il était une fois, un petit frère, un grand frère et une introduction. ★ salut, moi c'est yann, ou bien 'yannie emery langlois' comme il est écrit sur ma carte visa. j'suis presque un grand garçon, mais j'serai toujours 'le petit yann' pour les gens d'mon entourage. j'suis né à san francisco, quelques années après le meilleur grand frère du monde, grayson. ma mère est française et mon père, américain, c'est pour cette raison que j'ai toujours aussi bien parlé français qu'anglais. depuis que j'suis petit, je nage dans la musique. j'ai appris à jouer d'la guitare quand j'avais une dizaine d'année, et depuis, .. voilà. bon, qu'est-ce qu'on dit d'autre, dans une introduction? honnêtement, j'sais pas trop. j'pourrais dire que j'suis à paris depuis quelques années, j'pourrais pas dire combien parce que la fille qui m'fait parler, qui m'fait agir et tout l'tralala a la flemme d'aller vérifier dans mon ancienne fiche, t'sais. du coup, on va dire .. un chiffre entre trois et cinq. ça me semble raisonnable. c'te flemmarde, quand même! (et c'te sadique, aussi.) j'vais faire tout court. en fait, j'suis ce genre de p'tit gars que tout l'monde aime, parce que le p'tit gars a peur de déplaire à son entourage et aux gens en général. donc le p'tit yann, il fait tout pour rendre service aux autres, pour être là lorsqu'il le faut, pour laisser tout l'monde pleurer sur son épaule, pour être le confident des jolies demoiselles, pour être le p'tit gars sympathique qui joue d'la guitare sur le coin d'une rue, pas forcément pour avoir de l'argent des passants, mais simplement pour mettre un sourire sur le visage des gens qui s'rendent au travail pour ensuite passer une terrible journée d'merde. le p'tit langlois, il va toujours bien, il sourit toujours, il se pointe toujours aux fêtes, il vit pour les autres et il refuse de vivre pour lui-même. et pourtant, derrière un sourire se cache un vrai .. jeu de scrabble. malheur (10 points), maladie (7 points), drogue (4 points), angoisse (12 points), panique (7 points) et .. amour. (35 putains d'points). le jour où j'ai décidé de rendre mon père fier de son fils. ★ lorsque j'suis arrivé à paris, je me suis lancé dans des études de médecine. j'devais telleeeeement ressembler aux autres étudiants avec mon t-shirt des ramones, mon corps couvert de tatouages, mes écarteurs, mon piercing au nez et mon spiderbite. t'sais, tout le monde a l'habitude de se faire opérer à coeur ouvert par un type de mon genre. haha. j'sais pas trop pourquoi je me suis lancé là-dedans. j'ai toujours eu d'excellents résultats à l'école, et puis j'ai toujours voulu aider l'peuple, et .. j'voulais surtout rendre mon père heureux. mon père est médecin, et j'ai toujours voulu l'impressionner. j'ai toujours eu l'impression d'être trop 'faible' pour lui, pas assez 'homme', petit 'musicien sans ambitions'. ceci dit, j'me suis inscrit en médecine, mon frère ne comprenait absolument pas pourquoi, mes potes me regardaient en riant quasiment de moi, et à ce moment précis, j'ai voulu tous leur montrer que j'étais capable, et que j'étais sérieux. alors j'ai commencé, et pour payer ma partie du loyer (que je partageais avec mon frère), j'ai décidé de devenir 'femme' de ménage dans un hôtel classe. ma vie se résumait à : 5H. yannie se réveille, se fait deux toasts au beurre d'arachide et ouvre ses livres d'études pour .. étudier. 7H40. yannie prend sa voiture, se rend à l'université pour aller en cours de huit heures à midi en prenant soin de s'acheter un café au mcdonald sur la route. 12H. yannie va dans le stationnement, prend la guitare dans le coffre de sa voiture, prend le sandwich qu'il s'est confectionné avant de partir pour l'université, puis va manger sur le gazon, jouer un peu de guitare et ouvrir ses livres pour étudier. 12H. yannie retourne en classe jusqu'à .. 18H. yannie revient rapidement à l'appartement pour prendre une douche à la vitesse de l'éclair pour s'rendre à son boulot. 