Got a secret. Can you keep it ? Swear this one you'll save.

Il existe certaines soirées où être à deux est un avantage. Aujourd'hui, j'étais seul. Seul parce que mon dernier petit-ami en date m'avait quitté pour rejoindre les États-Unis avec sa fille. Seul parce que j'avais également fais vœux de célibat depuis ce jour-là. Je me retrouvais célibataire et je terminerais ma vie ainsi après tous ces échecs sentimentaux. Trois hommes, trois déceptions. Alcide, Aaron, Wade. Je comprenais encore la décision du dernier mais cela n'empêchait pas de me retrouver seul avec mon amour impossible et cette souffrance insupportable au ventre. Je survivais. Je vivais même plutôt bien entre mon boulot, ma famille, mes amis et ce nouveau colocataire que j'hébergeais chez moi. Ma vie avait pris un nouveau tournant et même si Charline m'avait inscrit à ce speed dating ridicule, je faisais ce que bon me semblait. Le célibat était reposant. Surtout après tous ces évènements.

Malheureusement, ce soir était le fameux soir. J'avais reçu cette invitation. Je la recevais tous les ans depuis que j'étais arrivé à Paris. Cette soirée de charité était pour notre famille importante. Mes parents seraient là, ma sœur et Camille aussi. Bien évidemment, l'autre bâtard ne serait pas convié. Encore heureux ! Je me préparais donc chez moi, accompagné de mon chat, Pepsy, et de Justin. Le smoking était de rigueur et j'avais heureusement gardé le mien dans mon dressing. Il me servait une fois l'année et je n'aurais pu refuser ce cadeau de mes parents quelques années plus tôt pour la même occasion. C'était un grand rassemblement pour la famille Lefèvre et Legendre. Toute la bourgeoisie de Paris et des environs était invitée. Et même si nous n'étions pas les plus riches, nous avions chaque année notre table à disposition. « Alors ? » Avais-je demandé à mon colocataire. Il n'avait pas su répondre. Un simple sourire s'était affiché sur son visage. J'étais donc prêt.

Cette soirée s'annonçait, comme chaque année, particulièrement ennuyeuse et endormante. Cependant, à l'exception des années précédentes où je me présentais seul ou accompagné de mon petit-ami, cette année je serais avec ma tendre et chère cousine, Camille Legendre. C'était innovateur et je n'aurais pas à répondre aux questions indiscrètes de doyens du gala de charité puisque j'aurais à mon bras une magnifique jeune femme. A califourchon sur ma moto, je prenais la route en direction de l'hôtel des Invalides. J'avais donné rendez-vous à Camille directement sur les lieux de la soirée pour lui éviter de froisser sa robe sur une moto en plein Paris. J'étais simplement prévenant et je savais sans nulle doute qu'il m'aurait tué si jamais des plis s'était formés sur sa tenue.

Arrivé le premier, je me garais au parking, attendant désormais la jeune femme à l'entrée de l'hôtel avec mon carton d'invitation dans la main. J'aurais été fumeur, une cigarette aurait été la bienvenue. Mais je ne l'étais pas. Je patientais donc, écoutant cette musique qui donnait déjà le ton de la soirée. Je remettais ma veste en place, replaçant correctement le nœud papillon tout en me regardant dans la vitre qui se trouvait derrière moi. D'après mon colocataire, j'étais très élégant ce soir dans ce smoking. J'espérais l'être. Je sentis alors une main se faufiler sous mon bras. « Camille. » Non surpris de la voir radieuse et pétillante, j'observais sa tenue, la faisant tournoyer sur elle-même avant de l'embrasser. « Tu es magnifique ce soir, ma belle. Je suis même ravi d'être ton cavalier pour la soirée qui s'annonce. » Je lui tendis à nouveau mon bras avec grand sourire aux lèvres. « Allons-y. Entrons dans l'arène. » Terminais-je avec un peu d'humour.

