J'suis né à Lyon il y a environ vingt-deux ans, enfin en tout cas, c’est ce qu’il y a d’écrit sur mes papiers et on m'a appelé Valac Derp Miczariel. Je suis d'origine inconnue. Dans la vie de tout les jours, je suis hacker professionnel, en gros j’suis payé pour trouver des failles aux sites internet et les signaler pour éviter une véritable attaque pirate. En dehors de ça, faut pas chialer hein, mais j’suis pansexuel, j'suis également célibâtard et j’le vis bien. Je fais parti des Un autre monde et j’en suis particulièrement fier. On m’dit que je ressemble souvent à Boyd Holbrook et je remercie crédit.

Derp n'a aucun souvenir datant d'avant de ses dix-sept ans ou presque ❧ Les hommes en blouse blanche lui ont expliqué que c'était censé lui revenir ❧ Derp ne les croit pas, parce qu'il sait qui faut se méfier des hommes en blanc ❧ Derp conserve d’ailleurs une certaine aversion pour toute personne travaillant dans le secteur hospitalier et de la santé en général ❧ Par conséquent, Derp, à moins d’être vraiment au bord de la mort – et encore – refusera sûrement d’aller à l’hôpital ❧ Derp a peur de la vitesse, il ne supporte pas du tout les montagnes russes et de monter sur une moto, entres autres ❧ Derp est claustrophobe aussi ❧ Derp est peut-être un peu hypocondriaque aussi ❧ Derp a beaucoup d'argent même s'il ne sait pas d'où il vient ❧ Derp a une énorme bibliothèque chez lui qu'il s'amuse à ranger selon un ordre différent quand il s'ennuie ❧ Derp est assez maniaque ❧ Autant Derp aime ranger ses affaires, autant il ne rangera pas celle des autres, hors de question qu’il fasse la bonne de service ❧ Derp est un peu, beaucoup, très parano ❧ Derp voit des complots partout ❧ Derp est d’ailleurs persuadé que les amerloques n’ont jamais marché sur la lune ❧ Derp croit également que la Terre sera victime soit d’une apocalypse de zombies ou de robots dans un futur plus ou moins proche ❧ Derp a tendance à oublier les gens qu'il connait ❧ Derp s'imagine aussi connaitre des gens qu'il n'a jamais croisé de sa vie ❧ Derp a du mal à tenir l'alcool mais il en boit quand même parce qu'il trouve ça délicieux ❧ Derp est accro à la coke ❧ Derp a des tendances suicidaires lorsqu'il est défoncé ❧ Derp se réveille souvent dans des endroits bizarres, sans se souvenir de ce qu'il a fait ❧ Derp fait souvent des cauchemars ❧ Derp a du mal à s'attacher à quelqu'un ou à quelque chose ❧ Derp aime regarder des insectes crever ❧ Derp est un peu bizarre en fait ❧ Mais Derp le vit bien ❧ Ou pas.

« Chaque année, on dénombre environ un million trois cent mille décès parmi les accidents de la route ainsi que quarante fois plus de blessés, soit approximativement cinquante-deux millions, c’est-à-dire zéro virgule soixante-seize pourcent de la population mondiale de sept milliards d’humains. Imaginez un peu, tous les ans, l’équivalent de la population de l’Espagne et de la Suisse, respectivement quarante-six millions et sept millions, se retrouvent dans un accident routier. Ce qui nous donne environ cent quarante quatre mille neuf cent soixante sept personnes par jour, six mille quarante par heure et donc une centaine par minute. Certes quatre-vingts dix pourcent des décès occurrent dans des pays à revenu faible ou moyen. Cependant, en France, on compte tout de même trois mille neuf cent soixante-dix morts en deux mille onze ainsi que quatre-vingts mille neuf cent quarante cinq blessés dont vingt-huit mille cinq cent quarante six hospitalisations. Ce qui nous amène donc à zéro virgule zéro treize pourcent de la population française, qui s’élève à soixante-cinq millions d’habitants, qui se retrouvent chaque année blessés ou tués sur la route. Pour certains, tous ces nombres paraissent bien élevés. Pour d’autres, plus pragmatiques, cela paraitra relativement peu à l’échelle mondiale ou même nationale, comparé par exemple au taux de mortalité causé par les maladies infectieuses tel le sida, le paludisme ou encore la rougeole qui ravagent chaque année dix-sept millions de personne, soit un tiers de la mortalité ou même le tabagisme qui emporte lui cinq millions de personnes. Et puis, il y a les victimes desdits accidents. Ceux qui en sont morts et qui ne sont plus là pour donner leur avis sur la question, mais ceux qui ont survécu, non sans séquelles. Il y a moi. »

