JOUR 1 - satan prend place.

La venue du Tim était quelque chose qu'il fallait préparer avec soin et organisation. La blonde avait fait rapatrier bon nombre de ses affaires chez ses parents afin qu'il ne voit que le stricte nécessaire et qu'il ne trouve pas trop d'occasions afin de la faire chier. La blonde avait donc fait attention à ne pas laisser trop de crucifix, d'enlever les portraits de la vierge Marie de ses toilettes, de cacher toutes les Bibles afin qu'il n'en brûle aucune. Bref, elle avait passé les deux jours à aller et venir de chez elle à la maison de ses parents afin de ne pas avoir de problème pendant le séjour de Tim chez elle. Et lorsqu'il sonna, à la porte de l'immeuble, la blonde prit son temps avant de répondre à l'interphone, prétextant qu'elle passait l'aspirateur dans l'appartement. Elle avait prit le temps de mettre l'aspirateur au centre d'une pièce parfaitement clean et de ranger deux ou trois derniers trucs avant d'appuyer sur le bouton d'ouverture de la porte en lâchant à l'interphone : « Appartement 21 au 4ème. ». Elle entre-ouvrit la porte de son appartement et enferma son chiot dans sa chambre avant de rallumer l'aspirateur et de passer un petit coup sur le tapis de l'entrée.

Comment Tim en était arrivé là ? Il n'en avait aucune idée. Il se souvenait juste d'avoir mentionné le fait qu'il pouvait très bien ne pas faire chier quelqu'un pendant une semaine... Et bien sûr Llywelyn avait rétorqué qu'elle serait prête à vivre une semaine pour lui prouver que non. Après avoir hésité, Tim avait lancé le pari. S'il gagnait, Llywelyn aurait le droit à une semaine spéciale décoinçage de cul. Et s'il perdait... Il se savait pas ce qui lui arriverait et n'en avait pas envie !
Bref, il était là, avec sa valise et un sac. Il lui fallait au moins ça pour transporter ses doses de médicaments, ses vêtements, ses affaires de toilettes, de cours aussi. Comment, avait-il pu se lancer là dedans. Comment allait-il pouvoir tenir une semaine ? Il clamait qu'il était capable de tenir sans faire chier quelqu'un, mais il savait très bien que ça faisait partie de sa personnalité... Même tenir une heure était à la limite du supportable, alors une semaine... Il allait devoir se dépasser. Se disant qu'il avait déjà vécu pire, il appuya sur le bouton. Après un long moment, elle répondit enfin. « Appartement 21 au 4ème. » Tim se mordit l'intérieur de la joue alors qu'il allait l'engueuler avec finesse. Prendre sur soi, tout de suite. Il ne répondit rien et poussa la porte. Il prit l'ascenseur, et arriva devant la porte. Il finit par sonner, et sans attendre la permission, entra. Elle était en train de passer l'aspirateur sur un tapis à l'entrée. Et c'était pour ça qu'elle n'avait pas ouvert ? Tim jeta un coup d'œil à l'appartement. Pas mal dans le genre... Et dire qu'il devait se retenir de lui demander si elle volait l'argent de la quête. « C'est... Grand. Tu vis là toute seule ? ». Il avait vraiment l'impression de ne pas être lui-même, mais vu ce qu'il y avait à la clé, il était prêt à faire un effort !

Pendant qu'elle passait un rapide coup d'aspirateur sur son tapis – plein de poils de chien, la blonde entendit la sonnerie de la porte d'entrée. Merci de prévenir avant d'entrée, tu apprends vite petit Tim. Le blond n'attendit cependant pas que Lly lui donne la permission d'entrer – c'est pas un vampire, dommage –, mais la blonde ne lui en voulu pas. Elle n'aurait sûrement pas été jusqu'à se déplacer pour ouvrir une porte déjà entre-ouverte ! Elle arrêta l'aspirateur au moment où Tim entra dans la pièce, le silence lui faisait du bien, mais il ne fut que d'une courte durée puisque son invité posa une question après avoir jeté un coup d’œil à l'appartement depuis l'entrée. « C'est... Grand. Tu vis là toute seule ? » La blonde se baissa afin d'attraper l'aspirateur et de le ranger en hauteur dans un placard tout en répondant à la question de Tim. « Oui, je vis ici toute seule. Pourquoi ? C'est gênant ? » A vrai dire, la réponse de Lly n'était pas vraiment exact puisqu'avec elle résidait un chien. Un petit chien tout blanc, un peu du genre peluche qui n'avait que quelques semaines. La blonde se retourna ensuite vers Tim. « Viens, je vais te montrer où poser tes affaires. Tu veux que je porte quelque chose ? » demanda-t-elle gentiment avant de se diriger vers la chambre d'ami. Elle ouvrit la porte de la chambre quelques secondes plus tard et entra avant de faire entrer Tim. C'était une chambre plutôt grande, sobres, aux couleurs claires avec seulement un lit, un dressing incrusté dans un mur, une bibliothèque – de laquelle elle avait soutiré les bibles, deux tables de chevet de chaque côté du lit et un meuble sur lequel reposait une télé.

