Y a pas de quoi. C’est sur ces mots que s’achève ma brève conversation avec Fien sur MSN. J’ai y mettre du mien, je ne parviens pas à lui rendre le sourire. Et ça, ça me frustre. S’il y a bien quelque chose que je déteste, c’est voir mes potes se laisser aller comme ça pour des raisons aussi futiles. Fin, futiles à mes yeux. Parce que la blonde, elle, semblait prendre ça très à cœur. J’ai tenté de lui faire ouvrir les yeux sur le fait que ce qui lui servait de parents n’était pas digne de fouler cette terre, en vain. Elle refuse de m’écouter, comme elle refuse d’écouter qui que ce soit. Faut dire que j’ai jamais été très douée pour consoler les gens. J’aurais fait une très mauvaise psy’. Généralement, mon manque de tact m’amenait à blesser mes proches encore plus qu’ils ne l’étaient déjà, c’est pourquoi j’essayais un max de fermer ma gueule pour limiter les dégâts. Sauf que regarder Fien se détruire en restant passive, c’était pas mon truc. Je supportais pas me sentir aussi inutile et j’estimais que je ne pouvais pas me considérer comme une vraie amie si je ne tentais pas de la sortir du gouffre psychologique dans lequel elle se trouvait actuellement. Elle refuse ma présence ? Elle ne veut pas de ma compagnie ? Très bien. Elle ne me laisse pas d’autre choix que m’imposer. Ca tombe bien, l’indésirable que je suis est plutôt douée pour ça.

A l’instant même où je lui envoyai ce dernier message, j’enfilai ma veste pour foncer en direction de la sortie, attrapant toutes les bouteilles d’alcool qui me tombaient sous la main au passage ( et autant vous dire qu’il y en avait ). Je ne pris même pas la peine de les planquer sous ma veste. Les rues étaient désertes à cette heure-ci. Je ne risquais donc pas de finir au poste de police parce que je n’avais pas l’âge de consommer des spiritueux ou parce que je me baladais publiquement les bras chargés de bouteilles. BREF, on s’en fout. Je galopai alors en direction de l’adresse que m’avait indiquée la blonde – fin, la chauve serait plus juste pour la désigner –. Sans même prendre la peine d’annoncer ma présence, je balance mon pied dans la porte. Celle-ci s’ouvre sous l’effet du choc et je découvre mon amie affalée au sol, une bouteille à la main. Et là, je sais pas comment j’ai fait pour résister à lui foutre des claques. Autant vous dire que c’était pas l’envie qui manquait. Bref, au lieu de ça, je m’approche d’elle sans dire un mot avant de lui flanquer une bouteille de vodka dans les mains. Madame veut boire ? Grand bien lui fasse. J’suis bien décidée à la faire boire jusqu’à ce qu’elle soit dégoûtée de l’alcool, ça lui fera peut-être passer l’envie d’en reconsommer pendant un moment. Après m’être décapsulée une bouteille de bière – ouais j’ai décidé de commencer par du soft, histoire de rester lucide plus longtemps - avec mes dents, je finis par m’installer à côté d’elle avant de demander d’une voix blasée :

« Dis moi tout. » Je m’attendais déjà à ce qu’elle me dise que tout allait bien, c’est pourquoi je décidai de prendre les devants. « Et me dis pas que ça va, ça reviendrait à me prendre pour une conne et je DETESTE être prise pour une conne. »

Depuis lundi, je me saoulais la gueule tout le soirs. Depuis que j'avais appris que mes parents venaient à Paris. J'étais plus qu'euphorique de savoir qu'enfin j'allais les revoir, que tout mes efforts des 4 dernières années allaient enfin être récompensé. Sauf qu'en une phrase, mes grand-parents ont cassé tout espoirs. Une phrase pour me détruire. « Ils ne veulent pas te voir. » C'était quoi cette blague? Pourquoi? Pourquoi ils voulaient plus me voir. Qu'est-ce que j'ai fais pour mériter cela? La seule chose que je voulais, c'était qu'ils me remarquent, qu'ils savent que j'existe encore, mais pour eux j'étais morte. Le premier soir, je me suis descendu une bouteille entière. Après, j'ai pas su m'arrêter. A chaque fois que j'y pensais, ça me faisait mal. Est-ce que j'étais vraiment si horrible? Est-ce que j'étais vraiment un rejetton? Je ne voyais que ça. Un rejetton qui avait personne. Jon me "détestait" presque pour ce que j'étais, cette fille sans limite qui couche avec tout ce qui bouge. Mes grand-parents s'en fichaient, tant que je rentrais à la maison avec des bonnes notes et cela était plus que le cas. Donc en gros, j'étais juste un être errant dans la vie, sans but, sans rien qui allait finir misérable et sans famille.

