Il y a des personnes qui aiment être dirigées, et d'autres qui rêvent de pouvoir diriger. Elle, ne fait partie d'aucun de ces deux groupes, et pour rien au monde elle n'échangerait sa place. Pourquoi ne devrait-on n'avoir de choix qu'entre le berger ou le mouton, hein ? Jeanne est plutôt du coté du solitaire. Celui qui se débrouille par lui même, sans jamais rien demander aux autres, et surtout, sans jamais rien devoir à personne. Parce qu'après tout, elle n'a jamais trouvé ce que les gens pouvaient lui apporter, et d'ailleurs elle ne pense pas pouvoir apporter quelque chose non plus. Elle vit simplement sa vie comme elle l'entend, et si cela déplait à qui que ce soit, elle sera ravie d'en discuter, vraiment. La personne que ça dérange, beaucoup moins, après l'avoir entendue. Parce Jeanne, c'est une femme brute. C'est un diamant intaillée, dirons certains. C'est une femme crue et nature, pour d'autres. En fait, Jeanne est tout sauf la fille modèle que tout le monde a voulu qu'elle soit, tout simplement. Bien du monde aurait voulu, et même tant souhaité, qu'elle fasse partie du même moule que le reste de la famille, mais c'était sans compter sur le caractère de Jeanne. Au départ, c'était simplement pour faire chier son monde. Mais au fil du temps, elle s'est rendue compte qu'elle faisait ça simplement parce qu'elle était comme ça, ni plus ni moins. Laissez moi vous raconter des morceaux de son histoire.



"Allez, accepte Jeanne, je sais que t'en as envie." Elle le regardait alors avec pitié et mépris, malgré le fait qu'elle arborait un sourire sur son visage. Ca lui donnait l'espace d'un instant une bouille d'ange, avant qu'elle crache ses mots de démon. " Ecoute moi bien euh... Max c'est ça ? Non non, ne réponds même pas, tais toi simplement. Et sois très très attentif à ce que je vais te dire, car je ne te le dirais pas une deuxième fois. La première fois, il me semble t'avoir dit simplement de dégager. J'en conviens, ce n'est pas très poli de ma part. Quelque part, j'm'en branle de la politesse. Et j'm'en branle aussi des milliers de choses certainement toutes aussi connes les unes que les autres que tu voudras me balancer dans l'espoir - ce qui est drôle d'ailleurs - que j'te suce, alors ouvre grand tes oreilles. Tu ne m'intéresses pas. Tu sembles aussi creux qu'un vase, et le bruit d'une goutte d'eau qui touche le fond pourrait représenter la médiocrité de toutes tes phrases depuis le début. Et moi, les gens médiocres, ça me gonfle. Je ne t'ai pas fait l'affront de regarder l'heure, parce que je pensais que tu t'en rendrais compte tout seul, mais même ça tu en es incapable, car je me fais chier depuis que tu as pensé ouvrir la bouche avec moi. Alors, fais ce que tu as de mieux à faire à l'heure actuelle, disparais de ma vue, et trouves toi en une autre, dans l'espoir qu'elle soit assez conne pour avaler tes conneries. Au moins, tu sauras qu'elle sera bonne pour avaler le reste. Tires toi. A tout jamais. "
Ca, c'était la façon de Jeanne de communiquer avec les autres. Crue, directe, franche, et sans complexe. Elle n'avait pas l'habitude de prendre des gants, parce qu'elle considérait que c'était une perte de temps de jouer dans l'hypocrisie alors qu'on gagne un temps fou à dire vraiment ce que l'on pense, ne serait-ce que pour sa propre santé mentale.




Même avec sa propre mère, parfois ça ne passait pas. Elle avait toujours été elle même, mais elle agissait autrement avec ses proches. Elle était simplement un peu moins froide, ou tout du moins un peu plus chaleureuse qu'elle ne pouvait être avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas du tout. Jeanne avait décidé de toujours afficher ses choix, et les respecter, sans jamais avoir à se cacher. Parce que comme l'hypocrisie, elle n'aimait pas mentir et se mentir à elle même. Et au lieu de trouver le bon moment pour avouer ce qu'elle avait à dire, elle prit l'opportunité quand celle ci se présentait à elle.
" Ma fille, quand te décideras-tu à me présenter ton Jules, hein ? " Jeanne bouillonnait carrément. Elle qui faisait tant d'efforts avec sa mère, profitait de la situation pour s'en sortir.
" Maman, je n'ai aucun Jules à te présenter, car si je devais te présenter quelqu'un, elle s'appellerait plutôt Julie. " Sa mère, elle, ne semblait pas comprendre. Pour Jeanne, elle pensait plutôt qu'elle ne voulait pas comprendre. Ses doigts tapotaient nerveusement la table. Jeanne, qui ne se retenait pourtant jamais, faisait preuve d'une grande patience envers sa mère. Un silence commençait à s'installer. Un silence trop pesant. Un silence qui en disait long.
" Maman... Qu'est ce que tu ne comprends pas ? Que ta fille est une lesbienne, c'est ça ? "
C'était crue, c'était brut. C'était livré comme elle savait le faire. Made in Jeanne.
" Mais que me racontes tu là Jeanne, enfin ! Tu dis n'importe quoi ! André, dis quelque chose enfin "
Jeanne mitraillait sa mère du regard, et ne faisait même pas attention à son père. Quand elle a quelqu'un dans le collimateur, c'est jusqu'au bout. Jusqu'à ce que l'autre cède.
" Maman merde ! Même quand je te dis les choses le plus simplement du monde, il faut que tu fasses comme si c'était impossible. Pourquoi me pousses tu à bout, hein ? Tu as peur que l'on dise de ta fille que je ne suis qu'une bouffeuse de chatte ? Je sais que t'espérais me marier avec un homme pour fermer les yeux sur le train de vie que j'ai et auquel tu n'adhères pas mais... enfin merde quoi ! T'es sensée m'aider ! "
Pour la première fois depuis bien longtemps, Jeanne pleurait devant sa mère. Il faut dire que les choses avaient été plus dures que prévues, et s'assumer comme ça n'était déjà pas facile aux yeux des autres en soi. Jeanne, elle, s'assumait complétement. Elle n'en avait rien à faire de ce que les autres pouvaient penser. Mais sa mère, c'était différent. Car Jeanne avait le plus grand respect qu'elle pouvait accorder à ses parents.

Voilà, c'est un bout de l'histoire de Jeanne. Mon histoire.

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Grayson, Yannie, Ella, Lumen, Cheshire, Glagla, Jayden & Albane