« Il était une fois, tout commence comme ça... »

Angelus est né à Athènes, d'une mère française et d'un père grec. Ses parents se sont connus grâce à leurs boulots ; ils bossaient tous deux à l'ambassade française en Grèce. Ce fut un genre de coup de foudre. Leurs parents respectifs n'approuvèrent pas du tout leur choix de s'installer ensemble au bout d'un mois seulement, de se marier au bout de six mois de vie commune, et d'avoir un enfant au bout de neuf mois seulement. C'était trop vite. Bien trop bref. D'autant plus que la famille maternelle était très croyante. C'était tout simplement abominable. Ce fut donc sous l'oeil suspicieux des deux côtés de sa famille que le jeune Angelus vit le jour. Il commença à grandir, entouré et aimé par ses deux parents. Jusqu'à ses trois ans du moins. Ce fut durant cette période que son paternel et sa génitrice commencèrent à ne plus s'entendre. Et le petit Angelus était entre les deux. Il prenait des gifles par son père lorsqu'il demandait ce qu'il se passait. Surtout quand il le demandait en français, langue que l'homme avait décrété ne plus vouloir entendre chez lui. Mais le couple ne divorça pas. Et plus l'enfant se mit à grandir, plus il s'enferma dans sa bulle, parlant français spécialement pour emmerder son père, s'isolant très tôt dans la musique pour cesser d'entendre les disputes. Piano, violon. Il devient la fierté de sa mère. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien s'en taper qu'elle aime ce qu'il fasse, bon dieu. Il n'en avait rien à faire d'elle. Avec ses conneries, et celles de son père, il avait la vie dure. Il avait juste envie de se barrer de chez lui. A 9 ans, quand même. Ca craint. Et puis, lorsqu'il eut 12 ans, le divorce fut enfin proclamé. C'était pas trop tôt, le pauvre gosse n'attendait en réalité plus que ça. Sauf que là, rien ne se passa comme prévu. Pour changer. Le divorce se passa pire que mal. Les deux parents voulaient conserver le petit garçon à leur charge. Et lui, il n'avait pas son mot à dire. Chacun voulait interdire à Angelus de voir son second parent. Et lui ? Ca n'avait pas d'importance, ce qu'il voulait ? Non. Connards. Ce fut à cette période que débuta sa haine franche et pure pour la justice et la société dans laquelle ils vivaient.

Sa garde fut attribuée à sa mère, qui décida de rentrer en France, l'empêchant ainsi de voir son ex mari. Bah voyons. De toute manière, il n'avait pas envie de le voir, ça tombait bien. Les choses se corsèrent ensuite quelque peu. Lorsqu'elle voulut refaire sa vie. Il ne toléra pas son beau père, dès le début. Et il fit sa crise d'adolescence uniquement autour de cela, menant la vie dure à ses parents. D'autant plus que monsieur le nouvel ami de sa mère décréta qu'il avait un problème avec l'image paternelle, et que donc par conséquent, il devait se faire suivre par un psy. Etonnamment, le jeune homme sécha toutes les séances avec le psy. Les choses se compliquèrent encore davantage lorsque sa mère retomba enceinte, alors qu'il avait quinze ans. Il s'enfuit de chez lui, allant vivre chez son meilleur ami de l'époque. Ce fut à ce moment qu'il commença à plonger dans la cigarette, et à consommer pour s'amuser toutes sortes d'autres produits illicites. Néanmoins, il arrêta bien vite ses conneries lorsque sa mère fit une fausse couche. Et il rentra chez elle. Le coup avait été trop dur, son beau père ne s'en remit pas, et préféra la quitter. Puisqu'elle n'était pas capable de lui offrir un gosse. Ce fut à ce moment qu'Angelus prit conscience de l'état déplorable de sa mère. Elle avait raté tout ce qu'elle avait entrepris, elle avait pensé avoir fait les bons choix, mais s'était trompée sur toute la ligne. Et maintenant, ce gros porc l'avait laissé tombé. Un homme du système. Tiens donc. De quoi détester encore plus ce monde pourri dans lequel il vivait. Lentement, la vie reprit son cours pour la mère et le fils. Celui-ci l'aida tant bien que mal à se relever de sa dépression, lui partageant sa passion pour les histoires et les tours de magie, qu'il avait développée alors qu'elle ne s'intéressait pas à lui, trop occupée par son nouveau petit ami. Pourquoi pardonner à cette femme ? Elle ne le méritait pas. Non. Mais il ne souhaitait pas non plus sa mort. Et lorsqu'elle avait tenté de mettre fin à ses jours, il avait réalisé à quel point la vie était une pute. Et il n'allait pas lui faire plaisir en lui offrant le cadavre de sa mère sur un plateau d'argent. Doucement, sûrement, la française finit par se relever. Elle retrouva du travail. Reprit une vie normale. Et un beau jour, elle annonça à son fils qu'ils allaient déménager. Quitter Paris. Celui-ci refusa. Il avait vingt ans maintenant. Il commençait à savoir ce qu'il voulait. Il y eut une dispute, très brève. Après laquelle la décision fut prise d'un commun accord : ils partaient tous les deux. Angelus quitta tout, pour s'installer à Marseille avec sa mère. Et là, il fallut qu'un autre connard débarque dans la vie de celle-ci. Et qu'ils tombent fou amoureux l'un de l'autre. Comme on dit, jamais deux sans trois. Sauf que celui-là était un type bien. Qu'Angel ne pouvait pas voir en peinture, mais un type bien quand même. Au bout de deux mois, il déclara retourner vivre à Paris. Il coupa les ponts avec sa mère et l'autre abruti, retournant dans la ville lumière. Seul. Prêt à se faire sa vie. Enfin c'est ce qu'on dit.