19H. yannie commence à travailler. 0H. yannie termine de travailler, mais va rejoindre ses potes et son frère au queen. 3H. yannie retourne chez lui, se couche pour se réveiller deux heures plus tard. jours après jours. jours après jours. sauf quand j'ai rencontré camille. camille .. tellement belle, j'avais l'impression que mon coeur devenait un genre de .. moteur de camaro '64 quand elle était là. elle étudiait la médecine avec moi, on partageait les mêmes cours, la plupart du temps. elle m'aidait à réviser, et tout, puisqu'elle était visiblement meilleure que moi. c'était son domaine, ça se voyait. et puis j'suis tomber amoureux d'elle, pour m'embarquer dans ce genre d'histoire d'amour qui est voué à l'échec. j'l'ai aimé, tellement aimé. j'l'ai aimé, elle m'a laissé, elle m'a reprit, j'l'ai aimé, elle m'a laissé, elle m'a reprit. j'crois qu'elle doit m'avoir laissé six ou sept fois, en fait. ça faisait mal, à chaque fois. et j'ai commencé, à ce moment-là, à prendre de la marijuana de manière régulière, à chaque jours. j'avais l'habitude d'en prendre souvent, mais pas à ce point, en fait. fou d'elle. fou d'ses yeux. le jour où j'ai appris que j'devais compter mes jours avant d'marcher moi aussi sur la lune. ★ j'devenais de plus en plus épuisé, à travers les cours, la drogue, les temps d'études, le travail, la camille, les potes, les moments entre frères, et bon .. j'me disais que c'était très normal, pour un mec qui dors 3-4H par nuit. donc je ne me rendais pas à l'hôpital, de toute évidence, parce que j'croyais connaître la raison de mon instabilité côté santé. et puis, le fameux rendez-vous annuel pour voir si 'tout va bien' m'a appris, de manière tellement délicate, que j'allais crever, parce que j'souffrais d'insuffisance cardiaque, une maladie très rare chez les jeunes de mon âge. l'truc, c'est que mon coeur ne pompait pas suffisamment de sang pour tous les organes de mon corps, ce qui fait en sorte que j'pouvais perdre connaissance très facilement, que j'allais devenir de plus en plus faible et que peu à peu, chacun d'mes organes allaient finir par me lâcher. cinq ans. au départ, c'était cinq ans. et puis après quelques mois, c'était devenu deux ans, si j'étais chanceux. deux ans .. qu'il me restait à vivre. à vivre, à aimer, à sourire, à .. mourir tranquillement. le début de ma nouvelle vie? j'ai commencé par laisser la camille, de moi-même, pour toujours. et j'ai caché pendant au moins six mois ma maladie à mon frère. j'sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. peur qu'on ait pitié de moi, c'est l'histoire de ma vie. le jour où j'suis presque passé de l'autre côté. ★ FLASHBACK. Étendu sur le sofa, à regarder le plafond, avec une cigarette à la main. Regarder la fumée s'envoler vers quelque chose que j'allais bientôt rejoindre. Regarder la fumée être emprisonnée, ensorcelée, par un stupide mur, juste pour qu'elle s'éteigne à petit feu au lieu de directement rejoindre le ciel. M'associer à elle, danser avec elle, comme s'il s'agissait d'un clin d'oeil du destin. Pourquoi m'avait-on dit qu'il me restait au moins cinq années alors que je me sentais déjà mourir? Ils auraient dû me prévenir en me disant que ça ne se faisait pas radicalement, mais graduellement. J'aurais préféré qu'un bus me passe dessus à la place, bien franchement. Parce que c'est atroce. Parce que je vais mourir et que je ne sais pas ce qu'il y a après. Je crois que je préférerais l'enfer au vide, même si on dit qu'il n'y a rien de beau là-bas. Simplement parce que je veux continuer de sentir, de ressentir, de souffrir, même. Anyway, c'est une habitude, chez moi. Souffrir. Je n'ai quasiment jamais vécu quelque chose d'autre. Certains diront que je suis pessimiste, mais ces personnes n'ont pas à vivre avec un corps qui pourri de l'intérieur depuis toujours. C'est à croire que j'y ai prit gout, à la souffrance, parce que mon coeur me dit que j'ai prit gout à la vie. Mais je dois vivre avec la pensée qu'on me