« Rejoins moi au pied de la tour Eiffel, et vite. » Message envoyé, Sylvester ne pouvait plus reculer. Ce dernier ne pressentait rien de bon, il n'avait jamais été aussi froid avec son ami du nom de Celestin et il était même rare qu'il lui envoie un message, Syl préférait de loin appeler, c'était plus chaleureux et la douce voix de cette homme le faisait presque fondre à chaque fois. Lui-même était en route pour le lieu de rendez-vous, marchant dans le froid, emmitouflé dans son manteau et son écharpe, alors que ses mains restaient sagement dans ses poches pour ne pas que le froid les atteignent. Il était à cet instant, partagé entre deux sentiments ; d'un côté, il allait voir le jeune homme pour remettre quelques petites choses au clair, et de l'autre, Sylvester n'avait pas vu Celstin depuis déjà plusieurs jours et un manque se faisait clairement ressentir en lui. Pas celui qu'on pouvait ressentir alors qu'on ne voyait plus un ami pendant des semaines, non, mais un manque totalement différent et amplifié qui déroutait le garçon. Son but étant depuis cinq ans de ne pas s'attacher aux gens, le fait que Celes le touche ainsi en plein cœur l'étonnait et le rendait peut-être même un peu fragile et méfiant. Cet homme là était spécial, tout simplement et Sylvester avait toujours eu un grand plaisir à le côtoyer, peut-être même trop grand. Cependant, ce soir-là, les choses étaient différentes. S'il voulait le voir, c'était avant tout pour l'honneur de sa cousine qui lui avait raconté son histoire avec lui. Une histoire certes bien banale mais étant donné qu'Andy en était la victime, il ne pouvait faire autrement que d'en parler à son ami. Du moins, en parler n'était pas le mot, il désirait surtout l'engueuler, peut-être même obtenir des excuses de sa part et jouer son rôle de « grand frère » envers la jeune femme. Personne n'avait le droit de la faire souffrir, il l'avait décrété en prenant un appartement avec elle.

Il arriva le premier sur le lieu, déserté par les populations qui s'y pressaient généralement, probablement à cause du temps ; il n'était pas impossible qu'une averse vienne pimenter leur soirée qui s'annonçait déjà mouvementée. En l'attendant, Sylvester chercha comment aborder les choses, et s'entraîna même à l'insulter pour paraître convaincant une fois devant lui. « T'es qu'un enfoiré ! » Non, ça n'allait pas. « Un connard ! » Il soupira et regarda un instant la fumée qui s'échappait de sa bouche. « Putaaain … J'vais pas y arriver. » Il se mit à faire les cents pas, réfléchissant encore et encore tout en s'attendant à un éventuel désistement de la part de Celestin.

Sylvester leva la tête en direction du garçon quand il lui adressa la parole. Il n'écouta d'ailleurs pas réellement ce dernier alors qu'une certaine haine montait en lui. Son premier sentiment fut celui-ci, et il ne put retenir son coup de poing, pris d'une impulsivité qu'on lui connaissait bien. Sans même lui répondre, sa main s'élança en direction du beau visage de Celestin qui le faisait pourtant tant craquer habituellement. Il se recula vivement ensuite, regardant sa main comme s'il venait de commettre une injustice. Ca n'en était pas une, il le méritait, enfin … Sylvester se sentit affreusement coupable de l'avoir frappé, comme quoi l'impulsivité avait ses mauvais côtés. « Je … Désolé, j'voulais pas te frapper ... » Tous ses sentiments se mélangeaient, il ne savait ni comment réagir, ni quoi dire. Lui avouer maintenant ce qu'il savait ou bien attendre et tenter de retirer quelques informations ? Pour la diplomatie en tous les cas, c'était fichu avec ce coup de poing. « Celestin … Il faut qu'on parle de quelque chose qui ne pouvait pas attendre selon moi. Mais ce n'est rien de très bon en ce qui te concerne. » Syl baissa la tête, peut-être trop dépendant de cet homme qu'il avait envie d'embrasser en le voyant et à cet instant. Il fourra ses mains dans ses poches et se recula encore un peu puis tenta de se trouver un point fixe pour ne pas avoir à le regarder lui alors qu'il serait pourtant bien plus convaincant en y arrivant. Ces retrouvailles de plusieurs jours s'annonçaient dès le début plutôt compromises. « Depuis le temps que je te connais je sais que t'es pas un mec bien à propos tes histoires d'une nuit et ça ne m'a jamais vraiment dérangé, j'suis un peu pareil avec les garçons. Mais … J'ai eu vent d'une de tes nuits, Celestin. Et je dois t'avouer que si je ne t'appréciais pas autant, je t'aurais probablement sauté dessus ! Comment t'as pu lui faire ça ?! »/b] Il se rendit compte que sans détails, ses paroles n'avaient aucun sens. Syl soupira et le regarda finalement. [b]« Andy, tu te souviens d'elle ? J'imagine que non, bien entendu. » Un certain dégoût dans sa voix, son ton changea. « Tu lui as brisé le cœur comme un bel enfoiré, tu t'en souviens ?! »

