Si les enfants veulent tous devenir astronautes, c'est pour se barrer de cette terre où ils devront vivre toute leur vie.

Tu es anglais. Tu es né dans une famille de bourge. Tu es donc un fils à papa, tu es toujours sur ton 31 et ton avenir est tout tracé, une brillante carrière d'avocat t'attend déjà. FAUX. Maman Bonnie avait beau essayer de m'initier à ses séances de thé avec tata Elisabeth, ça se terminait toujours de la même manière. Une vieille outrée de voir que je me grattais les 'testicules' en même temps que je dégustais des gâteaux secs et dégueulasses bon à donner aux piafs. Nan mais, quand j'y pense, j'avais un moral d'acier de vivre avec des tableaux de mes ancêtres accrochés sur tous les murs de la maison, une collection de chapelets et des canapés en velours. Quant à Papa James, c'était plutôt le type absent, toujours dans son bureau, le nez plongé dans son travail. Il a toujours été cool même si je lui aurais plutôt donné le nom de 'Banque populaire'. Le parfait cliché de la famille pétée de thunes quoi. Bref, passons, ma vie a toujours été plutôt banale. Basée sur l'éducation, l'argent et la réussite. 'Fin non pas vraiment, l'éducation que mes parents me donnaient avait l'effet contraire sur moi. « Einstein, tiens toi bien, c'est à son allure l'on reconnaît un Bartholomew. » Bonjour l'doigt dans le nez, la main au slip et les concours de rôts les plus longs. Mon argent de poche partait toujours dans des conneries futiles -ce qui, d'ailleurs, n'a pas changé- ou bien dans la coupelle d'un clochard qui jouait bien de la guitare. Quant à la réussite, si j'étais au premier rang c'était pour que les professeurs puissent mieux m'avoir à l'œil. Perso', j'pense pas qu'ils avaient de besoin de ça parce que moi et la discrétion, bonjour quoi. J'peux vous dire que le coin, je l'ai côtoyé pas mal de fois. On peut faire pleins de trucs avec un coin hein. Je n'ai pas tellement à me plaindre de mon enfance, si on l'enlève la messe du Dimanche, c'était fun, je l'ai passé en compagnie d'une fille formidable, Pink. Comme moi, c'était une petite gosse perdue au milieu de tout cet argent et ces bonnes manières. Alors je me suis attaché à elle. J'me souviens, lorsque ma mère m'avait dit que c'était l'heure du 'tea time', comme toujours, j'avais tiré la gueule. Elle avait mis plus d'une heure à me préparer en me disant sans cesse que les Monroe, c'était pas n'importe qui. Une famille avec des valeurs. Toutes ces éloges arrivaient à mon cerveau de manière différente. Sur le seuil de la porte je m'attendais donc à voir une famille aussi coincée que toutes les autres avec une petit fille qui me demanderait de jouer à la barbie. Et moi, en tant que Bartholomew digne de ce nom je devrai aller faire Ken. Maman avait arrangé une dernière fois ma cravate et, c'est blasé que j'étais entré dans cette maison presque identique à la mienne. On m'avait donc présenté Scarlett. Puis là, j'me souviens de son regard malicieux, j'ai de suite capté que cette fille, c'était juste de l'or quoi. Un peu comme un putain de coup de foudre. J'ai finalement passé une bonne après midi en sa compagnie. Lorsque je demandais à retourner là-bas, Maman Bonnie souriait. Et moi aussi ça me faisait sourire parce que je suis sûr que dans sa petite tête, elle pensait que j'allais enfin daigner à … LEVER MON PETIT DOIGT POUR BOIRE SON FOUTU THE. La bonne blague quoi. La seule chose qui m'importait c'était Pinky. J'voyais la vie en rose avec elle ! ( C'était tentant. )

Puis, le soleil éclaire un peu plus leur chemin.
Ils voient un peu mieux l'avenir parce qu'il n'y en a pas.

