12 septembre 1986 ♦ Londres
Il devait être environ dix huit heure ce vendredi. La pluie avait commencée à tomber deux heures plus tôt. Mamma avait sortit l'habit des grandes occasions. Un tailleur jaune pastel, accompagné d'un petit chapeau, d'une pochette et d'un parapluie, qui n'était utiliser que très rarement, comme ce jour là. Elle avait empruntée la voiture de ma mère pour pouvoir m'emmener. Aujourd'hui était un jour très spécial pour moi. C'était le premier où j'allais entrer dans un monde fabuleux, le premier jour que j'allais découvrir ce que j'appréciais le plus. Mamma m'avait emmener à mon premier cours de danse ce jour là. Je n'avais que ça en tête. Danse, danse, danse ! Tout la journée, à l'école, j'en avais parler avec mes amies qui elles aussi y allaient ce jour là, à la danse. Mamma, était une femme forte, elle avait élevée ses trois enfants seule après le décès de son mari. C'était une femme de caractère et de grande classe. Toujours bien habillée, bien coiffé, dans sa vieillesse, quand ses cheveux devinrent blanc, elle les fit teindre en blond pour paraître plus européenne. En réalité, elle s’appelait Gloria, c'était ma grand-mère, Mamma quoi ! Je l'admirait tellement cette femme. Enfin, revenons. Nous étions dans la vieille voiture beige de ma mère, et Mamma nous conduisait jusqu'au centre communautaire où était aménagée la salle de danse. Je n'avais pas encore de tenue, mais grand-mère m'avait vêtu d'une petite robe plus serrée à la taille. Nous entrâmes dans la salle, une bonne vingtaine de petites filles devait être là, main dans la main avec leur mère. Elles portaient toutes des petites robes roses avec tutu et tout le nécessaire pour danser. Moi, j'avais une simple robe bleu et des bottines de la même couleur. La main de Mamma lâcha la mienne. Une vague de peur m'envahit. Je n'avais que quatre ans après tout, me laisser toute seul comme ça... Gloria se pencha en face de moi, et en me frottant le visage, prononca de sa voix rauque les mots suivants :
« Écoutes Roman, tu as le prénom d'une personne très importante, c'était une femme forte, elle était prête à tout pour réussir, je sais que tu es pareille mon enfant, n'oublie jamais que Mamma est toujours avec toi, ici, dans ton cœur. »
Ces mots, je ne les oublierai jamais. Et, cette soirée là non plus. Toute ma vie débuta à ce moment là.
12 septembre 1996 ♦ Londres
Dix ans... dix longues années se sont écoulé depuis mon premier jour à la danse. Dix ans à aimer, à être passionné par ce monde. Dix ans à apprendre et à enseigné aux plus jeunes. Aujourd'hui j'ai quatorze ans. Gloria est à l'hôpital, elle a un cancer. Elle a perdu ses cheveux blonds, mais pas sa joie de vivre. J'allais la voir tout les deux jours. Je restais de longues heures à son chevet. Elle souriait tout le temps, ce qui me faisait sourire. Elle me disait « tu as un si jolie sourire » et je lui répondais la même chose. Je lui apportais des photos de la danse, de la famille, des amis, de l'école, de ma vie, et je la prenais en photo, histoire qu'il me reste un minimum d'elle. Nous savions tous qu'elle allait partir très vite. Tout le monde le savait, sauf elle. Elle disait qu'elle l'emmerdais ce cancer, qu'elle le haïssais, elle le combattais du mieux qu'elle pouvait, et moi je profitais de ces derniers instants avec elle. Il était prévu qu'elle nous quitte dans maximum deux mois. Nous n'en étions plus qu'à un. Maintenant j'y allais chaque jours après l'école, je lui apportais des dessins fais par les petites de la danse. Car oui, Mamma était connu là bas. Elle m'accompagnait tout le temps, même quand j’eus douze, treize ans. Puis elle est tombée malade... Et là, elle ne pouvait plus bouger de son hôpital. Mamma en avait marre d'être là bas, malgré sa maladie, elle était toujours aussi active, dynamique, elle faisait de la peinture pour s'occuper, et moi je la prenais en photo. Elle jouait au mannequin parfois quand elle était devant l'objectif. Elle savait me faire rire, elle savait nous faire rire. En fait elle savait faire rire même la personne la plus stoïque du monde. Gloria avait cette gaieté qui illuminait nos vies. Elle était l'étoile de notre obscurité quotidienne. Mais cette étoile perdait de intensité chaque secondes, chaque minutes, chaque heures, chaque jour... Nous faisions tellement de choses ensemble, qu'elle me manquait déjà. Parfois, quand nous étions dans des discussion nostalgique pour elle, sa tête vacillait sur le côté. Elle se cachait pour pleurer. Se remémorer ces instant la rendait triste car elle savait, elle savait qu'elle ne les revivrai plus. Mamma était tout pour moi, c'était la femme de ma vie, bien avant ma mère. Mamma était la femme qui m'avait élever car maman était au travail, Mamma était la femme qui avait fais de moi une femme forte. Mais Mamma perdit sa force.
