« Tu veux faire quoi aujourd'hui ? » Tim n'en avais aucune idée, il n'était pas chez lui après tout... Il ne savait absolument pas quoi répondre, et Llywelyn après un moment de réflexion lui avait dit qu'ils pourraient courir. Error. Il détestait faire du sport, et il avait une constitution trop fragile pour courir comme elle le faisait. Et même, pour son organe vital qui avait besoin d'une nouvelle greffe, il ne tenterait jamais le diable. Surtout que généralement il s’effondrait après deux cents mètres. Il avait fait passer quelques phrases sur le ton d'une blague, comme quoi il ne viendrait que s'il avait un segway. Llywelyn n'avait pas vraiment bronché et ils étaient partis lui en louer un. Tim sur son appareil n'en revenait toujours pas qu'elle ait accepté. Il ne se sentait pas du tout ridicule non, il se sentait juste tout puissant. Les autres pauvres mortels se déplaçaient sur leurs viles pattes animales, et lui, Timcanpy Rosenbach, les surpassait avec sa mécanique électrique plus puissante que leurs organismes ridicules ! Il se sentait comme un robot, un homme génétiquement modifié, un peu comme spider man. Il narguait d'ailleurs les grands-mères qui se trainaient et les enfants qui essayaient de le rattraper. Alors que Llywelyn courait, Tim s'amusait à la dépasser avec sa sorte de trottinette, juste pour la faire accélérer. Bien sûr, il y allait mollo pour ne pas qu'elle prenne ça comme une tentative de la faire chier (ce qui au fond l'était...). Ils étaient ensuite rentrés, allaient vaquer à leur occupation chacun dans leur coin (Tim révisait quelques cours, tandis que Llywelyn devait prier), et après un diner et une longue soirée, le blond voyait enfin arriver le jour trois...

JOUR 3 - I told my mother-in-law that my house was her house, and she said, 'Get the hell off my property.'.

Elle n'aurait jamais pensé pouvoir faire un jogging avec Tim. Et pourtant, elle avait trouvé (avec son aide) le moyen pour pouvoir le faire. Elle avait encore dû dépenser de l'argent, mais tant pis. Sa santé physique valait bien quelques dizaines d'euros. La blonde répéterait sans doute l'opération quelques jours plus tard afin de pouvoir refaire un jogging en la présence de Tim. La blonde était donc plutôt satisfaite de la journée passée et avait commencé la troisième journée de bonne humeur. Après avoir téléphoné à sa mère, elle s'était souvenue qu'elle ne pouvait pas aller se confesser. D'une part, parce qu'elle avait peur de laisser Tim seul dans son appartement, et d'autre part, parce qu'ils avaient convenus qu'il ne mettrai pas les pieds dans une église de toute la semaine. Elle était donc coincée chez elle par Tim. La blonde avait donc allumé la télé et zappé nonchalamment jusqu'à onze heures. C'est aux environs de cette heure que la sonnette retentit dans l'appartement avant que Lly entende la porte s'ouvrit. Elle éteignit la télé et découvrit sa mère dans l'entrée qui venait de lâcher un juron en gallois. Llywelyn suivit le regard de sa mère et comprit qu'elle avait découvert Tim. Malaise pendant quelques secondes. « Qui êtes-vous ? » lâcha Madame Glyndwr pour Tim.

Tim exactement comme la veille s'était réveillé, avait déjeuné et alors que Llywelyn regardait la télé, était aller prendre une douche. Il entendit la sonnette d'entrée alors qu'il sortait de la douche et s'essuyait les cheveux avec une serviette. Il sortit de sa chambre pour voir de qui il s'agissait (la curiosité est un vilain défaut). Il fut gentiment accueilli par une vieille qui criait dans une langue étrangère. Tim jeta rapidement la serviette sur la chaise qui était dans la chambre et referma d'une main la porte, alors qu'elle demandait qui il était. Il devait répondre quoi, là ? Naturellement, il aurait sorti un « Vous êtes qui, vous ? Sorcière ! » mais vu qu'il devait être poli, pas chiant et tout ce qui s'en suivait et que cette femme était probablement, vu la langue et l'air de ressemblance, la mère de Llywelyn... Alors il devait sortir quoi ? Elle devait s'imaginer des tas de choses, et il aurait bien profité de la situation pour mettre le doute à la femme... Du genre « Celui qui se fait votre fille ! », mais avec ça Llywelyn ferait la gueule et il perdrait son pari à coup sûr... « Heu, un ami ? » il aurait pu rajouter de la paroisse pour paraître bien, mais il n'avait absolument pas envie de faire croire qu'il était croyant à une folle débarquée d'un coup, qui vu sa fille, devait être du même genre... C'est à dire complètement tarée.

