« Oui, t’inquiètes pas Maman, tout se passe très bien … Pas de souci. Et pour les vacances, je voulais savoir … Je monte où vous descendez ? … Oui oui, si je range un peu, ça devrait le faire ! … D’accord, bisous ! ». Il était presque dix-neuf heures et je marchais à travers le quartier latin, pour un rendez-vous. Les gens s’agitent autour de moi, les restos se remplissent ; dire qu’y en a qui bouffent déjà. J’ai l’impression que le 5ième arrondissement n’a pas changé depuis que je suis arrivé. Je remets mon casque sur les oreilles et traverse la route, j’arrive à la hauteur du trottoir et deux jeunes femmes trainant de grosses valises me font signe de m’arrêter. Je monte sur le trottoir, sors mon casque et leur sourit. « Excusez-moi … ». Une des filles me met une carte de Paris sous les yeux et, juste à ces mots, j’identifie son accent anglais, enfin, plutôt écossais. « Je suis désolée … Mon français … ». Je souris de nouveau et l’interrompt. « Pas de problème, dites le moi en anglais ». Elle reprend un peu d’assurance et m’explique qu’elle cherche en fait Paris IV, qu’elle doit porter ses valises à coté, dans les bâtiments réservés aux étudiants. Je replie son plan et lui montre la rue derrière moi. « That’s not so complicated; you must cross this place, and turn left when you’ll can ». Son amie me remercie avec un grand sourire et elle s’éloigne de moi, vers le chemin que je leur ai indiqué. Je reprends mon chemin, me remémorant le visage de ces étudiantes, un sourire s’affiche sur mes lèvres car je ne peux m’empêcher de me souvenir de cette année, mes 18 ans révolus, lorsque je suis arrivé à Paris. C’est vrai que mes parents m’y avaient déjà emmené plus jeune, mais lorsque j’y suis arrivé seul, peu avant mes 19 ans, j’avais été submergé par tant d’activité autour de moi et je me sentais comme une fourmi ; cette ville n’a rien à voir avec Londres.

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Je descendais du taxi, petit étudiant que j’étais et regardais partout autour de moi. Le 20ième s’étendait tout autour de ma vue et je ne savais plus vraiment où regarder. Je devais me rendre dans l’appartement de ma tante, qui était partie un an à l’étranger et avait bien voulu me le prêter, ce qui était vraiment plus pratique, étant donné que je m’étais inscrit à l’EN d’architecture de Paris Belleville. Je baissais ma tête vers la fenêtre du taxi « Merci » et la voiture démarra, me laissant sur le trottoir. Je me rappelle avoir tout de même avoir un peu angoissé. Ma tante nous avait envoyé les clés par La Poste à Londres et je devais me débrouiller pour trouver l’appartement. Je me souviens bien que mes frères m’avaient chambré à ce sujet-là, en me répétant sans cesse que Le Marais se trouvait à proximité et que je ferais mieux de « faire gaffe à mes fesses ». J’avais croisé un groupe de filles sur ma route, qui m’avaient semblées carrément inabordables, mais l’une d’entre elle avait vu que j’étais complètement perdue et m’avait gentiment montré le chemin. Je composais le code d’entrée et passais la porte de l’appartement, montait quelques étages. Une fois arrivé au bon étage, je tirais ma valise comme je le pouvais, je n’en pouvais déjà plus. J’ouvrais la porte et fus surpris par la luminosité à l’intérieur. L’appartement n’était pas grand, mais largement pour un étudiant de 19 ans. Je posais ma valise en plein milieu de la pièce et me dirigeais vers le lavabo pour boire. Un bout de papier sur le bar attira mon attention : « HAVE FUN ! :-) ». Je n’en croyais pas que ma tante avait pu me laisser un mot comme ça ; elle qui m’avait toujours parue si classe et sévère.

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Je sortis mon paquet de cigarette de mon sac à dos et en coinçait une entre mes lèvres. Je croisais de jolies filles sur ma route et n’hésitait pas à me retourner dès que l’on se dépassait, afin de les regarder un peu plus longtemps, ce qui semblait les amuser. Finalement, quand j’y repense, je m’étais bien amusé dans cet appart ; qu’est-ce que j’avais pu y foutre la merde ! Combien de fois les flics étaient venus déjà ? Aucun souvenir. J’crois que ma tante avait bien vu que je décompressais bien le soir après les cours, surtout le jour où elle a voulu me faire une surprise en revenant de voyage avec mes parents et avait eu un bref aperçu de la soirée de la veille : pizza collée au mur, casserole de pates débordante, taches d’alcool au sol. J’crois que le cri de mon père avait bien tout résumé « OH MY FUCKING GOD ». Une fois arrivé au bar où j’avais rendez-vous, je cherchais des yeux la personne que je devais rencontrer. Des yeux bleus attirèrent mon regard. Je jetais la fin de cigarette qu’il me restait au sol et m’approchait d’elle. « Salut ma belle, je t’ai pas trop fait attendre, j’espère ! ». De toute manière, je compte bien rattraper mon retard dans mon lit ce soir.

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