Fuck it, I’ll do it my way, and the people who love me will understand why I’m doing it because they love me. Fuck it!

Huit heures. Dimanche. J'aimerais pouvoir dire que je sais foutrement pas ce que je vais faire de ma journée. Ce s'rait me voiler la face. Dans une heure faut qu'je sois devant ma boutique. Faudra que je l'ouvre. Que j'me pose derrière le comptoir. Faudra que j'attende patiemment qu'un client se pointe. Faudra que j'le conseille, que j'emballe ses fleurs, que j'encaisse. J'adore mon job. C'est même pas ironique. Mais juste... juste pas aujourd'hui. Nostalgie amère d'une aventure terminée. J'revois le soleil de mes deux mois d'exil. J'revois les plages et l'océan à perte de vue. J'sens la chaleur humaine d'la foule des boîtes de nuit. J'ai les oreilles qui sifflent encore d'une musique poussée au maximum. Je me retourne dans mes draps. Ca me manque en fait. Prise de flemmingite aiguë, tout me parait si loin. Hors de portée. Les minutes passent et je fixe le plafond. Il aurait besoin d'un bon coup d'peinture. J'note dans un coin de ma tête qu'il faudra que je trouve quelques amis à embarquer dans cette aventure. Ca pourrait être drôle. Je me retourne encore une fois, histoire de jeter un oeil au réveil. Mes yeux se posent sur mon portable et j'ai soudain un pressentiment. Bacchus. Un sursaut. Ce genre d'élans comme j'en avais pour mon frère. Un genre de sixième sens. Un spot qui passe au rouge. Je me saisis de l'appareil et pianote rapidement quelques mots. Bac', retrouve moi à la boutique genre à l'ouverture, fais pas d'conneries ! C'est ce que je fais maintenant. Je suis marraine la bonne fée 2.0. Bacchus c'est un gosse à problèmes. Il a le chic pour se foutre dans la merde. Tout le temps, partout, avec tout le monde. J'l'accompagne au bal et j'veille à ce qu'il reparte pas en citrouille. Et parfois, comme aujourd'hui, quand j'sens qu'il va pas tarder à faire une connerie, j'le bip. Je le somme de venir me rejoindre pour éviter le pire. Il m'en veut. Mais il vient toujours. Il gueule, il gémit, il fait l'con. Mais il reste toujours.
(...)
Les jonquilles, les roses, les tulipes, les bégonias, les pensées, les marguerites. Toutes autant qu'elles sont, elles font leur vie de fleur, pépères. Elles marinent dans leur jus. Elles profitent du soleil et moi j'les arrose. Bacchus devrait pas tarder à arriver. Il répond jamais à mes textos. Sale gosse. Je l'imagine à l'autre bout de Paris, enjambant mégots calcinés et cadavres de bouteilles. Autant de vestiges d'une autre nuit passée à prouver qu'il est en vie. Avec un peu de chance il se sera fait mal. Et il en aura rien à secouer. Ce gamin est intenable. Incapable de s'auto-gérer tant l'issue des choses lui est indifférente. Toujours prouver qu'on peut faire plus, qu'on vivra. Jusqu'au jour où tout ce qu'il arrivera à prouver c'est qu'il n'est qu'un Homme, comme les autres. Et il ne vivra plus. Et sa vie ne se sera résumée qu'à un lot d'expériences macabres à l'aboutissement funeste. Je refuse. J'arrange des bouquets de roses devant la boutique, espérant que ça le fera arriver plus vite. Parce que chaque seconde loin de lui me fait présager le pire. Il serait capable de se jeter sous une voiture sur un coup de tête. Juste pour voir ce que ça fait. Je soupire. Sale gosse.

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