J'ai loupé l'accouchement d'Albane. C'est la pire chose que j'aurais pu lui faire, à peine je devenais père que j'étais un parfait con qui ne savourait pas chaque instant avec sa petite fille. Emma était là, vraiment là. J'avais dû mal à le croire, j'étais père. Père. Et Albane était sa mère, on était lié tous les trois pour toujours. J'aurais dû être présent, j'aurais dû l'aider durant cette épreuve et.. et Rien. J'étais resté bloquer dans un foutu ascenseur en panne alors que ma fille venait au monde. Ils allaient m'entendre dans cette foutue assistance à la con. A peine sorti de la douche, je fonçais chambre 66, tétanisé devant la porte. J'étais censé faire quoi ? Je devais me rattraper, être le plus à la hauteur possible et malgré la boite de chocolat et les fleurs, jamais je ne rattraperais ma connerie. Jamais. Après avoir soupiré et pris une longue respiration, je toquais timidement et rentrais. " Hé... Comment tu vas ? "

Le petits poids d'Emma au creux de mon bras est rassurant. Je suis assise sur la chaise près de mon lit, la petite bien calée contre moi. Elle est bien réveillée, les yeux grands ouverts, la bouche presque soudée à mon sein et elle dévore tout ce qu'elle peut, une de ses mains minuscules recroquevillée sur ma peau. Et moi, je ne peux pas m'empêcher de caresser doucement sa tête, de jouer avec les quelques boucles brunes qui ornent déjà son crâne. Et soudain, on frappe à la porte, la tête de Cesar passe par l'entrebâillement, suivie ensuite par son corps. Il me demande comment je vais, je lui rends un sourire fatigué. « Ca va... Fatiguée. Mais ça valait le coup. » Je l'observe un moment avant de reporter mon regard sur Emma. J'ai du mal à me détacher d'elle. Elle est si belle. Une petite perle, un miracle de la nature. « Regarde, ma chérie, c'est papa qui est là... »

Mon bébé et là, fait de notre chair, de notre sang. Elle est le résultat de nous. Elle est magnifique, elle tête goulûment le lait d'Albane, les yeux grands ouverts et tournés vers moi. Elle est parfaite, pile comme on l'avait imaginé. Ses yeux son vert comme sa mère et quelques cheveux bouclés comme les miens triomphe fièrement sur sa petite tête si fragile. Albane a un air béa malgré ses traits tirés par la fatigue, je lui souris et m'approche doucement pour l'embrasser. « Elle est plus magnifique encore que ce qu'on avait imaginé, elle est tellement parfaite mon coeur. Tu as fait du très très bon travail. » Je lui caresse doucement les cheveux, emplie de fierté. C'est ma fille et ma femme. « Je t'aime. » Mes yeux se reposent sur Emma, cette petite chose toute rose qui nous regarde fixement. Elle est si réelle, c'est fou. « Un papa débile, mais qui t'aime fort mon bébé... » J'ose à peine la touché, caressant du bout des doigts sa petite main et contre toute attente c'est elle qui ait le premier pas en saisissant mon petit doigt avec sa petite main.

Sentir ses lèvres contre les miennes me fait du bien. J'ai l'impression de pouvoir lâcher un peu de lest, de pouvoir enfin me reposer contre quelqu'un. J'appuie ma joue contre son torse tout en surveillant Emma du regard ; celle-ci ne tarde pas à refuser le lait en poussant férocement mon sein hors de sa bouche à l'aide de sa langue. Je la décale tout doucement en prenant soin de bien caler sa tête au creux de mon coude. J'ai l'impression de manipuler du cristal, c'est presque effrayant. Finalement, pendant que je me rajuste, sa main agrippe fermement l'auriculaire de Cesar pour le serrer de toutes ses maigres forces. Je souris devant le spectacle et je lève le nez vers mon homme. « Je t'aime aussi... Tu veux la prendre dans tes bras, bébé ? » je propose. Et finalement, sans lui demander son avis, je fais doucement basculer Emma contre lui.

Prendre la petite dans mes bras pour la première fois et une des choses les plus dures que j'ai fait durant ma vie. Cette petite chose rose tellement fragile qui me regarde droit dans les yeux en me serrant tellement doucement le petit doigt, c'est juste magique. Albane nous regarde en souriant, je ne veux pas faire une fois plus une erreur, je ne veux pas faire mal à Albane, je ne veux pas faire mal à Emma, que ca soit physiquement ou moralement. Je veux être parfait. La petite se niche parfaitement dans mes bras et c'est avec tendresse que je la berce en m'installant contre Albane. « C'est.. woua.. J'ai peur de la casser » Je ris doucement en posant doucement mes lèvres sur son front « Je t'ai amené du chocolat et des roses, tu as vu ? Je suis désolé de ne pas avoir été là hier. »

