"Vous voyez, il y a des injustices sur terre. Je pense en être une. Vous savez pourquoi ? Tout simplement parce que ma vie est injuste. Et celle des autres l'est aussi et je ne peux rien faire pour changer ça. Je dois vivre avec. Je sais que c'est dur, mais je suis sûre qu'un jour j'oublierais ce que j'ai fais. Et ce qui c'est passé. Mais pour le moment je vis juste avec, la douleur est la colocataire, la vide mon meilleur ami. Parfois je chute. Parfois je rebondis. Mais dans tous les cas.. la fille que j'étais avant n'est plus la même. Il y a toujours un élément déclencheur qui nous change. Moi j'ai le mien. Vous le votre. Alors oui, vous allez me dire, chacun ses problèmes et le monde tournera mieux. Vous êtes sûr de cela ? Pour vous c'est logique de vois un vieillard que personne n'aide alors qu'il a du mal à traverser la route ? Vous allez probablement me répondre que non, mais que cela ne nous regarde pas. Mais ce que vous ne comprenez pas c'est que tout nous concerne. Et que dans tous les cas on fera souffrir une personne. Telle qu'elle soit, qui qu'elle soit. Je suis comme vous, je pensais la même chose. Mais j'ai ouvert les yeux. Alors merde. Ouvre vos putains d'oeil. Il faut réagir. Je crois que je ne vois plus le monde à la même façon. Il faut avouer que depuis mon accident tout a basculé. Tout bascule dans ce genre de moment vous me dîtes. Pourtant moi j'ai vraiment l'impression qu'on peut changer le monde.
Oui parce qu'il y a 4 ans. J'avais à cette époque 18 ans. Et j'étais une gamine écervelée sans vraiment de but dans la vie. J'avais aussi une famille, et tout.. deux soeurs, une jumelle, Lucky, ou Luca et Teddy. Vous voyez très bien de quoi je parle. J'étais populaire et égoïste. Oui j'étais une fille très égoïste qui ne pensait qu'à sa petite personne. Cela arrive à tout le monde vous me direz de l'être. Mais je voulais surtout toujours être la meilleure. La plus belle, qu'on me remarque, qu'on m'apprécie, que je sois populaire. Oh oui on peut dire qu'à cette époque j'étais une fille superficielle. Je ne pensais qu'aux apparences, qu'à ce que je dégageais sans penser une seule seconde que cela pouvait blesser un tas de personnes autour de moi. Et cela peut aller de mes parents, à mes soeurs, mes amis, les professeurs, les personnes qui m'entouraient au quotidien. Oui quand j'y réfléchis je dois battre des records d'abus de confiance, de mensonge et j'en passe.
Donc lorsque j'avais 18 ans, cet élément est venu. Il m'a frappé de plein fouet. En face de moi. Enfin c'était surtout un camion qui a heurté ma voiture. Dans cette voiture il y avait ma soeur. Teddy. Elle n'avait même pas 13 ans. Elle était assise sur le siège à coté de moi pendant que je conduisais. Nos parents étaient eux tranquillement chez nous. Moi j'étais censée allez la chercher à la danse vers 22 heures. Seulement j'ai bu avant d'y aller, avec une sois disant amie. Et j'ai quand même pris le volant. Distraite j'ai pas vu le camion arrivé et il nous a foncé dedans. De plein fouet. Bilan des courses, 2 ans de coma pour moi. Et la mort pour ma soeur. Oh lorsque je dormais dans un coma profond, j'étais bien avec elle. Entourées de lumières blanches spectaculaires et je profitais d'elle comme je ne l'avais jamais fais. Elle me disait tout le temps qu'elle me pardonnait et qu'elle voulait que je descende. Mais il m'a fallut du temps pour que j'y arrive. Pourtant ce rêve me paru tellement court.
Lorsque mes yeux se sont ouverts je savais. Oui je savais que j'avais tué ma soeur. Pourtant et bizarrement je n'ai pas été puni par la justice, ils ont du pensé que 2 ans de coma suffirait à me punir, plus la mort de ma soeur. Depuis je n'ai jamais retouché à un volant. Je n'ai pas bu non plus une goutte d'alcool. J'ai encore des séquelles. Parfois mes jambes me font mal, parfois je tremble. Je fais des cauchemars. Parfois aussi j'ai l'impression de sentir sa présence. Teddy. Elle est là, tout près. Pour repartir dans une nouvelle vie, il a fallut que j'écrive. Ce que je fais en ce moment. Je vous raconte, je me confesse. Mais rien n'y fait, j'ai tué ma soeur. Ma mère ne veut plus m'adresser la parole, et mon père lui boit un café avec moi de temps en temps. Ils ont divorcé pendant ma convalescence. J'ai ruiné une vie.
Comprenez qu'un acte, le plus petit soit-il, peut tout gâcher dans une vie. J'ai gâché ma vie, celle de ma soeur, de mon père et de ma mère. Et j'en passe. Bizarrement à mon réveil ses personnes qui comptaient tant.. celles pour qui je me pliais en quatre pour leur plaire n'étaient même pas là. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles. A quelques exceptions près. C'est dur. Alors maintenant vous lisez mon oeuvre et vous vous dîtes que je ne dois pas culpabiliser, qu'on fait tous des erreurs. Oui vous faîtes tous des erreurs, on est tous des erreurs. Car sans le savoir on produit un tas de choses et on passe à coté de sa vie. Elle, elle défile sur un raille et vous vous pédalez à coté dans pouvoir la rattraper. Je pédale toujours. "
Extrait de Bliss, écrit par Judicaëlle Bliss Mellark ( devenu best seller mondial )
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