Llywelyn me soule. Je ferme mon ordinateur, elle fait ce qu'elle veut avec ma sœur merde. Qu'elle se rentre ça dans la tête, je m'en fous complètement. Je vois même pas pourquoi elle essaye de démentir. Et je vois même pas pourquoi je pense à ça. C'est comme si j'avais vu une inconnue dans la rue embrasser un autre inconnu. On s'en fout, je m'en fous, bref, la vie est belle. Pour me divertir un peu, je choisis donc un programme pour ce soir. J'envoie un sms à une dizaine de personne, avant qu'une accepte enfin. Un mec qui est en médecine avec moi, ça me va. Au final, je vais acheter deux ou trois bricoles au super-marché du coin, je rentre chez moi, range rapidement (oui, je déteste le bordel, ça va) et je finis par me préparer. Après mettre douché, brossé les dents, ébouriffé mes cheveux (désormais) bruns, je me dirige vers ma chambre. J'enfile un chino beige, un tee-shirt à motifs, je rajoute une ceinture, je prends des chaussures, un sac, de l'argent, mon portable, mes clés et je finis par sortir de chez moi. Je choppe un taxi, rejoins le dit ami et on part d'abord s'incruster dans la soirée d'une connaissance. Ça, c'est le before, ça sert à ce que mon pote se mette bien, et à ce qu'on croit que je me mets bien. Je choppe un verre, je fais croire que je bois dedans, et au bout d'un moment on repart direction la boîte la plus proche. Ça tombe bien, c'est une des mes favorites. On entre sans problème, le videur ne remarque pas mon pote un peu (largement) éméché. On paye le vestiaire, je garde mon portable et un paquet de clopes dans mes poches (paquet qui m'est inutile, mais faut entretenir le mythe). J'avoue que je suis venu là, mais j'ai la flemme de danser. J'ai juste envie de trouver une meuf pour la soirée, en fait. Comme les trois quart des gars ici d'ailleurs. Mon pote bourré est vraiment en chien et il se met à danser coller-serrer avec une moche qui se retourne pour lui foutre une claque. Parfois je me dis que ça a du bon d'être sobre. J'espère pour lui qu'il ne se souviendra pas de ça demain. Je parcours l'endroit du regard, il est encore une heure du matin et donc la pièce n'est pas bondée. Finalement, mes yeux se posent sur une porte pas loin. Je lâche un sourire. Autant aller passer le temps là bas, avant de revenir quand il y aura plus de people. Je vais donc en direction de cette pièce adjacente et pousse la porte où est écrit « plus de 20 ans ». Une salle de strip-tease, ça, c'est divertissant. Je commande un vodka redbull au bar, que je ne boirais pas rassurez-vous et vais m'assoir à une place, pas loin d'un mec un peu chelou... Il a l'air de carburer à l'eau de vie et à l'exta, vu sa gueule. Tant pis. Je porte rapidement mon attention sur une fille à la peau brune qui vient d'entrer. Si j'arrive à serrer une strip-teaseuse, je suis vraiment un Dieu.

Il y'a quelque chose de positif ressortissant de la semaine de décoinçage passée avec Tim, c'est bien la bande de fille qui m'a prise sous son aile pendant celle-ci. Des bombes, des vraies. A la fois adorable, belles et parfois même intelligentes. Et autant dire que je suis dans une période où j'ai besoin de me sentir entourée et de passer du « bon temps » avec mes amies. Sed m'a embrassé quelques semaines plus tôt et depuis ce jour, Tim a l'air d'en vouloir à la terre entière. Le pire, c'est que j'ai rien à voir avec ça, que j'ai rien demandé à personne et que c'est injuste que de me faire la tronche à moi, alors que j'y suis pour rien. Qu'il s'en prenne à Sed, c'est elle la coupable, moi je suis la victime de sa perversité évidente et sans doute de famille. Enfin, là n'est pas le sujet. Le fait est que cette bande de fille tip-top cool, ou plutôt, l'une d'entre elle (une blonde aux yeux bleus, une fille un peu comme moi physiquement parlant) m'a appelé quelques heures après le déjeuner afin de me demander de venir en boite avec elles le soir-même. Autant dire que j'avais mit du temps à me décider, mais que ce fut finalement chose faites. C'est donc ainsi que je me retrouve actuellement dans cette boite de nuit, avec huit bombes sexuelles qui attirent tous les regards des mecs. Rien qui puisse passer inaperçu, en tous cas. Et au milieu d'entre elles, je suis, comme d'habitude et heureusement, invisible. En revanche, ce qui l'est beaucoup moins, c'est la tignasse brune que je vois quelques mètres plus loin et qui se dirige vers une porte que je ne saurais pas identifier. Je sais pertinemment qu'il s'agit de Tim et je sais également qu'il n'aimerait pas beaucoup que je vienne le déranger