Il parait que la vie est simple et sans artifice, je pense que je peux le confirmer, dans un sens. La vie n’est jamais rose, elle a toujours quelque chose qui fait que l’on vous rappelle que pour vivre il faut se battre. Et si tu y crois, alors tu continues longuement ta bataille pour survivre. Certains sont nés avec une cuillère en or dans la bouche, d’autre sont né sans rien, vraiment sans rien. C’est surement le cas de ma famille, dans un sens, mais nous y sommes habitués. La pauvreté, vivre dans un taudis à peine grand pour nous six. Je ne m’en plaindrais pas, pourquoi ? Quand on n’a pas connu le luxe on ne peut pas se plaindre, on ne connait que cela alors on est habitué, c’est presque normal pour nous. N’avoir que quatre chambres et se les partager. Bref c’est la vie des Fabbri, c’est la nôtre, on ne va pas s’en plaindre c’est comme cela. Ma mère nous a quitté à ma naissance. Oh non, elle n’est pas morte ! Elle en a eu marre de vivre avec un italien macho qui n’en foutait pas une, alors elle a pris le dur choix de le quitter lui et leur cinq enfants. Elle avait tout claqué pour lui par amour, lâchant le mannequinat pour vivre l’aventure avec lui, une aventure bien courte qui ne dura pas très longtemps ceci dit. Ma mère dont je ne connais même pas le prénom ne me verra donc jamais grandir contrairement un peu à mes frères qu’elle a vu et profité bien évidemment. Parfois j’ai tendance à me dire que c’est ma faute si elle est partie, je suis surement celle de trop, l’enfant qui a fait qu’elle a dû tout lâcher. Je n’en saurais jamais rien, parce que je ne sais pas comment elle s’appelle et pour la retrouver ce ne serait pas pratique. Est-ce que j’ai réellement envie de la voir ? De savoir des choses sur elle ? Peut-être que oui, peut-être que non je n’en sais foutrement rien et pour le moment rien ne me tente vraiment. J’ai juste envie de profiter de ma famille, même si elle est bizarre, même si je n’aurais jamais la vie dont j’aurais pu avoir. Taudis crasseux, poussiéreux, n’ayant surement pas connu le balai et la serpillère depuis des années, les araignées sont de jour et les souris sont parfois nos amis. Voilà ou je vis, dans un logement ou l’eau chaude se fait rare, ou les douches ne sont pas quotidienne ou l’ont privilège la vue du garage pour les clients et ou la maison, elle ressemble à une cabane plus qu’autre chose. Bienvenue dans la vie d’Opaline Elektra Fabbri.

J’ai toujours vécut sur Paris, dans les banlieues mal famé bien évidemment, ou pourrais-je vivre avec le peu d’argent que nous avions ? Pourtant, garagiste ça pait bien non ? Oui, surtout quand on a beaucoup de client de la zone où l’on vit. De la cité. Mais comment faire quand le père en question passe tout son argent dans les putes ? Un quotidien que je n’ai compris qu’en grandissant. Il est clair que quand l’on est petit on ne comprend pas ce que c’est que ce défilé de femme dans la maison. La seule fille de la famille, je suis assez délaissée si je puis dire. Mes frères se fichant de moi, ou alors ne faisant que me passer de bras en bras parce que c’est cool d’avoir une fille à la maison. Mon père lui parle italien et ne parle pas un mot de français. Il peut le comprendre mais pour le parler c’est une horreur. Mes frères parlent les deux langues. Français et italien, il faut dire que grâce à ma mère eux, ils ont appris. Moi ? Je grandis dans les deux langues et je parle entre les deux sans m’en rendre réellement compte, avec un accent bien italien, l’accent de la famille. Les cheveux court à la garçonne, fringués avec des habits de mes frères, personne ne me prends pour une petite fille. De toute façon qui vient me voir hormis la famille ? Personne, on me laisse dans un coin de la maison et les autres sont au garage pour bricoler les voitures, les réparer les pouponner et j’en passe. Je n’ai pas eu d’enfance heureuse ou la mère donne le sein à son