Généralement les choses ne se passaient jamais comme prévues. On avait beau s'imaginer toute la scène, les mots exacts qui sortiraient de notre bouche ainsi que tous nos gestes et pourtant, tout était bien différent. La preuve était faite, Sylvester n'avait jamais envisagé frapper Celestin bien qu'il soit énervé de son attitude envers sa cousine. Attitude qu'il n'aurait pas trouvé aussi puérile s'il ne s'agissait d'ailleurs pas de cette jeune femme. Il s'était imaginé l'insulter, hausser le ton, mais non lever la main sur cet homme là et qui plus est, son visage. Mais c'était pourtant bel et bien arrivé, malgré lui. Alors il soupira en se disant que la soirée se passerait dans ce modèle là, sans prévision, sans réaction réfléchie et probablement pleine de rancœur. Les deux garçons étaient loin de l'ambiance habituelle et Syl regretta un instant de lui avoir demandé sa présence. Il fallait avouer qu'il était tellement plus simple de lui en vouloir quand ils n'étaient pas en face l'un de l'autre … Tout était tout de suite plus compliqué, d'autant plus que Celestin faisait partit des rares personnes que le jeune homme ne voulait perdre pour rien au monde. Parfois, on s'attache à quelqu'un et alors sa présence devient indispensable.

Syl changea littéralement de ton en évoquant le prénom d'Andy. Il voulait lui rendre ce qu'elle avait perdu en sortant avec lui, à savoir sa dignité. Personne ne méritait d'être traité ainsi et encore moins une fille aussi charmante qu'elle. Il fut surpris quand Celes avoua se souvenir d'elle. Il était en effet bien rare que le jeune homme se souvienne de ses conquêtes mais savoir cela, le soulagea un peu. Aurait-il à ce jour des remords ? Il le laissa terminer, bien déterminé à obtenir des informations supplémentaires et le point de vue du coupable. « Tu t'en veux ? Encore heureux ! Je crois que si tu avais dit t'en foutre je t'aurais encore frappé sauf que là ça aurait été voulu. » Il soupira doucement, passablement agacé par son air désolé. Difficile de croire en Celestin quand de l'autre côté Syl avait eu la version d'Andy qui avait beaucoup souffert de sa bêtise. Décidé à ne rien laisser passer, il s'approcha doucement de son ami et colla son front au sien pour capter son attention. D'une voix grave, peut-être un peu menaçante, il mit les choses au clair ; « Qu'on soit d'accord Celestin, même si j'apprécie ta compagnie, je t'interdis formellement de la revoir. Garde tes distances du mieux que tu peux sinon je me chargerais de te rappeler mes mots et je pense que je serais moins calme encore que maintenant. Et tu ne sais pas de quoi je suis capable, d'ailleurs c'est certainement mieux ainsi, mais je ne te conseille pas d'essayer. C'est compris ? » Il regretta bien vite de s'être autant approché de lui pour le sermonner. Bien que la colère soit présente en lui, Sylvester ne pouvait s'empêcher de fixer ses lèvres avec grande attention et dû mordre les siennes pour ne surtout pas craquer. La tentation grandissante l'empêchant de se concentrer sur la situation, il préféra de nouveau se reculer pour conserver son sérieux, du moins ce qu'il en restait. « Tu t'en veux, tu t'en veux, tu t'es excusé au moins ?! Mais attends un peu … Pourquoi tu t'en veux, au juste ? T'as eu tellement de filles sans jamais de remords alors pourquoi avec Andy, si ? » Syl croisa les bras, curieux d'entendre sa réponse.

