préface

"- Non mais sérieusement, regardes-toi ! Elle est partie, comme ça, du jour au lendemain sans rien te dire et toi, tu fais comme si de rien était. Tu abandonnes tout à ton tours juste pour la revoir, pour comprendre. Mais c'est pas juste pour ça, je le sais très bien. Tu peux nous faire croire ce que tu veux, mais on sait pertinemment que t'as encore un espoir, un infime espoir que tout redevienne comme avant. Putain, mais regardes à quel point t'es pitoyable ! Regardes-toi dans un putain de miroir ! T'es qu'un petit con romantique en plus de ça ! Ouvres les yeux ! Elle reviendra pas et t'as beau tout faire pour, elle t'a abandonné et jamais rien ne redeviendra comme avant...". Je l'écoutais avec attention, ne cillant pas une seule seconde. Elle était à bout de souffle. Elle n'en pouvait plus. Elle était rouge de colère. Je ne savais pas d'où lui venait cette conviction, cette assurance dont elle faisait preuve une fois de plus. Je ne savais pas d'où lui venait cette force de dire la vérité, aussi crue soit-elle. Elle m'avait fait mal, oui. Mais elle était comme ça. Pourtant, mon idée me trottait toujours dans la tête, j'étais persuadé que ce que je faisais était le meilleur pour moi, pour elle, pour nous. J'attendis alors quelques secondes. De longues secondes. Puis pris la parole. "- Peu importe, je pars pour Paris.".

I Wish I Could Bubble Wrap My Heart
point of view : River

J'ai mal, tellement mal. Depuis un mois je vis un calvaire atroce. Je suis passé par toutes les phases : la découverte, la surprise, l'inquiétude, l’incompréhension et la douleur. J'ai mal, tellement mal. Comme si mon cœur est exposé en pleine lumière et que l'on s'amuse à y enfoncer un couteau pointu. Je n'ai plus envi de rien. Manger, dormir, m'amuser, composer... non plus rien. "- Hey mec, ça va ?". Pas besoin de relever la tête pour savoir pertinemment qui vient me déranger dans mon inquiétant mutisme. Dave. Mon meilleur pote. Celui qui a toujours été là, auprès de moi. Et pour ne pas changer, il est encore présent. Je décide enfin de montrer ma tête, cachée jusqu'alors sous ma grosse couverture et mets un certain temps à m'habituer à la lumière asseyant le lieu. Mon regard se pose rapidement sur la silhouette de mon meilleur ami, mon frère. Un sourire timide et inquiet peint sur son visage. Pourtant, rapidement, mon regard dévie sur la seconde personne présente dans la pièce. "- Putain qu'est-ce qu'elle fou là ?". Il pose alors son regard sur la demoiselle aux apparences presque angéliques et finit par me regarder une fois de plus, presque gêné. "- Bah je vois que t'es content de me voir !". Tranchante comme toujours, je dois dire que cette fille m'a toujours foutu un peu les jetons. Elle me toise de