lors d'une soirée comme celle-ci, mais j'en ai marre de son comportement à la con et de ses films paranoïaques à propos de sa sœur et moi. C'est donc pour cette raison que je m'excuse auprès de mes « copines » et que je fais en sorte de suivre Tim de façon à ce qu'il ne me remarque pas tout de suite. Je fais bien attention à ne pas être trop près de lui, à avoir une distance de sécurité suffisante pour ne pas avoir l'impression d'être suivit ou d'avoir un regard braqué sur lui. C'est ainsi qu'il passe les portes quelques secondes avant moi et que je me retrouve dans un endroit auquel je ne pourrai pas donner de nom autre que l'« enfer sur terre ». J'ai juste envie de ressortir directement en comprenant de quoi il s'agit. Comme quoi, regarder des séries américaines de temps en temps ne fait de mal à personne et enrichie notre culture personnelle sans jamais avoir à essayer ce genre de choses. Mais là, il va falloir que tu t'avances et que tu fasses en sorte qu'il te remarque et qu'il t'adresse la parole. Mais tu vois déjà ses arrières pensées revenir au galop, celles selon lesquelles tu es une lesbienne. Le fait de venir voir des filles à moitié à poil te répugne plus que tout, mais lui n'aura pas cette vision là des choses, ce serait trop beau. Tu prends donc ton courage à deux mains et te diriges vers le tabouret de Tim, tu t’assois sur celui d'à côté et poses ton regard sur lui. « Hum... J'te pensais pas comme ça. » Quelle entrée en matière, bravo Lly.. Surtout que si, tu le penses comme ça depuis toujours.

« Hum... J'te pensais pas comme ça. » Avant même de tourner la tête, je sais déjà de qui il s'agit. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Elle me suit ou quoi ? C'est fort probable. Depuis combien de temps ? Sans doute depuis que je suis sorti de chez moi, c'est évident. Elle avait dû venir se coller à la porte de mon appartement pour voir où j'allais aller ce soir. Elle a pris une grande bouffée d'air, elle est rentrée dans la boîte, seule, et elle m'a suivi ici juste dans le but de me montrer qu'elle est belle et bien lesbienne. Putain cette fille, c'est bon j'avais compris la première fois ! Elle s'est assise à côté de moi et je lui lance un regard énervé. Oui, je suis chiant quand je fais la gueule. Qu'elle se mette en couple avec ma sœur et qu'elle aille lui faire des papouilles (ou d'autres trucs), j'm'en fous. Mais qu'elle vienne pas me déranger pendant un moment si intéressant ! J'étais là pour me divertir, et la voilà qui se ramène pour pourrir l'ambiance. Elle a vraiment le don de gâcher la vie des gens rien que par sa présence. Je la regarde de haut en bas avant de lancer un « Moi non plus. Quoi que. » assez sèchement. Je reporte cependant directement après mon attention sur la métisse, pour lui montrer qu'elle peut toujours aller se faire mettre par ma sœur. La brune commence à faire des choses étranges, mais plutôt sexy il faut l'avouer, avec sa barre de lap dance, avant de se jeter par terre like a tigresse et de se mettre à ramper vers l'homme chelou. Sans doute qu'elle cherche à avoir un pourboire qu'il glissera entre sa peau et le fil de son string. Je ne peux m'empêcher de faire une remarque, et je me fous une claque mentale pendant que je sors « Elle, par exemple, ça doit pas être ton style. ». Non vu qu'elle préfère les blondes comme Sed. L'homme chelou détourne mon attention un instant, puisqu'il s'est mis à vouloir rejoindre l'estrade basse où est la danseuse, le regard avide, et qu'un videur a dû intervenir pour le remettre à sa place. Putain à cause de Llywelyn je suis sûr de passer une soirée de merde. Et puis sincèrement, mon hypothèse ne tient pas vraiment la route. Alors elle fait quoi là ? Elle est peut-être bien venue avec Sed. C'est tout à fait possible, c'est le genre d'endroit dont raffole ma sœur. Elle serait même prête à pousser la strip-teaseuse pour faire le show à sa place, juste pour le délire de montrer son corps. Petite trainée. L'homme chelou a arrêté sa parade amoureuse, tel un paon perdu, et s'est laissé sombrer une nouvelle fois sur son siège, l'œil cette fois-ci morne. La danseuse a donc concentré son attention sur quelqu'un d'autre, c'est à dire moi. J'esquisse un sourire et la fixe sur regard. Si elle veut un pourboire, elle peut crever. Par contre si elle veut s'éclipser dans les toilettes, là, ça ne me dérange pas. Et j'espère bien que Llywelyn la nouvelle lesbienne ne proposerait pas un plan à trois. Elle est peut-être bisexuelle au fond. Et au pire, j'en ai rien à foutre de cette meuf.