Interdiction formelle de la revoir. Jamais ô grand jamais il n'accepterait que Celestin retourne près d'elle, tellement il l'avait fait souffrir. Sans même en connaître ses raisons, ses sentiments, il décidait lui-même de la relation qu'il adopterait avec Andy. De toute façon, il ne lui semblait pas que la jeune femme avait de nouveau envie de le voir et c'était bien mieux ainsi. Syl se demanda un instant si cette fâcheuse histoire aurait une conséquence sur la leur ; s'ils devraient également arrêter d'être tendres l'un envers l'autre ou même arrêter de se voir totalement. Ce qui déplairait bien fortement à Sylvester, Celestin étant l'un des seuls hommes à qu'il s'était attaché, mais si c'était pour Andy, alors il ferait cet énorme sacrifice. Peut-être qu'elle n'approuvera pas que son cousin fréquente cet ex tant détesté et que d'elle-même, elle lui demanderait, voire lui obligerait à ne plus le voir. Quoique la jeune femme n'avait jamais aimé obliger les autres et encore moins son cousin. De ce fait, leur vie de collocation était bien souvent hilarante, une Andy sans autorité face à un Sylvester rentrant de soirée et n'ayant aucune envie de bouger. Il faisait parfois des efforts mais ces derniers se faisaient de plus en plus rares alors que son état moral se dégradait peu à peu. Et s'il était bien certain d'une chose, sans le garçon, sa vie serait encore plus morne et déprimante qu'elle ne l'était déjà. Autant dire qu'il serait à six pieds sous terre à l'heure actuelle si cette rencontre n'avait jamais eu lieue.

Bien que doutant de la réponse, le garçon demanda s'il s'était déjà excusé. Si ça avait été négatif, il l'y aurait contraint. Mais Celestin l'avait visiblement fait, et même si cela s'était produit dans un bar, c'était un début. La colère s'estompait peu à peu à ses paroles, cet homme là n'était donc pas un sans cœur et c'était une bonne nouvelle, ou même un soulagement pour Sylvester qui était horrifié de découvrir un sentiment de déception envers son ami. « Tu t'es excusé ? Ca veut dire qu'elle compte pour toi ? Qu'elle n'est pas n'importe qui ? » Même si cela paraissait logique maintenant, il voulait l'entendre de sa bouche, en être certain et alors sa haine serait totalement apaisée. Ou pratiquement. Il fut étonné de lâcher bon aussi facilement en entendant ses explications, se retrouvant un peu dans ses paroles, lui qui avait toujours agit de la même façon. Il observa Cel, son visage, ses yeux, pour y trouver la vérité dont il avait besoin pour sa cousine. « D'accord Celestin, d'accord … Je peux comprendre ce que tu ressens, du moins, j'essaie … Mais Andy, c'est ma cousine. Et je veux le meilleur pour elle. Elle mérite ce que je n'aurais probablement jamais, quelqu'un pour la traiter avec respect. Et c'est certainement parce qu'elle est de ma famille que je ne peux pas cautionner ça. Elle tenait à toi, et ça je peux le comprendre aussi parce que t'es pas si nul que ça … Tu comptes faire quoi, alors ? » Malgré son interdiction de la revoir, Sylvester voulait savoir si Celestin allait s'y tenir ou bien passer au delà. Mais désormais, il attendait plus qu'il ne le respecte pas qu'autrement pour avoir la certitude que Cel était sincère. Il s'approcha et embrassa sa joue. « Merci pour elle, d'avoir … Dit ça. C'est important. »