son regard supérieur. Elle a toujours eu une part de mystère et malgré les longues années que nous avons communément à notre actif, je crois bien que cette fille demeurera toujours une énigme pour moi. "- Bon mon gars, expliques-moi ce qu'il se passe là ! Ça fait un mois que tu hibernes dans ta piaule !". Il n'a pas tord et pourtant, reprendre le cours de ma vie semble beaucoup trop dur. Heureusement pour moi, je n'ai pas vraiment de responsabilités, mises à part peut-être le loyer de cet appartement dans lequel je vivais avec elle. Je me redresse alors, simplement vêtu d'un t-shirt et d'un caleçon. Une fille est présente dans la pièce, peu importe. "- Elle est partie...". C'est tout ce que je réussis à dire, le regard perdu dans le vide. Je sens alors du mouvement chez mon meilleur pote qui s'installe près de moi sur le matelas. Il laisse passer une... deux... trois secondes et ouvre de nouveau la bouche. "- Pourquoi ?". Il a compris. Il a compris que la fille avec qui je partageais une histoire d'amour depuis près de trois ans est partie. Elle ne m'avait envoyé qu'un seul et unique message. Elle me disais qu'elle allait revenir, mais un mois plus tard, je n'y croyais plus. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Et surtout pourquoi était-elle partie ? Je l'ignorais. Je hausse alors les épaules, incrédule. "- J'en sais rien Dave, elle est partie c'est tout...". Il replongee alors dans son silence peu ordinaire chez lui, mis à part lorsqu'il était en grande réflexion. Mon regard va alors se poser sur la seule femelle présente dans la pièce. Reagan. Elle observe les lieux de son regard expert. Je ne parviens à savoir si elle aime la décoration ou non et finalement, je m'en fiche un peu. "- Et t'as aucune nouvelle, rien ? T'es sûr qu'elle va bien ?". Il est inquiet, mais ses questions me soulent un peu à dire vrai. Je ne suis pas idiot, ses interrogations, je me les suis moi-même posées quelques semaines plus tôt. "- Non, j'ai simplement reçu un sms m'indiquant qu'elle reviendrait... mais je n'y crois pas vraiment...". Ma voix est éteinte, je m'en rends compte aisément. Je ne vis plus. Depuis un mois, je ne suis rien. Heureusement pour moi, ma petite sœur passe régulièrement histoire de me faire quelques fois à manger et s'assurer de ma survie, mais je ne peux me résoudre à m'appuyer sur cette gamine de seize ans beaucoup trop loyale. "- Tu t'es fait avoir comme un couillon !". Je relève alors la tête pour toiser, surpris, la belle Reagan qui vient de parler. Les mains sur ses hanches, elle est face à nous, toujours cet air supérieur peint sur son doux visage. Elle a raison, je me suis fait avoir comme un couillon et il me faut des explications, des raisons, j'ai besoin de savoir.

