Félicitations, c'est une petite fille!


Le 22 avril 1988, Nina Analynne Stenson ouvrit pour la première fois ses petits yeux couleur noisette. Autour du petit poupon se tenait sa nouvelle famille. Un jeune garçon, âgé de quatre ans, se penchait par-dessus le berceau, accompagné de ses deux parents. Un sourire ravi pendait aux lèvres de Jake. La plupart de ses amis à l'école étaient verts de jalousie de leur cadet, mais lui n'avait cessé d'attendre le moment où il découvrirait le visage de sa petite soeur dès l'annonce de son arrivée. Pour Sarah et Jensen, leur bonheur était désormais comblé. Il ne leur manquait plus qu'une petite fille pour compléter leur heureuse famille. Et voilà qu'elle était là... Enfin...

Le couple n'était même pas encore marié, que l'envie d'enfants trottait déjà dans leur tête. Tous deux s'étaient rencontrés lors d'un match de base ball et ne s'étaient plus quittés. Sarah, jeune styliste en herbe venue tout droit de Paris pour un stage à New York et Jensen, basketteur professionnel, se virent promis l'un à l'autre pour le meilleur et pour le pire un an exactement après leur rencontre. Le couple s'installa à Los Angeles, où Jensen avait décroché un contrat, et commencèrent à pouponer très rapidement. Jake Stenson naquit le 3 septembre 1984 et fut l'enfant le plus gâté sur terre jusqu'à ce que débarque Nina, petit monstre débordant d'énergie.

Les deux enfants furent élevés de la meilleure manière qu'il soit. Ils ne manquèrent jamais de rien. Certes, il arrivait certains moments où ils restaient plusieurs semaines avec un ou l'autre parent, l'autre étant en déplacement pour le boulot, mais jamais ils ne restèrent seuls. La famille était très complice et chérissait leurs moments ensemble. La règle d'or de la maison : ne jamais rien se cacher. Bonheur et unité s'alliaient en effet pour eux et il était primordial de s'entraider au moindre petit souci.

Les deux parents étaient très ouverts mais pas moins protecteurs. L'indépendance était laissée aux enfants jusqu'à certaines limites.
Nina et Jake vécurent donc heureux durant leur enfance et n'eurent jamais à se plaindre.

Little sis'


Mais comment parler de l'histoire de Nina sans consacrer un point entier à sa relation fusionnelle avec son frère ? Tout deux furent complices dès le premier regard qu'ils se lancèrent. Ils étaient aussi inséparables que des jumeaux en grandissant et gardent aujourd'hui cette relation particulière entre eux, même s'ils ne se voient plus autant qu'avant. Nina a toujours suivi Jake partout où il allait et ses amis l'adoraient. Si bien qu'elle n'a jamais vraiment eu d'amis de son âge car elle passait le plus clair de son temps avec Jake et les siens. Elle mûrit donc plus vite que les autres enfants et fut une fillette relativement précoce. Traîner avec un groupe de garçons ajouta à son caractère actuel ce petit côté garçon manqué qui la rend bien plus à l'aise avec les garçons que n'importe qu'elle autre fille. Elle reste très féminine mais sait se protéger mieux que quiconque.
Jake a toujours poussé sa petite soeur à donner tout ce qu'elle pouvait, à aller au bout de ses capacités et à ne jamais abandonner. C'est lui qui l'a convaincue de se lancer dans le mannequinat, elle adorant faire le modèle pour les tenues de sa mère mais trop hésitante quant à se lancer. Sans lui, Nina ne serait certainement pas la même femme.

Tous deux savent qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Jamais ils ne se laisseront tomber. Ils se connaissent par coeur et rien au monde ne peut anéantir leur lien.