Sylvester hésitait. Celestin pouvait très bien jouer la comédie, après tout. En l'observant bien, il arriva au bout d'un moment à le croire sincère. Des sentiments comme cela ne s'inventent pas, ou du moins, Cel n'était pas aussi bon acteur. Son interdiction formelle de la revoir paraissait alors ridicule, il comprit que cela ne servait à rien que de lui interdire de la revoir. Aimer, ce n'était jamais évident alors il ne fallait pas non plus en rajouter. Bien qu'il y ait longtemps que le garçon avait été amoureux, il n'oubliait pas ce qu'on pouvait ressentir à ce moment là. Perdu, déconcentré, totalement déboussolé, et la peine était immense quand on se rendait compte que la personne convoitée n'était pas réciproquement amoureuse de vous. Une déception, un échec même. Un vide dans le cœur qu'on a du mal à combler, Sylvester l'avait aussi vécu, sans doute ce pour quoi il changea d'attitude envers son ami ensuite. « Celestin ... » Il soupira doucement, lisant presque de la détresse dans les yeux du garçon qui avait le cœur brisé. Non, s'il ne pouvait pas cautionner la tristesse de sa cousine, celle de son ami non plus. Il s'était donc approché pour embrasser sa joue une fois sa colère dissipée, lui montrant par la même occasion une sorte de soutien moral pour ce qu'il allait devoir affronter. « Ce serait débile à moi de t'interdire de la voir, dans ces conditions-là … J'ai connu ça. Je sais ce qu'on ressent. D'accord je me suis emporté, mais tout le monde l'aurait fait … Je ne sais pas si tu la mérites, mais autant elle que toi êtes géniaux. Tu as fait une erreur certes mais qui n'en fait pas ? Moi même, j'en fais constamment … Tu veux te faire pardonner ? Je peux peut-être … T'aider. » Retournement de situation plutôt étonnant, mais connaissant sa cousine, il était peut-être le mieux placé pour lui proposer son aide. Il fixa la main de Celestin posée sur sa joue, et eut soudainement l'envie de l'embrasser. Comme avant, comme lors de cette nuit. « J'ai envie de faire quelque chose, là tout de suite … Vu ce que tu viens de m'avouer, je vais probablement m'en vouloir, mais qu'importe. » Murmura t-il avant de déposer ses lèvres sur les siennes pour un baiser passionné. Syl n'était pas certain que son ami prolongerait le baiser mais il avait tenté. Il se recula après quelques secondes, rougissant un peu. « Ca te dirait qu'on … Qu'on marche un peu ? Tous les deux ? Histoire de discuter, de tout ça. »