Sans fric, sans toit, sans boulot. Qu'est-ce que tu veux faire ? Il n'avait même plus les moyens d'exercer sa passion pour la musique. Fuck alors. Mais il avait emmené ses gadgets de magiciens. Alors il se mit à exercer, dans les rues. Il haït d'avantage le gouvernement à chaque difficulté qui se présenta à lui. Jusqu'au moment où il commença à se sentir de plus en plus faible. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Il avait à peine de quoi se nourrir convenablement, mais il n'était pas non plus affamé en permanence, ce ne devait pas être dû à cela... Il refusa d'aller consulter un médecin. Jusqu'au jour où il percuta Jack. Jack... Il lui fut impossible de se relever. Trop faible. Jack le porta jusqu'à l'hôpital. Et là il l'apprit. Cancer des os. Il fit le fort. Il n'allait pas montrer sa faiblesse aux médecins. Jamais. Néanmoins, dès que la porte se fut refermée derrière l'homme en blouse blanche, il s'était effondré dans les bras de Jack. Et il avait pleuré. On lui proposa un traitement. Il refusa. Il ne prévint pas sa mère. Il le ferait plus tard. Il ne se soigne pas. Il se laisse mourir, lentement mais sûrement. Mais ça n'a pas d'importance. Parce que Jack est là pour le soutenir. C'a au moins ce faible avantage, d'être mourant... Les dés sont jetés. Il va mourir. Il ne sait pas encore quand, mais les médecins sont formels. Il pourrait encore essayer de se sauver. Et prendre son traitement prescrit. Mais pourquoi le ferait-il ? Il n'a même pas les moyens de se le payer, d'abord. Et puis, Jack en aime un autre. Alors il n'a aucune raison de continuer de vivre sur cette putain de planète, pourrie jusqu'à la moelle. La seule chose qui lui redonne le sourire ? Les petites lettres d'une enfant qu'il reçoit toutes les semaines. Ca aide à tenir le coup. Même si de toute manière il ne compte pas se suicider. Faut pas déconner. C'est lâche, et ça ne résout rien. En plus, ça ferait de la peine à Jack. Il est déjà suffisamment un poids pour lui... Alors il continue. Il vit. La tête haute, du moins il essaie. Il fait tout pour rendre les enfants heureux avec ses contes et ses histoires. Ca s'arrêtera bientôt. Autant en profiter. Et lâcher tout ce qu'il y a au fond.

« Be yourself and live your life, even if she's too short... »

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