Un. Deux. Trois. Quatre. Le quotidien. Les jours se ressemblent, s'assemblent. La monotonie reprend ses droits. Ennuyeuse pour moi. Rassurante pour certain car elle offre certains repères. Comme si j'avais besoin de cette futilité. J'avais envie de m'amuser, de jouer comme un gosse. Besoin constant d'être distrait et de braver les interdits. Cette fois-ci, après des jours d'abstinence douloureux, la drogue m’appelait. Une tentation douce et ravageuse. Et mon crâne n'avait de cesse de me répéter que j'avais pas l'droit de me laisser tenter. Comment ça pas l'droit ? Et si j'en avais envie. La vie est trop courte pour s'imposer des limites. Autant la raccourcir encore un peu. Implacable logique, non ? J'enfile un manteau et sors de l'appartement discrètement. Ce soir j'faisais le mur comme un putain d'adolescent en crise. Qu'ils aillent se faire foutre, Ella, Jack, et même mon fils. C'est pas comme si ils savaient pas se démerder tout seuls. Ce soir, j'avais juste envie de fuir cette routine qui devenait beaucoup trop pesante. Partir loin des emmerdes, parce que c'est ce que j'fais de mieux. Fuir. Je tombe sur le premier dealeur, une vieille connaissance. Bordel, ce que ce milieu pouvait me manquer parfois. J'avais soif de cette adrénaline. De se croire invincible. Connerie. Je l'étais pas et je l'avais appris à mes dépends. C'est dans une putain de ruelle glauque que je m'injecte ma dose. Des jours de souffrance, de manque ou j'avais cru que j'allais crever. Envolé dans mes veines. J'ouvre main, je le referme en contractant mon muscle comme si l'héroïne pouvait se propager plus vite dans mes sang. Je pense légèrement la tête en arrière. Bordel j'peux le sentir déjà en moi. Cette putain d'euphorie. Jouissif. Je me relève tant qu'il me reste encore un peu de lucidité. Autant éviter de me faire une nouvelle fois défigurer, les marques de mes dernières emmerdes, ou celles de Stride plutôt, restent encore gravés sur mon visage. Je marche dans les rues de Paname, il caille, j'suis un t-shirt mais j'crève de chaud. Faut que j'me démerde pour trouver un hôtel. " Wait ! " J'arrête le premier type qui passe à côté de moi en le retenant par le bras. Il va me prendre pour une malade. " T'as pas du fe..." Je laisse tomber ma clope quand celui-ci tourne le visage vers moi. "Josh. ça f'sait un longtemps. " Sourire dénué de sentiment.

Les rayons de soleils me font souffrir, vivement que la nuit vienne. Je déteste le matin. L’horloge clignote, quinze heures, ouais, je déteste l’après-midi aussi. Les souvenirs de la veille son vague. J’vire le fils de pute de mon lit qui grogne, m’insulte. Bouge de là, bâtard. Il s’barre de mon appart’, j’l’entends claquer la porte derrière lui en beuglant des insanités alors que je prépare ma dose, me l’injecte. Le poison coule dans mes veines, infecte, abject. C’est mieux que la baise. Bordel, j’ai mal. J’ai l’impression de m’être fait heurter par un bus. Putain de gueule de bois, j’dois avoir l’air de rien. Again. J’ose même pas imaginer ce que j’ai encore foutu hier soir, j’m’en fous en fait, c’est du passé dorénavant. Le présent, l’avenir m’ouvrent leurs cuisses, génial, plus qu’à rebrousser chemin donc. Avancer, se relever, j’veux pas. Laissez moi crever, m’enfoncer davantage dans ma fange, j’veux pas m’en sortir. Peut-être que j’suis réellement qu’un macchabé, personne n’est apte d’en juger de toutes façons. Alexej. Putain, qu’il me manque. J’dégaine mon portable, compose le numéro de Twaggle, l’autre connard répond pas. Amen. Jamais là quand on a besoin de lui. Soupir exaspéré. Clope au bec, j’sors dans les rues parisiennes, prie pour que mes poumons me pardonnent, que Manech ne me choppe pas à glander au lieu de sucer un pauvre gars. Il m’butterait, c’est une certitude. En réalité, j’m’en branle prodigieusement. SDF de sentiments. C’est le vide intersidéral en moi. Tristesse comparable à une mélodie de chopin. Faut dire que le bonheur est ennuyeux, monotone. La misère, le danger, suffiraient à me faire bander. La fumée grisâtre s’échappe d’entre mes lèvres, je me complais à m’imaginer maintes chimères dans le maigre smog blanchâtre. Ça me fait marrer.