« Amis, c'est bien aussi, c'est vrai. » Sylvester se remémora les fois où il avait dit à un homme qu'il resterait ami avec lui après une folle nuit, mais n'en avait au final rien fait pour ensuite l'ignorer et l'oublier. Avec Celestin, ça c'était heureusement déroulé différemment mais au début, Syl n'avait jamais pensé être à ce point dépendant de ce garçon. « Après tout, nous on a couché ensemble et on est de bons potes. » Même si j'ai très envie de te sauter dessus dès que je croise ton beau regard. se retint-il d'ajouter en se mordant la lèvre inférieure. « D'ailleurs, j'aurais une question … Comment tu vois notre relation, toi ? Dans ma tête elle n'est pas si claire que je l'aimerais. » Certes ils étaient amis mais Sylvester ne pouvait s'empêcher de ressentir cette attirance, ce besoin, ce manque quand il n'était pas là et en était presque troublé. Il l'invita à marcher alors que le sujet de conversation devenait tout autre. Pour une fois, ils parleraient à cœurs ouverts, pour une fois, ils seraient sérieux pour l'espace de quelques minutes, Syl ayant soudainement besoin de savoir ce qu'il représentait et valait aux yeux de Celestin, comme pour se rassurer. Si sa cousine comptait tellement aux yeux de son ami, était-ce la même chose pour lui ? Il avait tellement utilisé les autres hommes comme des jouets qu'étrangement, Sylvester pensait en être devenu un. Peut-être parce que Cel n'était pas très expressif, ou simplement discret sur ce qu'il ressentait ; il se faisait probablement des films et pourtant, ce genre de questions lui brûlait les lèvres sans jamais oser les poser. Eh bien ce soir, Nawel se lançait quitte à faire fuir celui qu'il considérait comme un meilleur ami. Ses mains allèrent gentiment se ranger dans ses poches alors qu'il marchait, proche de Celestin, son visage s'engouffrant peu à peu dans son écharpe. « Est-ce que je suis un passe-temps ? Ou un ami ? Un amant ? J'sais pas comment nous qualifier moi, aide moi s'teuplait ... » fit-il, de plus en plus gêné par ce qu'il demandait. « Le pire je crois, c'est que t'as des sentiments pour ma cousine. Enfin j'veux dire … C'est bien que tu connaisses ça. Mais maintenant que je suis au courant, ce ne serait pas correct que … Qu'on continue comme en ce moment. Je t'ai embrassé, t'as prolongé, on devrait arrêter ... » confia t-il avec regrets. En réalité, Sylvester ne voulait pas et ne pourrait de toute façon pas se passer de ses lèvres, de son corps, de ses étreintes ou même de sa compagnie. « On emprunte une pente glissante là, c'est bon pour aucun de nous. » Il soupira doucement. « Je sais que j'ai envie de toi, rien que là. De t'embrasser, de te serrer, de te savoir contre moi. Et putain que c'est compliqué de ne pas céder parce que la tentation est grande. J'doute que ce soit pareil pour toi. Enfin, j'en sais rien. Mais moi j'vais pas réussir à tenir je le sens. »

Celestin Ҩ Sylvester

« être raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou... »

Parfois, il fallait savoir être sérieux. Si on pouvait penser que sex friends était le meilleur des compris, ce n'était vraiment pas le cas. Bien que Syl s'en soit contenté au départ, ça n'était désormais plus le cas. Il avait besoin de savoir exactement ce que Celestin en pensait, peu importe quel était son avis ; négatif ou positif. Il s'en voulait de ne pas bêtement profiter de la situation comme n'importe qui aurait pu le faire. Du sexe sans aucune obligation, des plaisanteries, des sorties, un ami. Il n'en voulait pas plus après tout, ces histoires de couple n'étaient pas faites pour un garçon tel que Sylvester et l'amour n'était pas présent, il voulait simplement savoir. Être au courant de ce que Cel lui ressentait et sentait cette relation. Probablement qu'ils n'étaient pas aussi proches que dans sa tête. Syl avait cependant besoin de son ami, de cet amant également pour aller bien et il ne s'expliquait plus le besoin de cet homme grandissant. La question était désormais posées, et c'était un Sylvester gêné qui prenait la place de celui qui quelques minutes avant, était hors de lui tellement la colère l'habitait. Il se cachait dans son écharpe, peut-être trop honteux de demander une telle chose, ou bien même d'avouer d'une certaine façon que Celestin le préoccupait bien plus qu'il ne le devrait. Il soupira alors que le garçon n'avait pas plus d'idées que lui, les voilà bien avancés maintenant. « Je vois … Avoue que tu n'as jamais réfléchit à ça hein. Moi non je dois dire. Tout semblait bien entre nous. On baise, on s'éclate … Mais je crois qu'au final j'ai besoin de savoir. Je ne sais pas trop pourquoi. » Et peut-être qu'il s'en voudrait, de désirer savoir. Alors, Syl commença à poser quelques mots sur leur relation. Passe-temps, amant, ou ami. Il n'en voyait pas franchement d'autres et ces derniers résumaient assez bien certaines de leurs occupations mais le jeune homme espérait sincèrement que le premier adjectif soit faux. Et effectivement, Celestin le contredit presque aussitôt. Plus qu'un passe-temps, donc. Mais Sylvester n'était toujours pas convaincu et avait même du mal à le croire. Il haussa les épaules. « Je sais que j'devrais te croire et pourtant j'ai un peu de mal. J'ai jamais autant douté de toi … Va savoir pourquoi. » Il soupira doucement, regardant le sol sans jamais réussir à le regarder, lui. Syl évoqua ensuite l'éventualité d'arrêter. Arrêter quoi ? Leur relation. Ils ne devraient plus être que des amis désormais si Celestin éprouvait des sentiments pour sa cousine et ce serait peut-être mieux pour eux deux de n'être que de simples connaissances. Aucun d'eux ne semblait le vouloir et pourtant ils n'avaient pas tellement le choix. Il se stoppa net en entendant le garçon lui avouer qu'il avait besoin de lui, surpris de l'entendre débiter ce besoin alors qu'il était d'habitude si discret sur ce genre de choses. Syl sortit un peu de son écharpe, le regardant. « T'as … Besoin de moi ? Vraiment ? Ahah, tu ne me l'as encore jamais faite celle-là, j'pourrais presque y croire ... » Au fond de lui, Sylvester le croyait, voulait y croire. « Mais quoiqu'il en soit, je crois qu'effectivement … On devrait arrêter de se voir. » Si seulement il n'avait jamais dit ça.