Je ne peux pas m'empêcher de rire en l'observant faire. Il a l'air un peu maladroit, avec notre crevette de fille entre les mains. Ses mains qui semblent démesurées par rapport aux quarante-huit centimètres de long d'Emma. Mais notre fille trouve sa place dans les bras de son père, elle bouge un peu et elle s'endort aussi sec. « Ca m'a fait le même effet quand ils l'ont posée sur moi après la naissance... Elle était toute petite, toute rouge... J'osais à peine bouger. » Je me sens bien. On est en famille. Cesar, notre fille et moi. Je viens caler ma tête au creux du cou de mon homme avec un petit sourire. « J'ai vu ça... Merci. Mais tu sais, je ne t'en veux pas. Il suffira juste que tu ailles engueuler la compagnie d'ascenseurs pour t'avoir fait rater la naissance de ta fille. » Je ris, je relève le nez pour l'embrasser. Tout va bien, maintenant. N'est-ce pas ?

Emma dort entre mes bras et c'est avec tendresse que je la regarde faire en discutant à voix basse avec Albane. On est en famille comme jamais auparavant, on est tranquille, rien ne vient obscurcir le tableau, rien. « Au fait, dès que possible il faudrait aller voir tes parents, leur montrer leur petite fille et puis on devrait désigner le parrain et la marraine. Je te laisse le parrain et je choisis la marraine ? Ca te va ? » Je lui rends doucement son baiser, passant doucement la barrière de ses lèvres pour caresser doucement sa langue de la mienne. Ca fait un bien fou de l'embrasser, d'être vraiment ensemble, collé l'un à l'autre. « Cette foutue assistance va fermer d'ici demain vu la sale réputation que je vais leur coller au train. » Je ris doucement, c'est fou comme tout est simple quand on est ensemble.

Je ne peux pas m'empêcher de pousser un petit gémissement désespéré. Evidemment. Il faut prévenir mes parents. « Je ne tiens absolument pas à ce que ma mère hystérique débarque à Paris par le premier train demain matin. Sans compter que mon père risque de s'évanouir trois fois. La première en apprenant que j'ai accouché, la deuxième en réalisant qu'il est grand-père, et la troisième quand il verra Emma. » Vient ensuite la question du parrain et de la marraine. C'est vrai que je les avais déjà choisis de mon côté, pendant la période où je croyais Cesar entre quatre planches. Le problème étant que mes deux choix ne lui plairont certainement pas... Je me passe la langue sur les lèvres sans répondre. Je préfère sourire à sa dernière remarque. Un peu tendue peut-être. Il faut bien lui dire. « Pour le parrain et la marraine... Hem... Je les avais déjà choisis quand... tu sais... tu t'es fait passer pour mort. Je leur avais déjà proposé et ils ont accepté tous les deux mais comme on en a pas reparlé ça m'est complètement sorti de la tête... » Je me mords vivement la lèvre inférieure et je lâche tout d'une traite. « J'avais choisi Aaron et Sephora et je tiens énormément à Aaron comme parrain mais vraiment vraiment si ça te gêne on peut changer ! » Je ne veux pas d'engueulade. Pas aujourd'hui.

La réaction d'Albane au sujet de ses parents me fait énormément rire et j'imagine de loin sa mère hurlée à s'en casser les cordes vocales et son père passer de plusieurs couleurs avant de tomber dans les pommes. « Mais non, ne tant fait pas et puis au moins il n'y aura que deux parents hystérique on aura pas les miens à supporter. D'ailleurs.. hum.. ils ont fait les teste pour ma maladie ? » Je regarde tout à coup Emma, tellement paniqué à l'idée qu'elle soit malade elle aussi. Albane à côté de moi est tendue et la douleur s'abat tout à coup sur moi. Elle l'a, c'est ça ? Mon pauvre bébé, ma pauvre petite Emma... Je suis tellement désolé.. Je sens toute la culpabilité me tomber dessus, je le savais. C'est mal. « Pour le parrain et la marraine ? C'est ça le problème juste ça ? » J'éclate de rire, soulagé d'un poids immense tout d'un coup, mes poumons s'ouvrent à l'air et je serre doucement Emma contre moi. « Aaron et Sephora ? Rien que ça ? Pourquoi pas Jayden et Alecto aussi... » je souffle un grand coup, non pas de dispute aujourd'hui, rien. Je veux juste du bonheur, ainsi je ferme les yeux quelque instant pour retrouver mon calme « Ok c'est bon.. va pour Aaron et Sephora.. même si j'avais préféré Lumen en tant que marraine. »