l'arrachera très bientôt. Car quelqu'un a décidé que je ne méritais pas de vivre plus longtemps que les autres. Et si elle avait raison? J'en sais rien, car mon cerveau n'est apparemment pas assez intelligent, pas assez grand, pour comprendre le fonctionnement de ce monde. Et je ne pourrai jamais savoir pourquoi, et je ne pourrai jamais savoir si j'ai servi à quelque chose ici bas, et je ne pourrai jamais revenir ici, une fois que j'aurai passé de l'autre côté, pour pouvoir dire à mes proches que la mort n'est pas douloureuse. Et qu'est-ce que j'en sais, peut-être qu'elle est douloureuse, la salope? Parce que la vie et la mort forment un couple, je l'ai bien compris, ça. La vie, c'est l'hypocrite, la celle qui ose nous faire croire que tout est rose, que tout est beau. La mort, c'est celle qui est un tantinet plus direct, vous voyez. MEURT, mouahaha. Elle y prend plaisir, la vache. Et la vie l'aide dans sa manigance. Et la vie veut rendre la mort heureuse, alors elle s'arrange pour nous faire souffrir davantage, pour faire sourire sa bien aimée. C'est pas romantique, tout ça? Ouais. Clairement. Mais je déteste ma position dans cette scène théâtrale. Je ramène ma cigarette à ma bouche, j'inspire et je garde la fumée dans mon corps avant de la laisser s'échapper par un rire. Puis je ris, comme un gros attardé sur le point de crever. J'ai mal. J'ai l'impression que je vais crever, maintenant. Je n'ai plus la force de continuer. Je pense à Grayson. Je ris et je me met à pleurer. La douleur devient davantage atroce. « Gray, revient à l'appartement, s'il te plait. » Il s'agit maintenant d'une certitude. C'est aujourd'hui. C'est aujourd'hui que je quitte. Je veux que Gray arrive, je veux avoir le temps de le serrer dans mes bras. Je veux qu'il soit la dernière image que j'aurai en souvenir de cet affreux passage nommé la vie. Je ne veux pas que ce soit un plafond décoré de fumée. Je veux le voir, maintenant. Je veux qu'il soit là. Mais il n'est pas là, et il n'arrivera pas. « J't'en pris.. J't'en pris.. » Je pleure encore plus. Mes yeux ne quittent pas la fumée, je sens mon coeur paniquer, je sens son angoisse, la même que la mienne, il ne veut pas s'arrêter comme je ne veux pas qu'il s'arrête. Il se bat, mais je ne l'aide pas, car je n'en ai pas la force. C'est de la torture. Avec le peu de force qui me reste, je ramène mes doigts à mon coeur puis je me tourne sur le côté, tout en sentant les larmes chaudes coulés sur mes joues. Je tente de me convaincre que je ne vais pas réellement mourir, que c'est encore un clin d'oeil de la mort, mais je n'y arrive pas. C'est la fin, je le sais, je le sens. Ma bouche est ouverte et figée par la douleur, mes yeux regardes la pièce, mais les larmes sont trop nombreuses pour que je puisse voir quelque chose. Je réussis à marmonner le nom de gray, mais inutile, il ne l'entendra pas. Je n'ai plus la force de ressentir la douleur, je ne suis pas tout à fait conscient, je ferme mes yeux mais pas totalement. Grayson. Néant. Grayson. Maureen. Nemo. Ella. Camille. Pacôme. Elisa. Tout le monde. C'est fini, je rentre à la maison, maintenant. C'est fini, terminé. La souffrance n'est plus. La conscience n'est plus. Je ne suis plus. La vie aura fait ce qu'elle avait à faire et aura eu un peu de pitié envers moi en m'achevant plus tôt que prévu. Je meurs. FIN DU FLASHBACK. le jour où finalement, j'suis pas mort, mais qu'ensuite, j'ai voulu crever par mes propres moyens. ★ j'me suis réveillé dans une chambre d'hôpital, de toute évidence. parce que bon, si j'avais été mort, il n'y aurait pas eu de suite à l'histoire. mon frère était à mes côtés, mais pas sur une chaise, sur un lit lui aussi. j'me souviens que sur le coup, je n'ai pas trop compris pourquoi, pour ensuite apprendre qu'il avait tenté de s'enlever la vie lorsqu'il m'avait cru mort en rentrant à l'appartement, la fameuse journée où j'ai faillit y passer. j'ai eu dû mal à comprendre pourquoi, à comprendre