« Oui, je vis ici toute seule. Pourquoi ? C'est gênant ? » Gênant de quoi ? D'être seulement avec elle dans cet appartement ? Tant mieux, s'il avait dû se coltiner le frère prêtre ou la mère sans doute paroissienne adoratrice, ça l'aurait limite fait flipper. Déjà que Llywelyn était un phénomène incompris... Il hocha la tête d'un air de "aaah, je vois !". En fait il ne voyait rien du tout, il trouvait juste ça grand pour une personne... Mais apparemment non. « Bah, on va dire que t'as de la place pour faire un footing d'intérieur, c'bien. ». Et ça n'était même pas dit de son habituel ton cynique et chantant. Presque d'un air gentiment "drôle". Il se surprenait. « Viens, je vais te montrer où poser tes affaires. Tu veux que je porte quelque chose ? ». Il lui répondit que non, après tout ça n'était pas une fille qui allait lui porter ses bagages... En temps normal, il lui aurait dit oui (tant pis pour la virilité, tant que ça l'énervait !) et l'aurait tout laisser porter avant d'ouvrir toutes les portes à la recherche de la chambre. Si elle savait à quel point il était tiraillé... Ils entrèrent finalement dans la dite chambre, et Tim se dit qu'il n'avait même pas besoin de partir en vacances. Un nouveau lieu, et cool en plus, gratuitement, c'était le must. Il avait même une télé, de quoi ranger ses cours, un grand dressing... Elle avait combien de chambre, là dedans ? A Paris, c'était vraiment du luxe d'avoir une chambre d'amis. « P'tain.. C'parfait ça. » Et ça l'était, il pensait dormir sur un canapé, alors qu'il ait ça. Il n'aurait pas pu rêver mieux. Ah, si, peut-être ne pas avoir à changer de caractère pour gagner un pari stupide.

« Bah, on va dire que t'as de la place pour faire un footing d'intérieur, c'bien. » Lly ne pu s'empêcher de pouffer. Elle n'avait jamais pensé à faire un footing d'intérieur, mais c'était une idée à exploiter. Elle faisait des jogging à l'extérieur et la dernière fois qu'elle en avait fait un, elle s'était retrouvée sur le canapé de Tim avec une cheville en rade. Alors évidemment, elle trouvait cette idée plutôt ingénieuse ! Enfin, pour l'heure, l'exercice physique qu'elle pourrait possiblement effectuer se résumait à porter les affaires de Tim jusqu'à la chambre d'amis mais il refusa de la laisser porter quelque chose. Lly accepta cette décision de la part de Tim. Si elle pouvait éviter de porter ses affaires, elle ne pouvait que mieux s'en porter ! Pas que ce soit lourd, simplement trop... à Tim. Enfin, la réaction lorsqu'il découvrit la chambre ne se fit pas attendre : « P'tain.. C'parfait ça. » Elle se contenta de sourire tout en étant assez fière d'elle et de son appartement. Elle était parfaitement consciente que beaucoup de personnes n'avaient pas les moyens de se payer ce genre de logement, d'avoir trois télés, ou encore d'avoir une cuisine toute équipée et le tout dans un beau quartier. Alors elle s'estimait heureuse et ne se plaignait jamais de sa condition. Elle aidait les gens comme elle le pouvait et donnait régulièrement de l'argent à des associations pour les Sans Abris et pour l'UNICEF. Et puis faire profiter Tim de ce qu'elle avait dans son appartement pouvait aussi être considéré comme une bonne action. Même s'il semblait beaucoup moins dans le besoin que son pote Ange. Elle acquiesça, puis répondit : « Contente que ça te plaise. Installe-toi, je reviens ! ». Elle quitta ensuite la pièce pour laisser sortir son chien et aller chercher des serviettes de toilette dans sa propre salle de bain. Elle revint ensuite vers la chambre d'amis et les posa sur le lit. Avant de montrer du doigt la porte de la salle de bain de la chambre : « Là, t'as la salle de bain. C'pas le grand luxe, genre douche, lavabo et toilettes, mais voilà.. » Pas le grand luxe... bien sûr que ça l'était !

« Contente que ça te plaise. Installe-toi, je reviens ! ». C'était si gentiment proposé. Il posa sa valise dans un coin, et son sac sur le lit. Il ouvrit la valise et en sortit trois ou quatre gros manuels d'anatomie et autres sujets, pour les poser sur une des table à côté du lit. Ça serait déjà moins lourd, et prendrait aussi moins de place. Il placerait ses vêtements plus tard. La blonde revint rapidement avec des serviettes qu'elle posa sur le lit. Il était vraiment dans un hôtel en fait. « Là, t'as la salle de bain. C'pas le grand luxe, genre douche, lavabo et toilettes, mais voilà.. » Tim haussa les sourcils. Et il devait se retenir de faire des remarques face à ça ? Si Dieu existait, il était vraiment cruel. Il aurait pu la faire culpabiliser sur les pauvres enfants d'Inde sans eau, ou autres gamins de pays défavorisés, mais non, non, il devait faire le gentil petit chien. « Tu sais, c'est ce qu'il y a dans ma salle de bain principale, la seule salle de bain. Ça sera très bien, t'inquiète pas. » Il n'aimait pas être trop gentil, il avait l'impression de jouer dans un film... Tiens, mais pourquoi pas ! S'il faisait comme s'il était un acteur, devant jouer un rôle, ça passerait peut-être mieux... Parce que là, il allait craquer. Alors qu'il était en pleine réflexion, il vit surgir une peluche. Tim regarda le truc d'un œil malveillant. C'était quoi ce machin ? On aurait dit un petshop sauf qu'il bougeait. « C'est vivant ? » On était jamais sur, ça aurait pu être raton laveur albinos mort ou un bébé phoque empaillé...

