Jéricho ... tu peux pas savoir à quel point j't'ai détesté. De toute mon âme. T'étais le plus mauvais sentiment que j'pouvais ressentir, encore pire que la haine. J'sais pas comment expliquer mais tu m'as directement obsédé. J'avais juste envie de te claquer avec tes fringues de bourge, cet air suffisant et ta réputation de connard. Au fond, si j'te détestais autant c'était pour tous ses sentiments que tu faisais naître en moi. C'est vrai quoi. T'avais pas l'droit de faire ça, j't'ai pas donné l'autorisation d'avoir une telle emprise sur moi. Au début j'tentais de me persuader que t'étais qu'un con, qu'j'allais t'envoyer chier à un moment ou un autre et que si j'l'avais pas encore fait c'était pour ta dope. Puis y a eu cette foutue nuit, notre première fois. Ma première fois avec les hommes, aussi. Même si j'ai rien laissé paraître, j'ai flippé, flippé de te décevoir. C'était nouveau pour moi. Alors que tes foutues mains caressaient les courbes de mon corps, j'sentais mon coeur qui s'emballait comme jamais. Mon esprit voulait plus quitter ce putain de lit. Ce fut pour moi la plus belle douleur que j'ai pu ressentir de toute ma vie. Tellement qu'j'en ai redemandé jusqu'à ne plus pouvoir me passer de la chaleur de ton épiderme. Ça m'rendait tellement fébrile ce nouveau sentiment que je t'ai laissé avoir le dessus. J'me souviens encore du moment où on se retrouvait à l'abris des regards pour ne faire qu'un. J'me foutais que tu sois en couple à l'époque, j'avais besoin de toi contre moi.

Après quelques mois on a arrêté de se cacher. On a dévoilé notre relation au grand jour. Tu peux pas savoir comme ça m'a fait du bien de pouvoir te dire ce que j'avais sur le coeur. Tous ses sentiments qui me répugnaient ont même pris à un moment donné une agréable tournure. Mais comme on a a jamais su être heureux, y a eu ce jour où je t'ai rejoins chez toi. Puis Joshua s'est pointé. Tu jouais avec nous deux et ça m'a rendu dingue. Tu peux pas savoir comme j'me suis senti ... con. Con d'être tombé amoureux d'un gars qui en avait rien à foutre de ma gueule. J'ai donc ouvert cette bouteille de gaz, j'voulais te voir cramer, toi et puis Josh' aussi ... j'aurais pas supporté vous voir ensemble. Jamais. Plutôt crever que de te voir avec un autre. T'as gratté cette putain d'allumette. J'ai eu l'temps de fuir mais pas vous. Sauf que voilà, ça a rien changé à la tristesse que je ressentais à ce moment là. J'suis allé de chercher dans les débris de notre connerie. J'te pensais mort, bordel. J'ai eu tellement peur ce jour là ... de te perdre. C'est en portant ton corps dépourvu d'énergie que j'ai compris à quel point j'étais con et comme j't'aimais. J'me suis jamais pardonné de t'avoir foutu dans le comas pendant un long mois. Des jours interminables où je n'ai cessé d'attendre désespérément que tes yeux s'ouvrent. J'aurais pu attendre des années s'il le fallait. J'sais pas comment mais j'avais de l'espoir comme jamais. J'sais pas ce qui m'a rendu si fort, comment j'ai fait pour pas craquer. Bref, j'ai attendu. J't'ai même souvent dit que je t'aimais pendant ton sommeil. Tu dois certainement pas t'en souvenir mais j'm'en balance, j'avais besoin de te le rappeler au cas où tu reviendrais jamais. Heureusement, le ciel a entendu ma douleur. Tu peux pas savoir comme j'ai eu l'impression de revivre lorsque tes yeux se sont ouverts. J'étais, j'crois, aussi épuisé que toi ce jour là. Parce que même si j'disais rien, j'y croyais plus. Sauf qu'encore une fois, tu m'as bousillé en prononçant le prénom de ton ex. Tu t'souvenais même plus de ce qu'on avait traversé tous les deux. Mais c'est aussi dans ce couloir, dans cette atmosphère désespérée que tu m'as ouvert ton coeur. J'pensais que cette fois, c'était bon, on allait plus être séparé. Douce illusion.

