Je ne me rappelle pas de Paris, de ses paysages, de ses magasins, de la Tour Eiffel qui trône fièrement près du Trocadero. Des rues pavées et illuminées le soir, sur les Champs-Elysées. Du Louvre et de sa pyramide de verre, puits de savoir artistique pour encore de nombreuses années. Du Moulin Rouge, au 18ème arrondissement, et ses danseuses de french cancan. La Basilique du Sacré-Coeur, et son architecture si unique, au beau milieu de cette immense ville. « Nous vivions Rue Saint-Honoré, les Halles étant tout près, tu ne manquais de rien. L'argent n'était pas un problème pour nous, tant que tu étais souriante et heureuse. » Cathy et Alain Belesme ont toujours été des parents formidables. Attentionnés, câlins, compréhensifs. Ils m'ont toujours soutenue dans mes choix, et je ne saurai jamais comment les remercier. Ma mère étant photographe de mode, nous dûmes partir pour son pays natal, les États-Unis, alors que je n'avais que deux ans. Je quittais la Capitale pour New-York.

Ses immenses bâtiments, se battant presque pour être le plus haut, pour toucher les nuages. Le bruit incessant de paroles, de cris, d'injures et de klaxons. Le flot continu de personnes dans les rues, dans les magasins, dans les cafés. Et toujours cette sensation de ne pas pouvoir vivre tranquillement, lentement. « Désolé, je n'ai pas le temps ! » « Désolé, je suis déjà en retard, on se voit une prochaine fois ? » « Avance plus vite, j'ai pas que ça à faire moi ! » Je me suis rapidement habituée au rythme de vie des américains, mais au fond de moi, j'avais une certaine poésie, un amour de la vie et une mélancolie qui ne pouvaient venir que de Paris. La ville des amoureux. Et j'avais trouvé dans la photographie, une passion incroyable. J'avais dix ans, quand ma mère m'offrit mon premier appareil photo. Pas très net, pas vraiment de possibilités. Mais je m'étais amusée, pendant des jours entiers, à prendre tout ce qui me venait à l'esprit en photo. Le sourire de ma mère après un baiser dans le cou, l'air fatigué de mon paternel lorsqu'il revenait de son travail de journaliste. À quinze ans, j'écrivais dans le journal de mon lycée. Je venais de larguer un con de la première espèce qui croyait pouvoir coucher avec ma meilleure amie sans que je ne le sache. Mais j'étais trop curieuse pour mon propre bien. Je lui avais mis la raclée de sa vie, et j'avais défoulé mon trop-plein de colère dans les mots. Acide, oui je l'étais. Et tout le monde avait pu profiter de mes petits potins anonymes. « Xoxo, FC. » C'était ma signature. Et personne ne pouvait deviner que mon pseudo était Fight Club. En référence à mon prénom. Marla. Parce qu'aux USA, j'étais Kyleigh Belesme. Mais je préférais nettement mon deuxième prénom. Malgré mes airs de frêle jeune fille, je n'avais pas ma langue dans ma poche. J'étais une fille de caractère, avec une franchise détonnante. Et de par ma constitution autrefois trop mince, j'avais du prendre des cours de self-défense. J'avais quelques tours dans mon sac. Mais ce qui me turlupinait le plus était mon rapport avec les garçons. Je ne cherchais pas de relation amoureuse. Je n'en voyais plus l'utilité, après avoir surpris l'autre enfoiré. Mais celui-ci même, revenait toujours vers moi. Il me disait que je lui manquais, que certaines de mes manies lui étaient devenues indispensables. Mon odeur, mon sourire, mon regard océan. Et je ne comprenais pas l'attraction que j'exerçais sur lui, j'étais jeune et en colère. Blessée, bafouée.

J'ai entrepris des études de reporter-photographe, alliant les deux métiers de mes parents. Ils me conseillaient, me coachaient, et me donnaient des pistes pour réussir, sans me pistonner nulle part. J'ai appris seule à me débrouiller, à écrire, à corriger, à savoir quel serait l'angle le meilleur pour cette prise en Inde. Nous avons beaucoup voyagé, mes parents m'accompagnant toujours. J'ai été engagée dans plusieurs magasines célèbres. The Guardian, Times, et j'en passe. J'ai travaillé en collaboration avec mon propre géniteur, ce qui a été une expérience géniale et explosive. Et j'ai rencontré Nox. En Italie. Un regard, qui m'a chamboulé. Comme jamais je ne l'avais été. Mais j'avais senti que ce ne serait pas rose. Nox et Marla, c'était passionnel, violent. On se tapait dessus, on s'hurlait des obscénités à la figure, et on finissait dans un lit, à s'embrasser comme des possédés. Il m'était indispensable, et j'étais son oxygène. Il m'a suivi en Amérique. Mais cette relation, est devenue malsaine. Il était obsédé par ce que je représentais, devenant agressif et vulgaire à ma moindre sortie. Au moindre regard que l'on me lançait. Parler était devenu impossible avec lui. Alors je suis partie, prenant le premier reportage que l'on me donnerait, pour pouvoir m'éloigner de la nuit noire qui m'entourait depuis quelques temps. J'aimais profondément Nox, mais celui du début. Celui qui était possessif dans les limites du ridicule, qui me souriait avant de poser ses lèvres sur les miennes, qui se battait pour me garder dans ses bras le matin, alors que je devais partir auu boulot.

La destination était Paris, pour un défilé de mode, avec les plus grands créateurs. J'avais un séjour tout frais payé au Regina Louvre, avec des pass pour entrer dans les loges, pour assister au défilé. Je fis rapidement mes valises, sachant que je ferais forcément du shopping là-bas, amoureuse des vêtements que j'étais. Je pris le premier avion, et j'étais là. Dans ma ville natale. Prête à prendre l'air, pendant quelques temps.

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