Il était une fois une fille appelée Elyon, Elyon Constance Avery même. Cette fille est née à Bristol, en Angleterre, d'un père anglais qui ne voyait plus sa famille depuis des années et d'une mère française qui a rencontré le papa dans le métro et qui a toujours dit à ses enfants que c'était un coup de foudre ; parce que oui, Elyon est la deuxième et dernière de la famille. Elyon elle a un grand frère, qui a deux ans de plus qu'elle et qui s'appelle Celestin. Comme son grand frère, sa naissance n'a pas vraiment eu de grande importance dans la vie mondiale, simplement dans celle de la famille, et c'est très bien comme ça, à son goût.
La petite Elyon, ou Ely comme tout le monde l'appelle, a donc grandi dans une famille aimante et protectrice, entre ses parents toujours plus amoureux et Celestin qui passe son temps à la câliner comme on ferait pour une peluche. Oh ça elle l'adore son grand frère, elle peut pas se passer de lui, ils se disent tout tout tout. Celestin la protège, ils sont inséparables ces deux-là, on les croirait presque en couple à les regarder, toujours à se toucher, se câliner, se sourire ou se parler ; mais nah, ils sont juste frère et soeur, putains de fusionnels, tellement que parfois leurs parents ont eu peur. Mais comme tous frères et soeurs ils s'engueulent, assez souvent d'ailleurs. Enfin bref ils s'aiment envers et contre tout, c'est beau la fraternité.
Pour en revenir à Elyon, elle a eu une vie plutôt banale, gamine puis adolescente anglaise, dernière née d'une famille aux revenus modestes, bilingue grâce à sa mère française. Un peu timide, un peu rêveuse, elle n'attire pas vraiment l'attention sur elle et c'est pas plus mal, finalement ; seule sa jolie crinière rousse permet de la distinguer dans la masse. Ca lui permet de développer une imagination étonnante, un véritable amour pour les bouquins et une passion dévorante pour l'écriture ; à douze ans, elle chantait Sunday Bloody Sunday en gribouillant une nouvelle un peu trop bien ficelée sur la guerre de Sécession américaine, ce qui lui vaut de remporter le concours d'écriture de son collège. Elle aime les livres, elle aime ses stylos, et dès lors elle trouve sa voie : elle sera écrivain, sinon rien.
Les années passent, elle grandit ; quinze ans, elle commence à fumer. Quelques mois plus tard c'est l'herbe, au moins trois joints par jour, et pas très longtemps après son seizième anniversaire, quelqu'un lui propose un rail de cocaïne pendant une soirée et elle tombe là-dedans. C'est un cercle infernal, toujours une petite dose par-ci, par-là ; une perte de poids des crises de nerfs et un regard un peu perdu, une négligence envers elle-même qui s'accentue, même si elle essaie de dissimuler ça aux yeux de sa famille C'est dans la même période qu'elle perd sa virginité avec un mec et se découvre une bisexualité prononcée après quelques attouchements très poussés avec une demoiselle qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, c'est la décadence. Un engrenage qui dure un an et dont elle sort finalement seule, sans aide, et surtout sans en avoir touché un seul mot à son frère. Cette histoire de drogue c'est son affaire, son petit secret honteux, et elle en est tellement peu fière qu'elle ne veut jamais en parler à Celestin. Jamais. Même si elle sait qu'un jour, il l'apprendra.
Et voilà, Elyon a dix-huit ans, bientôt dix-neuf. Celestin est parti tout seul sur Paris en la laissant à Bristol ; elle a fini ses études et elle essaie de se faire publier quelque part, en anglais ou en français. En attendant son frère lui a demandé de ramener ses fesses sur la capitale française, autant dire qu'elle se prépare à le rejoindre, et vite. Parce qu'après tout, these are the chronicles of life and death and everything between ; PARIS HERE I AM !