chapter one: this could really be a good life.
février dix-neuf cent quatre-vingt-six, ziekenhuis de weezenlanden. Une nouvelle âme fait son arrivée sur terre. Une de plus parmi tant d'autres vies. Une petite tête brune, visage rondelet et couvert de taches de rousseur. Des yeux ni bruns, ni bleus, ni verts, mais plutôt changeants à la lumière du soleil ; des yeux uniques, qui brillent de milles étoiles et de milles espoirs. Une petite fille respirant la joie de vivre, avide de découvertes et de savoir. Une petite fille prête à tout pour le bonheur et l'apogée. Zwolle la grande, Zwolle la belle, Zwolle l'immortelle. La fameuse, la majestueuse, l'historique. C'est là-bas que grandit Betje Leena van Tiggelen, à près de cinq cents kilomètres de la métropole française. Zwolle c'est différent, Zwolle c'est féérique. Tout est plus grand, comme une envie de dire que tout est disproportionné. Betje ne grandit non pas avec des histoires de princesses, comme la majorité des enfants de son âge vivant dans le reste du monde, non. Elle grandit avec des histoires de fées, avec divers comptes plus fantastiques les uns que les autres, mettant en scènes fées et druides; des histoires portant sur des rues couvertes de neige, de silence absolu et relaxant, mais toujours cette touche de magie, omniprésente. Un espace dans lequel elle avait grandit. Elle passa son enfance à jouer sur les grandes places, sans faire attention aux flocons couvrant le sol humide, sous le regard bienveillant de sa mère. Ses longs cheveux blonds attachés en une couette haute, parfois même en deux tresses longues et soyeuses, descendant jusqu'au milieu de son petit torse, elle sympathisait avec les autres enfants, tous ayant autant de joie de vivre et d'envies de faire connaissance. Les parents, eux, discutaient ensemble tout un regard protecteur sur leurs progénitures. C'est comme ça Zwolle. C'est calme, c'est simple et c'est reposant. Pas de prises de têtes, juste du bonheur à portée de mains. Ou du moins, lorsque l'on est un enfant. Alors qu'elle grandissait, sa peau se ternissait, perdant de sa douceur, ses yeux perdaient de brillance et d'étoiles, laissant place à un énorme abîme vide et plein de détresse. Göteborg, c'est beau, c'est tout ce que vous voulez, mais c'est difficile à vivre lorsque l'on devient adulte. Les opportunités s'effacent, petit à petit. Les nombreux rêves que l'on avait lorsque l'on était encore enfants, ceux de poser le pied sur la lune, par exemple, ou encore de devenir pilote de chasse, s’effacent; il faut avoir de l'argent pour ça, et le travail à mi-temps de maman et le chômage de papa ça ne suffit largement pas. La vie à Göteborg, c'est dur et laborieux. C'est un assemblement de décisions, de refus, d'abandons, de déceptions. Mais c'est toujours cette petite étincelle d'espoir bien au fond du cœur, celle qui sait nous convaincre que quelque part, tout au bout là-bas, il y a quelque chose, il y a un futur, il y a une chance de réussir. Et là-bas, il y a Paris.
chapter two: you call me a stranger.