Once upon a time


Ce fut par le biais de son père que Nina rencontra l'homme avec lequel elle pensait vivre le restant de ses jours. Il était le fils d'un équipier de son paternel et se lançait dans une carrière de tennisman. Son père lui avait donné le goût du sport et il s'était donné à fond depuis tout petit dans sa passion. Il détenait un vrai don et Nina avait été subjuguée par ce talent.
Elle le vit pour la première fois alors qu'elle s'apprêtait à discuter un match de tennis avec son père, son frère et le père de Clay. Ce dernier s'entraînait sur un terrain un peu plus loin et elle fut immédiatement captivée par lui. Sa façon de se déplacer, les mouvements avec lesquels son corps bougeait... Il était sexy et beau comme un dieu.
Il ne l'avait alors pas encore vue à ce moment-là, mais il ne fallut pas attendre longtemps pour que leurs regards se croisent et qu'il s'avance vers elle en prétextant vouloir saluer son père. Un regard timide et quelques paroles suffirent à le convaincre qu'il voulait apprendre à connaître cette ravissante demoiselle au sourire charmant. Ils convinrent de se rejoindre le soir même pour un dîner, sous l'air triomphant des deux pères qui avaient concocté ce plan dans le dos de leurs futurs tourtereaux.

Le repas se déroula mieux que Nina n'aurait jamais pu l'espérer. Clay était drôle, intelligent, attachant, charmeur. Il représentait l'homme dont elle avait tant rêvé depuis toute petite. Nina croyait alors encore en l'existence du prince charmant et il était clair pour elle que c'était lui. Elle venait à peine de le rencontrer mais elle avait déjà l'impression de pouvoir tout lui dire, d'être elle-même avec, de ne pas devoir en rajouter. Rien dans leur relation ne reposait sur des artifices. Ils parlèrent pendant des heures sans s'arrêter, tout naturellement.

Ils se marièrent six mois plus tard, quelques semaines après les dix-neuf ans de Nina, et s'installèrent dans un quartier voisin de celui de ses parents. L'avenir était devant eux et rien ne semblait pouvoir l'entraver.

La venue de leur petite Lilly fut accueillie avec joie. Même s'ils étaient tous deux encore très jeunes, ils étaient prêts à accueillir le fruit de leur amour. Nina désirait plus que tout au monde un petit bout de chou de son chéri. Tout semblait sourire au jeune couple, à tous les niveaux. Clay remportait tournoi sur tournoi, Nina ne cessait de décrocher des contrats, et la petite grandissait à grands pas.

Ce fut le jour des deux ans de Lilly que tout bascula.

The one that got away...


Le 6 février 2010 :

Lillyyyyyyy! Allons viens! Sinon on va rater le cortège de 11h!

J'arrive maman! Je ne trouvais juste plus ma pince Mulaaaan!

Deux petites jambes se mirent à descendre les marches de l'escalier en courant. Nina regarda en riant sa fille accourir vers elle et l'attrapa dans ses bras.
A l'occasion des deux ans de la petite demoiselle, Clay, Lilly, son oncle Jake et Nina allaient passer la journée dans un grand parc d'attraction.

Clay était au volant et l'heure était à la fête dans la voiture. Tous quatre riaient et chantaient à n'en plus pouvoir. Toute la play-list de Disney y passait, sans exception. Nina était assise à l'arrière avec sa fille et elles se goinfraient de bonbons, laissant languir les hommes à l'avant, aimant les entendre supplier pour en avoir aussi. Quant, tout à coup, une voiture sortit de nulle part à toute vitesse. Nina eu juste le temps de crier ATTENTIOOOOON, mais c'était trop tard. Les deux véhicules se percutèrent et ensuite, ce fut le trou noir...

Nina se réveilla étalée sur la route, son frère penché au-dessus d'elle. Combien de temps s'était passé depuis l'impact ? Ils n'en avaient aucune idée. Elle ouvrit d'abord les yeux avec difficulté, se demandant ce qu'elle faisait là, une douleur saisissante lui parcourant tout le corps. Elle entendait des cris autour d'elle, notamment ceux de son frère, mais ceux-ci lui semblaient tellement lointains... Il faisait une chaleur étouffante et elle avait du mal à respirer. Mais soudain, ses esprits lui revinrent. Ils avaient eu un accident! Son frère était à ses côtés mais où se trouvaient Clay et Lilly ? Nina se redressa d'un coup, oubliant son corps en flammes. Jake tenta de la calmer, lui dit de ne pas essayer de se lever, mais elle le repoussa et se leva en titubant. Elle chercha alors la voiture du regard et se figea. Il ne restait rien de la mini cooper qui était retournée sur le toit. Nina se mit à courir en criant comme elle ne l'avait jamais fait, mais son frère l'attrapa par les épaules et la reposa sur le sol, la serrant contre son torse.