London Calling

Il courrait, aussi vite qu'il le pouvait. La pluie s'abattait sur son front et il fallait bien avouer qu'il n'en avait pas vraiment l'habitude. San Francisco lui manquait. Voila seulement deux heures qu'il avait mis les pieds sur le sol anglais qu'il regrettait déjà ce déménagement. Son père. Encore et toujours. Sa compagnie, ses responsabilités. Oui, la petite famille n'avait pas à se plaindre financièrement, mais en contrepartie, il leur arrivait de déménager brusquement. Londres, c'est grand et c'est à bout de souffle que le blond trouva enfin la personne qu'il recherchait. Elle était là, recroquevillée dans un coin, sous un arbre, les cheveux trempés par la pluie. Elle pleurait, il distinguait nettement ses gémissements. Il s'approcha alors, doucement, reprenant peu à peu son souffle suite à cette course folle et s'agenouilla devant la demoiselle. "- Hey...". C'est tout ce qu'il trouva à dire, déposant une main rassurante sur l'épaule de la gamine. Elle releva alors le regard, les yeux baignés de larmes. Elle renifla à plusieurs reprises, son corps soulevés par divers soubresauts témoignant de sa tristesse. "- Mes amis me manquent, ma maison me manque, ma ville me manque, San Francisco me manque, le soleil me manque, l'Amérique me manque ! Je hais la pluie, je hais Londres, je ne veux pas vivre ici...". Elle semblait si malheureuse que ça lui fendait le cœur. Il resserra sa poigne sur l'épaule de la gamine et l'attira à lui. Elle ne demandait que cela et s'enfonça dans le torse du jeune homme où elle fondit en larme un peu plus. Il lui caressa ses cheveux blonds d'un geste rassurant et patienta. Sa sœur était forte, mais parfois, il lui arrivait de craquer. Comme ce jour-ci. River avait beau avoir deux sœurs et un frère, Lucy était celle dont-il était le plus proche. Il y avait l’ainée Kierra, avec qui il s'entendait bien, malgré leurs différents styles de vie, de penser. Kierra était la parfaite fille de son père, c'est à dire une personne intelligente, droite et surtout obéissante. Il y avait ensuite Lucy, sa première cadette, avec qui il avait une relation plutôt fusionnel, ils étaient très proches et passaient beaucoup de temps ensemble. Et enfin, le petit dernier Aaron, plus pot de colle que jamais auprès d'un River qui aimait s'amuser avec le petit garçon. "- On devrait rentrer, tu as froid...". Il la sentait greloter contre son torse et une fois debout, il ôta son sweet hurley pour le déposer sur les frêles épaules de sa petite sœur. Peu importe s'il avait froid, s'il attrapait la pneumonie ou une autre connerie dans le genre, sa sœur était la seule qui comptait. Ils marchèrent de longues minutes et si en apparence River guidait sa sœur, c'était plutôt elle qui le faisait puisqu'il n'avait jamais été doté d'un sens de l'orientation très abouti et tous les coins de rue de la ville étaient les mêmes d'après lui. Ils arrivèrent enfin devant leur énorme villa, la jeune Lucy blottie dans les bras de son grand frère. Ils entrèrent dans l'entrée. Silence total. Pas étonnant. Son père devait travailler, sa mère discuter avec les voisins, sa grande sœur visiter la ville, Aaron avec sa nourrice Gena. Il entra un peu plus dans la bâtisse pas impressionné pour un sous. Il avait toujours vécu dans ce genre de décor et si le jeune homme n'était pas un fils de riche pourri gâté, il ne portait pas vraiment attention à la richesse des lieux. "- Tu devrais monter prendre une douche.". Pas faux en vue des frissons qui parcouraient le corps de la gosse. Elle secoua positivement sa petite tignasse et monta rapidement les escaliers de marbre. Il allait se rendre dans la cuisine pour se restaurer rapidement, lorsqu'il entendit des bruit de talons bien distinctes. Qui cela pouvait être ? Gena ne portait jamais de talons ! Il patienta de très courtes secondes avant de voir Kierra apparaitre dans l'entrée pour se diriger vers lui. "- Putain Arthur t'étais passé où ? Et Lucy ?". L'inquiétude était lisible dans sa voix et pourtant, elle parvenait tout de même à taper sur les nerf de son cadet. River avait beau aimer sa sœur aînée de tout son cœur, parfois elle était chiante. Comme cette manie qu'elle avait de l'appeler par son deuxième prénom. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, mais elle le faisait depuis toujours. Il haussa les épaules après avoir lâché un soupire afin de montrer à sa sœur qu'elle le soulait. "- Lucy ne supporte pas cette ville. Elle est partie en courant de la maison et je lui ai couru après. On vient juste de rentrer. Voila tu connais toute l'histoire.". Ce qui l'énervait également chez sa grande sœur, c'est qu'elle avait toujours cette tendance à vouloir tout savoir sur tout. Le pourquoi du comment du pourquoi. Lui, ça le soulait énormément. Et puis elle jouait toujours ce rôle de fille responsable devant eux, mais à seize ans, il ne pensait pas avoir besoin de quelqu'un pour prendre soin de lui, il était assez grand. "- Va te changer. Papa et maman ne vont pas tarder, tout comme Gena et Aaron.". Il bouillonnait presque. Certes, parfois il lui arrivait de partager des moments complices avec Kierra, mais elle avait toujours tendance à faire sa petite maitresse et ça l'énervait. Pourtant, elle n'avait pas tord et il le savait pertinemment. Il se retint, ne voulant pas qu'une dispute éclate déjà et monta pour prendre une douche et changer ses vêtements trempés par la pluie.