Ma foutue jalousie a pris le dessus, comme toujours. J'avais trop de doutes, j'me torturais dans mon coin et me disais que j'allais te perdre tôt ou tard. Cette idée m'insupportait et c'est là que j'ai décidé de fuir comme un pauvre idiot que j'suis. J't'ai largué par sms, à mon niveau quoi. J'voulais juste pas affronter ton regard une dernière fois, j'aurais pas pu ... Le lendemain j'apprenais ton mariage avec Julian. J'ai eu envie de t'oublier, sincèrement, j'voulais te tuer, te broyer les os un à un pour te faire autant de mal que tu me faisais. Mon monde s'est écroulé. Pute de réalité. J'espérais encore être dans un foutu cauchemar. J'voulais te retrouver, t'embrasser, te parler, entendre ta voix, te faire l'amour ... tout ça. J'avais juste droit au silence pendant que t'étais dans les bras d'un autre. J'ai pris sur moi pour pas venir foutre en l'air ce que t'étais en train de construire. Fin ça a pas duré longtemps, j'ai débarqué chez toi complètement défoncé pour te demander en mariage, j'étais tellement désespéré que j'aurais fait n'importe quoi pour te récupérer. Tu m'as envoyé chier alors j'ai décidé de m'en prendre à Julian. J'ai commencé à le frapper avec toute la rage du monde. J'me souviens de cette lame que tu t'es enfoncé dans la peau, cette même lame avec laquelle tu m'as transpercé le bide. Peu de temps après on nous a annoncé ta mort. Putain. J'me répète mais j'sais pas comment j'ai fait pour tenir le choc. J'avais tout le monde sur le dos à cette époque là et toi ... tu m'abandonnais à ton tour. J'voulais quitter Paris afin de laisser derrière moi cette histoire sauf que tu m'as pas laissé le temps. J'essaye encore d'imaginer ma tête lorsque j'ai ouvert cette fichue porte et qu't'étais là. J'ai pas cherché à savoir si c'était une hallucination ou quoi que ce soit j't'ai enlacé parce que j'avais besoin de toi. Tu m'as annoncé ta nouvelle identité, tes problèmes de drogues et toutes ces conneries et c'est ainsi que l'enfer a continué.

Entre temps t'as divorcé avec Julian, on a continué notre histoire puis de nouveau on s'est éloigné. J't'ai à nouveau plaqué parce que j'avais peur de l'ampleur que les sentiments prenaient dans ma vie. J'me suis mis avec Albane, j'étais bien, enfin j'crois, je sais pas. Quoi qu'il en soit j'l'ai aussi quitté pour toi. En tant que connard de première tu t'es aussi mis avec elle. Vous voir tous les deux ça m'a juste rendu fou de rage. J'te suivais ... tellement plus. On s'est retrouvé une énième fois. J'ai encore pensé que c'était la bonne, vraiment ! Mais t'as rien trouvé de mieux que de me larguer pour Joshua. Tandis que j'me recevais un nouveau coup de poing dans la gueule, j'ai quitté Paname en prenant avec moi Alecto. J'voulais plus te voir, j'pensais même t'avoir oublié. Mais t'es venu dans le sud, me rejoindre. J'ai ... Mon putain de coeur s'est emballé et j'me lui laisser tomber dans tes bras qui m'avaient tellement manqué. C'est là qu'on s'est passé la bague au doigt, fin ... un truc qui y ressemble. Puis j'sais pas si tu te souviens de ce foutu jour où on a eu un accident de voiture. J'étais au volant de ta bagnole, on était sur les nerfs et pouf, on s'est mangé un arbre. J'pensais que j'allais crever, vraiment, je sentais la mort me tendre le bras. Si j'ai réussi à pas crever c'est pas à cause de l'arrivée rapide des pompiers ou quoi qu'ce soit. C'est pour toi. Si j'me suis autant accroché à la vie c'était parce que j'entendais ta voix et que j'voulais te retrouver. Puis y a pas trop j'ai vraiment cru qu'j'allais te perdre, alors que je venais de te dégueuler toute ma mélancolie tu faisais ressurgir Skeleton. Mais on a encore une fois été plus fort. C'est comme ça qu'on a gagné la partie, ensemble.

Et, maintenant, après toutes ces choses qu'on a pu traverser, on est toujours là. Tous les deux. Avec notre cochon, notre furet, notre loutre et notre chien. Puis, y a plus de doutes à ce sujet, je t'aime. Tellement. Un peu trop, même. Et j'me battais parce que t'en vaux la peine et que j'imagine plus ma putain de vie sans toi.