Il n’y aucun avantage à naître avec une cuillère en argent dans la bouche, aucun. On passe dix-huit ans de sa vie à se plaire dans son petit confort, à se croire supérieur aux autres, que tout nous est dû .. et quand on nous enlève tout ça, on tombe de haut. Avoir tout puis ne plus rien avoir du tout. Sybile l’a appris à ses dépens.

1er Janvier 2009

Une voiture roule à grande vitesse, dans les rues de Paris, à l’intérieur un couple, des jeunes qui viennent de fêter le nouvel an avec un peu trop d’alcool. Ils roulent vite, ils veulent rentrer et dormir, passer le reste de la nuit ensemble et il n’y a jamais personne dans les rues à cette heure-là, alors il ne s’inquiète ni des stop ni des feux rouges. Le volume de la radio au maximum, le regard peut attentif sur la route, un peu trop d’insouciance, et une voiture en face.
Un choc.

« Sybile, Sybile tu m’entends ? »

Le garçon peine à ouvrir les yeux mais il s’oblige à lutter malgré l’horrible mal de crâne qui lui compresse la tête et la difficulté d’exécuter ses mouvements, comme si c’était la première fois qu’il essayait. Mais ses paupière finirent par laisser place à ses yeux gris. Un geste qu’il regrettait à présent, le visage de son père lui faisait face et dans cette salle blanche remplie de machine la panique lui gagna. Sybile aurait voulu se relever, s’asseoir et essayer de comprendre ce qu’il se passait, mais ses lèvres ne bougèrent pas et ses jambes étaient comme figés. Il avait l’impression d’être emprisonner. Les lèvres de son paternel embrassèrent son front mais ce geste ne fit qu’agrandir son incompréhension. Il essaya de tourner la tête, sans grande réussite pour autant mais il réussit à voir les papiers déposaient sur les machines qui à premier vue indiquer son rythme cardiaque, faible. On pouvait y voir écrit à la main les chiffres 11/01/2010. Un frison le parcouru. Non, on est le premier.

« Sybile, est-ce que ça va ? »

La demande de Monsieur Barthelemy semblait complétement dépassé mais son fils hocha la tête sans vraiment en connaître la réponse. Le garçon essaya de prononcer quelque chose mais si ses lèvres bougeaient, ses cordes vocales elles, étaient inactif.

« Tu as eu un accident .. »
« Orlane ? » souffla-t-il dans un murmure.

Un réflexe qui ne fit que trahir sa peur mais une réaction assez violent pour le reveiller. Il s’humecta les lèvres en se redressant avec énormément de difficulté et dans la lenteur de la réponse, Sybile commença à enlever les fils qui étaient collés à sa peau, sûrement parce qu’il comprit ce que ce silence signifiait, bien souvent on a pas besoin de mot.

« Arrête ça,.. c’est trop tard. »

Les bras d’un père qui enlace un fils incapable d’exprimer quoi que ce soit, si ce n’est de la peur et de la colère .. un mouvement de paupière et tout peut changer.

7 Mai 2009

Cinq mois. Cinq putain de long mois. & le temps détruit un homme.
Un mois en fauteuil roulant, deux mois pour réaliser qu’elle était partie, trois pour assumer que tout est entièrement de sa faute, quatre mois d’engueulade constante avec son paternel, cinq mois à vivre avec le ventre presque vide.
Face à la glace, son corps squelettique se remarque à peine, caché sous des vêtements amples. Mais il suffit que Sybile retire son t-shirt pour apercevoir le moindre détail de ses os sous sa peau livide. Son teint pâle et malade n’arrange en rien et son estomac à abandonner ses appels à l’aide. « Tu as mangé quoi hier ? » « Une cuillère de yaourt. » Il n’arrivait pas à avaler, il n’acceptait plus rien d’étranger à l’intérieur de son corps et malgré les heures passaient chez le psy, rien n’y changeait, même pas les quelques semaines passaient à l’hôpital et le dignostique des médecins : « Anorexie mental. » Si seulement il avait pu mourir avec elle.

25 Juillet 2010

Loin de son paternel et de tout son fric, bien loin du luxe qu’il a connu depuis son enfance, bien loin de l’amour qu’un père est censé porter à un enfant malade.. Sybile refait doucement surface. S’il suffit d’un mouvement de paupière pour foutre une vie en l’air, il faut parfois une personne pour la réparer ou du moins, y mettre quelques minables bout de scotch, mais assez pour le maintenir en vie. Après un peu plus de deux semaines à dormir dans les rues parisiennes, il trouve son ange gardien qui le ramène chez lui, lui donnant un toi, de la compagnie, de l’amour, de quoi se sentir vivant .. Cette personne s’appelle Nils, et c’est un garçon.
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