behind the sea


Je liche la pâte à gâteau que j'ai sur le bout du petit doigt. Je crois qu'aujourd'hui, c'est une journée pour faire de la pâtisserie et que ça va être les meilleurs gâteaux au monde. Yannie semble d'accord puisqu'il a la tête d'un bébé qui aime la pâte à gâteau. Je regarde au travers de la fenêtre. Il fait toujours beau, je souris. Le four est sur le point de sonner, alors je commence à laver doucement le visage du petit canard, il est tout sale et ça me fait un peu rire de le voir comme ça. Je pensais pas que ça serait comme ça être mère, je ne parle pas de la difficulté et de toutes les responsabilités d'être parent, mais juste à toujours s'inquiéter, à voir au moindre détails, à aimer à ce point. Le four sonne, je sursaute et Yannie se met à rire. Je lui fais la grimace en me retournant pour fermer le four et sortir les petits gâteaux. Une fois la fournée sortie, je les laisse sur le comptoir pour les laisser refroidir et je prends Yannie dans mes bras pour aller l'habiller et l'emmener au parc. Un peu d'air frais ça fera du bien. Ça y ait, je parle pareil comme une mère quand elle dit à son enfant de sortir à l'extérieur pour prendre l'air parce qu'il reste trop à l'intérieur. Je soupire en souriant. Une fois que monsieur est habillé, c'est à mon tour que revêtir des vêtements qui ne ressemblent pas à un pyjama. Mais Dieu que c'est agréable d'être en pyjama le dimanche. Je vérifie que tout est bien placé dans la maison, au cas où le four reste allumé et que l'appart passe au feu ou que la télévision reste ouverte, Ruben va pas être content. Ou c'est peut-être moi qui devient paranoïaque. J’arque les sourcils, j'espère pas devenir parano. Je lance le sac spécial pour les sorties sur mon épaule et je dépose Yannie dans sa poussette. Et silencieusement, je remercie le mec qui a inventé des ascenseurs, quoi que les escaliers finissent par être le seul truc qui garde en forme, mais avec un gros truc à pousser, je vais me passer des escaliers. Une fois à l'extérieur, je me dirige vers Champs-de-Mars. À tous les coups que je sors à l'extérieur, j'ai l'impression de mettre un pieds dans le passé. Je repense aux moments où j'habitais ici ou même quand j'étais petite. Je dois admette que le beau temps me manquait comparé à Londres. Une fois rendu au parc, je prends place sur un banc, détache un peu la veste de Yannie et je dépose le sac juste à côté de moi. Déjà Septembre, déjà trois mois que je suis ici et pourtant, j'ai l'impression que ça fait seulement deux semaines. Les choses n'ont pas plus avancées qu'à mon arrivé. J'ai pas les couilles d'aller voir Grayson à son appart, d’amorcer la conversation, de me prendre la tête avec lui, de lui lancer un genre d'ultimatum. Pourquoi faut-il que ça soit compliqué ? Peut-être que je me dis ça, mais dans le fond, il va le prendre avec le sourire. Franchement, tu rêves Deer. En parlant de rêve,Yann me fait sortir du mien en commençant à gémir. Je ne réfléchis même pas que je sors tout de suite son biberon, j'enlève sa suce et je le fais boire. 'Avouuue, je commence à savoir si t'as fait popo ou si t'as faim.' Je lui souris. J'approche la poussette de moi alors que je me mets en indien sur le banc en bois. Parfois, je le regarde et il fait des expressions similaires à ceux de Grayson et automatiquement, j'ai un boule qui se forme dans le fond de mon estomac. 'Je suis certaine que tu l'aimerais, il est plein de couleurs, ouuuuui.' Je me demande aussi de ce qu'il vient. Je lève légèrement les yeux vers la gauche et je les baisse à nouveau. Attendez ... je lève les yeux et fixe intensément Grayson. C'est lui ? NON, C'EST PAS LUI. Je me mords l'intérieur de la lèvre. Merde. Je regarde Yannie. Dire qu'il m'a flatté je ne sais pas combien de fois le ventre dans le temps où nous étions ensemble et maintenant ce bébé est là, et au bout du compte, c'est le sien. J'enlève la bouteille à Yannie lentement et je la dépose rapidement dans le sac. Je veux pas qu'il me voit. Pourquoi je me suis teins les cheveux bleus ? Pourquoi j'ai gardé cette couleur ? C'est pas l'endroit pour ça. Il se rapproche. Je lève les yeux au ciel et je me lève moi-même pour partir dans la direction inverse. S'il vous plaît, faites en sorte qu'il ne m'a pas vu. J'avoue admette qu'il n'y a presque personne dans le parc. Yannie gémit. J'ai oublié de lui redonner sa suce. Je m'arrête et je lui donne. Grayson vient dans notre direction. Les larmes montent aux yeux. Je suis terrifiée, encore plus pire qu'un film d'horreur, comme s'il allait me tuer, mais dans le fond, c'est que lui parler. Du calme Deer, c'est que Gray, le mec que t'as aimé, juste ça. Je soupire. Désespérante.