20 février 1997 ♦ Londres
C'était un triste matin qui régnait sur Londres. Cette femme, cette femme si forte, si fabuleuse, si courageuse, si belle, Gloria, venait de nous quittée. Elle n'avait pas le droit de me laisser comme ça. Je n'avais que quinze ans ! Je n'avais plus de repères désormais... Je ne savais pas où aller. Ce jour là était un Jeudi. Un triste jeudi. Nous étions tous au cimetière. Tout le monde. La famille, maman, mes frères, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, mais aussi les voisins et les amis de Mamma. Elle allait nous manquer. Ce jour là était un des seuls où j’étais proche de ma mère. Je lui prenais le bras je la soutenais tout me soutenant. La journée avait commencée très tôt pour moi. Je n'avais pas dormis de la nuit, hantée par l'idée que Mamma est pu nous quittée. C'était jour de deuil. Je ne mangea pas. Je n'avais pas le cœur à faire tout ces rituels. Je ne fis que m'habiller. J’enfilai une robe noire que Mamma m'avait achetée. En signe de reconnaissance, j'eus envie de mettre le fameux chapeau de Gloria et de prendre sa pochette. Ma tenue pour l'enterrement de cette grande dame était donc composé de noir et de jaune pastel. Je suis sur et certaine qu'elle aurait apprécié le geste. Nous avions tous rendez-vous à l'église. Toute ma famille arriva au fur et à mesure. Je franchis la porte de l'église, et j’aperçus droit devant moi, le cercueil ouvert de grand mère. Je mis une main devant ma bouche pour retenir des sanglots. Je voulais la voir une dernière fois avant qu'elle parte. Je m’approcha d'elle. Voir son visage toujours illuminé me donna un sourire mélangé aux larmes. Je commença par lui raconter ma vie et la sienne, ce que nous avions vécu ensemble. Je parlais encore et encore. Je lui avait apporté des choses, des photos. Peut être qu'elle ne les voyait pas, mais faire ça me rendait moins triste, quoi que tout ceci était totalement bizarre.
Le cortège funèbre quitta l'église. Il se dirigea vers le cimetière, vers le trou, vers sa dernière demeure. Le cercueil fut poser sur la chose qui allait le faire sombrer dans ces abysses de terres. Le monde avait la tête baissée, certains pleurait d'autre faisais la gueule. Moi, je pleurais, mais je souriais. J'avais préparé un petit quelque chose pour lui dire au revoir. Je m'approcha donc du cercueil, et en toute impunité, je m'assis en tailleur devant le cercueil, dos aux autre gens visiblement surpris de mon acte.
« Mamma, Gloria, grand-mère, tata, maman... peut importe comment les gens t'appelle. Tout d'abord, je voulais te dire merci, merci pour tout, pour tout ce que tu as fais pour moi, pour nous. Nous élevés, prendre soin de nous, nous apprendre la vie, l'art... Mamma, excuse moi, mais je ne peux pas continuer ce discours, je n'ai pas la force. Je voulais juste de dire que tu me manques déjà, et... à bientôt. »
Sur ces dernières paroles, j'essayais de garder mon calme, de ne pas pleurer, de ne laisser échapper aucune émotion. L'agent des pompes funèbres enclencha une horrible musique tout en la faisant descendre dans cet horrible trou. Voilà, elle était au fond, et à jamais. Elle n'en ressortirait pas. Il faut se rendre à l'évidence, elle est morte. Une larme commença à couler le long de ma joue. J’ôtai le chapeau jaune pastel, le regarda, puis je le jeta sur le cercueil. Je lança au passage un arum noir, la fleur préférée de Mamma. Puis je m'en alla.