« Tu sais, c'est ce qu'il y a dans ma salle de bain principale, la seule salle de bain. Ça sera très bien, t'inquiète pas. » La blonde lui jeta un regard et se contenta de sourire. Dans sa salle de bain, il y avait un bain à remous, une douche dans le genre... évoluée, ainsi qu'une glace immense qui surplombait deux lavabos incrustés dans un meuble tout aussi grand. Il y avait également une porte qui s'ouvrait sur les toilettes. Autant dire que la salle de bain de la chambre d'amis était beaucoup plus modeste. « Très bien. » dit-elle enfin avant que son regard ne se pose sur son chien lorsque Tim demanda : « C'est vivant ? » La blonde fit quelques pas vers la porte de la chambre et prit son chien dans ses bras. « Oui, c'est un chien ! » dit-elle tout en souriant, amusée par la situation. Elle enfouit son nez dans les poils blancs de l'animal avant de regarder de nouveau Tim. « Je vais le mettre dans le salon, faut pas qu'il commence à faire des chambres son havre de paix. » Elle fit un rapide allé-retour de la chambre au salon et du salon à la chambre puis s'appuya contre l'encadrement de la porte. « Tu veux visiter le reste ? »

« Oui, c'est un chien ! » Un chien... Un chien ! Sérieusement ? Elle avait déjà vu à quoi ressemblait un chien ? Mais c'était quoi ce délire ! On aurait dit une brosse à chiotte. En le voyait, Tim n'avait qu'une envie, le prendre et l'utiliser comme chiffon pour nettoyer sa nouvelle salle de bain. Un tapis, à la rigueur... Une perruque de l'époque Louis XIV, pourquoi pas ! Mais surement pas un chien, cet animal censé être protecteur et dominant. C'était une lavette ce truc. Une lavette de sol, exactement ! Llywelyn le prit et enfouit sa tête dans ses poils volumineux, et nombreux, trop nombreux... C'était clairement dégoutant. Un plumeau, aussi, ça y ressemblait. Il devait mettre dans le coin de son cerveau un nota bene comme "ne plus approcher Lly, ne plus approcher la chose." Il haïssait déjà ce machin, ce qui se révélait être un nouveau challenge. Ne pas foutre un coup de pied dans le tas de neige moisie. « Je vais le mettre dans le salon, faut pas qu'il commence à faire des chambres son havre de paix. » C'est ça oui, qu'elle le sorte de "sa" chambre. Il avait continué de fixer le truc dégoutant, couinant comme une bête à moitié morte, jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vision et laisse place à Llywelyn qui avait touché ce truc hideux. Il espérait juste que ça n'était pas contagieux. « Tu veux visiter le reste ? ». Parce qu'il y avait encore combien de pièces comme ça ? « Juste où est la cuisine, ou si y a une autre pièce importante du genre. ». Il aurait pu rajouter "comme ta chambre, pour que j't'y rende visite la nuit". Mais encore une fois, il le retint aux bords des lèvres. Et ça ne faisait que quelques minutes qu'il était là...

Visiter le reste, ça comprenait la cuisine, le salon, le bureau, le balcon. Autant dire que l'appartement de Lly était un grand espace dans lequel il était impossible de se sentir oppressé. Et dire que de nombreuses familles devaient se contenter d'un appartement de neuf mètres carré... « Juste où est la cuisine, ou si y a une autre pièce importante du genre. » lui répondit Tim. La blonde hocha la tête doucement avant de répondre. « D'accord, viens. » Elle s'assura qu'il la suivait en jetant un regard derrière elle. Elle se retourna, marcha à reculons et tapota sur la porte fermée de sa chambre lorsqu'elle passa devant. « Bon ça, c'est ma chambre. » dit-elle à titre indicatif. Elle reprit sa marche à l'endroit et passa par le salon avant de pénétrer dans la cuisine. « Donc voilà, la cuisine. Normalement le frigo est à peu près toujours remplit. Faut que j'aille faire les courses demain. » Là encore, une pièce d'environ dix mètres carrés avec une table au centre. Des plaques chauffantes, un frigo incrusté dans un meuble, des tonnes de rangements, un lave vaisselle, un évier, trois plans de travail. La blonde eu un éclair de génie venu du nulle part : « Ah et si tu as une voiture, y'a sans doute moyen de te trouver une place dans le parking souterrain. »