Ok, cette situation était particulièrement gênante et le métabolisme de Lly ne l'aida pas tant que ça puisqu'elle rougit instantanément. Sa mère, Tim, dans la même pièce. Elle savait déjà que ça ne ferait pas bon ménage, et elle avait déjà peur de la tournure que prendrai la situation. Tim était censé être agréable, pas trop chiant et jusqu'ici, il s'en était plutôt bien sortit. Mais là, c'était un peu une tentation dévorante, un truc de malade qui pouvait le faire craquer et faire exploser en morceau la confiance qu'accordaient ses parents à Lly et à sa foi. Lly lança donc à Tim un regard assez communicatif pendant que celui-ci prenait sur lui pour répondre : « Heu, un ami ? » Très convainquant, merci Tim ! La blonde s'approcha de sa mère et la prit par le bras. « Ca va ? Tu veux un thé ? » alors que celle-ci partait à grandes enjambées vers la cuisine. Lly marcha derrière elle et lorsqu'elle arriva sur le seuil de la cuisine, Almeda (sa mère), se retourna et fit face à sa fille. « Je savais qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je l'ai sentit au téléphone, hier. » Lly fronça les sourcils. « Quoi ? » Almeda passa de nouveau la porte, s'approcha légèrement de Tim et le montra du doigt. « C'est qui ? Ne me dis pas que c'est un ami, je le crois pas ! Les amis garçons c'est une légende urbaine ! » Elle était tellement vieux jeu...

Llywelyn réagit instantanément et demanda à sa mère comment elle allait et si elle voulait un thé. Cette dernière telle une furie s'enfuyait déjà vers la cuisine. C'était quoi cette darone ? La sienne aurait été on ne peut plus heureuse que Tim arrive à garder une amitié féminine (bien que ça n'était pas réellement ce qu'ils étaient), sans que la fille soit partie en courant sous les répliques incessantes et au combien désobligeante du garçon. « Je savais qu'il y avait quelque chose qui clochait. Je l'ai sentit au téléphone, hier. » Tim avait envie de pouffer de rire, il ne le fit pas. Il prenait énormément sur lui, il voulait pouvoir décoincer Llywelyn ! Un rêve de gosse, d'essayer de rendre une nonne canon. La folle s'approchait de lui, et il fit un pas en arrière de sécurité. Il fallait un minimum de distance avec ces gens là ou bientôt elle lui jetterait de l'eau bénite et une gousse d'ail. Elle le pointa du doigt en demandant qui c'était, c'était très impoli et il aurait aimé remettre son éducation en cause... Elle rajouta aussi que « les amis garçons c'est une légende urbaine ! ». Aussi tarée la mère que la fille. La blonde semblait un peu paumée, et s'il voulait avoir la chance de gagner son pari, il faudrait au moins qu'ils puissent le continuer ! Alors dans un élan de bonté, il prit la parole. « En réalité madame, je suis un peu son "meilleur ennemi". Un prêtre légèrement réformateur -d'après ce que j'en sais, je ne suis pas vraiment croyant et vous ne pouvez m'en blâmer techniquement- lui a demandé de mettre à l'épreuve sa foi en coexistant pacifiquement avec moi, qui suis tout bonnement invivable. Je dois dire que pour l'instant, elle s'en dire à merveille. ». Il s'était appliqué à parler d'une manière soutenue et polie, comme il le faisait en parlant à ses patients au cabinet. Pas dit que sa mère y croit... C'était un peu étrange, mais peut-être que Llywelyn pourrait rebondir là dessus. D'une, parce que c'était un peu ce qu'il lui avait demandé de faire quand il s'était déguisé en prêtre, et de deux parce que définitivement, il n'était pas invivable ! Ni maintenant, ni jamais. Il était une des personnes dont les gens se battaient pour vivre avec... C'était clair et net, m'enfin, mentir un peu pour le prix qu'il pouvait en tirer...