Me Against the World
point of view : River

Premier jour dans une nouvelle école. Parfois je me dis que je suis terriblement con. Ce jour là fut mémorable. Disons qu'il commença assez mal. Je me souviens m'être levé en retard. Pourquoi ? Parce qu'en s'introduisant en secret dans ma chambre pour venir m'embêter, mon petit frère avait cassé - sans le faire exprès - mon radio réveil. Or, moi je n'étais pas au courant. Heureusement pour moi, Kierra était venue me réveiller. Si la plupart du temps mon aînée m'agace, je dois dire que ce jour là, elle me tira une belle épine du pied. Je ne voulais pas arriver en retard pour mon premier jour dans cette école. Nous vivions à Londres depuis quelques mois déjà et pourtant, mon école ne me convenait pas. Si les écoles privées en Amérique étaient strictes, celles d'Angleterre étaient bien pires. Je n'y étais pas heureux et si l'école n'était pas ma plus grande passion, je dois dire que je ne prenais pas tout à la légère la concernant. J'avais donc supplié mon père de m'envoyer dans une école publique, histoire de voir comment ça se passe là-bas. "- Coucou !". Si dans la famille, nous sommes plutôt insupportables le matin, Lucy est bien la seule à être toujours de bonne humeur. Elle me fit un câlin et partit se doucher. Moi, j'avais déjeuner et rapidement pris une douche avant de rejoindre Kierra et Lucy dans la voiture de la plus grande. Kierra était la seule à détenir un permis de conduire utile en Angleterre. Bien sûr, aux États-Unis, ayant plus de seize ans, j'avais le mien, mais désormais, il était tant pour moi de tirer provisoirement un trait sur ce privilège. "- Alors, pas trop stressé ?". Ma grande sœur n'avait pas compris mon choix, ma demande. Elle pensais sincèrement que c'était une mauvaise idée. Pour elle, nous avions l'argent nécessaire pour aller dans de bonnes écoles, alors pourquoi s'en priver ? Elle n'avait pas tord, mais étant plus vieille, elle n'allait plus à l'école et travaillait avec mon père. Elle ne pouvait pas comprendre. "- Ah bah oui alors Junior, tu devrais avoir peur, je suis sûre que cette école regorge de petits délinquants juvéniles !". Je ne peux m'empêcher de rire face à la connerie de Lucy. Kierra soupire et lève les yeux au ciel. Je lance un clin d’œil à ma cadette et décide tout de même de répondre à Kierra : "- Non pas vraiment... on verra bien !". Nous étions arrivés rapidement et c'est après avoir fait un câlin à ma petite sœur que je m'étais élancé dans les couloirs. Je me sentais mal tout d'un coup. Je regardais autours de moi, prêt à me défendre si un fou tentait de m’égorger. Mon rythme cardiaque était rapide, ma peau moite. San Francisco me manquait. David me manquait. Le soleil me manquait. Je trouva difficilement le bureau du proviseur qui me fit un petit discours de bienvenue me donnant le nécessaire pour ma survie ici. J'étudiais minutieusement le plan que m'avait fourni le doyen, lorsque je sentis une pression et un coup. Je releva immédiatement le regard pour le poser sur une petite demoiselle, que j'avais apparemment bousculé. "- Oh désolé !". Elle semblait pressée, ramassa ses affaires, me lança un rapide sourire et décampa. A cet instant j'ignorais. J'ignorais que cette fille deviendrait la femme la plus importante de toute ma vie. J'ignorais que j'allais en tomber amoureux. J'ignorais qu'elle allait me briser le cœur. Tout se passa plutôt normalement, jusqu'à l'heure du repas. Mon plateau dans les mains, j'observais le réfectoire avec une certaine crainte. J'allais manger seul, chose qui ne m'était jamais arrivée. Aux États-Unis, j'étais de ce genre à avoir des milliers d'amis et si Dave était plus vieux que moi, nous nous retrouvions souvent en dehors de mon école pour manger ensemble. Alors que j'allais m'installer sur un petit bout de table de libre, je sentis une chaleurs envahir mon avant bras. C'était elle. Elle me regardait avec son éternel sourire. Alaska. Elle m'invita alors à prendre place à côté de sa petite bande et c'est là que tout commença. Ils étaient tous super sympa et si au début leur interrogatoire me mettait un peu mal à l'aise, le simple fait d'avoir Alaska dans mon champ de vision suffisait à me calmer. Elle était à quelques chaises de la mienne, la musique dans les oreilles et moi, je ne pouvais m'empêcher de la regarder. Elle était belle oui, mais pas seulement. Elle avait autre chose. Elle était différente.