gosse, ou que l’on vienne voir si j’ai faim ou autre. Non. Seule dans une sorte de parc pour ne pas que j’en sorte, voilà ou je restais constamment. C’était loin d’être le paradis sur terre, d’autre auraient pu être scandalisé, mais moi tout cela me convenait. Quand on ne connait que cela, on ne va pas se plaindre. Plus je grandissais et plus je m’affirmais. Après tout je n’étais pas une italienne pour rien non ? Parlant entre les deux, un coup italien un coup français on se comprenait et c’était l’essentiel. Mes jouets ? Des clés à molettes, des petites voitures, que des trucs d’homme parce que personne ne m’achetait quelque chose, alors je faisais avec les jouets que je trouvais au garage, ou dans la chambre de mes frères. Nous n’avions pourtant pas beaucoup de différence entre nous. Mais eux étaient déjà en âge de parler, bouger et comprendre pas mal de chose contrairement à moi pour le moment. Apprendre à marcher, faire mes premier pas, alors que tout le monde s’en fout, c’est surement quelque chose de déprimant. Mais une fois que je su marcher, autant dire que je trottais partout. Grandir était facile si on savait faire les choses tout seul. Mon père s’occupait de temps en temps de moi, il avait au moins la décence de m’acheter de quoi manger, des trucs pour enfant, c’était déjà ça. Puis lorsque je fus en âge d’apprendre à lire et à écrire, il s’est démené pour moi. Ne me scolarisant pas, préférant me garder à la maison, comme mes quatre frères, il fit de son mieux pour m’apprendre à lire. Bien évidemment sur des livres italiens. Lire, écrire, j’appris rapidement en fait, surement la soif d’apprendre autre chose que la mécanique, que de trainer autour des voitures. Et une fois que je suis lire, écrire et compter, il me laissa seule. M’achetant des cahiers de vacances, ou autre pour bosser toute seule. Et c’est ce que je faisais tous les jours, c’était là mon quotidien, bosser, faire les cahiers et rien d’autre. Les années passèrent et se fut vers mes dix ans, que je cessais peu à peu de bosser les cahiers. Ça devenait bien trop dur pour moi, alors je sélectionnais les matières. Qui se limitait à peu. J’arrivais à baragouiner un peu l’anglais, je prenais tout ce qui se centrait sur la biologie et voilà. Le français, je ne connaissais pas la moitié des mots. Pourquoi ? Car je parlais à moitié français et moitié italien, alors autant dire que je préférais l’italien, plus ma langue de la cité. Parlant en verlan, ou des mots qui n’existaient même pas dans le dictionnaire. Tant que l’on se comprenait c’était tout ce qui comptait non ?

Mes frères étaient, bizarre dans leur genre. Surement comme pas mal d’homme dans le fond. Le plus grand ayant déjà seize ans, alors que moi je n’en avais que dix, on pouvait voir qu’il n’y avait pas une grande différence d’âge. Ma mère nous avait pondu les uns après les autres dans le fond. Seize, quinze, quatorze, treize et dix ans. J’étais surement le dernier non voulu. Allez savoir, je n’en saurais jamais rien. Petit à petit je commençais à m’affirmer dans la maison. Aucune raison de me laisser marcher sur les pieds par cinq gros machos ! Non. C’est bien pour cela, que lorsque des disputes claquaient, je l’ouvrais pour les faire taire, et ça marchait. Du haut de mes dix ans, les garçons m’écoutaient ou m’obéissaient. Du moins sur le garage. Mais quant aux restes… J’avais souvent droit à des parties de baise. Je pouvais les entendre de ma chambre. Pute, ou n’importe qui venait et baisait. Voilà ou partait l’argent la plupart du temps. Mais ça je n’y pouvais rien. Le désir devait surement passer avant tout. Lorsque j’eus quatorze ans, je me mis à la tâche. C’est-à-dire, bosser dans le garage, réparer les voitures et j’en passe. Je gérer surtout les appels, les cahiers de comptes et tout cela. Additions et soustractions ce n’était pas bien compliqué. Puis c’était toujours mieux d’être reçu