Cette scène était vraiment bizarre. Lly n'aurait jamais pensé qu'elle puisse arriver un jour et encore moins avec Tim. Que sa mère croit qu'il y ai quelque chose entre eux, c'était tout bonnement trop bizarre et même carrément incroyable. Non mais sincèrement, rien ne les unissait à part cet appart' et ce pari, ça se voyait au premier coup d'oeil... Et c'est Tim qui remit les choses au clair avec Almeda, avec un bon gros demi-mensonge. Lly regardait Tim avec un air gêné, parce qu'elle était tout bonnement incapable de tromper quelqu'un et encore moins sa mère. A la fin de la petite tirade de Tim, la blonde hocha la tête tout en tentant de ne pas trop rougir. Almeda avait tourné la tête vers elle et avait du mal à enregistrer ce qui avait été dit. « J'ai peur de ne pas bien comprendre. » lâcha Almeda avant de s'enfuir vers la cuisine où Lly la suivit. « Tu peux me faire un thé ? » demanda la mère à l'attention de la fille, qui hocha la tête en guise de réponse avant de se mettre au travail. Lly entendait déjà sa mère derrière elle, elle fulminait toujours et avait du mal à comprendre qu'une telle chose soit possible. « Un prêtre réformateur... Où ? Ca me paraît assez farfelu comme histoire. » Après quelques minutes d'attente, Lly prit la tasse de thé en main et alla l'apporter à sa mère. « Tiens. C'est un des prêtres de la paroisse Notre Dame de Grace de Passy... » La blonde se mordit l'intérieur de la joue après avoir mentit délibérément de la sorte. Encore un truc à confesser ! La blonde lança un regard à Tim, pour une fois qu'ils s'entraidaient, le moment était vraiment... à la fois nouveau et également exceptionnel.

Llywelyn était complètement paumée et Tim n'avait pas pensé que le fait de mentir puisse la gêner. Après tout, en faisant ce pari elle faisait bien un jeu, et d'après la bible il lui semblait que jouer était proscrit... Ou quelque chose comme ça. Elle avait du mal à cacher qu'elle rougissait et n'osait rien répondre. Il fallait qu'elle réagisse ou sinon Tim sentait bien qu'il allait se prendre une croix dans la tête et qu'il allait dégager d'ici. La mère hystérique lâcha qu'elle ne comprenait pas, qu'elle voulait du thé et demanda où était le prêtre « réformateur ». Tout ça dans le même temps, oui, tout à fait. L'église rendait donc fou, Tim en avait une preuve. Il préférait encore le caractère amorphe de la fille que celui actif de la mère. Llywelyn se fit servante et apporta la tasse de thé, alors que Tim s'était avancée jusqu'à l'encadrement de la cuisine, les bras croisés. « Tiens. C'est un des prêtres de la paroisse Notre Dame de Grace de Passy... ». Ouh le vilain mensonge. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Tim, qu'il avait bien du mal à ne pas transformer en rire. Ça pouvait être un sourire d'approbation ou de moquerie, il était censé être son pire ennemi... Ce qu'il, au fond, était peut-être. Il faudrait qu'il réfléchisse à cette possibilité un jour. Llywelyn lui jeta un regard et Tim hocha discrètement de la tête en signe d'encouragement. Ils étaient en train de se liguer contre sa mère, là ? C'était un peu étrange en fait. « Je ne connais pas cette paroisse... Mais j'aimerais beaucoup y rencontrer ce prêtre. » Aouch. Madame Glyilnesavaitplusquoi à l'attaque. Tim ne rajouta rien, sur ce coup, c'était à elle de se débrouiller... Et qu'elle ne le fasse pas déguiser en prêtre pour accueillir sa mère, il avait assez donné !