Wait ! On me prend le bras, m’arrête, j’ai pas le temps. J’voudrais lui foutre mon poing dans la gueule à ce sombre connard... si seulement j’avais encore la force de bouger. T'as pas du fe... Je lui fait face, il s’interrompt brutalement. Putain de merde. J’me croirais presque dans un film d’horreur, j’attends la créature à sept tête qui viendra me bouffer la cervelle. I want to kill you. Josh. ça f'sait un longtemps. Simple constat. J’retiens un sourire en pinçant ma lèvre inférieure, dévisage froidement mon ancien mac. Calme, tu parles, j’en ai simplement l’air. À l’intérieur, l’apocalypse opère ses flux et reflux. C’est un cauchemard. J’me demande si c’est pas une hallucination. Pas assez longtemps. Mouvement machinal, j’inhale la fumée jusque dans mes poumons, m’arrache à son emprise. Qu’il aille se faire foutre, honorablement... J’l’aiderais bien, d’ailleurs. C’est malsain. T’es qu’un gosse suicidaire Josh. Jayden devrait être laid, c’est injuste. Ouais, ça apaiserait considérablement ma libido. Déjà qu’elle est naturellement élevée, cette garce. Franchement, ce serait sympas qu’il me laisse régler le problème à coup de chalumeau, histoire de légèrement le défigurer. Quoi que son chien s’en est apparemment d’jà occuper pour moi. J’passe une main sur l’une des marques qui ornent son visage. Tu t’es battu avec ton pitt ? Tu perds la main, j’pensais que tu dressais mieux tes animaux. Laisse le donc crever de faim, il s’rait p’t’être moins hargneux. J’retire ma main de là, sait-on jamais, j'pourrais choper la rage. C’est l’ecsta qui fait ça. Faut pas croire, j’ai toujours envie de lui faire ravaler ses dents et de lui couper la queue à ce connard fini. Ça viendra, on se déchirera comme des putains d'chiens.

Et voilà que quand je m'emmerde, le destin à décidé de foutre Josh sur mon passage. J'sais pas encore si c'est une putain de mal chance, ou l'inverse. Dans peu de temps, l'héroïne va commencer à me bousiller mon cerveau. Elle va me foutre totalement à l'envers et prendre possession de chacun de mes mouvements. Non, ça c'est une connerie. Une putain d'excuse qu'on s'invente. Quand on a pas envie de faire un truc, on l'fait pas. C'est aussi simple que ça, et ni la drogue, ni l'alcool, et encore moins les sentiments pourront y changer quoi que ce soit. Putain, j'avais combien de chance pour tomber sur lui dans les rues de panane ? Presque aucune, c'est sûrement pour ça que j'ai du mal à croire que c'est bien lui en face de moi. "Tu t’es battu avec ton pitt ? Tu perds la main, j’pensais que tu dressais mieux tes animaux. Laisse le donc crever de faim, il s’rait p’t’être moins hargneux." J'arque les sourcils. J'ai pas besoin de dégager sa main de ma peau, il le fait tout seul comme un grand. Et j'crois que ça tombe bien, j'en aurais été très certainement incapable. Bordel, voilà que j'me fou à frissonner. Le froid ? Maybe. Or not. Mais j'vais bien me garder de lui dire qu'il me fait encore de l'effet. J'esquisse d'un sourire presque poli. "Rêve pas. Si il me touche c'est pas de cette manière. C'est une longue histoire." Je m'approche de lui et enfonce ma main dans sa poche pour chopper son briquet. Au passage j'en profite pour caresser son sexe légèrement. Smile. J'allume ma clope et recrache doucement le fumée vers lui. " Encore en train de faire les trottoirs ? T'as le cul en feu dude. " Je lâche un petit sourire moqueur. J'le vois dans ses yeux. Il a envie de me casser la gueule. J'peux sentir la rage émaner de son corps. Elle coule dans ses veines et se mélange à l'héroïne. Et le désir. Il était temps de régler une fois pour toute nos histoires. " On s'refait pas on dirait."

Je le prends par le col et le plaque contre le mur. Mon corps vient se coller au sien. Brûlant. "Josh..." Je plonge mon regard dans le sien. Mes mains glissent sous ses couches de vêtements pour caresser son torse. Puis je me recule et le secoue par le col"J'sais que tu me déteste, alors vas-y. Crache moi à la gueule toutes tes merdes. Dis moi que j'suis un putain de connard. Frappe-moi. Bute-moi. Déchire moi. Mais merde, fais quelque chose ! Pour une fois dans ta putain de vie. BOUGE !" Voilà. Madame Héroïne bonsoir. Je le relâche soudainement. Mon regard se fait beaucoup plus doux. Presque tendre. D'un revers de la main je caresse lentement sa joue. " J'suis désolé Josh. J'te jure. J'voulais pas te faire souffrir." Mensonge ? Vérité ? " J'ai merdé sur tout la ligne. Comme d'habitude. Accepte ou pas ses excuses. ça changera pas grand chose mais au moins, je l'aurais dit."

