Il pleuvait et je marchais dans les rues de Paris, avec le sentiment d'avoir oublié quelque chose. Bien évidemment, je ne savais absolument pas ce que c'était, le contraire aurait été trop simple. Il était à peine dix neuf heures mais les boutiques fermaient déjà leurs portes. Il n'ont vraiment pas besoin de fric ces gens là. Je n'étais pas habitué à finir aussi tôt mon service et je savais que j'allais m'ennuyer toute la soirée. J'entrai dans les magasins encore ouverts, sans rien chercher en particulier, sans même regarder vraiment ce qu'on y vendait. Lorsqu'une vendeuse m'accosta pour me demander quel âge avait mon enfant. « Oh, pardon. C'est pour offrir peut-être ? ». Il avait fallut que j'entre dans une boutique pour bébés. Comme la vendeuse était mignonne et avait l'air de vraiment s'ennuyer, j'achetai une peluche et forme de Lune, avant de ressortir sous la pluie.
C'était pour Emma. Il n'y avait aucune raison particulière à cela, mais je savais que cette Lune, je devais lui offrir. Peut-être était-ce une excuse pour rendre visite à Albane après tout. Mais lorsque je fus devant chez elles, je me trouvai bien con. Cela faisait un mois qu'elles étaient sorties de l'hôpital, je n'avais pas à venir.. C'était tellement.. Peu professionnel.
« Salut. Je passais dans le coin alors je.. Suis venu prendre des nouvelles. Tu sais.. Savoir si tout se passe bien si.. il était revenu.. » Albane m'avait longuement parlé de son conjoint dont elle n'avait aucune nouvelle, j'aurais aimé que la situation fut changée entre temps, mais ça n'avait pas l'air d'être le cas vu les cernes de cette dernière.

Je m'en voulais d'être venu à l'improviste comme ça, remuer le couteau dans la plaie. C'était non seulement pas professionnel, mais en plus impolie et dérangeant. Mais Albane était devenue plus qu'une simple patiente à Mes yeux, j'avais envie de la protéger, de faire en sorte qu'elle soit heureuse. Elle, et sa fille. Elle ne méritait pas d'être abandonnée. « Je suis désolé.. Venir n'était probablement pas la meilleure idée de l'année. ». C'était certain même. Elle était avec son bébé, certainement épuisée de ses journées et de ses nuits interminables. Tandis qu'Albane posa sa fille dans le porte-bébé, je la regardai, encore hésitante bien que l'habitude se ressentait dans ses gestes.
« Je sais qu'on en avait déjà parlé à l'hôpital mais.. Surtout n'hésite pas à m'appeler si tu as besoin Albane. Pour Emma comme pour toi-même. Même si ce n'est que pour pleurer, je suis une oreille attentive en général. » Un sourire se dessina sur mes lèvres, puis sur les siennes, bien que sa gorge restait serrée et les larmes prêtes à couler. Je craignais de paraitre lourd mais je voulais que mon message passe correctement. Albane était le genre de personne à vouloir tout faire seul pour ne pas déranger les autres, par simple gentillesse. Sauf qu'il fallait des épaules bien larges pour élever seule un bébé, et qu'elle allait avoir besoin d'autres épaules pour la soutenir.

Le yeux d'Albane paraissaient vides, comme amputés de leur lumière, de leur vie. Déjà lorsqu'elle était à l'hôpital, la jeune femme était contrariée et apeurée. Elle craignait que le père de l'enfant ne refasse surface. Mais aujourd'hui, cette peur s'était transformée en désespoir. Albane était folle amoureuse de lui et ne savait pas comment imaginer une vie avec son bébé mais sans sa présence. Elle n'était pas une amie de longue date que je connaissais parfaitement, mais la fatigue l'empêchait de cacher son état. Elle me dit que cela lui faisait plaisir de me voir, puis m'expliqua ce dont elle avait vraiment besoin. Sans surprise, c'était du père d'Emma dont il s'agissait. Cet homme que je n'avais jamais vu mais dont je connaissais les deux femmes les plus importantes de sa vie. Cet homme à qui j'en voulait de faire du mal à ces deux êtres de par son absence, sans même le connaitre.
Je ne savais que répondre, et un silence s'installa durant lequel nous regardâmes tous deux la petite Emma, endormie.« Elle est en parfaite santé. ». Dis-je calmement. Les joues du bébé étaient rose et sa respiration paraissait normale. A peine née, elle allait devoir surmonter de longs moments d'épreuves, sans papa.