J'ose même pas lever les yeux vers la fille qui se produit actuellement sur scène parce que j'ai peur de ce que je vais pouvoir voir. Tim m'auras vraiment mené dans tous les endroits possibles et imaginables, des endroits où je ne serais jamais allée seule. La prochaine fois, c'est dans une maison close qu'il m'emmèneras, histoire de me vendre à un mac et enfin avoir la paix. Évidemment, ça n'est pas le genre d'idée que je souhaite lui soumettre, il trouvera cette solution tout seul, je lui fais confiance pour ça. Mais là, c'est la brune qui est exploitée et qui cherche de gros pervers afin de pouvoir se faire de l'argent. « Moi non plus. Quoi que. » La voix de Tim retentit et je trouve ses paroles beaucoup trop sèches à mon goût. Quoi que... Quoi que quoi ? Non, j'suis pas du genre à aller dans ce genre d'endroits, c'est simplement pour pouvoir lui parler sans qu'il puisse fuir, sans qu'il me ferme la porte au nez, sans qu'il me raccroche au nez, enfin, vous voyez le principe. Au final, il me ferme des portes mentales au nez, et ça a le don de m'agacer. Merde, je veux lui parler et savoir pourquoi il fait la tronche et comment je peux réparer ça. Parce que sérieux, j'ai pas vraiment envie de perdre mon seul « « « « ami » » » » à cause de conneries dont je n'ai même pas conscience. Alors je le fixe, assez décontenancée par ce qu'il vient de me balancer à la figure. Je suis pas du genre à aller dans les boîte de strip-tease et il doit le savoir plus que personne ! Ca m'énerve, mais il faut que je me calme. Je vois du coin de l'oeil la strip-teaseuse qui rampe et je mets ma main sur le côté pour ne rien voir de la scène. « Elle, par exemple, ça doit pas être ton style. » Je jette un rapide coup d'oeil et je m'aperçois que cette fille c'est moi une fille du club d'abstinence et qu'elle est incroyablement sexy. Je baisse la tête directement, remet ma main dans la position précédente et ne peut pas m'empêcher de faire une grimace trop bizarre. Ma main cherche celle de Tim, j'ai besoin de serrer quelque chose pour faire passer la pilule. Au lieu de ça, c'est mon genou que je presse entre mes doigts. « C'est une fille du club d'abstinence. » dis-je super rapidement avec une voix basse et qui ne me ressemble pas. J'ai envie de mourir... C'est décidé, je vais mourir. Faut pas qu'elle remarque que c'est moi, sinon on va être toutes les deux choquées à vie. Je me penche vers Tim et le supplie de sortir de là avant qu'elle ne sache que c'est moi. Comme s'il allait l'entendre de cette façon... Qu'est-ce que je peux être naïve des fois. Il va avoir envie de se la taper juste pour me faire chier. Pourquoi je cherche toujours les emmerdes ? Pourquoi je suis pas restée chez moi ou avec mes copines ?