qu'il m'aimait à ce point, en fait. faut dire que j'suis le petit homme qui a aucunement d'estime, aussi. mon frère a toujours été l'meilleur, l'plus beau, l'plus sexy, l'plus parfait, l'plus populaire à mes yeux. j'ai toujours été en quelque sorte jaloux d'lui, et encore plus lorsque j'ai appris pour ma maladie .. parce qu'en plus d'avoir tout pour lui, il avait la santé. et il allait pouvoir vivre normalement .. et d'voir qu'il avait été prêt à renoncer à tout ça si je n'étais plus là m'avait un peu .. tourner à l'envers. limite j'me sentais mal d'avoir ressenti d'la jalousie envers lui. mon cerveau qui n'acceptait pas que quelqu'un puisse m'aimer à ce point en avait prit tout un coup, à vrai dire. et puis j'suis finalement sorti de l'hôpital, et mon frère aussi. faut croire que les frères langlois n'étaient pas prédestinés à mourir maintenant. j'ai pu reprendre mes cours de médecine, étant donné que tout ça s'était passé dans la période des fêtes, en décembre. mon frère a toujours eu du mal avec l'amour. pas l'amour superficiel, mais le vrai de vrai amour. ça l'rend dingue, totalement. et pis, environ .. un mois après ma crise de coeur, il s'est passé des trucs au niveau de sa vie sentimental. mon frère, c'est genre .. tout c'qui compte pour moi. ma vie, absolument. mon héros, mon modèle. j'suis tellement naïf que j'prend tout ce qu'il dit au mot, et déjà que j'avais le moral à zéro, que l'fait de savoir que j'allais mourir bientôt et que je n'allais pas avoir le temps de vivre, de faire des études que je n'aimais pas trop, d'avoir toujours c'te foutu camille en tête, malgré tout, de ne pas avoir de vie amoureuse alors que je n'attendais qu'à aimer, quitte à aimer double si la fille ne m'aimait pas, et .. bon. tout n'allait pas, et puis lorsque mon frère s'est mit à délirer à cause d'l'amour, j'ai pas réussi à survivre à la tempête comme je le faisais habituellement. il m'faisait pas confiance, il croyait que j'étais un traître et tout, bref, j'ai eu l'droit à toutes les méchancetés possibles. et là, j'veux pas que vous croyez que mon frère est un mauvais type, parce qu'en fait, tout ça, ce n'est pas lui. il n'est pas comme ça, habituellement, c'juste que l'amour le fait délirer, c'est tout. sauf que bon, cette fois-là, c'était juste pas le moment, et puis j'ai décidé d'me jeter en bas d'un pont, haha. le jour où j'suis tombé amoureux et les bons souvenirs. ★ vous savez quoi? j'ai survécu, haha. sérieusement, j'suis fait d'acier, je survis à tout. quoi que je me doutais que ça ne fonctionnerait pas, que c'était plus .. une sensation très très forte. quoi que j'me suis quand même retrouvé entre ces quatres murs blancs habituels. et j'ai quand même fait vachement de mal à mes potes, et surtout à mon frère, je crois. de toute évidence. mais j'crois que je regrette pas, en fait .. parce qu'à cause de ça, j'ai perdu mon iphone, qui nage aujourd'hui à quelque part dans la rivière qui se trouvait en dessous de ce pont. dans c'temps-là, mon meilleur pote, c'était nemo, ou nemo-oke, de son prénom complet. parfois, la vie fait des trucs étranges. nemo a décidé d'me donner un iphone que quelqu'un d'inconnu avait oublié chez lui, probablement lors d'une fête. eeet puis .. bah .. moi, yann, l'mec qui déteste que les gens croient que j'suis aux hommes, j'suis tombé amoureux d'mon meilleur ami .. ce soir là. FLASHBACK. Nemo me regardait, nous étions toujours aussi proche l'un de l'autre. J'serais resté comme ça une éternité, vous savez. J'oublie que j'aime les demoiselles, j'oublie qu'il est un monsieur, j'oublie tout autour et j'ai envie qu'il m'embrasse, j'ai envie de le serrer davantage contre moi, et j'ai surtout envie qu'il m'embrasse. J'sais, je l'ai dit deux fois, mais .. Mais j'le veux vraiment.. Vraiment. Ma conscience est absente, tout c'qui compte, c'est Nemo qui a .. Posé une main sur ma joue, puis l'autre sur ma taille, son visage étant encore plus près du mien. Je me demande ce