C'est trop tard Nina... Je suis désolé. Quand je me suis réveillé j'ai d'abord regardé l'état de Clay et de Lilly avant de t'emmener mais c'était déjà fini pour tous les deux.

Les larmes ne cessaient de couler des yeux de son frère et celui-ci continuait de lui parler, mais Nina ne l'écoutait déjà plus. Clay et Lilly, morts ? Non! Non! Ce n'était pas possible! Il avait du mal regarder! Ils ne pouvaient pas mourir! Ils étaient intouchables! Invincibles... Tout ça ne devait être qu'un mauvais rêve! Tout allait se résoudre! Il le fallait.

La foule de gens commençait à se presser autour d'eux mais Nina n'était plus qu'un spectre. Dans un long cri déchirant, elle finit par s'évanouir...

Paris


Ma très chère Lilly,

me voilà à présent à Paris... Le Dr Andrews m'a conseillé de t'écrire une lettre dès que je sentais le vide en moi devenir trop puissant et aujourd'hui, c'est le cas.
Deux ans... Deux ans que toi et ton père m'avez quittée, abandonnée, laissée livrée à moi-même. Car j'ai beau être entourée des gens les plus formidables qui soient, ma solitude n'en est pas moins accaparante. Mon frère, mes parents, mes amis ont tourné la page à présent. Ils n'en oublient pas moins, mais ont une famille dont ils doivent s'occuper, un travail à gérer, une vie à mener. Et moi, je ne me suis jamais sentie plus esseulée.
Dieu que j'aurais aimé pouvoir partir avec vous ce soir-là! Quelle injustice! Quel maudit destin ! Qu'a-t-il bien pu passer à l'esprit de qui que ce soit rédige les lignes de nos vies ? Une petite fille de deux ans et son père s'en vont... et la maman est condamnée à un état de stagnation, de tristesse continuelle, condamnée à vivre avec un éternel trou gigantesque dans sa poitrine...

Mais ne t'inquiètes pas ma princesse, maman ne va pas baisser les bras. Elle va tout tenter pour retrouver un jour le sourire et c'est pour cette raison qu'elle a décidé de se rendre à Paris.

Tu te souviens ma puce, quand je te parlais de ce désir qui m'habitait de vivre dans la ville natale de ma mère ? Bien sûr que non... tu étais trop petite alors... Paris... ville romantique, ville lumière, ville où les rêves deviennent réalité. Il fallait que je m'éloigne de chez nous, le plus loin possible. C'est pour moi le seul moyen de m'en sortir.

Dis à ton père que je regrette de ne pas avoir tenue la promesse mutuelle que l'on s'était faite le jour précédent notre mariage. Celle où il m'avait demandé d'être toujours heureuse quoi qu'il arrive et que si malheur arrivait à l'un d'entre nous, l'autre devait refaire sa vie et se remettre en couple. Mais cette promesse, je l'avais faite sans réfléchir, pour le rassurer. Jamais je n'avais penser que pareille horreur se produirait. Après tout, est-ce un crime, à 20 ans, que de penser avoir la vie devant soi ? Ton père avait sans-doute plus les pieds sur terre que moi.

Sache ma Lillounette, que j'ai beau être partie dans un autre pays, je t'ai emmenée avec moi là, tout au fond de mon coeur. Tu habites chaque parcelle de mon être et jamais personne ne pourra voler la place qui t'es dédiée.

J'espère que ton père et toi êtes heureux là-haut. Je sais que vous veillez sur moi.

N'oubliez pas pas, quand mon tour viendra de vous rejoindre, attendez moi à la terrasse du café de votre petit Paradis. Il paraît qu'on y fait les meilleurs milkshakes! Prenez-en moi un à la fraise!

Je vous aime tous les deux

Ta maman à qui tu manques énormément