Couchée sur le sol de cet appartement vide Rue Davy, je sirotais la 4ieme bouteille de la soirée. Impossible de m'arrêter. Trois jours et ils seraient là. Dans cette ville et ils ne voulaient même pas me voir. Je savais où ils allaient être. je savais que je pouvais faire style de leur rentrer dedans par hasard mais je ne sais même pas s'ils s'arrêtaient pour me voir ou me parler. Ou même s'ils me reconnaîtront. Est-ce qu'ils savent encore à quoi leur fille ressemble? Est-ce qu'il savant ce que je suis devenue? Je doute. Pas un mots, pas un échange depuis 4 ans. Je me haïssais. J'étais dégoûtée de moi-même, es choses que j'avais faite pour essayer d'attirer. Tout ce que j'avais fais, était complètement inutile. Je voulais disparaître, oublier, boire pour oublier, m'enterrer, crever, disparaître.

J'étais entrain de me descendre la fin de la 4ieme bouteille lorsque la porte s'ouvrait brusquement. J'en avais rien à faire. Je balançais la bouteille vide à travers la place. Alecto me refila une nouvelle bouteille que j'ouvris et engloutit directement une nouvelle gorgée. Je ne voulais pas parler. Je continuais à vider la bouteille alors qu'il vient s'asseoir à côté de moi et qu'elle me demanda de lui expliquer. Elle pouvait rêver. Je prenais une autre bouteille qu'elle m'avait apporté. je comptais boire jusqu'à mourir. Mieux crever que d'essayer de trouver une solution à ce problème.

Rien a foutre qu'elle m'arrache la bouteille de la main. Rien a foutre qu'elle la fracasse sur le sol. Rien a foutre que le parquet s'imbide du spiritueux. Rien a foutre de ce qu'elle veut. Rien a foutre de ma vie. Je veux crever. Disparaître pour toujours. J'en ai marre. Marre de ma vie. Marre de ma famille. Marre de tout. Je veux partir. Partir loin. Partir la ou personne me connaît, ou je peux etre qui je veux sans que quelqu'un me dise qui etre. Je me hais. Je les hais. Je veux mourir. Je veux me laisser aller avec l'alcool et la drogue. Mourir d'overdose. Ca leur apprendra. Enfin, ils comprendront ce qu'ils m'ont fait. C'est la meilleure solution. Pour moi. Pour eux. Pour tout le monde. Je suis un grosrejeton. Je sers a rien dans ce monde. Fucked up and screwed, voilà ce que je suis. Je restais toujours silencieuse face aux remarques d'Alecto. Je voulais pas lui repondre. De toute facon, elle comprendrait pas. Qui pouvait comprendre de toute facon? Qui pouvait comprendre que les 4 dernieres années, j'avais tout fait pour attirer l'attention de ce qui m'avait envoye de force a Paris parce qu'apparemment, c'etait mieux pour arranger les problèmes que ma mere et mon pere avaient a ce temps-la. Au final, c'etait juste pour se debarrasser de ma petite personne. Famille, mon cul oui. Ils m'ont jamais aime ces connards. Pas de contact pendant 4 ans et puis maintenant ils viennent pour me dire qu'ils ne veulent plus jamais me voir. Rejeton. Le mot s'affichait en grand dans ma tete. Comme un ensigne clignotant incessant. Horrible de se faire rappeler a chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour que j'etais rien. Je me levais silencieusement. Je comprenais même pas comment je faisais vu tout l'alcool que je m'etais descendue. L'habitude je dirais. Je me dirigeais vers la cuisine pour sortir du bar un bouteille de Jack Daniel's.Autant passer au plus fort maintenant. Je me prenais en même temps un joint que j'avais roule precedemment. Je l'allumais tirant une bonne fois dessus avant d'ouvrir la bouteille et de me descendre la moitie de la bouteille en une fois. Crazy. Oui certes mais ca faisait du bien. Je m'assis sur le vieux canape, toujours sans rien dire a ma meilleure amie. Je prenais une nouvelle taff avant d'ouvrir la bouche. « je suis le rejeton de la famille Enguerrand. »