qu'il veut faire, je me demande s'il ressent ce que je ressens à l'instant présent. J'ai juste envie de prendre mes deux mains, de remonter son visage et de l'embrasser, là, maintenant, tout de suite. Mais .. Mais .. Je sens les lèvres de Nemo contre les miennes .. Il .. Vient tout juste de m'embrasser.. C'est différent de tout ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant. J'crois que je vais faire une attaque cardiaque tellement mon coeur bat rapidement, je me sens même trembler. Je voudrais que ce moment se prolonge encore et encore, je me sens bien, c'est .. C'est juste parfait, même si j'ai l'air totalement niais à dire de telles choses. Au moment où j'arrive pour mettre ma main sur sa taille afin de l'embrasser encore et encore, Nemo se recule brusquement puis se lève du canapé. « Je ... je m'ex ... cuse ... je voulais pas, merde ... Yannie, je ... m'excuse ... » Je réalise ce que nous venons tout juste de faire. Mon cerveau est de retour à Paris et il vous fait dire qu'il a passé de très belles vacances au Mexique. Je viens. tout juste. d'embrasser. mon meilleur pote. et.. et. j'ai. aimé. ça. Je pense à mon frère qui passait son temps, jadis, à m'faire des blagues comme quoi j'étais gay. Je ne veux pas.. Je ne veux pas qu'il recommence, je ne veux pas qu'il me dise qu'il avait raison.. Je ne veux pas le voir rire de moi.. Et puis .. Et puis .. Les autres.. Papa.. Maman .. Non .. Je ne suis pas gay, c'est tout .. J'ai .. Seulement perdu la tête, tout comme les derniers jours. J'avais besoin d'affection, dépendant affectif comme je suis, c'est tout.. Ce n'était qu'un petit manque.. Maintenant c'est terminé.. Il ne se passe rien entre Nemo et moi.. Vraiment rien. Je tremble. Je ne sais pas quoi faire.. Quoi dire.. Comment réagir.. J'ai envie d'lui gueuler de partir de l'appartement .. Tellement.. Tellement ça me fait peur .. Je suis figé sur mon sofa à regarder par terre, en voyant quasiment double à force de me concentrer sur un point fixe. J'ai mal au coeur.. Au ventre, aussi .. Je panique. Je tente de me calmer, et je réussi à me lever pour aller rejoindre l'autre extrémité de la pièce. Je m'assois sur le bord de la fenêtre puis je regarde à l'extérieur, tentant de penser à TOUT sauf à Nemo qui se trouve ici même, quelques mètres plus loin, et surtout à ce qui vient tout juste de se passer entre nous. Une putain d'erreur. Et s'il croyait que je l'aimais, maintenant? Et si j'lui avais fait des faux espoirs? J'avais tout gâcher, j'avais trop frôlé le feu, tellement que je m'y étais brûlé. Je pris une grosse respiration après quelques minutes de pur silence. Mon visage se tourna vers Nemo, puis je redirigea mes yeux au sol aussitôt. « .. Nemo.. J'veux juste.. J'veux juste m'assurer que .. » J'sens mes yeux se remplir d'eau. Putain, c'est pas l'moment. C'est pas de la tristesse, mais de la panique. Qu'est-ce qui nous a prit, bordel? « J'veux juste te dire que .. Je t'adore.. Vraiment.. Je.. » PARLE, Yann! J'attends quelques instants avant de poursuivre.. « T'es mon meilleur pote .. Mais.. Il n'y aura jamais rien de plus, entre-nous .. Je .. Je t'adore.. Comme.. Comme meilleur ami.. Seulement.. » Je n'osais surtout pas le regarder. Surtout pas. FIN DU FLASHBACK. l'beau mensonge, quand même. j'assumais pas, c'est tout. j'assumais pas l'fait d'être amoureux d'un mec, j'avais tellement honte que j'étais prêt à nier mes sentiments et à faire du mal à nemo en prétendait qu'il n'y avait rien entre nous. qui aurait cru un jour que j'ferais tout pour que mon meilleur pote m'embrasse. pendant .. trois semaines/un mois, j'ai fait comme si cette soirée n'avait jamais eu lieu. pendant ce temps, j'crois que mon frère et mes potes se sont doutés d'un truc. vive facebook et ma subtilité impressionnante. et pis .. un soir, on s'est parlé d'tout ça. et j'en ai eu tellement marre, que j'lui ai avoué que j'l'avais voulu, ce baiser, et que j'l'aimais, malgré moi. sauf que .. je n'avais pas