« C'est une fille du club d'abstinence. » Heu, lol ? Sérieusement ? Cette pute est abstinente ? Nan, c'est clairement impossible. A la façon dont elle se trémousse et qu'elle se déplace à quatre pattes comme une chienne (ok je suis un peu hard pardon), cette fille n'est définitivement pas vierge. Et puis même, d'où une abstinente serait en train de se déhancher de cette façon obscène et sexuelle sur une scène, devant des hommes avides d'autres choses que regarder ? Et elle a pas l'air de faire ça pour se faire de l'argent, j'ai l'impression qu'elle y trouve un certain plaisir. « Décidément. ». Oui, encore une référence à ce qu'elle a fait dans ma chambre. Je dis ce que je veux ! Et tout ce que trouve Llywelyn à faire, c'est me supplier de sortir de ce paradis sur terre. Elle est folle elle. Qu'elle retourne avec Sed, elle croit quoi. Je vais pas passer ma vie à la tenir par la main, alors qu'elle choppe ma sœur dans ma chambre d'hôpital, pendant que je comate. Nan mais c'est vraiment trop malsain, elle le réalise au moins ? Sed a beau être complètement barrée, elle aurait pas fait ça sur un délire. Je le sais parce qu'au fond, on a beaucoup de choses en commun. Dont le caractère un peu chelou. Et moi, j'ai jamais fait ça. Llywelyn a forcément dû lui faire quelque chose pour qu'elle l'embrasse. Au pire, je l'ai déjà dit, je m'en fous. Et je bougerais pas d'ici. Qu'elle aille se trouver une meuf dans l'autre pièce. Ou un mec d'ailleurs, qu'elle fasse ce qu'elle veut. N'empêche, je rêve. Je la décoince, je fais tout le travail, et aucune reconnaissance ! Elle embrasse ma sœur et elle va en boîte sans m'en informer. Très bien, qu'elle fasse tout toute seule puisqu'elle est tellement hype maintenant. « T'as besoin de moi pour trouver la sortie ? ». Elle a plus besoin de moi pour grand chose, alors je pense pas que mon aide soit élémentaire là, maintenant. C'est peut-être méchant, j'en sais rien. Mais c'est marrant, parce qu'au fond ça ne me plait pas de lui sortir des trucs comme ça. Alors qu'il y avait encore quelques mois, c'était ma seule façon de lui parler. J'ai pris des mauvaises habitudes ces derniers temps, mais à la rigueur, ça peut facilement redevenir comme avant. Je me fais pas de soucis pour ça. De toute façon, elle aura pas de mal à me remplacer apparemment. Et je sais pas, depuis qu'elle sait que je suis greffé, ça me met mal à l'aise. S'il y a bien un truc que je déteste, c'est la pitié des gens, et je suis sûr que Llywelyn est de ce genre. Mais ça, ça reste une excuse comme une autre pour renforcer le fait que je lui fasse la gueule, là, maintenant, tout de suite.

« Décidément. » Bon, il arrête de faire des allusions aux événements récents ? J'en ai marre de son sarcasme. J'y suis pour rien si Sed m'a embrassé et j'y suis pour rien si j'ai rien pu faire. Mais je me tais, parce que je suis pas le genre de personne à provoquer des scandales, parce que y'a une fille que je connais plus ou moins sur l'estrade et parce que je sais que ça sert à rien de s'énerver avec Tim. S'énerver, ce serait un peu comme lui prouver qu'il a raison. De toute façon, quoi que je fasse, il aura l'impression qu'il a raison et qu'il est l'homme le plus parfait sur cette terre, je connais la chanson. Mais là, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est de sortir de la salle et d'emmener Tim avec moi. Seulement je sais pas vraiment ce qu'il faudra que je fasse pour y parvenir et ça me fait peur. Et puis, il a pas l'air très enclin à vouloir coopérer, alors ça va s'avérer compliqué et je le sais. J'ai peur de bien vite arriver à bout de toutes ressources, et ce serait pour le moins problématique. La technique du chien battu n'a pas l'air de porter ses fruits puisqu'il me répond sèchement : « T'as besoin de moi pour trouver la sortie ? ». Un soupir sort de ta bouche, il vient du fond du cœur celui-là. Tu le regardes et t'aimerais beaucoup qu'il accepte de sortir d'ici mais tu sais qu'il le fera jamais. Maintenant qu'il sait que je connais cette fille, il va tout faire pour rester ici et la serrer, enfin dans un premier temps, il va sûrement tout faire pour me faire sortir d'ici. En fait, cette intention est déjà d'actualité et il fait déjà tout pour me faire sortir. « Je suppose que c'est l'entrée, alors ça devrait aller. », c'est la phrase que je dis sur un ton exaspéré. Je ne sais pas quoi faire et ça m'énerve. Je jette un coup d’œil au fond de la salle sans rien y voir de très intéressant, mais ça m'aura au moins permis de réfléchir quelques instants. Et puis finalement, je finis par me jeter à l'eau. « Bon, j'voudrais juste savoir ce que tu me reproches. Parce que ça m'énerve que tu fasses la tête alors que j'ai rien fait pour ça. » A part de n'avoir pas mit une claque à Sed lorsqu'elle avait terminé son putain de baiser. Mais ça, je me demande pourquoi je ne l'ai pas fait. J'étais trop choquée, c'est sans doute la raison première et sûrement la seule.

