Printemps 1987. Les arbres fleurissent doucement sous le peu de rayon que l’astre solaire laisse filtrer au travers des nuages. C’est dans ce climat doux qu’une petite fille voit le jour dans la belle ville de Paisley en Ecosse. Eowyn Heaven née de l’union d’amour entre William Collins et Elaura Martin. Une française qui avait décidé de partir en Ecosse après de nombreuses déceptions. Et elle a trouvé l’amour, un foyer et à présent une famille. Ils ne sont pas riches, classés dans une moyenne convenable pour eux. Lui possède son propre garage de réparation voiture et elle est institutrice. Deux revenus qui leur permettent de gâter leur enfant au possible. Douce, souriante et surtout facile à vivre, la famille prend rapidement ses marques pour s’engager dans un train-train. Partant peu en vacances, ils osent se l’offrir tous les deux ans. Eowyn grandit dans une atmosphère sainte. Recevant tout l’amour d’une mère protectrice et tactile. Toute l’attention d’un père qui ne veut que le meilleur pour sa fille. Aucun nuage gros à l’horizon, malgré le climat plus que nuisant de l’Ecosse parfois. Développant très rapidement une curiosité, de l’intelligence et la soif d’apprendre, Eowyn apprends la langue française ainsi que la langue italienne. Pourquoi ces deux langues ? Très bonne question que ses deux parents se posent encore aujourd’hui.

Ses résultats scolaires sont plus qu’acceptables. Elle se révèle être la meilleur dans des matières de logiques et moins dans la pratique. Le sport, ce n’est vraiment pas son fort. L’art lui plait pour toute la culture qu’elle peut en recevoir mais si elle ne se contente pas de dessiner un bonhomme avec des traits, elle ne peut pas pour autant vous faire un portrait d’excellence. Arrivée dans l’adolescence, ses parents constatent qu’en plus d’une intelligence, elle possède également une beauté particulière. Petite de taille, sa poitrine se développe rapidement. Ses hanches s’arrondissent légèrement et elle devient une petite femme que les jeunes hommes regardent avec convoitise. Mais Eowyn ne devient pas arrogante ni même prétentieuse. Son physique lui permet de se faire ouvrir des portes sans qu’elle ne s’en serve consciemment. Pas de crise d’adolescence, si ce n’est qu’à ses quinze ans, elle se met en relation avec un garçon de dix ans son aîné. Niven est un jeune homme héritier d’une grande famille de fortune. Son attirance pour Heaven vient surtout de son intelligence et de sa manière de se comporter. Douce et fragile, il en tombe très rapidement amoureux. Et de son côté, Eowyn ne voit plus que par Niven. Continuant des études supérieures, elle obtient un diplôme de management avec compliments.

Seulement, sa vie qui était parfaite jusque là tombe rapidement dans un tourbillon de ténèbres. Le divorce de ses parents est annoncé. Elle a dix-neuf ans. Son père déménage à l’autre bout de l’Ecosse, causant ainsi leur éloignement. Elle doit aidée sa mère à se remettre de cette séparation tout en jonglant avec Niven et ses recherches d’emplois. Elle obtient un entretien pour un poste de direction dans une agence mobilière. Alors qu’elle s’y rend, traversant ainsi les rues de Paisley, c’est là que son monde s’arrête. Son conte de fée prend fin. Niven assis à une table, face à une femme qu’il tenait par la main. Et sur leurs gauches, des enfants. Ne voulant pas croire qu’il l’a trompait, la jeune femme préfère attendre des explications. Mais tellement sous ses réflexions, elle rate son entretien. Le soir, attendant la venue de Niven dans leur appartement, elle tremble presque. A peine franchit-il la porte qu’elle attaque déjà. Souhaitant obtenir des réponses, du réconfort. Mais il nie tout de but en blanc et Eowyn ne croit. Elle l’aime bien trop pour chercher plus loin. Alors qu’elle s’attend à une demande en mariage, il se contente de lui offrir un voyage.

Une année s’écoule où Eowyn ne repense plus à cette femme. Elle ne fait même pas attention aux absences de son compagnon. Puisque depuis le début de leur relation, c’était ainsi. Et elle ne se pose aucune question car c’est un fils de riche. Elle se doute qu’il soit beaucoup occupé. Qui aurait pu croire ça ? Depuis maintenant deux mois, elle porte leur futur enfant. Cela l’a comble de joie, ainsi que sa mère fraîchement en couple. Mais toutes les questions qu’elle avait décidé de ne pas se poser, revienne en force. Niven prétend une réunion, et Eowyn souhaite le rejoindre à la fin de sa journée pour lui faire une surprise. Seulement, une fois à son bureau, la secrétaire lui annonce qu’il n’est pas là, mais en weekend avec sa femme et ses enfants. Vous connaissez cette impression de perdre tout contrôle de votre corps ? Que vous avez l’impression que votre cœur va exploser pour exprimer sa douleur. Eowyn était dans cet état-là. Prenant l’adresse, elle part jusqu’à la maison de campagne de son amant.

Elle n’a jamais parlé de ce qui s’est passé là-bas. Juste qu’elle est revenu chez sa mère avec ses bagages et est resté enfermé un bon mois dans sa chambre sans vouloir en sortir. Elle est complètement anéantie, pleurant l’homme qu’elle avait aimé de tout son être. Son premier et le père de l’enfant qu’elle porte. Les mois s’écoulent et Eowyn tente de reprendre goût à la vie. Elle le fait pour cette petite fille qu’elle attend. Ce jour-là, elle sort d’un restaurant après un repas avec sa mère. Elle traverse, un crissement de pneu puis le trou noir. Elle se réveille trois jours après dans un hôpital, le ventre moins arrondis et pas de couveuse. Les médecins lui annoncent, l’enfant n’a pas survécu à l’accident. Le monde s’effondre autour d’Eowyn. Elle perd pied totalement. La jeune femme que tout le monde connait, disparait en même temps que les larmes qui glissent sur ses joues jours et nuits. Perdre un enfant, même s’il n’était pas encore là est une souffrance dans laquelle on ne revient jamais entier. L’amour à un prix, la vie aussi.

Suite à tout ça, la jeune femme décide de quitter son Ecosse natal pour partir ailleurs refaire sa vie. S’éloigner du pays qui l’avait vu grandir, et dépérir. Elle pose ses valises en France, à Paris. Ville de l’amour, chose qu’Eowyn n’est pas prête de rechercher. Elle enchaîne des petits boulots durant de nombreuses années, vivant dans un petit studio qui ne paye pas de mine en banlieue. Elle reste discrète, ne parlant que très peu et ne sortant jamais. Elle reste enfermée dans sa coquille de souffrance, ne souhaitant pas qu’on l’approche. Alors qu’elle voit son contrat se terminé dans un bar au cœur de Paris, elle trouve une petite annonce de poste d’assistante de direction. Enfilant son plus beau tailleur, la jeune femme se présente et obtient l’emploi. La vie change, surtout les finances et elle déménage pour s’offrir un appartement plus grand et moins miteux. Certes, elle n’est pas riche mais son salaire lui permet de vivre convenablement en payant son loyer. Elle se plonge complètement dans son travail, effectuant des heures sans regarder la fatigue. Elle ne réfléchie plus. Elle se laisse entraîner dans la routine du travail. Et, elle se dit qu’elle est bien comme ça. Oui, tout va bien.