Elle lui demanda de le suivre et Tim s'exécuta, tout en évitant la bête morte. Llywelyn désigna une des portes comme celle de sa chambre. Ça c'était intéressant ! Il esquissa un sourire, se demandant si lui faire des blagues la nuit comptait en tant de "trucs fait pour la faire chier". Il faudrait qu'il se renseigne un peu plus sur les clauses de leur contrat. Ils traversèrent un vaste salon avant d'arriver à la cuisine. « Donc voilà, la cuisine. Normalement le frigo est à peu près toujours remplit. Faut que j'aille faire les courses demain. » Ok, cette fille était vraiment riche. Pourquoi elle était croyante alors ? Elle n'avait rien à demander à Dieu, c'était les gens pauvres, dans le besoin, souffrant, qui avaient besoin de ça, de quelque chose à quoi se raccrocher. Pas les gens comme elle. Tim croisa les bras et avec un sourire amusé aux lèvres, il se permit une "blague". « Sinon t'as déjà pensé à ouvrir un restaurant dans ton appart' ? ». Il faisait bien attention à ne pas prendre sa voix synonyme de foutage de gueule, et de dire le tout avec un air plus sérieux. Surtout qu'il n'y avait rien de méchant là dedans. « Ah et si tu as une voiture, y'a sans doute moyen de te trouver une place dans le parking souterrain. » Une voiture... Il avait une tête à avoir une voiture ? Sérieusement ? Tim haussa les sourcils sur le coup. D'une, les voitures à Paris, vu les bouchons, c'était un peu inutile... Et en plus il était étudiant, ça ne lui était pas vraiment d'utilité... « Bah, j'ai bien le scooteur là, mais j'en ai pas vraiment besoin cette semaine. » Il contourna la table et passa une main sur le plan de travail. C'était pas de la merde, en plus. « T'as même une nespresso, cool. Sinon, on mange quoi ce soir ? » demanda-t-il avec un rire non contenu. Ça faisait vraiment... Étrange de dire ça. Surtout à Llywelyn. Dans son esprit, ça ne faisait pas dutout couple... Ça faisait plutôt un gosse qui demande à sa mère ce qu'il va avaler en cinq minutes. « D'ailleurs, faudrait qu'on voit certains trucs, pour notre pari là. Si on doit passer la journée ou la soirée ensemble ce genre de trucs. J'sais que ça t'enchante pas, mais d'un côté si on part avec nos potes chacun dans notre coin de Paris pendant une semaine, autant de j'vive chez moi. ». Quitte à jouer, autant le faire vraiment. Elle serait capable de lui dire à la fin de la semaine que non, ça ne comptait pas, parce que ci et ça... Et dire qu'il n'avait même pas rajouté de "et ça m'emballe pas non plus, t'inquiète pas", ni de "quoi que, des potes tu dois pas en avoir". Et s'il était fier ? Le sentiment qui l'habitait était actuellement bien au dessus de la fierté...

« Sinon t'as déjà pensé à ouvrir un restaurant dans ton appart' ? » la blonde ne pu s'empêcher de sourire. Elle répondit de suite, sans vraiment réfléchir : « Je cuisine pas assez bien pour ça ! » Mais c'est vrai que quand on y pensait, c'était possible. Sa cuisine était du genre ''desiiiiign'' et y faire manger des gens n'aurait pas été une mauvaise idée. Mais bref, elle n'avait pas vraiment les compétences culinaires pour ça, bien qu'elle se débrouillait plutôt bien. Mieux qu'elle ne pouvait le penser en tous cas. Puis vint le moment où elle lui demanda s'il voulait une place de parking, ce à quoi il répondit par : « Bah, j'ai bien le scooteur là, mais j'en ai pas vraiment besoin cette semaine. » La blonde hocha rapidement la tête, elle ne préférait pas s'étendre plus longtemps sur le sujet. De toute façon, s'étendre pour dire quoi ? Que les scooteur c'était le mal ? Non, en vérité c'était aussi dangereux qu'une voiture, alors elle ne pouvait rien dire. « T'as même une nespresso, cool. Sinon, on mange quoi ce soir ? » Elle tourna la tête vers Tim. Oui, elle avait une Nespresso avec les sachets de café qui coûtaient la peau du cul. Mais elle n'avait pas vraiment de quoi s'en venter. La blonde réfléchit ensuite à la deuxième phrase de Tim à laquelle elle répondit simplement par : « Je sais pas, on verra tout à l'heure ! Tu voudrais manger quoi ? » Elle avait l'impression de parler à un gamin de cinq ans, mais ça ne la dérangeait pas plus que ça au final. « D'ailleurs, faudrait qu'on voit certains trucs, pour notre pari là. Si on doit passer la journée ou la soirée ensemble ce genre de trucs. J'sais que ça t'enchante pas, mais d'un côté si on part avec nos potes chacun dans notre coin de Paris pendant une semaine, autant que j'vive chez moi. » La blonde hocha la tête et ouvrit la porte du frigo. « Tu veux boire un truc ? Assieds-toi et on en parle ! » Elle prit la bouteille de coca et la posa sur le plan de travail qui se trouvait à côté du frigo et sur lequel on pouvait trouver une corbeille de fruits assez bien remplie. Elle se tourna ensuite vers Tim en attendant de savoir s'il souhaitait quelque chose.

« Je cuisine pas assez bien pour ça ! » Bon, il allait manger des pâtes à l'eau et des frites toute la semaine. Super. De toute façon, lui, savait assez bien cuisiner. Surtout cuisiner équilibré, en fait. Du coup il avait dû apprendre à rendre bon des plats à l'origine qui ne donneraient pas vraiment envie. A sa question sur ce qu'ils allaient manger le soir, la blonde lui répondit qu'elle ne savait pas, qu'ils verraient et lui demanda ce qu'il voulait. Bon bah, quitte à respecter son organisation, autant lui dire ce qu'il lui fallait. « Du riz, avec une jardinière de légumes et de la viande ? J'peux faire à manger limite, j'aime bien. » Faux ! Il n'aimait pas faire ça plus qu'autre chose, mais il était bien obligé chez lui de le faire avec précision. Et parfois, il se trouvait même assez chanceux d'avoir une mémoire à toutes épreuves pour retenir les éléments proscrits. « Tu veux boire un truc ? Assieds-toi et on en parle ! » On en parle... Cette situation était décidément trop différente de d'habitude. Comme quoi, quand Tim ne la faisait pas chier, elle me montait pas sur ses grands chevaux tout de suite, à lui balancer du Jésus à la gueule. « De l'eau, ça suffira. » répondit-il tout en s'asseyant sur une des chaises. Llywelyn se retournait avec du coca, et Tim fronça des sourcils. Son alimentation allait peut-être aussi poser un gros problème en fait. « Et si possible une pomme aussi, s'te plais ». Le sérieux qu'il prenait pour éviter de faire des erreurs au niveau de son alimentation lui avait fait oublier sa retenue au niveau de ce qu'il considérait être des blagues. C'était déjà ça, il se révélait même étrangement poli...