« Je suppose que c'est l'entrée, alors ça devrait aller. » oh, bravo ! Elle s'est améliorée dis donc depuis la dernière fois. Vraiment, je suis fier là. J'attends donc qu'elle daigne partir de mon espace vital, mais elle n'en fait rien. Ouais, c'était trop beau pour être vrai. « Bon, j'voudrais juste savoir ce que tu me reproches. Parce que ça m'énerve que tu fasses la tête alors que j'ai rien fait pour ça. » Je lève les yeux au ciel. Elle va me pourrir ma soirée du début à la fin. Si je suis venu là, c'était bien pour ne pas voir de gens que je connais, et surtout pas elle. Mais bien sûr, elle qui ne sort jamais à décider d'aller en boîte (rien que ce mot fait paradoxal avec le prénom Llywelyn) le soir où j'y vais. Et parmi tous les gens présents, c'est moi qu'elle a aperçu, et vu qu'elle est au summum que de la chiantise, elle m'a bien entendu suivi. Gentil chien-chien ouais. « Et bah énerve toi. ». J'ai pas envie de lui dire que c'est le fait qu'elle ait embrassé Sed qui m'énerve. Parce qu'au fond, ça ne devrait même pas m'énerver. Ça me soule, je sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. Je suis pas vraiment possessif ou quoi que ce soit normalement... Peut-être que Llywelyn est comme un animal de compagnie, et que le fait que Sed me la pique m'énerve. C'est sans doute la plus probable des possibilités. En tout cas c'est la seule qui me vienne à l'esprit. Je jette un nouveau coup d'œil à l'homme chelou et me pousse sur le côté instinctivement. Il a attrapé une bouteille de vodka vide et la tient en l'air à deux mains, il manque juste... Voilà, il manque le bruit de casse. Il vient de briser la bouteille sur un coin de la table basse et je place juste à temps mon bras comme protection, afin de ne pas abimer mon précieux visage. Impossible que Llywelyn ait reçu des éclats, puisqu'elle est « protégée » par ma divine présence. Voyant son regard malsain envers la copine de pine du club d'abstinence, je me lève, attrape le bras de Llywelyn et l'entraine vers la sortie. Oui, parce qu'au fond, j'ai quand même pas envie qu'elle se fasse péter la gueule par un mec qui a abusé de la poudre blanche. Tant pis pour sa pote, je reviendrais plus tard la consoler. Un des vigiles se précipite manquant de nous bousculer, et finalement on atteint la porte sans dommage, la main sur la poignée je rajoute avant d'ouvrir cette porte : « Si t'as rien d'autres à ajouter, passe une bonne soirée Glyndwr. » et là, je l'ai bien prononcé.

Je sais pas du tout ce que j'espère. Parce que je sais qu'il est du genre tête de mule et qu'il ne me dira jamais ce qui cloche, même s'il avait un couteau sous la gorge. Alors c'est tout naturellement qu'il répond : « Et bah énerve toi. » Et là, j'ai juste envie de l'étriper, parce que cette situation n'a rien de drôle et que j'aimerais vraiment que les choses s'arrangent. Parce que oui, mine de rien, j'aime bien passer du temps avec lui. Sinon, j'l'aurai tuer lorsqu'il avait campé chez moi pendant une semaine. Au lieu de ça, il était toujours vivant, on avait vécu un moment plus que bizarre mais pourtant, très... cool, dans un ascenseur (où il était passé à deux doigts de la mort) et j'avais même plus envie de souhaiter sa mort comme je le faisais il y a encore quelques semaines. Au final, je me retrouvais moins pêcheuse (enfin, c'est une question de point de vue) depuis que je fréquentais Tim de façon différente. Comme quoi, il n'avait pas qu'un effet négatif sur moi et que je pouvais trouver une part de bon dans notre relation, bien que spéciale. Tout ça pour dire qu'au