1 janvier 2000 ♦ Londres
« Bonne année ! » avait crier tout le monde dans la maison. Et oui, bonne année, nous entrions dans un nouveau millénaire, et moi j'allais avoir dis huit ans ! Nous étions à l'appart' de l'oncle Bradley pour ce jour très spécial. En fait, les jeunes étaient à Londres, et les adultes à Liverpool. Oui il y avait de la distance entre nous, mais tellement plus de liberté. Nous devions être une vingtaine. Mes deux frères, mes quatre cousins et mes deux cousines. Après, bien sur il y avait nos amis, nos amis d'enfance, mais aussi ceux qu'on ne connaissait que depuis le lycée. Il y avait les petits copains de mes cousines, et les « meuf » de mes frères et cousins. Moi, je n'avais personne, et c'était très bien comme ça. J'ai toujours aimé la solitude, et il faut bien se faire désirer un peu. Ce soir là, j'avais décidé d'être la reine, la reine de la soirée, la reine de l'an 2000 ! Et pour cela, j'étais prête à tout. C'est un ainsi qu'une très longues journée décisive de ma vie alla changer. Ce jour là, j'étais à la grande ville, la ville dont on avait toujours rêvé mais que l'on avait jamais réellement vu par son vrai visage, Londres. Londres, et toutes ses rues, tout ses taxis, tout ses parcs, ses punks, ses quartiers, Londres et toute ses briques... Bref, cette ville était et est toujours magique. Pour moi, ce n'était pas une première, mais pour ma cousine Mia, avec qui j'avais décidé de faire du shopping, oui. Mia, avait dix-sept ans, comme moi. Elle connaissait donc la mode de l'époque et les styles à avoir. Malheureusement, entre nous, le style dans les années 2000, ça passait pas très bien... J’essayais donc d'avoir un temps, ou plusieurs, d'avance sur la mode, je ne m'habillais pas comme tout le monde, et ça me plaisais. J'avais donc emmené Mia pour qu'elle me servent de radar à choses horriblement dégueulasses. Nous étions d'abord aller dans un grand magasin. Ma cousine courait dans tout les sens, elle adorait tout, elle trouvait ça trop beau. Je m’arrêta et j’eus sans doute le réflexe de dire « OK ». Puis tout en me tournant, je commença à marcher vers la sortie. Mia fut bien obligée de me suivre, après tout nous étions là pour moi. J'avais tenter le centre de la cité, et bien, non, très peu pour moi. J'entraina donc ma cousine dans le métro. Direction, Camden. Ah, Camden, mon quartier préféré, le quartier punk, si vivant, si « musical », si coloré. J'aimais la couleur, j'aimais toutes les couleurs, et je les aimes encore plus aujourd'hui. Nous y étions, nous déambulions dans les rues du quartier. Il faisait froid, mais la foule nous réchauffait un peu. Avec Mia, nous nous donnions la main pour ne pas se perdre. Je l'emmena dans une petite boutique en fin de rue. Boutique tout a fait inconnue pour moi et évidemment, pour elle. L'intérieur était vraiment atypique. Il était sombre et coloré, très punk et musical, assez robotique aussi. J'étais émerveillée mais Mia avait plutôt peur de la vendeuse, ce qui, soit dit en passant me faisait rire sachant que la vendeuse n'était qu'une femme aux cheveux courts, roses, avec des piercing. Elle restait quand même super féminine. Je m'approcha d'elle et lui demanda quelque renseignement à propos de ce qu'elle vendait et tout... Ça m'avait l'air pas mal ici. Je m'avança vers ma cousine et lui dis à l'oreille :
« Vas pas falloir que tu flippe, parce qu'on est là pendant au minimum une bonne heure. »
Oui j'avais trouvé la boutique parfaite, la boutique qui vendrait ce dont j'avais besoin pour faire de moi-même une reine durant une nuit. La femme de la boutique avait bien entendu et souriait. Bon, pour commencer, j'avais besoin d'une robe. Une belle robe, mais hors du commun. Je demanda donc, évidemment, a la vendeuse, qui je crois s’appelait Lizbeth.... Tout en mâchant un chewing-gum et en lisant une revue sur la musique, elle pointa du doigt un petit coin du magasin. Mia était assise sur une banquette devant l'espèce de comptoir. Quant à moi j’étais partis dans ce coin. Ma chère cousine semblait très mal à l'aise. En plus de l'environnement, Lizbeth, la vendeuse la fixait un peu. Mia vint donc me rejoindre assez précipitamment. Je venais de trouver la perle rare, la robe des robe. Elle était rose bonbon, elle était assez grosse et volumineuse. Je la pris. Je la paya. En fait nous pouvions sortir, ça ferait du bien à ma cousine. Mais, en sortant, je vis en face de la boutique, une gigantesque façade entièrement décorée. C'était un coiffeur. Je regarda Mia dans les yeux, lui sourit et me dirigea vers cet endroit plus que fabuleux. J'en ressortit blonde platine. Il m'avait décoloré et m'avait fais une couleur en plus de ça. J'avais la même couleur de cheveux que Mamma désormais. Nous rentrâmes à l'appartement. Tout le monde était déjà là. Mia me fraya un chemin entre les invités, j'avais réussi à caché tout mes changements et mes achats. Je couru dans une des chambres et me changea, me maquilla. J'étais une vrai reine désormais. Je sortis. Tout le monde me regardait. J'avais réussi. J'étais une reine, et la fête fut royal.