« Du riz, avec une jardinière de légumes et de la viande ? J'peux faire à manger limite, j'aime bien. » La blonde hocha la tête, elle avait ce qu'il fallait. Et puis... Elle était plutôt agréablement surprise par la seconde partie de la phrase que venait de dire Tim. Il aimait faire à manger ? Très bien, alors il leurs feraient leurs repas pendant une semaine, ça lui allait très bien ! Surtout que c'était à Lly de payer la bouffe et les besoins énergétiques de Tim, alors elle trouvait que c'était plutôt un bon arrangement. « Ca me va ! Et si tu veux faire la cuisine pendant la semaine, fais donc. » Ca faisait plutôt bizarre d'avoir des discussions du genre avec Tim, mais ça faisait prendre conscience à Lly qu'il n'était peut-être pas si mauvais que ça... Pas autant qu'elle le croyait en tous cas. Et l'entendre demander de l'eau et une pomme lui fit un effet bizarre. Même au McDo il avait bu de l'eau et Lly commençait à croire que Tim était bien plus sain qu'il ne le montrait. La blonde sortit donc du frigo une bouteille d'eau minérale qu'elle tendit à Tim. « Ca te va ? » demanda-t-elle tout en se dirigeant vers le placard où elle rangeait les verres. Elle en sortit deux, en plaça un en face de Tim et amena le second sur le plan de travail, elle versa quelques centilitres de coca dans son verre avant de bien refermer la bouteille et de la remettre dans le frigidaire. Elle prit une pomme près dans la corbeille de fruits et la tendit à Tim. Elle s'appuya ensuite contre le bord du plan de travail et bu son verre d'un trait. Elle mit son verre dans l'évier puis s'assit près de Tim. « Bon... Donc... Les termes du contrat ! A la limite, on passe les soirées ensemble, que ce soit ici ou à l'autre bout de la ville. »

« Ca me va ! Et si tu veux faire la cuisine pendant la semaine, fais donc. » Bon bah, ça, c'était fait. Un problème en moins, il pourrait faire ce qu'il lui plaisait. Et en plus, elle allait manger équilibré à la perfection ! Mais sans doute que certains de ses aliments pourriraient au frigo, en tant que marges évitées. Llywelyn sortit du frigidaire une bouteille et lui la tendit, lui demandant au passage si ça lui convenait. Il devait juste faire attention si l'eau provenait d'un puits, là ça n'était apparemment pas le cas. Il lança donc un ouais tout en l'attrapant, et la posa sur la table, tandis qu'elle sortait deux verres. Elle lui déposa le verre et se servit du coca, tandis que Tim prenait de l'eau. Si elle savait la tonne de sucre qu'il y avait là dedans, elle n'en prendrait peut-être plus. Il saisit ensuite la pomme qu'elle lui tendait, avec un merci, et il croqua directement dedans. Minimum cinq fruits et légumes par jour, l'idéal étant plus bien sûr. Une des raisons pour laquelle il en prenait toujours l'après-midi. Elle termina son verre et vint s'assoir à son tour, alors que Tim buvait lentement son eau. « Bon... Donc... Les termes du contrat ! A la limite, on passe les soirées ensemble, que ce soit ici ou à l'autre bout de la ville. » A l'autre bout de la ville ? Elle voulait quoi, qu'il la fasse sortir ? Il esquissa un sourire, elle voulait surtout l'emmener à la messe du soir ouais. « Ca m'va, par contre j'entre pas dans une église une seule fois au cours de cette semaine. » et ça c'était clairement non négociable. Il n'allait pas faire des efforts sur tous les côtés, déjà qu'elle n'avait pas grand chose à faire, mise à par le supporter... Sachant qu'il était tout à fait normal, une fois qu'on lui enlevait sa répartie à deux balles...

C'était bien trop d'honneurs ! Tim remerciait Lly et semblait particulièrement poli. A croire qu'il n'oubliait pas une seule seconde leur pari débile. Elle ne regrettait pas vraiment, ça lui permettait d'avoir en face d'elle un Tim qu'elle aurait supposément pu apprécier. Elle proposa donc de rester ensemble quasiment toute la semaine, c'était ça le but du jeu en même temps. Rester ensemble, tenter de se supporter. Enfin c'était surtout Tim qui devait tenter de supporter Lly, bien qu'il vive chez elle. « Ca m'va, par contre j'entre pas dans une église une seule fois au cours de cette semaine. » S'il était d'accord, alors tout était parfait ! Sauf la seconde partie de sa phrase, qui fit moins rire Lly. Elle n'avait pas encore parlé de religion qu'il s'y mettait déjà ! La blonde émit donc une condition : « D'accord, mais si tu veux pas que je t'y traînes, t'as pas intérêt à tuer mon chien ou à lui faire du mal. » Ca, c'était la condition suprême. Elle imaginait assez facilement Tim entrain de torturer des animaux, alors elle préférait mettre les choses au clair tout de suite afin qu'il n'y ai pas de sous entendu. « D'ailleurs, rien à voir mais... on peut aller faire les courses ensemble, ce sera plus simple pour trouver ce dont t'as besoin. »