Un hochement de la tête de la part de Tim, la blonde n'en demandait pas autant voyons ! Elle ne laissa pourtant rien apparaître, définitivement meilleure menteuse qu'elle ne voulait bien l'avouer ou encore, le faire croire. Sa mère eu l'air de gober, même, puisqu'elle répondit : « Je ne connais pas cette paroisse... Mais j'aimerais beaucoup y rencontrer ce prêtre. » Quoi qu'en fait, elle n'y croyait sûrement pas. Les prêtres n'étaient jamais réformateurs et lorsque l'église elle-même serait réformée, les ours polaires tomberont dans la cour. C'était sans doute une manière de s'en assurer de ses propres yeux et de savoir que sa fille n'était qu'une petite menteuse. Lly était perdue, sa famille la renierait, elle serait contrainte de vivre sous les ponts pour le restant de ses jours... Mais elle tâcha de ne pas trop y penser et se contenta d'inventer une histoire après avoir jeté un nouveau coup d'oeil à Tim, qui, elle l’espérait sans vraiment y croire, la sauverait peut-être une deuxième fois. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. « Il... a été renvoyé avant-hier, par ses confrères. A cause de ses méthodes trop réformatrices, justement. Ca a fait un vrai scandale... » dit-elle. Sa mère semblait perplexe, puis, afficha un air choqué. « J'ignorais qu'un prêtre pouvait se faire... remercier. » Lly rebondit rapidement sur cette phrase en lâchant un « moi aussi » qui se voulait pensif et déprimé. Elle baissa la tête en tentant de contenir un sourire puis elle entendit la voix de sa mère s'élever de nouveau dans la pièce. « Et comment avez-vous sû, pour sa punition divine ? » Lly releva la tête, sa mère était tournée vers Tim.

Llywelyn jeta un coup d'oeil à Tim, sauf que là, il ne savait pas quoi lui répondre. Elle voulait aller le voir, qu'est-ce qu'ils pouvaient répondre à ça ? Que non, parce qu'il n'existait pas ? « Il... a été renvoyé avant-hier, par ses confrères. A cause de ses méthodes trop réformatrices, justement. Ca a fait un vrai scandale... » Pas mal la gamine ! Vraiment pas mal, Tim n'aurait pas pu y penser. Vu le grand croyant qu'il était, sortir ce qu'il avait fait un peu avant revenait de l'exploit... Quand il s'était incrusté dans le confessionnal, il avait réussi son camouflage parce qu'il avait révisé son rôle avant... Là, c'était de l'improvisation totale. « J'ignorais qu'un prêtre pouvait se faire... remercier. » Pourquoi, il pouvait pas ? Tim jeta un nouveau regard à Llywelyn qui rétorqua immédiatement qu'elle aussi. Décidément, elle était meilleure menteuse qu'elle ne devait le penser. « Et comment avez-vous su, pour sa punition divine ? » Là, elle s'adressait à lui. Bonne question. S'il avait été renvoyé en plus, pourquoi continuaient-ils à faire ce truc ? Peu importe, elle ne semblait pas se poser la question pour l'instant. « Votre fille m'a mise au courant et m'a demandé si j'acceptais, tout simplement. Vous savez je travaille dans le cabinet médical pas loin. Alors c'était plutôt pratique pour moi, j'ai pas dit non. ». Encore faux, cette semaine il ne travaillait pas, puisqu'il n'y avait personne à remplacer. Mais ça devait être le genre de personne à toujours chercher la justification, alors voilà, elle l'avait ! Catin.

Elle aurait quelque chose à confesser mercredi, c'était le point positif de la chose. Ou négatif, question de point de vue. Enfin, sa mère était lancée, croyait sans doute que ce fameux prêtre était six pieds sous terre, totalement dégoutté d'avoir été renvoyé de l'endroit où il exerçait son métier. Lly était presque sûre qu'elle lui demanderait son nom le lendemain, elle n'avait plus qu'à sortir quelque chose de bidon et sa mère se mettrait à la recherche de ce pauvre prêtre pendant plusieurs semaines avant de lâcher l'affaire. Elle la connaissait comme si elle l'avait faite. Mais il y avait toujours un détail auquel Lly ne pensait pas, et sa mère l'avait relevé tout de suite. Elle avait demandé à Tim comment il avait su pour la punition qui avait été donnée à Lly et il répondit assez naturellement et sans la moindre pointe de sarcasme ou d'ironie décelable : « Votre fille m'a mise au courant et m'a demandé si j'acceptais, tout simplement. Vous savez je travaille dans le cabinet médical pas loin. Alors c'était plutôt pratique pour moi, j'ai pas dit non. » Décidément, tout par intérêt personnel ! Néanmoins, ça collait plutôt bien au personnage insupportable, alors Lly n'avait aucun problème avec ça. Almeda sembla le croire, ce qui arrangea la blonde et elle finit par s'en aller avec un peu moins de soupçons. C'était déjà ça de gagné ! Mais il avait fallut encore une petite série de questions sur Tim, comment Lly l'avait rencontré, pourquoi il ne croyait pas en dieu et ce genre de sujet qui portèrent à débat. Cependant, malgré toute attente de Lly, il n'avait pas cédé et s'était comporté correctement. Bien joué !