« Ben, euh, oui... C'était juste pour ça... » Sa réaction me déroute un peu, et je hoche légèrement la tête sans pour autant le quitter des yeux. Ca me fait beaucoup de bien de le voir rire et je viens immédiatement me blottir contre lui, en frottant mon nez contre son cou doucement. « J'avais pensé à Lumen et à Ella aussi, mais je pense qu'elles auront assez à faire avec leurs propres bébés pour en plus s'occuper d'Emma, non ? Et puis... Sephora a besoin de penser à autre chose, un peu. Elle va mal et je suis sûre que notre petite merveille réussira à lui rendre le sourire. » Je remonte l'embrasser langoureusement, ma langue frôlent doucement la sienne et une de mes mains vient se loger dans ses cheveux. « Et oui, j'ai demandé à ce qu'on lui fasse passer le test pour Huntington, bébé. » Je garde un visage impassible, mon front appuyé contre le sien. Je le fais mariner un peu. « Absolument rien à déclarer. Pour tout te dire c'est le premier test que je leur ai demandé de lui faire passer. Elle n'a rien. Rien du tout. »

Je suis au paradis, ca va faire tellement longtemps que j'attends ce moment, tout est parfait, tout. Plus de dispute, juste des rires, des sourires entrecoupé de baisers. J'ai besoin de la sentir contre moi, mais d'une façon tendre, pas un besoin bestial et sexuel, non. Juste de l'amour, de la tendresse, de la douceur. Notre bulle d'amour est parfaite et pour rien au monde je ne voudrais que cette bulle n'explose. Rien ne peut venir nous déranger, pas de maladie, pas de pleurs de pas de Jayden, rien. « D'accord pour Sephora et Aaron. Tu as raison Ella et Lumen vont être surchargé avec leur petit bébé pas besoin d'en ajouter. Et puis si tu leur à déjà demander et qu'ils ont dit oui, c'est mal de revenir dessus. Ca me va que ce soit eux, je sais que lorsque je serais mort ils s'occuperont bien de vous » Nos langues jouent un ballet sensuelle, heureusement qu'Emma et entre mes bras où je prendrais Albane ici et tout de suite. Je lui embrasse le bout du nez quand son front vient se coller au mien[ « Tant mieux si elle n'a rien. Tant mieux. »

« Parle pas de ta mort. Pour le moment on est tous les trois et c'est ça qui compte le plus. » Je pince légèrement les lèvres. On a fini par s'asseoir sur le lit, doucement, je viens récupérer Emma pour la caler contre ma poitrine comme j'ai l'habitude de faire et, poussant Cesar pour qu'il s'installe contre les oreillers, je viens caler mon dos contre son torse et je ramène d'autorité une de ses mains sur mon ventre légèrement rebondi à cause de la grossesse que je viens de connaître. La bulle redevient compacte, elle nous coupe totalement du monde. Contre la peau de ma poitrine, Emma ouvre grand la bouche pour lâcher un bâillement suivi d'un petit soupir, sans pour autant se réveiller. Elle tourne juste la tête de l'autre côté. « Hé... On a bien travaillé, à nous deux, mh ? » Je souris et relève la tête pour venir l'embrasser. « Parfait mélange de toi et moi... »

J'arrête ainsi de parler de ma mort, obéissant docilement et la repoussant le plus loin dans mon esprit me concentrant seulement sur Albane, Emma et moi. Je la serre doucement contre moi, déposant quelque baiser dans sa nuque. « On a super bien travaillé, elle est parfaite, mais tu as fait plus de boulot que moi. Je vais devoir trouver un moyen de te remercier... » Je laisse doucement glisser mes baisers dans son cou, sur la zone sensible et déjà des frissons la parcours. « Je m'occuperais de ça quand on sera seul, je ne veux pas traumatisé notre bébé » Je souris et observe Emma qui baille doucement contre le sein d'Albane « D'ailleurs, je dois déjà commencer à partager tes seins avec elle » Je ris légèrement et lui rend son baiser, caressant doucement la peau de son ventre après avoir mes mains sous le vêtement d'hôpital. «Je suis content, elle a tes magnifiques yeux et elle ne ressemble en rien à Jayden »

Ses lèvres contre ma peau m'arrachent des frissons et je lui aurais bien sauté dessus immédiatement si je n'avais pas notre fille dans les bras. Alors je me contente de pencher la tête le plus possible, afin de lui laisser libre accès à ma gorge. « Intéressant, tout ça... très intéressant... » Je souris à sa remarque concernant ma poitrine et je caresse doucement la petite tête d'Emma, replaçant quelques unes de ses boucles sur le sommet de son crâne. Elle est belle. « Normal, bébé, ce qu'il y a dedans pour le moment c'est sa nourriture ! » Je tourne la tête pour lui voler un nouveau baiser. Ses mains se glissent sous ma blouse hospitalière et viennent caresser mon ventre légèrement rebondi. Je frissonne de plus belle, et je fronce les sourcils. « Pourquoi voudrais-tu qu'elle tienne de Jayden ? Emma est TA fille, Cesar, certainement pas la sienne ! »