Je suis né à Bordeau. Et jusqu'à mes douze ans j'ai habité là-bas. Mon père était médecin, et ma mère femme au foyer, tout ça pour dire que j'ai passé mon enfance avec ma mère. De plus, mon père est parti en mission humanitaire lorsque j'avais cinq ans, et cinq ans plus tard, il est mort d'un cancer du pancréas. C'est toujours une bonne blague qu'un médecin meurt d'une maladie qu'il a lui même soigné durant toute sa vie... Enfin, après sa mort je suis rentrée à Paris avec ma mère, elle voulait absolument retourner dans sa ville natale, loin des souvenirs de son mariage trop tôt parti en fumé. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Quoiqu'il en soit, à douze ans, on ne connait rien de la vie. Et si ma mère était présente, elle devait travailler pour subvenir à nos besoins. Et durant mon adolescence, j'ai été livré à moi même. Pour tout vous dire, je suis tombé très bas. Vraiment, j'ai même creusé le fond. J'avais de mauvaises fréquentations, j'étais influencable, je trainais avec les grands, j'ai touché à la drogue. Alors que je n'avais que seize ans. C'est là que je me suis fait ma crête aussi. J'étais un véritable déchet humain.


Puis ma mère s'est remarié avec un avocat. C'était - et c'est toujours - un homme génial. Il nous a tiré de la merde. Ma mère a arrêté de se tuer au travail, car comme il est avocat il gagne un fric monstre. Toute de suite, je me suis bien entendu avec lui, et il m'a aidé à remonter la pente. J'avais à nouveau un père pour me guider. C'est à cette époque que j'ai été dans le lycée Henri IV. C'est à cette époque que j'ai rencontré Hannah. C'est à cette époque que ma vie a pris un autre tournant. Nos relations n'ont pas toujours été roses. Si Hannah m'attirait, il n'empêche qu'elle me tapait aussi un peu sur les nerfs. Je ne pouvais m'empêcher de la critiquer dès qu'elle passait à mes côtés. Et vice versa bien entendu. Je la cherchais des yeux, mais je serrais les dents lorsqu'elle entrait dans mon champs de vision.


Jusqu'à cette soirée. Où notre vrai jeu a commencé, où elle a vraiment commencé à m'attirer. C'était en apparence une simple soirée, un peu trop alcoolisé, un peu trop collé serré. Dans tous les coins il y avait des couples, dans tous les coins il y avait des buveurs. Et je faisais parti de se premier groupe au début. Comme toujours, j'avais un peu trop bu. Et comme toujours je cherchais une jolie fille à ramener chez moi. Que ce soit l'alcool ou pas, on ne le saura sans doute jamais, quoiqu'il en soit, nos regards se sont croisés. Et j'ai vu Hannah comme je ne l'avais encore jamais vu. Quelques petits regards en coin, quelques sourires purement alcoolisés, et nous nous sommes retrouvés au lit, à passer une nuit formidable, remuée, mais formidable. Et tout à commencer. On se voyait, on baisait, on s'oubliait. On se cachait, on se retrouvait, on s'embrassait, on s'oubliait. Il pouvait se passer plusieurs mois sans qu'on aie de nouvelles, mais on revenait toujours l'un vers l'autre, c'était comme ça, sans explications particulières. Jusqu'au jour où elle m'annonça qu'on ne devait plus se voir du tout. Elle s'était trouvée quelqu'un, je n'étais pas assez bien pour être celui qu'elle aimerait. J'en ai pris mon parti, et j'ai recommencé avec elle comme au début de notre rencontre, à me foutre ouvertement de sa petite gueule d'ange. Je la détestais pour ce qu'elle m'avait fait, mais je ne pouvais l'enlever de ma tête. Tragique. Puis petit à petit on a recommencé à se revoir, à passer au lit ensemble, et le lendemain tout était à nouveau fini. ça a duré presque dix ans. Comme je n'ai pas l'habitude de me montrer devant les autres, il m'était facile de faire semblant qu'elle n'était rien d'autre qu'une chienne, qu'un objet pour passer le temps.


Et j'étais bien dans mon petit monde, sans me soucier de rien, juste à attendre notre prochain rendez-vous. Jusqu'au jour où elle me dit que pour cette fois, c'était vraiment fini. PLus de retour possible. La fin de la fin. Et pour marquer le coup, elle officialisa sa relation avec un crétin du nom de Logan. Une plaie. Encore une fois, je cache mes sentiments, encore une fois je fais celui qui est fort, qui s'en fout. Depuis l'annonce de son petit couple, nous ne nous sommes plus recroisés. Mais si Paris est grand, le monde lui, est petit.

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