Douze ans. C'est l'âge que nous avions lorsque la famille Monroe s'est décidée à quitter Bristol. Pour la première fois de ma vie, j'ai vu mon monde s'effondrer, s'effriter petit à petit sans me demander mon avis. J'ai pas supporté ça, j'voulais pas perdre la seule personne que j'aimais réellement. Alors, plutôt que de rester impuissant face à cette situation j'ai attrapé la main de Pinky pour l'emmener avec moi. Loin de ce quartier. Loin de notre enfance que l'on désirait nous voler. Je ne voulais pas renoncer à ces après midi pluvieux où nous cherchions des escargots. Encore moins à nos parties de foot qui au final ressemblaient plus à des combats de catch. Ces petits plaisirs de la vie, ce petit quotidien auquel je m'étais habitué. Je me souviens parfaitement de ce jour, nous avions chacun notre sac, il y avait dedans juste de quoi vivre deux jours grand maximum. Mais j'y croyais ! Oh oui j'étais persuadé que ça marcherait ! Je ne lâchais pas la main de mon amie. Pour rien au monde je l'aurais lâché. Comme si notre vie en dépendait, nous marchions sans même regarder derrière nous. Je me souviens avoir regardé Pinky droit dans les yeux et vouloir lui donner l'impossible. « On va partir, je sais pas où mais on va partir. Tu pourras faire des patins à roulettes. On aura un chien, il s'amusera à courir avec nous. Puis on se couchera sous un ciel étoilé. Y aura personne pour nous séparer. On fera ce qu'on a toujours rêvé de faire, le tour du monde. T'entends Pinky ? C'est pas des vieux cons qui vont nous faire ça. » Après avoir marché des heures, je nous pensais loin de Bristol. Fatigués, nous nous sommes posés au bord de la route, dans un grand champs. Il faisait beau et une légèrement brise de vent venait nous parfois nous décrocher un frisson. Je pensais réellement que je ne retournerais plus jamais chez moi. Ça sentait tellement la liberté ! J'étais naïf, que voulez-vous. Le soir même je me suis retrouvé dans ma chambre avec une trace rouge sur la joue. Essayez donc de vouloir devenir un super héros. Pink, comme vous l'aurez compris, a quitté le pays. C'est à partir de ce moment là que j'ai réellement commencé à bénir le porte feuille surdimensionné de mon daron. Banque Populaire était là pour me payer les vols jusqu'à Paris ainsi que les factures de téléphones. Au début, j'ai eu un mal fou à gérer son absence. Jusque là, je n'avais perdu qui que ce soit d'important. Et là, Pinky était présente mais … si lointaine. J'étais comme ça, tu sais, un petit qui avait besoin de contact. Je voulais ses doigts liés aux miens. Sa voix au téléphone me donnait toujours le sourire bien que son sourire me manquait. Lorsque j'allais chez elle, je ne voulais jamais repartir. Je jouais au gamin capricieux. Une année, je m'étais caché dans un placard, ses parents m'avaient cherché des heures. J'en avais même raté mon vol. Un jour de plus à Paris pour moi. Lorsque je suis rentré Maman Bonnie m'a menacé de ne plus me laisser aller là-bas. Cette vieille peau avait trouvé son moyen de pression. Alors bon, les années ont défilées. Puis, j'ai afin atteint l'âge de me fringuer tout seul. Putain c'était la délivrance ! J'ai viré toutes ces chemises qui me donnaient un air de saint. J'ai enfilé mon t shirt Bob Marley pour aller retrouver Kuzco. Kuzco ? C'était ce type, plus grand que moi de deux ans. J'sais pas pourquoi j'avais un certaine admiration pour lui. Sa belle gueule peut-être. 'Fin bref, il a fait de moi un petit délinquant. Vous voyez les lions ? Bah c'était un peu ça, Kuzco m'apprenait la vie comme une lionne l'aurait fait pour son gosse. Ok, la comparaison est nulle mais j'm'en fous. C'est grâce à ce connard que j'ai appris à voler tout et n'importe quoi. J'peux vous dire que ça aide vachement dans la vie. Banque Populaire, face à mes jeans troués, refusait d'ouvrir les cuisses de son cher compte. Alors, je volais son fric. Je m'occupais comme je pouvais en l'absence de Pinky. Kuzco me donnait l'illusion de ressembler à cette amie chère que l'on m'avait enlevé. La simple illusion. Tous les deux, on ressemblait à Minus et Cortex, en plus classe bien sûr.

Ils achètent des T-shirts avec des étoiles rouges, et trouvent le mot "révolution" très beau, ça ressemble à revolver, mais surtout à évolution.

Puis y a eu ce coup de fil, ce putain de coup de téléphone qui, à lui seul, sans le savoir, a eu un très gros impact sur ma vie. Encore une fois, je rentrais d'une de mes nombreuses sorties en compagnie de Kuzco. Ma mère m'a demandé de m'assoir, par principe d'ado en pleine crise, je l'ai pas fait. Juste pour montrer que j'étais fort et que rien ne pouvait m'atteindre. Bref, une pseudo racaille quoi. « Scarl- … 'fin Pink. Elle est à l'hôpital. Elle a tenté de mettre fin à sa vie. » Fuck, c'que je déteste ses phrases, ce que je déteste le son de sa voix. Ta gueule, ta gueule. Finalement j'me fais pas prier pour tomber sur mon canapé en velours. « Elle va comment ? » « Ca va … Ca va. » « J'veux aller la voir. » « Tu as cours, ce n'est pas raisonnable. » J'emmerde ma famille et ses valeurs. J'emmerde le sérieux et le fric qu'ils mettent dans mes études. Suite à ça j'ai eu simplement le droit d'appeler Pinky pour prendre de ses nouvelles, rien que ça. J'ai même pas eu le droit d'aller la voir. Pour de simples cours. Mais que vallent les maths face à une vie ? Rien. Quedal. Je suis donc monté dans ma chambre et j'ai versé toutes les larmes du monde sur mon visage. Ces promesses que je lui avais faites et que je n'avais pas été capable de tenir. Je me suis donc juré d'aller la rejoindre une fois les la majorité atteint. Qu'enfin, nous pourrions vivre ce putain de conte. Pendant ces longs mois, j'ai continué de retrouver chaque jour Kuzco sans me rendre compte qu'il se foutait royalement de ma gueule. Un jour, alors que nous organisions un cambriolage, les flics ont débarqué. Il m'a dit d'attendre, que tout allait se bien passer. A la place de ça il s'est barré en m'enfermant dans une pièce de la baraque. Je me suis donc retrouvé au commissariat, j'ai même pas eu le courage de le dénoncer. J'ai décidé de tout me prendre dans la gueule. Bien heureusement, Banque Pop' a fait péter le fric et j'ai frôlé la prison. Ce fut pour eux la goutte de trop. Rester à bristol signifiait que je finirais en taule un jour ou l'autre. On a finalement réussi à avoir un accord. J'avais le droit de rejoindre Pink si je reprenais les études là-bas. Je leur en ai donc givé five et je suis allé à Paris pour entamer une collocation avec celle-ci. Enfin ♥ Laissant derrière moi Bristol et Kuzco. Kuzco que je déteste à présent plus que tout. Comme Titi pourrait déteste Gros minet.

Il veut devenir astronaute.
Deviens-le, c'est ta seule chance.

Ça fait donc maintenant un an que je vis ce que j'attendais depuis toujours, le bonheur.

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Grayson, Yannie, Ella, Lumen & Cheshire.