par… Un semblant de femme qu’un homme. J’appris bien rapidement à rembarrer les hommes bien trop avenants à mon gout envers moi. Pas besoin de mes frères pour cela, non, je me débrouillais seule, surtout que j’avais appris à me battre. Il fallait dire que vivre en cité, c’était une chose nécessaire. Même si je n’étais qu’une fille, il valait mieux savoir se défendre. J’avais défense de sortir le soir, ça mon père était strict. Il tenait tout de même à moi dans un sens, même s’il ne le montrait pas. Et si un homme me regardait de trop devant mes frères autant dire qu’il entendait de tout. Bosser là-dedans me plaisait finalement, même si pour une fille ce n’était pas très courant. Mais lorsque je me retrouvais dans un capot de voiture, j’aimais enfouir mes mains, chercher l’erreur, avoir le cambouis sur moi et autre. Entendre le bruit du moteur, bref, c’était un plaisir pour moi. Dans le fond j’étais bien une Fabbri. Même si j’avais des faiblesses. Mes faiblesses ? Le manque d’amour maternel. Que faire lorsque l’on a ses règles et que personne ne peut vous aider dans la maison ? Quand on se sent devenir une femme ? Quand on a besoin d’acheter des soutiens-gorges et autres ? J’étais seule dans ce combat et autant dire que j’en avais souffert. Mais ne rien laisser paraitre, c’était là, un jeu d’enfant. J’avais l’habitude de souffrir mais de faire croire que tout allait bien. Je n’aimais pas que l’on me porte attention. De toute façon, qui me portait de l’attention ? Personne. Si j’étais malade, on ne s’occupait pas de moi, c’était comme un jour normal. Quand je souffrais le martyre à cause de mes règles pareil. On s’en foutait bien de moi, c’était chacun pour sa gueule. Puis la famille s’agrandit sans que l’on ne demande rien. Mon père ? Non ! Mon frère ainé qui a juste pondu un garçon avec sa copine du moment. Deux personnes de plus dans la maison, comme si nous avions la place pour cela. C’est à cette époque-là, que j’ai alors commencé à fuir la maison, à aller m’enfermer dans une bibliothèque pour lire. Dévorer des livres et m’échapper de ce moment-là. Livre italien bien évidemment. Roman d’amour, à l’eau de rose, ce genre de bouquin qui vous donne envie de connaitre l’amour. Sauf que l’amour, ça n’existe pas.

Grandir, grandir et grandir, je passais de moins en moins de temps au garage et de plus en plus de temps à la bibliothèque. Je payais comme je pouvais, mais parfois j’avais le droit de prendre les livres pour chez moi sans payer d’abonnement. Je pense que la fille de l’accueil avait compris de quel monde je sortais. Il suffisait de me voir. Porter toujours les mêmes fringues n’étant pas toujours très propre, j’étais la petite pauvre de la banlieue qui venait dans les coins bien famé de paris pour se cultiver comme elle pouvait. Voilà ce que j’étais dans le fond. J’étais une fille pauvre, presque sdf. Je ne savais rien faire. Même pas cuisiner, à la maison on mangeait toujours des plats tout près. Ou alors on partait s’acheter des pizza ou sandwichs. Bref, je n’avais même pas une poêle chez moi. C’est surement ce qui fit fuir la copine de mon frère. Après nous avoir pondu deux garçons, elle fila, comme maman. Mais ce qui me choqua ce fut que mon frère s’en foutait. Il ne s’occupait même pas des deux petits. Alors je pris la relève, comme si j’étais leur mère, alors que je ne l’étais pas. Simplement âgé de dix-sept ans, a la charge de deux foutus bébés. C’est surtout pour cela que je fis en sorte de mettre mon argent de côté, parce que, eux, ils auraient droit au luxe. L’école. Hors de question qu’ils finissent comme nous… Pauvre et mécano. Alors mon boulot consistait simplement à alterner entre le garage, les deux mioches et parfois, je dis bien parfois la bibliothèque. Je les embarquais avec moi de temps en temps, mais je n’aimais pas. J’aimais pouvoir lire tranquille, sans que l’on me fasse chier. Changer les couches