine face ! Le contrecoups ! L'esprit plus fort que le coeur... Ma carapace se referme aussitôt, dans ma tête, j'entends jubiler. Le sourire narquois au bord des lèvres, je le repousse violemment en pouffant de rire. « Je suis pas ta femme, espèce de lopette ! » C'est bon ça, Kaspar, t'es d'retour ! Bouffe le ! Mes jambes reculent d'un pas tandis que mes bras se croisent sur ma poitrine. Je sens la colère bouillir au fond de ma gorge, prête à sortir et à jaillir, quitte à salir tout ce qu'il venait de se passer entre Maxxie et moi. « Parle de ça à qui que ce soit mec, et j'te f'rai ta fête ! J'suis pas ton copain, encore moins ton ami. » Dr Jekyll & Mister Hyde ? Oui, c'est bien moi...