Rien. Tu ne te souviens plus de rien. Ce vide intersidéral qui t'emplit. Qui te bouffe de l'intérieur comme un rat. T'es comme un disque dur que l'on aurait reformaté pour en supprimer les données compromettantes. T'as beau creuser, il n'y a plus rien à explorer. Tu ne sais plus qui t'es ni d'où tu viens et encore moins comment t'as atteri entre ces quatre murs résolument blanc. Si blanc, si pur que ça te rend malade. Putin, tu veux partir. Tes yeux se posent alors sur ta main qui tremblote. Tu sers le poing mais ça continue. Tu tentes de maintenir ton poignet avec la deuxième main mais tu trembles toujours. Tu te sens si faibles. Ça t'énerve. Tu grognes. De rage, ton poing va se figer dans la couette. Tes mains sont fines et douce au toucher. Tu possèdes de longs doigts fins, tu te demandes alors si tu as déjà joué d'un instrument. Étais-tu pianiste ? Et à quoi tu ressembles ? Es-tu blond, brun, roux peut-être ? Tu dois être assez jeune au vu de ce que tu vois de ton corps. Tes mains se posent sur ton visage, cherchant à en deviner les formes pour te construire une image mentale de toi-même. Il te faudrait un miroir, bordel. Ton regard scrute ces parois éclatantes de blancheur, tu y repères deux portes dont l’une devrait logiquement te mener à une salle de bain. Du moins, tu l’espères. Précautionneusement, tu glisses un pied à terre, d’abord la pointe puis la plante, ensuite vint la deuxième jambe. Le sol est froid. Tes mains restent fermement crispées sur le lit alors que tu tentes de te lever, on ne sait jamais. T’y vas doucement, tu ne voudrais pas subir l’humiliation cuisante de mordre la poussière. Quand tu es sûr de tenir sur tes pattes, tu en avance un devant l’autre. Ce geste pourtant si simple, te paraît d’une difficulté insurmontable. Tu chancelles. Tu titubes. Tu vacilles. Mais tu tiens bon. T’as l’air d’un nouveau-né effectuant ces premiers pas. Tu parviens enfin jusqu’à la porte la plus proche. Ta dextre entreprend de venir entourer la poignée de tes doigts. Tu appuies. Rien. Elle est verrouillée. Merde. Tu te vois obligé de te trainer jusqu’à l’autre. Déjà, tes pas reprennent de l’assurance, tu ressembles moins à un alcoolique imbibé incapable de marcher droit. Cette fois-ci, la porte s’ouvre et tu te retrouves nez à nez avec ton reflet dans le miroir. Tu t’observes minutieusement. Mémorisant tes traits un à un. C’est bizarre mais tu ne t’imaginais pas du tout comme ça. Soudain, tu entends quelqu’un rentrer, tu fais volte-face. Un homme. La quarantaine. Les cheveux grisonnants. Blouse blanche et stéthoscope autour du cou. Un médecin, sans aucun doute. Instinctivement, tu recules un peu, sans avoir trop l’air d’une biche effarouchée. Méfiant. « Ah, tu es réveillé, Derp ! » Derp ? C’est ton prénom ? Tu le regardes avec un air d’incompréhension « Derp... ? » demandes-tu dans un murmure. « Tu ne te rappelles de rien, mon garçon ? » Tu secoues lentement la tête en signe de négation. « Ça doit être dû au choc cérébral que tu as reçu lors de l’accident. Tu n’en conserves aucun souvenir ? » De nouveau, tu es obligé de répondre par le négatif. Ainsi donc, tu avais eu un accident et tu y avais sans doute perdu la mémoire. « Ça risque d’être problématique ça... » Tu arques un sourcil, pour lui demander la raison, comme si parler te forçait à utiliser un effort trop immense pour que tu ne t’y résolve. « Vois-tu, mon garçon, nous n’avons absolument rien trouver sur les deux autres personnes qui t’accompagnaient dans cette voiture, ce jour-là. Mis à part que ce soit un homme et une femme et probablement tes parents. Je suis désolé. Par contre, on a pu retrouver tes papiers et même ton adresse. » Il te jette un regard compatissant, emplie de cette pitié dégueulasse que tu ne supportes pas. T’as juste envie de lui balancer à la gueule le premier truc qui te passe sous la main. Sauf que tu te retiens. T’en as probablement pas la force de t’façon. Tu te contentes de lui jeter un sale œil avant de revenir t’affaler sur ton lit, faisant semblant de dormir pour qu’il dégage.