envie que ça se sache. c'était trop difficile à assumer pour moi. et pis au fil des semaines, je l'ai dit à quelques potes, mais surtout pas à mes parents, de toute évidence. jamaiiiis, au plus grand jamais j'allais dire une telle chose à mon père. nemo, c'était genre l'exception. j'crois que j'ai jamais aimé comme j'l'ai aimé lui. comme j'l'aime, en fait. j'suis allé avec lui voir sa famille en australie, une semaine de rêve qui s'est un peu mal terminé à cause de problèmes techniques concernant mon frère à paris, j'ai dû revenir pour le soutenir, et tout, parce que mon frère est important à c'point pour moi. j'dois avoir passé 3245235 nuits avec nemo, à dormir collé, à pas vouloir s'réveiller, à pas vouloir qu'il parte, surtout. j'ai dû changer d'forfait de téléphone pour avoir sms illimités, parce que j'étais incapable d'me séparer de lui même quand nous n'étions pas ensemble. une drogue dure, une vraie de vraie. et puis un jour, j'ai assumé, pour lui, pour nous. j'vous jure, cette histoire était tout sauf simple. camille, c'était rien à côté. j'pensais même plus à elle. il a été l'premier mec avec qui j'ai fait l'amour, mais nous .. on délirait bien en utilisant l'thème 'faire des biscuits' plutôt. on était deux enfants, au final. deux enfants totalement amoureux l'un de l'autre. c'était difficile, j'crois, pour des enfants de vivre des choses d'adultes, des disputes, des craintes, et tout .. mais j'regrette rien .. tellement rien. ses bras m'manquent. son lui me manque .. sa voix, son corps. ses gamineries. sa manière d'me dire je t'aime. dormir avec lui .. il me manque .. parce qu'il n'est plus là, et que j'peux pas le rejoindre, j'peux pas lui demander où il est, j'peux pas lui demander pourquoi .. pourquoi il a fait ça .. j'peux rien faire, parce que j'sais pas du tout .. pas du tout où il est. le jour où ça faisait trop mal pour rester, l'jour où j'ai quitté. ★ paniquer, parce que tout c'qui t'entoure te fait penser au .. passé. j'me souviens que le jour où j'ai décidé de partir, j'devais être dans mon lit, à me repasser tous mes millions d'souvenirs pour la millième fois dans ma tête, tout c'qui c'était passé depuis .. janvier. en une demie-année, j'avais réussi à aller mieux, malgré les hauts et les bas, malgré la relation la plus montagne-russe, mais la plus forte que je n'avais jamais vécu. le genre de montagne russe qui fait tellement peur, mais qu'au final, t'as l'assurance d'en ressortir vivant et de .. vouloir recommencer, parce qu'aucune autre montagne-russe ne pourra te faire revivre quelque chose d'aussi puissant. et maintenant, je réalise que cette montagne-russe n'était qu'un mirage, puisqu'elle n'est plus là. sauf que j'veux pas d'autre montagne-russe que celle-là. et si on m'dit que montagne-russe ne prend pas de trait d'union entre montagne et russe, j'me tire une balle. du coup, pour ceux n'ayant pas un QI très élevé, et bien j'vous apprend qu'au final, nemo est parti du jour au lendemain sans aucune raisons, et que j'me suis retrouvé seul comme une chaussette, et donc, j'ai paniqué, j'savais plus quoi faire, c'était une épreuve insurmontable, et j'me suis demandé très fort pourquoi j'devais vivre toutes les pires choses qu'un être vivant pouvait vivre. et là j'me suis dit, aussi, que claudie était excessivement sadique pour me faire vivre tout ça, et qu'elle devait pas m'aimer autant qu'elle le prétendait pour pas arrêter d'me tuer pour me ressusciter, pour me re-tuer et pour me re-ressusciter, (et pour pas être capable d'écrire montagne-russe sans avoir le doute du trait d'union, eeeet, au fait, y'a u trait d'union entre trait d'union ?!), maiiiis .. bon, au final, elle a pensé à moi, et elle m'a envoyé en espagne pour me faire respirer, sauf que .. que j'sois à paris, ou en espagne, mes souvenirs restent les mêmes. j'aurais franchement préféré qu'elle me fasse faire un accident avec ma voiture et que j'devienne amnésique, làààà ça aurait été une bonne