The Best Is Yet To Come
point of view : River

Parfois la vie nous réserve de belles surprises. Ce jour là, fut une journée merveilleuse. Ma vie était plutôt paisible. Je venais d'obtenir mon diplôme de fin de secondaire. Je vivais de ma musique puisque tous les soirs je jouais dans un bar avec des amis et cela suffisait amplement à subvenir à mes besoins. Je vivais dans un petit appartement avec Alaska. Nous étions amoureux, nous étions heureux. Pourtant voila de longues années que je n'avais pas véritablement revu celui que je considérais comme mon frère. David. Je l'avais rencontré à San Francisco, vers mes six ans. Lui en avait de deux plus et pourtant, rapidement, nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Malheureusement pour moi, il se trimballait toujours avec lui Reagan. Sa sœur. Si elle avait le même âge que moi, elle semblait me détester au plus haut point. C'est la sonnette de la porte d'entrée qui m'indiqua qu'il était désormais temps de se lever. Pourtant, j'étais bien là, moi, dans les bras de ma belle blonde. Je dus cependant m'en séparer pour aller ouvrir la porte. "- DAVE ?!?". Ma surprise était immense et en vue du sourire qu'affichait mon plus vieil ami, ma réaction le satisfaisait. Il avait un peu changé, mais disons que depuis les dernières vacances que nous avions passé ensemble, il était plutôt semblable. Bien que nous vivions à des kilomètres l'un de l'autre, Dave et moi n'avons jamais perdu le contact. Il était mon frère, mon meilleur ami, le seul qui comptait vraiment. Il me prit dans ses bras, me serrant fort contre lui. "- Bordel tu m'as manqué p'tit con !". Du Dave tout craché ! Affectueux, mais un brin vulgaire. Je me décala, le faisant entrer dans mon habitat. Pourtant, rapidement je me rendis compte qu'il n'était pas seul et avant même que je n'en sois certain, j'avais un doute quant à la personne qui se tenait sur mon perron. "- Alors, tu ne m'embrasses pas ?". Plutôt crever. Reagan. Elle avait beau être belle, intelligente, maline et incroyablement séduisante, Reagan avait le don de m'énerver. Encore plus que Kierra d'ailleurs ! C'est pour dire ! Je ne sais pas d'où nous vient cette sauvagerie l'un envers l'autre, mais elle ne date pas d'hier. Je les laissa donc entrer et ferma la porte me fichant éperdument d'être en caleçon devant Dave et Reagan. Ils entrèrent et je pouvais voir le sourire de Dave et, au contraire, le regard critique de Reagan. Alaska apparue alors, toute endormie et passa une main dans sa longue tignasse. "- Hey, venez que je fasse les présentations !". J'attirai alors Alaska vers moi, déposant l'une de mes mains sur sa hanche, sourire aux lèvres. "- Voici Alaska ma petite amie et eux, c'est David, mon meilleur ami et sa sœur...". Je ne voulais même pas prononcer son prénom, je savais que ça allait l'énerver et c'était le but principal. Si d'ordinaire Reagan me mettait en rogne, la réciprocité était rare. Son niveau de méchanceté dépassait largement le mien et il était rare que j'arrive à répondre à ses pics. "- Reagan !". Elle termina ainsi ma phrase ne prenant pas la peine de trop s'approcher de ma belle, comme si elle avait la peste. Dave, au contraire, sourit encore plus, s'approchant d'Alaska avant de lui serrer amicalement la main. C'était ça que j'aimais chez mon meilleur pote, sa sociabilité incroyable, sa bonne humeur et son sourire étonnant. "- Enchanté, Junior n'arrête pas de parler de toi !". Junior... seule ma famille - exceptée Kierra - et Dave m'appellent ainsi et si d'ordinaire je ronchonne un peu, cette fois, ça me fit un bien énorme de l'entendre. Oh oui mon meilleur pote m'avait manqué !