Valac Derp Miczariel. Paraît que c’est ton nom. Il semblerait que tu sois français aussi, de nationalité en tout cas, après qui sait qu’elles sont tes origines ? Quoique la plupart penchent pour un coin vers l’Europe de l’Est à cause de ton patronyme. Du moins, c’est ce que les hommes en blouse t’ont dit en te refilant ta carte d’identité. Ils auraient tout aussi bien pu t’appeler Médor et t’faire naturaliser égyptien que t’aurais dû faire avec. T’aurais aucun moyen de leur prouver le contraire et ça t’angoisse, rien qu’un peu. Tu te demandes s’ils n’ont pas échangé ton identité avec quelqu’un d’autre ou une autre connerie de ce genre. Pourtant, eux ils disent que tu vas la retrouver ta mémoire. Petit à petit. Tu parles, ouais. Ils te prennent pour un con et ne cherche qu’à te rassurer un peu. Un peu comme les oies qu’on gave pour mieux les abattre et les bouffer, t’sais ? Donc tu restes sur tes gardes, t’évites au maximum tout contact avec le personnel de c’t’endroit. Paraît que c’est une sorte de clinique privée. Apparemment tes parents étaient riches aussi et t’ont laissé pas mal de fric. Alors, ils te montrent des images, ils essaient de te mettre dans des situations que tu as été susceptible de vivre, pour stimuler ta mémoire qu’ils disent. Mais bien sûr. Bien que parfois, ils t’arrivait d’avoir l’impression de connaître certaines choses, elle semblaient toujours s’échapper peu après. Pourtant tu te prêtes à leurs petits jeux, tu fais ton petit gentil, pour leur faire plaisir. Ou pas. En fait, tu te dis que comme ça ils te laisseront sortir au plus vite de ce putain d’institut. En tout cas, c’pas très efficace leur méthode, t’es donc obligé d’inventer des souvenirs pour progresser vers la guérison. Tu t’inventes toute une vie imaginaire que tu perfectionnes la nuit, les yeux fermés – parce que t’es persuadé qu’ils te filment en fait donc tu veux rien risquer – de sorte à paraître crédible et de ne pas débiter une suite décousue de mensonge et balivernes. Manquerait plus qu’ils s’aperçoivent que t’es un mytho, t’sais ? En tout cas, ton petit manège à l’air de faire son effet et l’autre jour, le chef en blouse blanche – celui qui semble tous les commander – t’as convoqué pour te féliciter de tes "énormes progrès" et qu’il allait envisager une "remise dans la nature" très prochainement. S’il savait...