final, je l'aime bien et que j'ai pas envie qu'il me tourne le dos comme ça. Mais j'ai pas tellement le temps de réfléchir plus à tout ça, parce que j'entend un bruit de bouteille qui se brise et je jette un regard interrogateur à Tim sans vraiment comprendre. Et puis finalement, je pose mon regard sur un mec chelou et je comprends vite que c'est lui le problème. J'ai pas vraiment le temps de plus réfléchir parce que Tim me prend par le bras et m’entraîne jusqu'à la sortie. Ah, ça l'arrange bien, il va pouvoir me foutre à la porte comme ça ! Et bien sûr, c'est ce qu'il ne manque pas de faire directement. « Si t'as rien d'autres à ajouter, passe une bonne soirée Glyndwr. » T'es à la fois énervée et choquée. Il a parfaitement prononcé mon nom et je reste immobile pendant quelques secondes avant de froncer les sourcils. Je sais pas du tout comment il a réussi à comprendre comment prononcer mon prénom correctement alors que depuis mon enfance, personne n'avait jamais réussi cet exploit. Mais oui, il l'a fait et c'est vrai. Alors je reste assez admirative, mais bien que ceci me décontenance totalement, je finis tout de même par reprendre mes esprits. « Je partirai pas avant que t'aies arrêté de faire la tronche. » Parce qu'on sait jamais ce qui peut arriver, il peut rester coincé dans un ascenseur et faire un rejet tout seul. La dernière chose qu'il aura fait, c'est de me claquer la porte d'une boite de strip-tease au nez, bien joué !

« Je partirai pas avant que t'aies arrêté de faire la tronche. » Mais quelle chieuse putain. Vous avez déjà vu une fille aussi chiante qu'elle ? Sûrement que non ! Elle n'existe qu'en un exemplaire, et d'un côté c'est vraiment tant mieux. Deux comme ça, ça serait de trop. D'une je fais pas « la tronche », puisque je n'ai plus cinq ans et de deux, j'ai le droit de dire et faire ce que je veux, c'est pas elle qui va m'en empêcher ! Elle a cru qu'en me le demandant gentiment j'allais arrêter comme ça de l'ignorer ? Bah, c'est beau de rêver. Mais d'un côté, c'est clair que je pourrais être gentil et un minimum agréable. Après tout, elle a bien appelé les secours quand j'étais dans l'ascenseur. Et puis elle a aussi « veillé » sur moi à l'hôpital... Mouais. Pourquoi pas. Sauf que pour que j'arrête de faire la tronche, il va falloir que je fasse un truc qui ne va pas lui plaire. J'esquisse un sourire à cette pensée, ça, par contre, ça va être drôle. « D'accord. » et avant qu'elle n'ait le temps de répondre quoi que ce soit, j'enlève ma main de la poignée de la porte et pousse Llywelyn contre cette porte toujours fermée. Si quelqu'un arrive derrière et l'ouvre, on risque de se péter la gueule sur lui, mais tant pis. Sed a été meilleure que moi pour la première fois de sa vie, et si je ne rectifie pas ça je vais péter un câble. Oui, c'est la seule et unique raison pour laquelle je fais ça, arrêtez tout de suite les sous-entendus. Bref, dans les mêmes secondes avant qu'elle ne me pousse et me foute des coups de bible, je finis par approcher ma bouche de la sienne et coller mes lèvres à celles de Llywelyn. J'ai signé mon arrêt de mort, mais j'en ai rien à foutre. Elle voulait que j'arrête de lui faire la gueule, avec ça c'est elle qui me la fera. Et je dois bien avoué que c'est pas si mal que ça, de l'embrasser. C'est moins bizarre que ce que j'avais pu imaginer. Ne croyez pas que j'imagine ça tous les jours, loin de là. Mais c'était un peu comme se prendre un coup de ballon dans le ventre, envoyé par Céline Dumerc lors de la finale olympique contre la Russie. A peu de choses près.