solution, mais bon, faut toujours qu'elle tourne le fer dans la plaie, celle-là. breeeeeef, j'suis parti, et pis j'ai pas dit où est-c'que je m'en allais à personne, ni même à mon frère. en fait, au départ, j'voulais partir à la recherche de nemo, sauf qu'il pouvait bien être partout dans le monde, et que je n'avais pas assez d'argents pour ni même espérer peuuuut-êtreeeee acheter un billet pour l'australie, sachant que dans la majorité des cas, il s'y trouvait. de toute .. il ne voulait plus m'voir, c'était son message indirect en quittant paris et en me quittant par la même occasion, sans prévenir. j'croyais pas que c'était possible de vivre quelque chose de plus douloureux que d'apprendre qu'on va mourir dans un an ou deux, mais finalement .. faut croire que c'est possible, puisque j'm'en suis toujours pas remis. j'ai juste l'impression de ne plus 'servir' à rien, de ne pas être capable d'être assez bien, d'être assez chill, pour garder quelqu'un près de moi. et j'sais qu'il y a et qu'il y aura toujours mon frère, mais parfois, j'me dis que j'aimerais ça être véritablement aimé, ou même 'apprécié', par quelqu'un d'autre, dans l'sens où l'amour fraternel, c'est .. selon-moi, quelque chose qui vient 'obligatoirement', même si j'ai la forte conviction que grayson et moi, c'est juste .. plus fort que n'importe quel autre duo de frère dans ce monde. et là, j'suis assis sur le sol, toujours en espagne, à lancer mon portable d'une main à l'autre. au départ, j'voulais l'éliminer, pour vraiment perdre contact avec la réalité, mais j'en suis incapable, j'veux pas faire le même mal que nemo m'a fait en disparaissant à mon frère, mais si au final .. c'est exactement c'que je suis entrain de faire. alors .. alors j'me dis que j'vais lui laisser un petit mot pour son anniversaire, sauf que oups, c'est passé, parce que j'ai pas été capable d'appuyer sur 'send', parce que j'me sentais beaucoup trop mal, et stupide, et con, et .. j'sursaute, parce que mon phone vient de sonner entre mes mains. j'ai pas l'afficheur, donc je n'ai aucune idée de qui il s'agit, j'vois que 'appel inconnu'. et si c'était nemo? et si c'était gray? ce n'est pas la première fois que mon téléphone sonne, d'habitude, je ne répond pas. sauf que là .. sauf que là, j'ai beaucoup trop d'remords, j'peux pas continuer ainsi. j'peux pas laisser mon frère seul comme ça .. j'peux pas. même si j'sais qu'aaron est là pour lui, et tout. au moins .. le téléphone n'arrête pas de sonner, j'prend une grande respiration, puis je .. décroche. « .. allo? » mon coeur bat à toute vitesse. à croire que j'suis devenu sauvage après tout ce temps seul. « bonjour, serait-il possible de parler à monsieur yannie emery langlois, s'il-vous-plait? » j'suis dans l'incompréhension total, actuellement. « ... hum. c'est moi .. » « vous étiez sur la liste d'attente pour un don d'organe, et nous sommes heureux de vous apprendre qu'un coeur est maintenant disponible pour vous! » rire consolateur de médecin. j'sens mes poils de bras s'redresser. un nouveau coeur .. un nouveau coeur .. un nouveau coeur ?! j'sais pas comment réagir, pas du tout, .. pas du tout. « je .. » le sentiment d'attendre quelque chose depuis des siècles et de l'avoir devant soi en plein quand on ne sait plus comment vivre. l'médecin ne perd pas de temps et me donne toutes les informations nécessaires. en gros, l'opération aura lieu dans un mois et demie. et la plus grosse décision d'ma vie se trouve devant moi, actuellement. continuer, ou abandonner .. ? et si .. et si j'continuais? j'prend mes clés, j'embarque dans ma voiture .. et .. direction paris. j'reviens à la maison, .. tout plein d'angoisse. i'm comin' home. j'sais que j'ai raconté mon histoire à l'envers, j'sais que c'est l'bordel entre les phrases, j'sais que vous avez peut-être pas trop capté, mais .. j'peux pas faire autrement, quand j'suis tout à l'envers, à l'origine. alors .. eh bien .. ★ il était une fois, bah .. yann langlois.