Je suis née à Paris, dans un certain arrondissement. A vrai dire, je ne le sais pas moi même. Ma mère était ce genre de femmes dont la place serait au caniveau selon certains. Pour moi, elle a toujours été cette femme que je répudiais, même lorsque j'étais bébé. Elle m'a un jour raconté que j'étais le pire bambin au monde. Que je la regardais avec cette air mauvais et hautain, lorsque j'aurais dû sourire et être adorable. Non. Je n'étais pas ce bébé devant lequel les femmes se penchaient pour faire des « gouzou gouzou ». J'étais l'enfant trop maigre que les gens trouvaient moche. Oui. On ne me trouvait pas jolie, et on le disait à ma mère. Ses connaissances allaient de la coiffeuse au coin de la rue jusqu'à l'épicière. Mais jamais aux grands médecins, patrons d'entreprises. Elle ne faisait pas partie de ce milieu là. Et ainsi, je n'ai jamais voulu faire partie de se milieu là. Les saisons défilèrent et je devins plus âgée. Trois ans. C'est au début de cette année fatidique que je demandais à ma mère de m'apprendre à lire. « Ai pas l'temps » disait-elle. Alors, j'avais demandé à la voisine qui avait un tas de livres sur ses étagères. Elle me trouva une méthode, et je surprenais ma propre génitrice en savant lire quelques temps plus tard. Cela me sembla facile. Tout me semblait facile à cette époque. Parler, lire, marcher, compter, tout fut acquis rapidement. Et la seule impressionnée c'était le concierge qui me disait toujours « cette enfant ira loin ». J'espérais juste que loin ne voulait pas dire deux pâtés d'immeubles plus loin. L'école fut pour moi .. d'un ennui accablant. La maternelle est quelque chose de très frustrant, ne trouvez vous pas ? En tout cas, c'était ce que je pensais à cette époque. Je me retirais pour lire dans mon coin et la maitresse pensait que je récitais tout simplement des histoires que j'avais déjà entendu. Lorsqu'elle sut que j'avais cette abilité, elle décida de me faire sauter une classe. Superbe, sauf que cela ne changeait pas. Toujours des dessins, des coloriages et ce genre de choses qui ne m'intéressait pas du tout. C'est plus tard que je trouvais vraiment ma voie. Les études. C'était vraiment fantastique. Dès que j'eus des vrais cours et que je pus apprendre, la vie était belle. J'étais plutôt un enfant déprimé avant cela, et ma mère ne l'avait même pas remarqué. Elle travaillait toujours comme serveuse en face de chez nous et ne recevais que de très maigres pourboires. Son salaire ne suffisant pas à nous payer un grand palace, nous vivions dans un appartement exigu. En rentrant au collège, je découvrais le monde de la féminité. Je voyais les seins pousser chez mes camarades, ou chez les plus grandes que moi. Je voyais les gens sortir ensemble, les garçons regarder les petites minettes. Cela me dégouta. Je ne fus pas intéressée par l'amour ou en tout cas les flirts de collège et de lycée, préférant me consacrer à mes études. Je me découvrais une passion pour la mode, mais d'une façon particulière. J'avais mon style. Les jupes au genou, serrées, les tailleurs. J'étais toujours habillée comme le fantasme de certains, en bibliothécaire. Les habits de mode me faisaient envie mais n'ayant pas les moyens, je faisais dans les fripes et les brocantes. Mes camarades de classe se moquaient de moi, et je les haïssais. Je ne me laissais pas faire lorsqu'on m'insultait, lançant des piques plus cruelles et bien placées que la majorité des gens. Finalement, je sortais avec mon bac mention très bien et me lançais dans des études de journalisme. A présent, je suis stagiaire dans un magazine et je n'ai pas encore eu l'occasion de publier mon premier article. Seulement, enquêtant souvent sur les affaires louches, je suis tombée sur un politicien en train de tromper sa femme. Une photo et j'étais déjà partie. Je réfléchis encore aux moyens d'utiliser cela pour monter d'échelons et en attendant, je suis sur mes gardes. J'ai comme l'impression d'être surveillée.

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