juin deux mille sept, roissy-charles de gaulle. Le fameux. Des centaines et des milliers de gens ; des enfants et des adolescents, mais aussi de nombreux adultes. Certains sont stressés, portent un complet et trimbalent un attaché caisse en continu, d'autres se déplacent en famille, profitant du soleil radiant de la capitale. Beaucoup de touristes, de gens avides de voyages. Et parmi eux, parmi tout ces gens aussi différents les uns que les autres, une jeune fille, tout juste adulte. De longs cheveux châtains clair, parfois presque même roux suivant les reflets du soleil, ondulants par endroits et des yeux émerveillés, écarquillés. Elle n'en croyait vraiment pas ses yeux. Elle l'avait fait, de son plein grès, comme une grande; elle était vraiment à l'autre bout du monde, seule, sans aucun repère. La décision avait certes été difficile; tout abandonner, ses amis, ses parents, sa famille, pour une ville inconnue où rien n'est sûr, où rien de nous appartient. Mais c'est Paris. Paris, c'est la réussite, c'est le succès, c'est la joie et la bonne humeur. C'est le rêve de tout le monde. Un rêve universel. Cette année deux mille sept, ce choix de partir en erasmus pour découvrir le monde et une langue étrangère, changea le cour de la vie de la jeune van Tiggelen. Durant les deux sublimes années qu'elle passa à Paris, elle fit la connaissance de personnes admirables, toutes aussi fantastiques les unes que les autres, grâce auxquelles elle découvrit des centaines de nouvelles choses. Elle passa la majorité de ses soirées à faire la fête, sans se soucier en aucun cas du lendemain, tout en ayant la chance de pouvoir continuer ses études dans le domaine de ses deux passions. L'art et la musique. Ce rêve qu'elle avait toujours eu depuis enfant : pouvoir explorer les moindres recoins de l'histoire de ses deux matières, savoir détecter la moindre petite anecdote placée dans les œuvres les plus sublimes par tout ces artistes de renommées. Elle passa, sans aucun doutes, les deux plus belles années de son humble vie. C'est là-bas aussi qu'elle connu sa première déception amoureuse. Une jeune femme nommée Andy. Elle était belle. Oh ça oui, elle l'était. Ses cheveux couleur de feu coupés au carré soulignaient les doux traits de son visage, ses yeux d'un vert pur et perçant avaient la capacité de lire en n'importe qui comme dans un livre ouvert. Elle avait tout pour elle. Betje Leena s'en rapprocha passablement, passant la plupart de son temps aux côtés de sa nouvelle amie. Cependant, il fallait que toute bonne chose touche à sa fin. La jeune van Tiggelen, très forte lorsqu'il s'agit de se faire de nombreux espoirs, très souvent faux, tomba de haut. De très haut même, si j'ose me permettre. Depuis son retour, depuis cet échec, sa vie amoureuse est des plus floues. Depuis ce voyage, elle évite au mieux de s'approcher de femmes, voulant se persuader que les hommes sont bien ceux par qui elle est attirée. Elle ne veut plus avoir à se rappeler ces douloureux souvenirs, et pour cela évite donc de se retrouver dans une situation semblable à celle de ces deux douces années. L'avenir seul pourra la guider.
chapter three: this is how the story went.
août deux mille onze, paris sorbonne. La jeune Betje Leena passe la porte principale de l'établissement, les yeux écarquillés. Les genoux tremblants, elle se dirige vers la réception, prête à se lancer pour de bon dans le monde du travail. Après 8 ans d'études acharnées, 8 ans de nombreuses soirées passées à réviser jusqu'à bien tard dans la nuit, elle avait enfin atteint son but : celui d'enseigner sa passion à d'autres. Lorsqu'elle pousse la porte de sa classe pour la première fois, des papillons se forment dans son ventre. Elle se dirige à pas lents vers son pupitre, laissant le bout de ses doigts frôler la matière froide et neuve. En silence, elle pose ses affaires sur son siège et son ordinateur portable sur la table. Elle fait gentiment le tour de la classe, prenant le temps de bien tout observer, de s'approprier le moindre recoin, la moindre petite marche. Là, dans sa poitrine, elle sent son cœur gonfler. Un vrai bonheur. Jamais elle ne s'était sentie aussi complète, aussi satisfaite. Il lui reste encore quelques minutes avant son premier cours de l'année. Elle profite de ce temps pour s'asseoir sur le bord de sa table, les jambes ne touchant pas par terre, faisant face à l'auditorium. De nombreux souvenirs lui reviennent en tête. Elle se revoit, quelques mois à peines auparavant, prenant de nombreuses notes, jurant à cause d'une information ignorée. Sans même s'en rendre conte, un sourire niais prend place sur ses lèvres. Elle repense à son enfance, à son chez-elle. Là-bas il y a Zwolle. Ici, c'est Paris. Et le départ d'une toute nouvelle vie.