Et voilà la nouvelle est tombée. Dans quelques heures tu te barres de cet endroit pour ne plus jamais y revenir, consciemment du moins. Pour le jour de ton anniversaire un plus. Qu’est-ce que tu peux avoir horreur des établissements hospitaliers. Mais pour l’instant tu souris consciencieusement au crétin qui te donne quelques derniers conseils pour survivre dans le monde extérieur. Faut dire qu’ils ont un peu peur de te laisser tout seul comme ça, un pauvre petit de dix-huit ans. Et comme t’as la majorité, ils n’ont aucun moyen de te placer dans le système d’adoption ou autre et heureusement. Bien sûr, toi tu sais que tu es parfaitement capable de te débrouiller tout seul. D’ailleurs tu n’écoutes pas un mot de ton discours, très content de te dire que c’est la dernière fois que tu as le malheur d’apercevoir son visage. Ça y’est t’as rassemblé tes maigres possessions et tu montes dans la voiture qui t’emmène vers ta liberté, loin d’hommes en blouses blanches. Tu te jures d’ailleurs intérieurement de faire tout ce qui est à ta portée pour éviter ces endroits maudits, t’estime avoir eu ta dose à vie, là. Le chauffeur tente par plusieurs reprise de te taper la discut’ mais tu te débrouilles pour rester froid et ne t’exprimer qu’en monosyllabe de sorte à lui en faire passer l’envie. T’étais persuadé que c’était un sbire des blouses blanches d’ailleurs, même s’il n’en portait pas. De plus, le fait qu’ils connaissent ton adresse te foutait les jetons et tu te dis que la première chose que tu dois faire c’est de dégoter un serrurier pour changer le verrou de ta porte. Parce qu’il était évident que les blouses blanches étaient descendus chez toi pour fouiller et faire un double de ta clé pour pouvoir entrer à leur guise. Arrivé à destination, tu saisis tes affaires – que tu avais gardées contre toi – et sort vite fait de la bagnole, sans prendre la peine de dire au revoir ou même merci. Rien à foutre si tu passais pour un malpoli. Tu montais rapidement à l’étage qu’on t’avait indiqué, insérant la clé dans la serrure et la tournant. La porte s’ouvrit sur un appartement assez spacieux et bien meublé qui était supposé être le tien. Pourtant, tu ne le reconnaissais en rien. Tu visitais l’ensemble, reconnaissant ce qui devait être la chambre de tes parents avec un grand lit double, puis la tienne vierge de tout poster ou affiche qui contenait même des vêtements à ta taille ainsi qu’un ordinateur. Tu fus alors persuadé que des gens étaient venus pendant ton absence en constatant que le frigo était complètement vide. Tu refusais d’admettre l’hypothèse que ce geste ne fut qu’animé de bonnes intentions pour ainsi t’éviter la joie de te retrouver devant diverses pourritures immangeables. Tu entrepris alors de faire les courses moyennant une certaine somme d’argent que tu avais préalablement retiré au distributeur avec la carte bleue que l’on t’avait fourni, puisque à ce qu’on t’avait laissé entendre, ton compte bancaire était plutôt bien rempli. Comme tu ne connaissais même pas tes propres goûts tu essayas de prendre un peu de tout, histoire de goûter et de t’en faire une idée. Tu te débrouillais même pour dénicher quelqu’un pour te changer ta serrure. Quand cela fut fait, tu rentrais chez toi, te préparait une petite collation et à défaut de posséder une télévision comme à la clinique, tu t’installais devant ton ordinateur. Rapidement, tu redécouvrais certains réflexes dont tu ne soupçonnais aucunement l’existence, te confirmant ainsi l’hypothèse que tu devais te servir assez souvent de cette machine. Toutefois, le disque dur était quasiment vide, mis à part quelques applications et données insignifiantes et ton historique avait été entièrement effacé. Tout d’un coup, tu te sentis comme violé dans ton intimité. De rage, tu refermais brusquement le portable sur lui-même... Pour finir par le rouvrir à peine quelque minutes plus tard. Quitte à ne rien avoir sur ton ordi, autant le vider totalement, le reformater. Non parce que t’étais sûr qu’il avaient planté une sorte de virus dans la bécane pour surveiller tes faits et gestes. Tu lançais donc le processus lorsque soudain la sonnerie indiquant un intrus devant ta porte se mit à retentir. Intrigué, tu te levais, n’oubliant pas de jeter un coup d’œil dans le trou dans la porte pour se faire une idée de ton visiteur. Un jeune inconnu brun, à peu près ton âge, tu dirais. Tu entrouvres la porte au bellâtre. « Ah Derp ! T’es enfin revenu. J’commençais vraiment à m’inquiéter pour toi, t’sais ? » Légèrement décontenancé, tu dardes sur lui ton regard interrogateur. « Derp ! C’est Azaïs, tu t’rappelles même pas de ton meilleur pote ? » Tu scrutes son visage, cherchant à reconnaître ses traits. Pourtant, rien dans sa physionomie ne te dit quoi que ce soit. Alors qu’il se dit être ton ami et même un des meilleurs. Tu es partagé entre le laisser entrer dans ton appart’ ou de lui refermer la porte au nez. Tu pèses le pour et le contre. T’as pas grand chose à faire de toute façon. Avant que tu puisses décider toi-même, ledit "ami" en question se débrouilla pour se faufiler dans la fente de la porte, sans même attendre une quelconque autorisation de ta part. On voit qu’il a été bien élevé celui-là, comme qui dirait.

