Sujet: « This is war » Ϟ EINSTEIN ♥ Dim 11 Mar - 22:51
Pink se retourna dans son lit avec un grognement, tirant la couverture vers elle. Espérant faire taire l’espèce de chose qui faisait autant de bruit qu’un moteur de tracteur à ses côtés. Quelques secondes passèrent, durant lesquelles aucun son ne retentit dans la chambre. Une bouffée d’espoir envahit la jeune femme, qui écarquilla très légèrement les yeux dans le noir, le cœur battant. Mais toutes ses attentes tournèrent court quand un vieux ronflement digne d’un troll des cavernes enrhumé depuis un siècle troubla le silence. MAIS ZUTEUH @@. Elle se renfrogna immédiatement, ramenant la couette bien haut sur ses épaules, grommelant des injures à voix basse. Quelle idée elle avait eu d’accepter que ce boulet dorme avec elle, quand même. Elle le connaissait par cœur pourtant. Il était venu avec ses grands yeux de biche pour lui dire qu’il avait peur du noir et qu’il ne voulait pas dormir tout seul ce soir. Elle était en train de travailler sur son lit, au bord de s’assoupir avec son livre de maths baptisé au brownie sur les genoux. Avec les Beatles en fond musical, sur sa grosse couette d’hiver toute douce et confortable. Le paradis quoi. Elle savait que l’autre zouave s’amusait dans la pièce d’à côté, mais elle avait besoin de travailler, et pas question qu’il vienne la perturber en ce moment de grande concentration. Sauf qu’un Einstein ne reste pas en place, surtout quand il n’a rien à faire. Et comme il n’a pas grande imagination, son premier réflexe est de débarquer en gueulant dans la chambre de sa meilleure amie de toute la vie, et de sauter sur le lit en disant qu’il a besoin d’elle. Après, les excuses pleuvent, et Pink se retrouve trainée bien contre son gré sur le canapé, ou dans la cuisine pour rattraper les conneries culinaires, ou même encore, comme ce soir, dans son lit parce qu’il ne voulait pas rester tout seul. Roh, la soirée n’avait pas été si affreuse que ça, ils s’étaient bien amusés, ils s’étaient un peu chamaillés, comme d’habitude. Pis elle avait fini par accepter de manger un bout, et elle lui avait fait des pâtes végétariennes. Ouais ouais, à presque minuit. Y avait pas d’heure pour les bons repas entre amis. Il avait bien voulu manger sans lardons, le brave petit. Et puis ils étaient allés faire un gros câlin en bavardant de tout et de rien et en racontant des conneries, pour s’endormir doucement. Enfin, s’endormir, un bien grand mot. Lui n’avait eu aucun mal, à croire que les gratouilles de la jeune femme sur la nuque lui avaient fait l’effet d’un coup de massue. Elle, par contre, ç’avait été une autre histoire. Calée contre lui, elle avait failli réussir à s’endormir. Jusqu’à ce qu’il lui arrache les trois quarts de la couverture. Elle qui était frileuse... Ça s'était tout de suite avéré bien plus complexe. Elle avait tenté de récupérer son bien, espérant qu'il ne dormait pas vraiment et qu'il ne faisait ça que pour l'embêter. Et puis bien vite, elle s'était rendue compte qu'il ne faisait pas semblant, cet abruti. Et en plus, il insistait pour avoir toute la couette. Ensuite, il s'était mis à ronfler. Et là, elle s'était littéralement mise à bouillir sous le peu de couverture qu'il lui restait. Les minutes étaient passées, longues et stressantes. Il lui avait finalement laissé un peu de couette, et elle avait réussi à fermer l'oeil, quelques minutes tout au plus. Bon, peut-être une vingtaine, allez. Et puis un espèce de gros machin s'était mis à la pousser vers l'extrémité du lit. Y avait pas à dire, il était vraiment infect quand il dormait, lui. Elle réussissait pourtant parfaitement à le repousser pour le moment. Mais il était quand même 3h du matin. Et elle n'avait pas que ça à faire de passer sa nuit à repousser un gros bébé qui prenait toute la place et toute la couette, sen plus de ronfler. Pourtant, elle se contentait d'attendre sagement en grommelant dans son coin. Brave bête, trop bonne trop conne. Mais ça n'allait pas durer. Oh ça non. Elle ne comptait pas se laisser marcher sur les draps par ce zigoto de première catégorie e_e. Au prochain coup...
Brutalement, elle se sentit poussée. Elle poussa un léger cri, manquant de tomber du lit, tandis que toute la couverture lui était arrachée. À la dernière seconde, par réflexe, elle se rattrapa à la tête de lit, se redressant brusquement sur le matelas, hors d'elle. Ah non, trop c'est trop. Elle n'avait même plus la place de se rouler en mode petit foetus, tellement il prenait toute la place, maintenant. Alors, ce qui devait arriver arriva. Pink péta son câble. « AH NON, ÇA SUFFIT, J'EN AI MARRE. » Son premier réflexe fut de tirer brusquement toute la couette à elle, la débordant même du bout. Sans aucun scrupule pour le petit Einstein, maintenant juste dans ce qui lui servait de pyjama, sans rien pour le couvrir. S'il avait froid ? ET BIEN TANT PIS. Ça faisait déjà deux heures qu'elle se les gelait, elle. Puis, elle le poussa brutalement, pour le faire carrément tomber du lit. S'il s'était fait mal ? Balivernes, il ne se faisait jamais mal, c'était elle la maladroite dans l'histoire. Et puis il n'arrêtait pas de lui foutre des coups depuis tout à l'heure, œil pour œil dent pour dent. La petite brunette était décidément remontée. Une fois son meilleur ami expédié proprement par terre, elle attrapa son oreiller à la vitesse ninja, et lui balança dans la figure, sans réfléchir davantage. « Tiens, puisque t'es pas capable de respecter le sommeil des gentils autres qui veulent bien te supporter, tu dors par terre. Non mais e_e. » Sans perdre une seconde de plus, elle ramena la couverture - désormais rien que pour elle - sur son corps de crevette, s'étalant bien dans tout le lit pour prendre toute la place disponible. VENGEANCE, MOUAHA. Et puis s'il n'était pas content, ça revenait vraiment au même. Elle avait souffert pendant deux heures, alors qu'il lui laisse au moins à son tour deux pauvres heures de sommeil maintenant. C'était la chambre d'Einstein ? Et alors ? C'était elle qui avait payé et trouvé l'appart, à la base, pas d'excuses, elle faisait ce qu'elle voulait. Et puis, après ce qu'il avait fait subir à son livre de maths, elle pouvait bien se permettre cette petite vengeance, tout de même. Petit plaisir personnel, bien mérité.