17 mai 2002 ♦ Londres
Le jour qui changea ma vie. Le jour où je trouva ma voie. Je faisais mes études à Londres. J'étudiai la mode et le design. Et en ce vendredi, l'école avait organisé un petit défilé de mode. Et qui avaient ils nommé attachée de presse ? Roman ! Au début, je n'avais pas envie de faire ça, je voulais organiser le défilé, le supervisé, mais en fait, mon poste fut bien plus divertissant. Je devais appeler les grands noms de la société et les convaincre de venir à un stupide défilé d'une vieille école miteuse. Je parlait toujours, je donnait des arguments, je faisais bien mon travail en clair. Je n'avais eu que trois « peut être » sur une trentaine d'appels. J'étais morte, personne ne voulait venir. En fait, je faisais mal mon travail. Enfin nous verrons bien le soir de l’événement. Parce qu’appeler des attaché de presse, quand on débute, c'est toujours un peu difficile. Le soir arriva. Tout le monde était près et très tendu. Moi la première. J'étais devant le bâtiment qui accueillait le défilé, j'attendais avec un homme assez grand et costaud qui jouait le rôle du garde. J'avais une fausse liste d'invités, pour faire plus « busy », et j'attendais. Pour l'instant, seul les parents, les amis et des gens qui avait vu des affiches de l'événement était venu. J'attendais maintenant de voir si la cour des grands allait venir. La rue était déserte pour l'instant, je voyais des voiture passé quelque fois en espérant qu'elles s'arrêtent, mais non. Au bout d'un moment, je perdis tout espoir, et je répondais au garçon qui venait me voir de temps en temps qu'ils pourrait lancer le show. Non ! Non ! Ils ne devait pas le lancer. Voilà de grosses voitures noires qui arrive, il y en a cinq ou six. Elle s'arrêtent. A ce moment là une énorme sourire apparut sur mon visage. Des hommes et des femmes extrêmement bien habillés sortirent des véhicules. Il rentrèrent tous dans la salle. J'avais l'impression de les avoir déjà vu... Sans doute puisqu'ils travaillent dans la mode. Une femme était sorti d'une des voiture en dernière. Elle s'arrêta devant moi.
« C'est toi qui m'as appelle ce matin ? Je suppose. En fait, bravo... bravo, tu as réussi à me convaincre de venir ici, ce qui n'était pas forcément chose facile. Je croit que tu as de l'avenir dans ce métier ma grande. »
Sur ces dernier mot, elle me tendit une carte de visite sur la quelle elle avait griffonné quelques mots. Elle entra donc ensuite dans la salle de spectacle et le défilé commença enfin. Je pris le mot que j'avais par réflexe rangé dans ma poche, puis je le lu. « Au cas où tu veux continuer dans cette voie là, appelle moi. » A la vue de ce message mon sourire disparu pour laisser place à une expression d’excitation. Je n'avais plus besoin de continuer mes études, je venais de trouver ma voie.
Quelques jours après je contacta la femme qui me dit qu'elle avait besoin d'une assistante pour son travail. Que pensez-vous ? J'ai tout de suite accepté !
De nos jours ♦ Paris
Aujourd'hui, j'ai trente ans et ça fais dix ans que j'ai trouvé mon métier. Je suis partis à Paris, je vis loin de toute ma famille, et parfois, je les retrouve à Londres, où on peut le dire l'activité est plus importante. J'aime ma vie, et comment je l'ai construite. Maintenant, à voir où elle me mènera....