Devant l'une des vitres de l'Hôtel des Invalides, je regardais ma tenue et tirait sur ma veste pour la remettre à sa place. Mon nœud papillon s'était également légèrement dénoué durant le trajet. Je le resserrais donc pour être impeccable dès mon entrée à la soirée. Je n'attendais plus que ma cavalière, Camille, ma cousine, pour pénétrer dans l'enceinte du monument et donner cette stupide invitation que je gardais dans ma main. Je commençais à repenser aux différentes soirées des années passées lorsque ma cousine me rejoignit enfin. La faisant tournoyer pour contempler sa beauté, je ne pus m'empêcher de la complimenter sur sa tenue. Elle était vraiment magnifique dans cette robe bleue qui lui allait comme un gant et qui dessinait parfaitement ses courbes. « Je te retourne le compliment, je vais faire des envieux. » Je riais légèrement à sa remarque. « Et surtout, nous éviterons les questions indiscrètes de nos chers doyens sur les raisons de notre présence à cette soirée en célibataire. » C'était surtout ces interrogations répétitives que je voyais me passer sous le nez et c'était bien évidemment une bénédiction. Je détestais les personnes trop curieuses sur ma vie sentimentale alors que j'étais, moi-même, un curieux de nature. Ne cherchez pas l'erreur, il n'y en a pas. J'étais comme ça, avec mes qualités et mes défauts.

« Je suis prête. » Je tendais alors mon bras et Camille y glissa sa main. Je m'apprêtais à marcher lorsque les paroles de la jeune Legendre m'arrêtèrent dans ma lancée. « J'ai le droit à ma danse au moins ? » Sourire aux lèvres, je déposais mes yeux bleus sur elle et après quelques secondes nous entrions enfin dans l'hôtel des Invalides, lieu de réception de ce fameux gala de charité. Je soupirais dès mon arrivée dans le hall alors que nous étions déjà épié par les regards des convives déjà présents. « Biensur que t'y auras droit. Je ne compte pas te lâcher pour le premier venu. Nous survivrons ensemble à cet enfer et si tu me lâches entre temps, je n'te pardonnerais jamais. Je t'aurais prévenu. » Bien évidement, je blaguais. Pourtant, je n'aurais pas apprécié me retrouver seul autour de ces vautours et surtout autour de ces cougars qui me dévisageaient déjà.

J'avançais, passant du hall à la salle de réception. La bourgeoisie parisienne était déjà présente. Je ne me sentais pas à l'aise. Je n'étais pas riche et je n'étais présent que par mes parents et notre famille. Les Legendres. Ma mère en était une. Son frère était le père de Camille et c'était grâce à eux et uniquement à cause d'eux que nous étions obligés d'assister à cette soirée. « A ton avis, ils attendront le dessert avant de nous sauter dessus pour ramasser les gains de leur soirée ou pas ? » Je me posais la question en observant l'organisatrice de la soirée déjà à l’œuvre. L'argent, toujours l'argent. Ce monde n'était décidément pas le mien. Je soupirais, déjà lasse de l'ambiance et surtout d'être ici dans ce smoking. J'étais peut-être classe mais ce n'était pas ce que je préférais porter. « Allons au bar. J'ai vraiment besoin d'un verre pour... » Mon regard se posa alors sur une pimbêche botoxée accompagnant un homme d'au moins 10 ans son aîné. « Pour supporter ça. » Je nous attrapais alors deux coupe de champagne. J'en donnais une à Camille et je gardais l'autre. « A nous. » C'était peut-être égoïste de trinquer à nous mais je ne voyais pas en quoi c'était mieux de le faire pour cette soirée. Certes, les fonds reviendraient à une association caritative mais la manière dont l'argent aurait été trouvé me déplaisait. Ils extorquaient des gens avec des sourires et des avances ce que je trouvais complètement idiots. Ils feraient bien mieux de se concentrer sur leur association et leur objectif pour convaincre tous ces portes-monnaies sur pattes.