J’consume, suce l’outrance jusqu’au sang. Paumé entre deux mondes, je valdingue de l’un à l’autre. L’esprit atomisé, c’est ma lucidité qui se barre la queue entre les jambes. Salope. La terre se barre en de millions d’éclats colorés, et j’me tire à volo avec elle. Sublime. Presque autant que l’agacement de Jayden. « Rêve pas. Si il me touche c'est pas de cette manière. C'est une longue histoire. » Et heureusement, il me déballe pas le pourquoi du comment. Rien à foutre mon ange, démerde toi. Sa main se glisse dans la poche de mon jean, frôle mon membre ; il est aussi fourbe qu’un tueur à gage. Une vague de colère m’envahit, ravage tout sur son passage. C’est l’hécatombe. J’aurais aimé prendre mon air hautain et lui dégueuler, sourire aux lèvres, que je n’offrirais point mon cul à un spécimen pareil. Je ne prends pourtant pas la peine de formuler ma pensée, on sait tous les deux que c’est un putain d’mensonge. Quel connard. Je le hais. Passion comme une autre, la plus terrible de toutes. « Encore en train de faire les trottoirs ? T’as le cul en feu dude » Vas te faire foutre. Quoi qu’non, ça lui ferait bien trop plaisir. Il frappe un animal déjà à terre, c’est inutile. J’ignore ses piques, j’prends même pas la peine de répondre. Sourire pincé. Sujet sensible, il le sait que trop bien. « Venant d’un mec qui n’bande plus que dans son esprit, j’prends ça comme un compliment » Haussement d’épaule.

Bam. Plaqué au mur, acculé, j’aime pas ça. Ça m’rend nerveux. Il se colle contre moi, j’me laisserais bien déshonoré ici et maintenant en fin de compte. Putain parmis les putes, voilà c’que t’es Josh. Ses doigts glissent sur ma peau, j’frémis, ça m’fait royalement chier. Et là, tout pars en couille, je le reconnais plus. « J'sais que tu me déteste, alors vas-y. Crache moi à la gueule toutes tes merdes. Dis moi que j'suis un putain de connard. Frappe-moi. Bute-moi. Déchire moi. Mais merde, fais quelque chose ! Pour une fois dans ta putain de vie. BOUGE ! » Il pète un câble, il a l’air de rien. Pour le coup, il me fait rire. Bien que tentant, plutôt crever que de lui donner ce qu’il veut. « Va chier, t’es mignon quand t’es comme ça. T’en vaux même pas la peine. » Ouais, voilà que j’me la joue l’mec posé et réfléchis. Aussi crédible qu’un éléphant en tutu. À ma grande surprise, l’connard se calme, me lâche. J’croise son regard, manquant de gerber. « J'suis désolé Josh. J'te jure. J'voulais pas te faire souffrir. » Putain ta gueule. La fureur s’empare subitement de moi. Comme toujours, il réussit à faire ressortir le pire en moi. Mon poing s’écrase contre son visage, mes doigts se resserent sur son haut. Deuxième round. « LA FERME PUTAIN. Tu regrette quedal, t’es jamais désolé. T’es qu’un enfoiré, l’pire de tous. C’tait calculé, prémédité. Courru d’avance ouais. T’es qu’un gamin égoïste, un faible. T’es pas foutu d’couler tout seul, faut qu’t’entraîne le reste du monde dans ta descente aux Enfers. T’es taré mec. » Et c’est pas l’seul putain. J’suis sensiblement fou à lier aussi. Psychotique, névrosé. Véritable déchet humain. « You lie through your teeth. » J’le balance violemment contre le mur. On est deux pitts dressés pour l’attaque. On va se déchirer.

