TOUCHE PAS.
Quand t'as cinq ans, tu crois que le monde t'appartiens, tu crois que t'es le centre du monde, parfois c'est vrai, souvent, ce n'est qu'une illusion. L'illusion de ma vie commence à cet âge, celui où on se rend compte de mille et une choses, cet âge ingrat. Je suis entrée au cours préparatoire avec une année d'avance « cette enfant est surdouée, elle a une imagination débordante » Peut être même trop. Mentir, souffrir, aimer, se sentir, aduler, être soit. « Arrêtes de mentir ▬ Non ! » Mentir, se soutenir, savoir, croire ... Et puis tout s’écroule. A six ans, j'ai quitté mon Angleterre natale pour New York, la ville aux lumières, adieu belle nature, bonjour gigantisme.
Alice au pays des merveilles a toujours été mon idole, c'est peut être pour ça que j'aime avoir ce deuxième prénom, celui de ma folie passagère, presque comme schizophrène, totalement folle, je déverse ma hantise sur mes mots. Maux de détresse. J'ai six ans et pourtant, je suis la reine du monde, du moins, de mon monde, celui que je me suis créé, cet univers dans lequel j'aime vivre, j'aime me résoudre, avantageusement. Mentir, souffrir, ceux qui m'entourent ne sont que des pions, je suis « mythomane ». Ces mots résonnent encore dans ma tête, dans leur tête, je n'ai pas encore sept ans et déjà, ils ont peur de moi, moi, cette enfant si imaginative, celle qui était vouée à un avenir d'artiste. Je suis malade. Malade d'amour, d'affection, il me manque et ne sera plus jamais comme avant, ce père absent, ce père inconnu au bataillon. Elle me déteste, je le sais, je le sens, elle me frappe, me trahi, elle ne m'aime plus. Lui, il est venu dans sa vie et moi, je suis bonne à enfermer, quelque part.
Tout est blanc mais pourtant si sombre. J'ai peur et je pleure, ma solitude est certaine. Touches pas à mon coeur, touches pas à mon corps. J'ai froid. J'ai dix ans et pourtant, je parais plus vieille, le soleil m'est inconnu tout comme la naissance de ma petite sœur, ma famille me manque tellement et pourtant, je leur voue une haine certaine. L'abandon fait mal. Ils sont là, ils ont peur de moi, ils me manipulent, ils m'apprécient, moi, cette petite fille au regard si vide, si étrange. Elle s'appelle Rose, elle est mon imaginaire, elle s'appelle Rose, elle m'a aimé comme sa fille, elle m'a aimé à n'en plus finir ... J'ai douze ans, et je suis entourée de fous.
Il m’éblouit, c'est beau, c'est magnifique, tout est à reconstruire, mon cerveau est en décomposition mais je respire. Enfin. J'ai quatorze ans et ils me guettent, au loin, ses mains se rejoignent et s'écrasent, elle me dégoute, elle me fait rentrer et je l'ai décidé : sa vie sera mon enfer. Drogue, Alcool, Sexe, je connais tout autour de moi, la déchéance humain, la décadence. J'ai quinze ans et je suis une larve. Mais vivante.
ABUSE MOI
T'es beau, t'es sensible, tu m'aimes? Peut être pas. Tu m'as initié, tu es le délinquant de l'extrême et tu as envie de moi, je le sais, je le sens. L'alcool, la drogue et puis, l'inconscient. Tu fais de moi la tienne, je le sais, je le sens, j'en ai envie plus que tout, tu fais de moi cette femme, celle là même et puis, tu t'enfuis. Les larmes coulent, mon cœur est brisé, mon monde s'écroule, il est terrible. Rose, blanc, bleu, vert, les nuages de ma colère deviennent mon nouveau moi. Rose, Blanc, bleu, vert, les pastels font de cet arc-en-ciel la nouvelle destination de mon âme. « Mythomane » Oui je le suis, je le resterais, toujours. J'ai seize ans, et j'ai quitté ma famille, accrochant un post-it sur le frigo « Adieu »
Le monde s'ouvre à moi, le monde s'agrandit, m'accueille à bras ouverts. Je m'élance, je m'éloigne. La rue m'appelle et me garde, je suis de ces sans abri qui fouillent, qui réclament, qui accusent. Le feu brûle en moi, cette nouvelle vie est la mienne, débauche. Je suis maigre, je suis moche, mes cheveux sont gras et mon visage est noir et pourtant, il me sourit. Nos regards se rencontrent et il me tend la main. Tendrement. Il veut faire de moi sa chose, j'accepte. Il veut faire de moi sa vedette. Je dis oui. Les spots m'éblouissent, je ne les vois pas mais je les entends, ils sifflent, ils me tripotent et me désirent. Il a fait de moi l'étoile bandante.
BONJOUR PARIS.
J'ai dix-huit ou dix neuf ans et le monde s'ouvre à moi, courir, ne plus se retourner, lever les yeux et apercevoir la dame de fer, je suis sauvée, je le sais. Retourner dans cette ville où j'ai vu le jour, c'était presque inespérée, se souvenir de son existence et vouloir la revoir, à tout prix ... Trouver un toit, moyennent finance, juste un colocataire, c'était l'histoire d'un soir. Un appareil photo, un cliché et le rêve est tout ouvert, et le rêve m'agrippe à poigne de fer. J'ai chaud, j'ai envie, le monde de l'ombre m'appartient, le monde m'appartient. Je suis une reine, reine d'un soir. Mais j'ai juste vingt ans aujourd'hui, et je n'ai aucun autre but dans la vie, aucune chance de m'en sortir. Vivante.
Paris, les belles couleurs, les rêves d'espoirs et de gratitude, rêves d'un jour, rêve toujours. Je vis toujours dans cet appartement merdique, mais accrochée à mon objectif, un jour, je serais reine.