Bah quoi ? Je fais en sorte qu'il arrête sa comédie et qu'il veuille bien arrêter de faire son gamin de 5 ans. Parce que oui, là c'est presque de ce niveau là. Aucun dialogue, rien qui puisse être du niveau d'adultes responsables. Je sais même pas pourquoi il fait la gueule et il veut apparemment pas me dire ce qu'il y a. Alors autant jouer à la gamine et le faire chier jusqu'à ce qu'il craque et me crache à la gueule son venin. Oui, parce que je sais que ça va se passer comme ça.. Je commence à connaître Tim et je n'imagines pas la scène autrement. Malheureusement, je ne m'étais absolument pas préparée à ce qui arrive quasi-directement après m'être fait la réflexion qu'il allait certainement commencer à crier. (Parce que Tim ne sait presque rien faire d'autre...) « D'accord. » lâche-t-il avant de me plaquer contre la porte qu'il s’apprêtait à ouvrir juste avant cette mini-discussion pas bien profonde. Je le regarde avec une certaine incompréhension, alors que je suis entrain de réaliser ce qu'il va faire. J'avais absolument pas prévu ça et j'ai pas le temps de faire quoi que ce soit puisqu'il m'embrasse alors que je suis totalement impuissante. Ouais, impuissante, c'est le mot. Comme avec Sed en fait, parce que je sais absolument pas comment réagir à ça. J'devrais être contente ? Je le suis pas. C'est juste super bizarre parce que je m'étais bien promis que ça n'arriverait jamais. Alors si ça, c'est possible... Est-ce qu'il va réussir à choper la virginité qui va avec ? Ca, j'avais décidé et je m'étais promise de ne jamais la lui donner. Mais maintenant, je remets tout en question parce que c'est le moment le plus bizarre de toute mon existence. Je place mes mains de façon à pouvoir le repousser et c'est finalement ce que je tente de faire, j'ai juste besoin de m'échapper là. Je sais pas trop ce que je ferai par la suite, mais j'ai besoin d'arrêter ça parce que je suis plus capable de faire la part des choses. Je finis par réussir mon entreprise et je sais plus quoi faire. Je suis en mode pause pendant une seconde avant de finalement froncer les sourcils et fuir son regard. « Hum. J'vais partir en fait... J'crois qu'on s'est tout dit. » Et bien sûr, c'est pile quand tu places ta main sur la poignée tout en étant dos à la porte, prête à m'échapper, que la porte se dérobe. Autant dire que j'ai du mal à rester debout et je finis d'ailleurs sur le cul entre une personne que je n'ai même pas le temps de voir et Tim. Je me relève rapidement, jette un coup d'oeil au mec qui a ouvert la porte au mauvais moment et reste un instant sans connaissance. Il ressemble à Tim, sans être Tim. Il a plus de tatouages (j'aperçois une tête de mort, une télé et tout pleins d'autres trucs sur son bras, c'est juste trop moche), il a l'air plus arrogant encore que l'original, châtain et a les yeux bleus, un peu comme ceux de Tim. Gros bug dans ma tête, autant le dire.

Ce que j'avais prévu finit rapidement par arriver, normal. Llywelyn réussit donc à me repousser et j'avoue que j'ai du mal à faire partir le sourire qui s'est installé sur mes lèvres. C'est pas un sourire moqueur, ni méchant. C'est pas non plus un sourire amusé. Pas vraiment débordant de joie. Vous voyez le sourire que vous faites après avoir embrassé pour la première fois quelqu'un ? C'est plutôt ce sourire là, sauf qu'il est un peu déplacé, vu que je l'ai forcé. En tout cas, elle va peut-être mal le prendre. Rien à foutre, elle a embrassé ma sœur avant, elle me doit bien ça. Elle savait bien en plus que je voulais prendre son premier baiser (et pas que), elle a dû le faire exprès. Elle n'ose pas me regarder, compréhensible c'est Llywelyn, et qu'elle ne tente même pas de dire que j'embrasse mal ! J'ai embrassé trop de filles pour ça, j'ai une certaine expérience maintenant. Elle aurait pu se faire embrasser par un gros puceau, c'est un honneur que ma sœur et moi on lui a fait, d'un côté. C'est clair que Sed n'est pas la dernière des saintes, elle a dû mettre sa langue dans plusieurs bouches. Alors elle aurait pu avoir moins de chance. « Hum. J'vais partir en fait... J'crois qu'on s'est tout dit. » Ah ouais ? Bon bah au moins elle ne reste pas complètement muette comme après celui de Sed. J'sais pas si je dois le prendre bien ou mal. J'aurais tendance à dire mal, sauf que là, c'est plus à moi de faire la gueule