« D'accord, mais si tu veux pas que je t'y traînes, t'as pas intérêt à tuer mon chien ou à lui faire du mal. » Tim leva les yeux au ciel. Il n'allait pas tuer sa peluche dans son appartement quand même ! Il aurait fait ça discrêtement. De toute façon, il n'aimait aucun animal, sauf à la rigueur les ours, les requins, les lions, les tigres, les alligators et les rhinocéros... Pas ce truc quoi. Tim leva tout de même une main en l'air et répondit un « Je le jure. ». Il serait prêt à garder cette chose en vie pour éviter d'aller à l'église. Et puis au pire, lui lancer une petite cuillère pendant qu'elle prendrait sa douche, elle n'y verrait que du feu. Et il n'irait pas lui le rapporter, comme s'il lui donnait un petit coup de pied... Définitivement, Tim n'aimait pas les petits animaux... Mais après, il n'était pas non plus du genre à les tuer... Juste les faire chier, comme les humains en fait. « D'ailleurs, rien à voir mais... on peut aller faire les courses ensemble, ce sera plus simple pour trouver ce dont t'as besoin. ». Heu, what about no ? Ca faisait vraiment trop couple ça, ils n'allaient pas faire les courses tout les deux, mains dans la mais non plus ! Il y avait des limites à traîner tout le temps ensemble. Et même, il prenait souvent une liste, avec marqué par exemple "féculant, 125 grammes, 5-10 fruits et légumes" etc. Alors si en plus il devait trouver une explication pour ça... Il restait un gros problème, il n'avait pas assez d'argent pour payer la nourriture pour deux... Et honnêtement il ne savait pas vraiment comment demander ça poliment... « Nan t'inquiète, j'peux faire ça seul. Et sinon... On pourrait diviser le prix des courses par deux ? C'est c'qui me semble le mieux. » Ouais, c'était bien ça, il tenait un bon truc là !

« Je le jure. » Bon, c'était déjà ça de gagné ! Son chien ne mourrait pas au cours du séjour de Tim ici. A vrai dire, Lly n'était pas vraiment pressée que sa boule de poils ne meure, mais ça restait possible, malheureusement pour la pauvre bête. Mais passons, le pauvre chiot avait encore toute sa vie devant lui, du moins... Lly l'espérait ! De toutes façons, ce chien était vraiment cher, à son cœur et financièrement parlant ! Alors si Tim lui faisait du mal, il lui repayerait trois fois le prix initial de la bête et irait se confesser pour avoir tué un être vivant. « Tu ne tueras point », dixit Dieu tout puissant. Alors ça s'appliquait aussi à Tim, zut à la fin. Mais il avait juré, avec la main sur le cœur. Elle n'avait pas vérifié s'il croisait les doigts, les orteils ou jenesaisquelleautrepartiedesonanatomie, mais il avait promis ! Alors ça suffisait à la blonde pour l'instant, alors autant passer au sujet des courses. « Nan t'inquiète, j'peux faire ça seul. Et sinon... On pourrait diviser le prix des courses par deux ? C'est c'qui me semble le mieux. » avait-il répondu. La blonde avait hoché la tête et avait répondu : « Comme tu voudras ! Par deux, ça me va. » Elle connaissait Tim et était presque persuadée qu'il serait trop fier pour la laisser payer toutes les courses. Quoi que... Enfin, il avait proposé par deux alors la blonde n'allait pas s'attarder sur la question. Elle avait largement les moyens de payer la bouffe pour deux personnes – trois avec le chien – mais elle voulait voir sa réaction, mais également faire la naïve. Parce qu'il la considérait certainement comme une grosse niaise totalement naïve incapable de faire la part des choses. « D'ailleurs, tu fais pas de mal non plus aux caissières et tu leur dis pas que tu habites avec moi. J'ai peur qu'elles ne veuillent plus me voir si tu fais une bêtise. »

JOUR 2 - it's gonna be legen... wait for it... dary !

La veille Llywelyn avait accepté de séparer le prix des courses en deux (ce qui l'arrangeait vu son compte en banque) et il avait dû promettre qu'il n'agresserait verbalement aucune caissière, caissières qu'il trouvait bien inutiles. Il préférait largement aller aux caisses électriques, elles n'avaient qu'à étudier un peu ! Sauf quand la caissière était jolie, là, il aimait aller à sa caisse avec deux boîtes de préservatif XXL... Bref, il ne devait pas se montrer profiteur, harcelant, pervers, chiant, méchant, un exploit quoi. Ensuite, devant rester ensemble, Llywelyn avait choisi un film à regarder... Titanic, bien sûr, sans doute pour faire chier Tim, qui devait s'abstenir de commentaires. Alors qu'elle avait pleuré du début à la fin, lui dans son coin critiquait juste mentalement la véracité de cette histoire, la noble et le pauvre ensemble, à cette époque, c'était impossible... Il s'était éclipsé à un moment pour prendre ses immunosuppresseurs, et autres médicaments contre les infections, pour le contrôler la tension artérielle, suppléments de magnésium et ranitidine... Ils avaient fini par se coucher, pas à une heure indécente (c'était Llywelyn, elle avait sans doute fait un effort pour regarder un film long, elle devait se coucher à vingt heures d'habitude), et Tim s'était retenu d'aller lui faire une blague dans sa chambre en criant qu'il était un fantôme de Jésus et qu'il allait tuer son chien.

Le matin, il se réveilla et observa que vu l'heure non tardive à laquelle il s'était couché, il ne s'était pas réveillé à midi. Il prit une douche, se brossa les dents, s'habilla et ébouriffa ses cheveux en guise de coiffure. Il prit ses médicaments alors qu'il n'était pas encore à la vue de la Sainte et vérifia que l'alarme de son portable était bien réglée. Quand il sortit de sa nouvelle chambre, Llywelyn était déjà levée et dans la cuisine. Sans doute se réveillait-elle à six heures pour prier en direction du Vatican... Il s'avança jusque dans la pièce et plaça ses mains dans ses poches. « Yo. » lança-t-il comme salutations avant d'observer ce qu'elle était en train de faire.