ou autres m’énervait… Lorsque le premier fut en âge d’aller à la maternelle, je le lui mis sans aucun remord. Et le second pareil. Alors plus trop besoin de m’occuper d’eux, l’école le faisait, je n’avais qu’à les récupérer et le tour était jouer. Les amener aussi quand même. J’étais tatie Opaline la meilleure. Mais il était clair que je ne pondrais jamais d’enfant. Plutôt crever que de faire des mioches. Puis je n’avais que vingt ans alors je n’allais pas m’embarquer là-dedans. Mais pourtant ce fut cet âge-là, que je choisis pour perdre ma virginité. A force de lire des romans d’amour et autres conneries du genre, j’avais envie de connaitre ce plaisir-là. Alors je me mis à sortir dans les boites de nuits, essayer de faire des rencontres, parce que bon… Fallait bien avoir un partenaire pour la perdre cette virginité… Et ce fut un vendredi soit ce que ça arriva. Stressée et angoissée avec un homme totalement inconnu, c’était mieux, pour moi, et pour lui. Dans son studio que tout se passa vite, mais vite. Puis le moment T. Douleur, souffrance, horreur, envie de partir, de faire un retour en arrière et de ne pas écarter les cuisses. Affreux, comment pouvait-on aimer faire l’amour ? C’est pourquoi, je préférais lire encore plus de livre que de pratiquer. Autant dire que j’étais spéciale dans mon genre. Et puis, je ne voulais pas devenir comme ses filles qui venaient à la maison pour tirer leur coup avec mes frères. Une sorte de pute, une sorte de fille facile. Hors de question de coucher tous les quatre soirs…

Trois ans. Ce fut le temps que j’attendis pour coucher une seconde fois. Une erreur soit dit en passant. Boire, boire, et hop un verre de trop et on se fait embarquer sans que l’on ne contrôle quoi que ce soit. Ce fut tout autant chaotique que la première fois, du moins des bribes que j’en ressentis. Parce que soyons clair, bourré, je ne sais même pas ce que j’ai fait. Etoile de mer ? Gémir ? Bouger ? Participer ? Bonne question. Je m’en foutais un peu dans le fond. Ce n’était pas ce que j’aimais, franchement… Le sexe et moi nous n’étions pas réellement amis. C’est bien pour cela que je m’occupais avec la mécanique, ou les enfants. Leur acheter des fringues correctes, de quoi aller à l’école et ainsi de suite. En fait tout mon argent partait là-dedans. Mais il fallait croire que deux gosses ne suffisaient pas. C’est pour cela que mon troisième frère décida de mettre en cloque une fille. Certes ils étaient ensemble depuis bien longtemps, apparemment, mais quand même. En attendant, les mioches et elle, venaient trop souvent à la maison, et comme si nous ne manquions pas de place ils squattaient ici. Quatre ans. Quatre ans a se coltiner mioches et femme. Autant dire qu’à la maison la place était limité et les douches de plus en plus rare. Economiser l’eau pour ne pas payer non plus trop cher. Parce que mademoiselle ne bossait pas bien évidemment. Mais malheureusement quelque chose se produisit. Je ne l’aurais jamais souhaité. Vivre dans une cité on sait parfaitement que c’est dangereux et que certains coin de la cité sont à éviter, c’est clair… Et malheureusement pour elle, elle s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Des règlements de comptes, une affaire qui a fait parler dans la cité mais jamais bien plus loin, étouffé par les autorités comme d’habitude. Pourquoi parlerait-on des cités et des difficultés d’y vivre ? Tué par balle, elle laissa un homme et deux enfants. A notre charge. Merci. Aujourd’hui, je me retrouve encore à la charge de deux enfants à élever, et heureusement que les deux autres sont ado et savent se démerder seuls. Mais il parait que tout le monde a droit à une vie meilleure. Peut-être que la mienne allait changer en venant m’occuper de ce client si… différent et particulier. Oui je pense que ma vie allait changer, une intuition.

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