Une seule année à se côtoyer. Et pourtant, c’était déjà trop. Une amitié si étonnante. Au début, de la haine. Mais pourtant, sans raison. Le genre de petit groupe contre petit groupe du lycée, c’est tout. Et disons, qu’après avoir comprise que je n’avais pas à t’en vouloir, surtout parce que je ne connaissais même pas ton nom, je me suis approchée et là, tout a commencé. Un an. J’avais ce copain, ouais ce mec que toutes les filles envies, mais pourtant, j’étais tout simplement froidement amoureuse de lui. Avec ou sans lui, j’aurais eu le même sourire. Cette amitié lui est devenue dérangeante. Bon d’accord ; tous nos cours ensemble, tous ces soirs d’école où nous passions à rigoler comme des gamines, alors que mon devoir était d’en passer qu’un seul au moins, par semaine en sa compagnie. J’exagérais. Mais préférais ta compagnie à la sienne. Et à la fin de cette année, tout a changé.

« J’essaie déjà de t’imaginer sans moi. Tu fais pitié, tu pleures jours et nuits et tu deviens obèse grâce à cette addiction au Häagen Dazs . » dis-je alors, mon sourire très .. faux. « Ahah. Ta gueule. Toi aussi, tu vas m’manquer, Dulce’. » dit-elle, me serrant pour une dernière fois. Ouais, cet été, j’avais choisi d’emménager avec ce même copain de toute l’année, dans une ville plus lointaine. Deux heures de voiture. Bref. Tentant de conserver notre amitié, nous passions quelques heures par semaine, à déconner sur le net. Suffisant? Non. Mais bon, c’est mieux que rien.

Et parfois, le téléphone était bon ami. « Alors, tu fais quoi d’tes belles fesses sans moi? Écoutes, pas besoin de me dire que t’arrives à peine à survivre, mais quand même. » dis-je, actant certes, mais ayant une sincère attache à savoir ce qu’elle devenait. « Putain, tu fais que ça de ta vie, hein? Prendre à peu près tous à la légère? T’en as pas marre de faire semblant, de faire comme si tout allait bien? T’es partie depuis quoi .. trois mois déjà et tout ce que tu trouves à faire, c’est t’foutre de ma gueule dès que la possibilité est là ou encore, me parler au téléphone ou m’envoyer un message dès que t’as une minute? Il t’est jamais venue à l’esprit de venir me voir, de t’inquiéter pour vrai ? » m’avait-elle dit, alors que j’avais la voix .. en fait, aucune voix. J’étais restée silencieuse. Et j’avais repris. « Tu déconnes là? Écoute .. Esmeralda, je fais ce que je peux. J’ai une vie ici, tu sais? » répliquai-je. biiiip biiip biiip. Conversation terminée, avait-elle décidé.

Huit ans plus tard, alors qu’elle avait atteint les vingt-quatre ans, j’étais de retour dans la ville. Et l’avait pourchassé. Et avait racheté cette amitié. Et certes, rendu là, j’avais .. hum, changé. Les femmes. C’était ça, mon plat. Elle le sait depuis quelques mois. Et pourtant, semble adorer en apprendre avantage. Et aussi bien vous dire ; je sais très bien qu’Esmeralda ne m’a toujours pas pardonnée. D’avoir quitté. De L’AVOIR quitté. Amoureuse ou pas, who cares? Meilleures amies, ouais, c’est ce qu’on est. Et pourtant, malgré un nombre incomptable d’hommes qu’elles s’approprient, il m’est impossible, d’oublier ce soir, où n’ayant même pas toucher à l’alcool, mon charme semblait avoir trouvé preneur en elle. Après s’être retournée sur un vif moment, j’ai vu ce regard. Celui que je pose sans cesse sur elle. Ce regard qui demande, qui vous supplie de déposer au moins un simple baiser. Certes, ce moment, alors qu’elle s’était retournée rapidement de cette façon, peut-être était-ce seulement la surprise? Allez savoir. Ses lèvres qui me demandaient les miennes. Comme cette année, avant que je la quitte pour aller vivre ailleurs. Non, ce n’est pas la première fois que je le vois. Loin de là.