Celestin Ҩ Sylvester

« être raisonnable en toutes circonstances ? Il faudrait être fou... »

*Ferme la abruti. Arrête de parler, arrête de lui faire du mal, ferme la simplement. Il tient à toi, sois-en sûr. Ferme la.* se répétait-il sans cesse intérieurement. Sa curiosité le perdrait, elle était bien plus néfaste que celle d'un enfant en quête d'apprendre. Il cherchait à se faire mal, à faire mal à Celestin aussi sans trop savoir pourquoi. Au fond de lui, Nawel savait que son ami l'appréciait et qu'il n'était pas qu'un jouet et tout était réciproque. Mais sa tête voulait se trouver tous les arguments pour prouver le contraire, pour contredire l'idée qu'ils pouvaient simplement avoir besoin l'un de l'autre. Plus tard, il le regretterait. Si pour le moment ça n'était pas le cas, Sylvester s'en mordrait fortement les doigts lorsqu'il aura bel et bien perdu Celestin. *Damn, que ça n'arrive jamais ...* pensa t-il très fort, les larmes aux yeux. Et malgré toutes ses envies, il ne se taisait pas. Il continuait sans négliger ses mots, sans ménager Celestin. Ce fut sa dernière phrase, ou probablement l'ensemble de toutes celles qu'il venait de prononcer, qui obtint l'effet escompté. Prêt à partir, il s'éloignait déjà. Son ami venait de lui faire dos et ce fut certainement le plus difficile à supporter. S'il ne réagissait pas, alors ce serait terminé. Ton son corps lui criait de hurler son prénom, d'entamer une folle course afin de le rattraper mais son être demeurait à cet instant figé. Lèvres closes, poings fermés, pieds encrés au sol, rien n'y faisait. Puis enfin, suite à une épuisante négociation avec lui-même – qu'il était compliqué de mettre son ego de côté – il se mit à courir. Vite, aussi vite qu'il le pouvait, comme si sa vie en dépendait. Et c'était probablement le cas, jamais Sylvester ne pourrait vivre sans Celestin, jamais. Il arriva bien rapidement à sa hauteur et ne se pria pas pour le prendre dans ses bras, son torse rencontrant vivement le dos de celui-ci alors qu'ils se heurtaient de plein fouet. Au diable la délicatesse, ils n'avaient pas le temps pour cela. « J'peux pas. J'peux pas te voir partir ! J'aurais jamais dû te demander tout ça, je … j'suis débile … qu'un gros con … Sil te plaît, Celestin, pardonne moi ! Laisse moi t'enlacer pendant encore longtemps, laisse moi t'embrasser, te faire sourire, voir ton rire … laisse moi tout ça. J'pourrais pas sans toi. » avoua t-il enfin. Mais il serait légitime que le garçon ne veuille pas de ses excuses et s'en aille tout de même, alors il insista encore un peu. « Sil te plaît … j'me ferais pardonner ! » Il se sentait minable d'être ainsi soumis, mais soit, il fallait ce qu'il fallait. Sylvester le relâcha finalement pour le laisser un peu respirer et attrapa sa main comme s'il ne s'était jamais rien passé. « Profitons de la soirée, plutôt. Comme on l'a toujours fait jusqu'ici. On en parlera plus tard à têtes reposées et surtout sans s'engueuler … j'te crois. Je crois tout ce que tu m'as dit, tout tout tout. » promit-il à son ami.

