Flic, flac. La pluie torrentielle s'est abattue rapidement sur les habitants, et tous cherchent à présent où s'abriter rapidement. C'est d'un pas rapide et assuré que l'homme s'élance dans les rues de panane. Les cheveux d'un noir de jais. Les yeux injectés de sang très certainement dû à la prise d'une drogue. Le teint blafard. Il toise presque les 1m90. Au passage, il bouscule quelques personnes qui tentent de rentrer dans les magasins. Puis soudainement, il s'arrête en face de la bijouterie un peu reculée du centre ville. Il entre. Un sourire mauvais se dessine alors qu'il jauge les personnes présentes dans la pièce. Et en un instant, tout bascule. Il sort son arme coincée dans sa ceinture et le pointe à tour de rôle sur les clients et employés. Sa voix s'élève, rauque, déterminée, dangereuse. "TOUT LE MONDE A TERRE ! LES MAINS DERRIÈRE LA TÊTE !" .

BADA BOOM ! Réveil en sursaut. Cauchemar ? Surement. Je ne m’en rappelle déjà plus. J’ouvre les yeux avec difficulté, un peu comme si on m’avait poussé dans un trou noir intersidérale. Ouais c’est ça, sauf que je savais pertinemment pourquoi j’avais une tête de déterré, hier c’était la guerre, effectivement je n’arrivais pas à gagner à un jeu, une corde de ma guitare s’est fait la malle et le summum est que je venais à l’instant de craquer la chaine se trouvant à mon poignet. Et merde, La roue tourne. Etant donné la surpuissance de mon karma, j’hésitais quelque peu à rester chez moi. Qui sait ? J’étais en aucun cas superstitieuse, mais quand c’est trop c’est trop. De toute façon je n’avais guère le choix, je faisais des études de musique et une guitare édentée ce n’était pas au programme. J’en profiterai pour aller chez le bijoutier sur l’Avenue des Champs, pourquoi là-bas ? Peut-être parce que le gérant est sympa et qu’il rigole à mes blagues plus que désastreuses ?
A peine le nez dehors, le ciel commençait à devenir gris. Bon Dylan c’est Paris, rien d’alarmant et d’extraordinaire à cela. Mais Bordel j’espérai quand même un signe comme quoi je n’ai pas été pointé du doigt par un mage expert de poupée vaudou. Comme quoi écouter la météo, ça servait à rien. Jt’en donnerais des après-midis ensoleillés moi ! Comment ça j’étais bougon ? Continuant de longer les trottoirs, j’arrivais au magasin de musique. « Bonjour, une corde de Mi grave s’il-vous plait » . Quoi, vous en avez plus ? Non j’ai dit Mi grave pas Mi aigue, qu’est-ce que je vais faire avec deux cordes de Mi aigue ! Ils sont du genre comique dans ce magasin. Et puis comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, le ciel qui était gris commençait à donner naissance à une pluie qui ne fut pas innocente très longtemps. Super maintenant j’étais trempée, elle est où déjà cette bijouterie ? Zigzaguant entre les passants, je cherchais la fameuse boutique. J’éternue, satanée pluie. Je trouve enfin la bijouterie.
Le bijoutier me lance un sourire. « Alors, Mademoiselle Louison, on lâche sa petite console pour venir me voir ? » Hum… pas exactement. La bijouterie était accueillie par pas mal de monde. Ce n’était pas la joie, les gens étaient trempés, ça piaillait dans tous les sens et moi tout ce que je voulais à présent, c’était rentrer chez moi. Comment ça je ne sais pas ce que je veux ? Tout d’un coup, la clochette permettant de savoir qu’un nouveau client se présente retentit. Rien d’anormal pour le moment. La personne en question avait l’air louche, regard perçant, sourire douteux aux creux des lèvres. Il lui manquerait plus que l’accent de mafioso et c’était parti. Je rigolais, je rigolais moins quand il dégaina son arme accrochée à sa ceinture. Je blaguais beaucoup moins même. Putain qu’est-ce qu’il foutait celui-là, j’étais figée, j’avais peur, je regardais avec un regard désespéré, les personnes se trouvant à mes côtés. Sa voix surgit et cria un « TOUT LE MONDE A TERRE ! LES MAINS DERRIÈRE LA TÊTE ! » Je m’exécute fissa. Je m’appelle Dylan, j’ai 18 ans, j’allais bientôt en avoir 19 car j’ai la chance d’être née en fin d’année et aujourd’hui je vais peut-être me faire dépouiller comme un minable sous-fifre dans ces films de mafia. Comment ça j’aurais dû rester chez moi ?