Welcome To Loserville

Il avait peur et était excité à la fois. Il allait la revoir, il avait de fortes chances d'y arriver. Après de longues négociations avec la mère de la belle blonde, il avait réussi à obtenir l'adresse d'Alaska. Elle était partie sans rien dire. Il avait besoin d'avoir des explications. Il l'aimait, il aurait tout donné pour elle, tout. Et pourtant, d'un côté, Reagan n'avait pas tord. Elle s'était foutue de lui. Mais il s'en fichait, il avait besoin de savoir, de la revoir, de la serrer dans ses bras, de savoir qu'elle allait bien. Il avait besoin qu'elle lui dise la vérité pour pouvoir reprendre un semblant de vie normale. Bien sûr, il espérait de tout son cœur qu'elle l'aimait toujours, qu'elle retournerait avec lui. Où ? Il s'en fichait incroyablement. Tant qu'il était avec elle, ça lui allait. Dans le cas contraire, il repartirait le cœur en milles morceaux, mais d'un côté, ça lui permettrait de tourner la page, d'avancer et de ne pas stagner dans cette solitude et ce malêtre qui dictaient sa vie depuis de longs mois déjà. "- Arrêtes de flipper chochotte !". River ne put s'empêcher de toiser longuement la demoiselle. Elle l'énervait et en avait pleinement conscience. Oui, il avait peur en avion, et alors ? Il avait bien le droit, non ? Il ne lui avait rien demandé après tout ! "- Dave, tu peux demander à ta sœur d'arrêter de me caser les c*uilles ?". Le concerné soupira, ne disant pourtant rien. Avec les années, il avait pris l'habitude de ces disputes. Même si ça n'était pas vraiment des disputes. Disons qu'ils se cherchaient. Mais Dave craignait principalement le jour où ils finiraient par se trouver. Ce jour là marquerait la fin, ça serait l'apocalypse et la troisième guerre mondiale. Du coup, en attendant, il tentait de calmer le jeu, lorsqu'il en avait la force. "- Ah ouais ? Je te casse les co*illes ? Je ne savais même pas que t'en avais !". La colère montait un peu plus chez River qui tentait de se calmer. Reagan était une chieuse, oui, mais également une fille. Jamais ô grand jamais il ne pourrait la frapper, d'autant plus qu'elle était la sœur de son meilleur ami. "- P*tain ! Mais je t'ai pas demandé de venir à ce que je sache alors arrêtes de me souler !". C'était vrai. Par contre, il avait demandé à David de venir avec lui. Son père lui avait loué un appartement à Paris, voyant très clairement le malêtre de son fils. Pour une fois, il avait vraiment assuré. C'était un bon début, au moins ils avaient un endroit où dormir et River savait pertinemment que sans David, il ne pouvait arriver à faire face à Alaska. Du coup il lui avait demandé de venir avec lui mais... c'était sans compter sur la présence de sa sœur. "- Tu ne m'as pas demandé de venir, mais je ne tiens pas à ce que mon frère meurt tué par un sadique français. De plus, il me semble qu'aucun de vous deux ne parle un mot de français. J'ai donc mon utilité. Tu me dois le respect !". Elle n'avait pas tord. Reagan était incroyablement brillante et elle parlait un français parfait. Elle serait utile, mais plutôt se faire découper en rondelle par un cannibale en chaleur plutôt que de s'avouer la vérité. "- Bon les gars, l'avion a atterri, nous voila à Paris !". Et encore une fois, la parole sage venait de la bouche de David...