« Allez, viens, on sort ! » te lance Azaïs. Tu fais semblant de ne pas l’avoir entendu, tes yeux restant scotché à l’écran de ton ordinateur. « Derp ! » Il vient carrément de crier. Tu soupires légèrement. « Tu vois pas que j’suis en train de bosser, là ? » grommelles-tu. Parce qu’arrivés à un certain point, il a fallu que tu te trouves une source extérieure de revenue. Tu restais quelqu’un de prévoyant et sachant très bien que ton compte en banque n’est point inépuisable et tu préférais autant que possible conserver un toit au-dessus de ta tête pour ne pas finir à la rue. De plus, tu t’étais trouvé une vocation pas trop mal où tu bosser pour toi et avec tes propres horaires, avantage non négligeable. Certes, en contrepartie, il t’avait fallu de longs mois pour apprendre les fils du métier et passer beaucoup de temps devant ton ordinateur, mais t’estimais que ça en valait le coup. « Tu bosses tout le temps, Derp. Ramène-toi maintenant. » Parfois, tu te demandes vraiment pourquoi t’es encore ami avec cette chose. Surtout, qu’en réalité, il ne savait rien sur toi ne t’ayant connu à peine quelques semaines avant ton accident. Et puis tu te rappelles qu’il s’est incrusté, sans vraiment te laisser le choix. Oh well, whathever. Le connaissant, tu sais qu’il cèdera pas tant qu’il ne sera pas parvenu à te faire sortir de ta tanière aseptisé. Tu soupires de nouveau, avant de clore les fenêtres encore ouvertes de ton ordinateur. Tu te décides enfin à te lever et l’autre affiche son sourire vainqueur. Pff, saleté. Tu te glisses dans ta chambre, histoire de te changer vite fait. Lorsque t’en ressort, Azaïs est juste devant ta porte brandissant un petit sachet de poudre blanche juste devant ton nez. T’aimerais pouvoir dire que tu ne touches pas à ce genre de choses, mais tu sais pertinemment que ce serait un beau mensonge. En réalité, une grosse partie de ce que tu gagnais partait dans ta coke et t’en étais peu fier. Cependant, il était trop tard et tu étais maintenant parfaitement incapable de t’en passer. Alors tu vivais avec, comme tout le monde quoi. Alors tu te laisses entrainer par Azaïs, comme tu t’es laissé entrainé dans ce cercle infernal de la drogue. Et bientôt, un maelström de couleurs et de sons vient t’assaillir, des corps qui se déhanchent. Tu ne te rends pas bien compte de ce que tu fais. Rien ne t’importe plus en fait. Seulement voilà, quelque chose vient troubler ta plénitude. Un homme. Une blouse blanche. Doux vent de panique qui s’insinue en toi, se répand dans tes veines pour mieux t’empoisonner. Déjà, tu fuis, tu ne sais pas où, mais tu veux t’éloigner le plus loin possible de l’autre. Cette chose qui te suit. Tu sais qu’elle te veut du mal. Ils te veulent tous du mal. Tu es persuadé d’être au centre d’un immense complot. Merde. Par qu’elle immense connerie te trouves-tu maintenant sur un fucking toit ? À croire que toute logique s’est fait la malle de ton cerveau. Mais tu ne t’arrêtes pas pour autant. Sans doute trop défoncé pour agir de façon sensée. Tu te rend compte que t’es juste au bord, le vide est à tes pieds. À tes yeux, il semble comme un gouffre sans fin, dont l’obscurité semble gagner de plus en plus de terrain. Si proche, si proche qu’il te suffirait d’un pas pour sombrer, non un seul mouvement en trop et ça serait la chute inévitable. Tu sens ton cœur cogner à cent à l’heure dans ta poitrine. Juste avant que les ténèbres t’engloutissent pour de bon. Lorsque tu rouvres de nouveau les yeux, tu es allongé sur un banc au milieu de ce qui semblerait être un des bois de Paname. Tu ne sais absolument pas ni comment ni pourquoi t’as atterri ici. Tu te contentes seulement de te lever et d’ajuster tes vêtements légèrement débraillés, pour te mettre en route pour rentrer, tentant tant bien que mal d’ignorer les différentes douleurs qui t’assaillent, t’as l’habitude de toute façon...