Une soirée avec Tim. Lly n'avait jamais envisagé ce genre de situation avant leur semaine. Et dire qu'elle allait devoir passer sept soirées avec lui. Toutes plus longues les unes que les autres, c'était presque sûr. Alors Titanic lui avait semblé être une bonne idée, histoire de le mettre à l'épreuve dès le premier soir. A vrai dire, plus vite il craquait, plus vite elle en serait débarrassée. Mais il ne craqua pas, resta simplement à un bout du canapé pendant que Lly se vidait de ses larmes à l'autre bout. Ce film était tellement beau...Un chef d’œuvre, il était connu pour ça et même après l'avoir vu 25 fois et le connaître presque par cœur, la blonde ne s'en lassait pas. C'est aux alentours de minuit qu'ils allèrent se coucher. Lly, contrairement à d'habitude, traina au lit jusqu'à sept heures du matin et finit tout de même par se lever. Après tout, elle ne faisait de mal à personne et elle était en vacances ! La blonde se dirigea vers la cuisine et commença à se préparer un petit déjeuner. Elle plaça des tartines dans le grille-pain et pendant qu'elles chauffaient puis refroidissaient, la blonde était allée prendre une douche et s'habiller de manière convenable. Lorsqu'elle fut prête, elle se mit à table après avoir récité une petite prière. Puis, tout en lisant un livre qu'elle avait commencé la veille et dont elle avait bientôt fini la lecture, elle se mit à manger. Après quelques minutes de lecture, la blonde dû répondre au téléphone. Sa mère l'appelait toujours aux environs de huit heures et demi, et c'était une sorte de rituel qu'elles n'avaient jamais brisé. Surtout que sa mère supportait mal le fait que Lly vive seule dans son appartement et qu'elle n'ai pas encore trouvé l'homme qu'il lui fallait. La blonde leva brusquement la tête lorsqu'elle entendit Tim dire « Yo. » tout en entrant dans la pièce, alors que sa mère s'était lancée dans un monologue enflammé. Directement, la blonde leva son index pour lui signifier de patienter une minute et elle coupa sa mère dans l'une de ses phrases. « Mae'n rhaid i mi adael i chi, 'n annhymerus' galw i chi heno. [...] Mom heb fod cystal. [...] ie... heno ! » Autrement dit, elle la rappellerait le soir. Mais en plus compliqué. La blonde finit par raccrocher et répondit à Tim. « Excuse-moi. C'était ma mère... Bonjour ! » Elle regarda dans la pièce et montra un placard du doigt : « Là, t'as tout ce qui est céréales, ce genre de trucs. Et le reste... tu sais déjà où c'est, je crois. » dit-elle avec un sourire.

« Mae'n rhaid i mi adael i chi, 'n annhymerus' galw i chi heno. [...] Mom heb fod cystal. [...] ie... heno ! » Ok, d'accord, merci. Et il devait rester de marbre face à ça ? Il devait se contenir, être normal, ne rien dire là dessus ? C'était humainement possible ? Alors qu'elle raccrochait, Tim se mordit l'intérieure de la joue. Il devait prendre sur lui pour ne faire aucun lapsus en plus... « Excuse-moi. C'était ma mère... Bonjour ! » Autant ne rien répondre plutôt que de faire une connerie involontaire. Il avait déjà supporté un jour, plus que six ! Ça avait l'air énorme, mais il savait qu'il pouvait le faire. Elle lui indiqua un placard. « Là, t'as tout ce qui est céréales, ce genre de trucs. Et le reste... tu sais déjà où c'est, je crois. » Tim acquiesça, incapable pour l'instant de se remettre des diverses blagues qu'il aurait pu faire sur cette langue. C'était du gâchis. Il ouvrit le placard des céréales, attrapa une boîte de corn flakes, prit une orange sur le plan de travail et alla directement chercher du lait dans le frigo. Il savait déjà où étaient les cuillères et bols, et s'en prit donc un, un peu comme chez lui. Il alla s'assoir en face d'elle, versa des céréales dans ce dernier et commença à manger. Avec sa machine expresso il pourrait sans doute prendre un café, non sucré s'il vous plait. « Du gallois c'est ça ? T'es née là-bas ? ». Il ne pouvait pas ignorer qu'elle venait de parler dans une langue digne d'un film d'horreur et de récitations vaudou. Alors autant faire la discussion dessus...

Pendant qu'il se servait à manger, la blonde se replongeait dans la lecture de son livre. Tout ça, ça lui avait fait oublier ce qu'il se passait dans cette histoire passionnante ! La blonde ne savait plus du tout où elle en était et elle mit quelques secondes avant de pouvoir retrouver la ligne où elle s'était arrêtée lorsque sa mère avait appelé. Elle l'entendit s'asseoir face à elle et elle daigna lever les yeux pour lui adresser un sourire, le plus sympathique qu'elle ai eu en stock. « Du gallois c'est ça ? T'es née là-bas ? » demanda-t-il. La blonde fronça les sourcils. Comment savait-il que c'était du gallois ? Elle avait si peu de secret pour lui ou quoi ? Llywelyn acquiesça tout en levant les yeux. Elle venait de mettre son doigt au dessous du mot qu'elle avait lu en dernier afin de ne pas encore perdre du temps à retrouver sa ligne. « C'est du gallois, oui. Je suis née au Pays de Galles et j'y ai vécu pendant mes quatre premières années. C'est ma langue maternelle quoi. » Il lui vint une question qu'elle n'aurait jamais posé avant. « Rosenbach, c'est allemand, pas vrai ? T'as des origines allemandes ou pas du tout ? » demanda-t-elle alors.