maintenant. Mais avant que je ne puisse répondre un truc, et d'ailleurs je ne vois pas trop quoi, quelqu'un a ouvert la porte derrière nous. On se retrouve donc en mode sandwich et Llywelyn se relève d'un geste. Je me redresse et jette un coup d'œil à la personne. Oh bah. Il me tend sa main, je l'attrape et on se fait un hug de la fraternité, comme les gens trop swag d'Amérique (des barres). « Hé bro y a des toilettes pour ça ! ». Lui, c'est moi. Non pas besoin de le rayer, c'est vraiment moi. Le même. Le caractère, l'attitude, avec les problèmes de cœur en moins quand même. Y a des limites. Par contre vu la laideur de ses tatouages, on a pas eu le même tatoueur. Et heureusement. « Je prends note mec ». Il éclate de rire, un rire qui ressemble un peu au mien en plus, et lance d'un air aguicheur (l'air que je prends quand je fais le pervers de première) « J'te laisse gros, j'ai une métisse à serrer ce soir ! » avant de s'engouffrer dans la pièce maudite (oui ça passe de pièce paradisiaque à maudite, ne cherchez pas). Je place mes mains dans mes poches. La diversion passée, je me trouve un peu con d'avoir fait ça. D'un côté, elle aurait pu apprécier sérieusement ! Elle ne sait pas ce que sont les bonnes choses la pauvre. J'en suis pas vexé, elle est juste ignorante. La prochaine fois ça sera différent (oui parce que je compte le refaire, vous y trompez pas). « Bon bah bonne soirée. » C'est tout. Elle veut partir, qu'elle parte, je vais pas la forcer à rester après l'avoir forcé à m'embrasser. J'ai un minimum d'amour propre et quelqu'un d'autre saura très bien apprécier ma présence à sa juste valeur. En tout cas, j'ai rattrapé mon retard, si retard il y avait.

J'ai encore plus l'impression que je vis dans un rêve éveillé lorsque je vois les deux Tim se saluer de manière trop bizarre, à coup de « (vi?)bro » et de « mec ». C'est un moment assez particulier. Je bug une nouvelle fois lorsque Tim² sort : « J'te laisse gros, j'ai une métisse à serrer ce soir ! » Non, mais ça commence à me faire vraiment peur. Ils sont nous. Enfin, ils sont eux mais leur relation a l'air de ressembler à la nôtre, comme ça, en une phrase. Et puis, il ressemble tellement à Tim et elle est mon portrait 'craché' sauf que je suis pas du tout strip-teaseuse. Franchement, je suis sous le choc. J'aurai jamais penser croiser un jour un mec comme Tim, pareil, vraiment pareil. Il a rien de différent, il est son sosie, aussi bien par certains détails physiques que par son caractère qui semble similaire. Et pourtant, je lui ai même pas parlé, j'ai juste entendu deux phrases sortant de sa bouche. Je dois halluciner, c'est pas possible. Il existe donc deux Tim sur Paris... Heureusement, je n'ai qu'un des deux à supporter, sans quoi je finirai sans doute barge au bout d'une semaine. Enfin, la vague est passée et il est entré dans la salle. A vrai dire, j'ai un peu peur pour ma pauvre compatriote, qui risque de se faire violer. Oui, parce que s'il est comme Tim, il va sans doute pas lui laisser le choix. La preuve, il m'a pas laissé le choix, à moi. Je la plains, mais je peux rien faire pour elle. C'est à elle de faire ce qu'il faut, je serai impuissante et il est hors de question que je suive ce mec que je ne connais pas du tout. Au final, mon attention revient vers Tim et j'ose enfin le regarder sans baisser les yeux. « Bon bah bonne soirée. » dit-il. Je hoche la tête, esquisse un bref sourire sans que ça en soit vraiment un. En réalité, je ne devrais pas lui adresser le moindre petit sourire. Mais je sais pas, ça reste Tim et j'ai cherché à ce qu'il arrête de faire la tronche alors maintenant, je dois en assumer les conséquences. Mais là, sincèrement, je sais pas quoi faire. Je suis partagée entre l'envie de rentrer chez moi et l'impression que je dois rester avec mes potes (si elles sont encore là, car j'imagine qu'elles ont toutes trouvé des mecs beaux comme des dieux avec qui passer une soirée géniale). Je finis par glisser un « bonne soirée ». Avant de tourner les talons sans me retourner. Je suis presque sûre qu'il retourne dans la boite mais j'ai pas vraiment envie de savoir. Je passe devant la table que j'occupais avec les filles et il reste Maria, qui m'invite à m'asseoir près d'elle et qui me dit d'emblée que j'ai l'air bizarre. Il serait peut-être temps que je rentre, en fait.