Combat perpétuel contre la fierté qui se bouscule des deux côtés. Testostérone se rependant dans l'atmosphère qui devient électrique. J'ai envie de le buter. J'ai envie de le baiser. J'ai envie de le foutre plus bas que terre. Et de le faire monter au septième ciel. ça s'bouscule dans ma tête ravagé par l'héroïne et le cannabis. J'arrive plus à penser, à agir de manière cohérence. Mes gestes sont plus lents, moins précis. C'est à peine si j'comprends ses paroles. C'est juste un putain d'écho d'un chat qui feule. Aussi pathétique que dangereux. « LA FERME PUTAIN. Tu regrette quedal, t’es jamais désolé. T’es qu’un enfoiré, l’pire de tous. C’tait calculé, prémédité. Courru d’avance ouais. T’es qu’un gamin égoïste, un faible. T’es pas foutu d’couler tout seul, faut qu’t’entraîne le reste du monde dans ta descente aux Enfers. T’es taré mec. » Enfoiré. Égoïste. faible. Taré. On dirait qu'il m'a quand même plus ou moins cerné. Cela dit, dans son genre, il est pas mieux. Y'a que le voir gueuler ses merdes comme un venin. Il m'atteint même pas. Il sait pas ou frapper. Il l'a jamais su. Je passe instinctivement ma main sur mon nez ou un liquide rougeâtre coule lentement. Fuck, je l'ai même pas vu me frapper. Je l'ai même pas senti. Faut croire que ce qui circule dans mon sang à anesthésier la douleur.

« You lie through your teeth. » Minute. J'venais vraiment de m'excuser devant Rolling là ?! Un goût acide remonte jusqu'à me gorge. J'ai envie de gerber putain. J'me reconnais plus. J'fou quoi là? J'fou quoi avec lui. Trop près de lui. J'en ai des frissons qui me parcours le corps. L’excitation parcours mon corps plus vite que la drogue lorsqu'il me plaque contre le mur. Je déteste ça. J'aime ça. Il me fait bander ce type autant qu'il me donne la gerbe. " Tu peux te donner des allures de connard Rolling. On sait très bien tout les deux que t'es même pas capable de faire fuir un caniche." Ma main déboutonne son jeans et abaisse son froc. J'en ai absolument rien à battre qu'on soit dans la rue. Que y'a des gens qui peuvent nous voir. Que lui y'est pas d'accord avec ce que j'suis en train de faire. Et alors ? J'le veux et c'est suffisant. Ma glisse dans son boxer ou je le caresser avec envie. Mes lèvres viennent violer les siennes avec force. J'le mord. J'le griffe. Son sang vient chatouiller mes papilles et ce goût métallique et amer glisse dans ma gorge. " Toi aussi tu m'as manqué Dude." Son boxer tombe à ses pieds et je descend lui tailler un pipe. Juste de quoi lui donner envie. Juste de quoi le faire bander. Puis je me relève. " Tu vois. J'crois que t'es condamner à toujours bander pour ma gueule." J'allume une cigarette et tourne les talons. Avant de partir j'lui adresse un bref signe de la tête. Juste de quoi le provoquer un peu plus. " Au plaisir de te recroiser Rolling"

" Tu peux te donner des allures de connard Rolling. On sait très bien tout les deux que t'es même pas capable de faire fuir un caniche." Quelque chose creve en moi, je vais reellement peter un cable. Le pire dans tout ca, c’est que ce fils de pute a raison. J’gueule, crache a la gueule du monde, menace de tout foutre a feu et a sang, sans jamais rien faire. Pas foutu de faire de mal a quiconque. Je sens mon jean s’abaisser, ses levres contre les miennes, sa main frole mon membre. J’perds tout mes moyens. Putain, je le veux. Ici et maintenant. L’incendie se propage en moi, ravage tout sur son passage. Mes doigts s’enroulent dans ses cheveux, je bascule sa tete en arriere, devore sa nuque, y laissant une marque, rien que pour Jack. J’le fisterais bien ce crevard aussi. A genoux devant moi, Jayden prend le fusil de chair entre ses levres, je me laisserais bien crever dans cette ruelle. " Tu vois. J'crois que t'es condamner à toujours bander pour ma gueule. " Il se releve, se tire. Le con. J’me rhabille, fou de rage, de frustration. J’en peux plus. C’est la turlute finale, l’hecatone mentale. Je suis sensiblement fou a lier. " Et ton mec pour la mienne. " Sourire acide. Mr self destruct is back. T’es qu’un gosse suicidaire Josh. Il va me dechiqueter. C’est la troisieme guerre mondiale qui se met en marche. J’grille une clope, priant pour que ce soit la derniere. Ouais, ce sera la derniere cette fois-ci. La drogue me monte a la tete, annihile mes neurones, la derniere trace de lucidite en moi. The end. J’le chope violemment par le col, l’balance contre le mur. C’est a cause de lui que j’me retrouve dans ce putain d’etat, tout est de sa faute. C’tellement plus simple de rejeter la faute sur sa gueule decharnee. " J’te jure que j’flinguerais ton gosse, ton putain d’mec. J’te detruirais connard. " Et j’en pense chaque putain de mot. Folie meurtrière.

( J'maudis les clavier qwerty ahahaha -> )