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Comme un lâche incapable de se tenir à ses décisions, Sylvester courut vers Celestin tentant une approche peu subtile et un pardon qu'il n'aurait probablement pas. De belles paroles certes, mais il était sérieux. Tellement sérieux qu'il aurait pu se mettre à genoux devant cet homme-là, qu'il aurait pu implorer son pardon des jours entiers pour seulement ne pas le perdre. Habituellement le garçon se fichait des adieux, il n'en avait que faire puisque jamais il ne s'attachait aux autres … Mais cette fois-ci, les sentiments n'étaient pas inventés et de plus fortement ressentis envers Celestin qu'il aimait tant. Un ami, oui, un amant aussi, mais bien plus encore que tous les mots qu'il pourrait mettre sur leur relation. Un attachement spécial, peut-être bizarre, que Syl n'avait avec personne d'autre que lui et c'était suffisant à ce qu'il ne le laisse pas tomber. Sans trop savoir si son ami lui pardonnerait ses conneries débitées sans réfléchir il y a peu, Nawel fonçait à tête basse pour le récupérer. Et visiblement, Celestin lui en voulait trop pour vouloir rester. Il se détacha de son emprise bien qu'en restant proche de Sylvester et restait muet au plus grand damn de ce dernier. Parle, dis-moi quelque chose. Insulte moi, engueule moi mais je t'en prie, parle moi. Suppliait-il intérieurement avec ce seul espoir que de l'entendre. Mais rien. Passant outre cette déception, Syl prit la main de son ami afin de lui montrer qu'il était bel et bien là, puis sourit en l'entendant enfin. Un grand sourire, celui qui exprime toute la joie qu'on peut ressentir à un moment X. En l'occurrence, les paroles de Celestin lui faisaient cet effet-là. Alors il « l'aimait beaucoup » selon ses propres mots. Enfin une preuve d'amour. Ou du moins, d'attachement. Il rougit étrangement quand le garçon frôla sa joue de ses lèvres, comme un adolescent qui flirterait pour la première fois. « Promis. Promis Celestin, j'te laisserais jamais. Moi aussi je t'aime beaucoup, toi, tes yeux, tes lèvres, ta peau, ta personnalité … T'es indispensable. Ne l'oublie jamais, hein ... » Il baissa un instant la tête, l'émotion devenant forte et presque incontrôlable alors que des larmes perlaient sur ses joues. Sylvester le regarda enfin, murmurant ; « J'ai envie de t'embrasser. J'ai envie de te serrer contre moi. Mais j'ai surtout envie qu'on s'barre d'ici. Qu'on s'en aille de cet endroit qui a faillit nous séparer … Viens chez moi ce soir. Je veux qu'on dorme tous les deux, sans arrière pensée bien sûr. Juste qu'on soit ensemble, que je puisse être sûr que t'es encore là … Une nuit dans tes bras, simplement. Sil te plait, tu veux bien ? Si tu veux j'te le demande à genoux mais putain accepte. J'ai pas envie d'être tout seul cette nuit et c'est toi que je veux, personne d'autre. » Pitié Celestin, dis oui. Il lâcha sa main pour lui laisser l'occasion de s'en aller si vraiment c'était ce qu'il voulait, soupirant doucement. « Je suis sûr que t'en as envie toi aussi ... » Ou peut-être pas mais tous les moyens étaient bons pour lui faire dire oui.