Llywelyn lui avait adressé un sourire assez amical, ce qui pour le coup avait un peu déconcerté Tim. Il avait passé son temps à se foutre d'elle, et en montrant un semblant de sympathie pendant une journée, elle oubliait tout ? C'était le Jésus des temps modernes, en fait. « C'est du gallois, oui. Je suis née au Pays de Galles et j'y ai vécu pendant mes quatre premières années. C'est ma langue maternelle quoi. » Au Pays de Galles, attention ! Tim acquiesça et lâcha un sourire à son tour. C'était peut-être des immigrés clandestins... N'empêche qu'il avait presque oublié qu'une autre forme de vie pouvait exister ailleurs qu'en France, à Paris, autre part que lui et son entourage en fait. Il se demandait aussi comment les gens survivaient sans un Tim avec eux... Ça paraissait impossible. Il se concentra une nouvelle fois sur ses céréales déjà bien entamées. « Rosenbach, c'est allemand, pas vrai ? T'as des origines allemandes ou pas du tout ? ». Il leva les yeux de son bol. « Ja, j'ai un grand-père allemand, avec la guerre tout ça. » A l'origine, s'il parlait allemand, ça n'était pas dû à ses gênes mais bien à des cours qu'il avait pris. Mais s'il pouvait se la péter un peu comme elle le faisait avec son gallois, pourquoi pas ! Il finit ses céréales et versa du lait dans son bol, avant d'éplucher son orange. « T'as mangé c'matin ? » préféra-t-il demander, il n'avait pas une nouvelle fois envie de devoir la porter et tout ce qui s'en suivait parce qu'elle s'était évanouie au milieu de Paris.

La réponse à la question de Lly ne se fit pas attendre bien longtemps, puisque Tim levait déjà le nez vers elle pour lui répondre. « Ja, j'ai un grand-père allemand, avec la guerre tout ça. » Elle prit un air assez grave et acquiesça avant de demander en pensant connaître la réponse à cette question, mais en demandant quand même de façon polie : « Il a fuit l'Allemagne, c'est ça ? » Dans sa tête, le scénario était bien différent. Ca avait sans doute été un Nazi ayant violé la grand-mère de Tim. C'était aussi ''simple'' que ça. Ca ne pouvait pas se faire autrement, elle avait ses petits préjugés sur Tim et inversement. Alors elle voulait entendre une réponse qui lui confirmait ce qu'elle pensait. Et puis, comme un cheveux sur la soupe, le blond lui demanda si elle avait mangé. Lly leva les yeux au ciel un court instant, puis d'un revers de main, elle fit migrer les miettes de pains de son côté de la table vers celui de Tim. Elle le regarda ensuite dans les yeux et demanda : « Ca va, Docteur ? »

« Il a fuit l'Allemagne, c'est ça ? » Elle se croyait dans un scénario de film ? En fait, il ne connaissait pas vraiment tous les détails de l'histoire, mais ça n'était pas un naziste essayant d'échapper à un quelconque jugement. « Il était encore gamin, son père était écrivain j'crois, alors il était à moitié persécuté et ouais il a quitté l'Allemagne pour aller en France, pas à Vichy tu t'doutes. Ils se sont réfugiés dans un village paumé, et il a rencontré une gamine française, ma mère-grand. Happy end. » Pourquoi il lui racontait ça, il n'en avait aucune idée. Au fond, il s'en foutait, ça n'était pas sa vie donc ça n'était pas intéressant. Il commença à manger son fruit, quand Llywelyn lui balança violemment des miettes à la figure, mais dans quel monde vivait-on ! En réalité, elle les avait juste déplacé;d'un point à un autre en les faisant glisser, mais quand même ! « Ca va, Docteur ? ». Elle n'était pas anorexique en fait, c'était une triste nouvelle pour un étudiant en médecine comme lui, elle aurait fait un cas intéressant. « Mouais, ça fera 22 euros sivouplé. » répondit-il en mangeant un des quartiers de l'orange.

« Il était encore gamin, son père était écrivain j'crois, alors il était à moitié persécuté et ouais il a quitté l'Allemagne pour aller en France, pas à Vichy tu t'doutes. Ils se sont réfugiés dans un village paumé, et il a rencontré une gamine française, ma mère-grand. Happy end. » Elle sourit, son grand-père n'était pas du tout ce qu'elle pensait en fait, c'était pas mal ! Mais ça ne la contentait pas vraiment. Lly aurait voulu comprendre pourquoi Tim était Tim et ça n'était manifestement pas vers son grand père qu'elle devait chercher. Donc elle devait se contenter de ça, et faire comme si ça lui allait. Après tout, qu'il ai un grand-père qui n'ai rien à se reprocher était une bonne chose, et elle s'en serait voulue si elle avait eu juste... Allez savoir pourquoi... Enfin, le sujet de conversation dériva bien vite sur Lly et son alimentation. Elle prouva une énième fois à Tim qu'elle n'était pas anorexique et qu'elle mangeait correctement, ce qui sembla le décevoir un peu. « Mouais, ça fera 22 euros sivouplé. » Elle hocha la tête, puis se replongea dans sa lecture. Elle releva finalement la tête et demanda : « Tu veux faire quoi aujourd'hui ? »