Cette journée était splendide. La soleil brillait haut dans le ciel et les petits oiseaux chantaient. J'étais plutôt de bonne humeur aujourd'hui et pour cause, j'avais rendez vous avec une jeune femme que j'appréciais vraiment. Nous avions eu l'occasion de travailler ensemble sur un reportage et le feeling était super bien passer. Toute l'équipe nous avait surnommé les deux Alex, puisque nos prénoms se ressemblaient phonétiquement. Ce qui était d'autant plus amusant, c'est qu'elle blonde et moi brune et que malgré nos différences, nous nous entendions à merveille. Et cette entente nous avait permis de rendre un travail féliciter par nos chefs respectifs. Cette alliance nous avait permis à la fois de grimper dans l'estime de nos patrons mais surtout de se découvrir l'une et l'autre. On s'appréciait tellement que nous avions décidé de prendre un café ensemble et d'apprendre à mieux se connaître. Enfin, il faut dire que tout était naturel avec Alexie, je me sentais bien et nous nous rigolions bien ensemble. La veille, alors que je l'avais appelé pour fixer une horaire, nous étions finalement resté plus d'une heure au téléphone à se raconter nos petites vies.

Nous avions convenu 16h et c'est avec entrain que je quittais mon appartement. Un petit haut en voile rouge, un gilet couleur camel, un jean slim et une paire de derbies et le tour était joué. Mes cheveux tombaient en cascade sur mes épaules et mon visage était maquillé que très partiellement. Je n'étais pas une adepte du blush. Simplement un peu de mascara, de l'eye-liner et une pointe de rouge à lèvre discret. Marchant dans les rues en direction du café des phares, je fumais une cigarette distraitement. Une fois arrivé dans le café, je m'assis près de la fenêtre, et attendit patiemment que mon amie arrive. J'ôtais mon manteau et me mettait à l'aise et j’aperçus de loin, la silhouette élancé d'Alexie.

Ce matin, ou plutôt... ce midi, je me suis levée de bonne humeur. Il faisait beau, c'était le week-end, et cet après-midi, je savais que j'allais voir Alexys, une fille que j'ai rencontrée sur le tournage d'un reportage. On a tout de suite bien accrochée, niveau caractère on est un peu pareil, et puis, c'est peut-être dû à la ressemblance de nos prénoms, qui mine de rien nous as rapprochées. L'équipe entière nous appelaient les deux Alex, et le temps du reportage, nous n'étions plus appelées que par ce surnom. C'était agréable d'aller au travail, je savais que j'allais la retrouver et que, bien que ça serait un peu stressant pour tout finir dans les temps, on allait bien rigoler. À la fin du reportage, nous n'avions pas voulus nous quitter, c'était donc impératif que l'on se revoie. Hier soir, lorsqu'Alexys m'a appelée pour déterminer l'heure de notre rendez-vous, nous sommes restées une heure au téléphone, à parler de tout et de rien.

Je me suis préparée un gros petit-déjeuner, composé de tartines de beurre et d’œufs au plat, puis j'ai traîné un peu dans l'appartement avant de prendre ma douche. Je suis restée sous l'eau chaude plus longtemps que le ballon le permettait, et quand j'ai sentie le froid arriver, je me suis empressée de sortir de la douche. J'ai enfilée des collants en laine noirs, une jupe en jean, un débardeur noir et un gilet beige incrusté de sequins doré (mais rien de « bling bling » je vous rassure). Je ne savais pas trop quoi faire en attendant de partir, alors j'ai décidée de sortir quand même, et de flâner en ville.

Me voilà donc assise sur un banc, au pied de la tour Eiffel. Ne me demandez pas pourquoi j'ai atterrie ici, mais mes jambes m'ont portées là et je n'ai pas protestée. En vérité, il me reste une heure avant mon rendez-vous, et j'aime beaucoup cet endroit, alors pourquoi ne pas patientez ici ? Je reste là, à observer les gens, et à réfléchir sur quoi je pourrais bien faire un reportage. Mais bon, au bout de quarante-cinq minutes rien ne me vient à l'esprit, alors autant repartir. Je prends le premier métro venu, et m'arrête une demi-douzaine de station plus loin. Je regarde rapidement mon portable, il est 16h dans cinq minutes. Je presse le pas, et arrive quelques minutes plus tard devant le café des phares. Je pousse la porte, et cherche du regard la jeune femme. Je la trouve rapidement, et m'avance vers elle, un grand sourire aux lèvres. « Coucou ma belle, tu vas bien ? » je lui demande en m'asseyant en face d'elle.

J'adorais par dessus ce genre de journée. J'avais finit le reportage et mon patron m'avait gentiment donné trois jours de congé. Je comptais bien en profiter et je commençais ce premier jour de repos en passant la fin d'après midi avec Alexie. Cette jeune blonde, je l'avais rencontré grâce au travail et de fil en aiguille nous étions devenues de véritable amies. Même si au premier abords nous semblions très différentes; elle était plutôt grande et moi assez petite, elle était blonde et moi brune, au final, on se ressemblait beaucoup sur le plan de la personnalité. On aimait rigoler, on aimait faire des connaissances mais nous étions aussi très professionnelles car nous avions énormément bossé sur notre reportage. Elle interviewait et écrivait et moi je prenais des photos. On formait plutôt une bonne équipe et nos patrons respectifs avaient déjà envisager de nous refaire travailler ensemble. Pour notre plus grand plaisir puisqu'il faut dire que nous étions devenue de grandes amies.

Assise à une table du café des phares, j'attendais patiemment la jolie blonde en pianotant sur mon blackberry. Alors que je levais les yeux, je voyais Alexie franchir le seuil du bar, j'agitais rapidement le bras vers sa direction, elle m’aperçut et me rejoint en quelques secondes. Prenant place en face de moi, je lui adressais un beau sourire, j'étais vraiment contente de passer un peu de temps avec elle. "Salut ma jolie, ça va bien et toi ? T'as couru pour venir jusqu'ici ?" La belle blonde semblait essoufflé, peut être avait-elle pressé le pas pour ne pas être en retard. Un serveur s'approcha et elles commandèrent sans donner beaucoup d'attention à ce premier. Les deux amies étaient déjà parti dans des discussions. "Alors t'as fais quoi de ce début de journée?!" Je ne savais pas encore ce que j'allais faire de ma soirée, ma vie en ce moment était un peu improvisée, je n'avais pas encore beaucoup d'ami à Paris, et j'ignorais ce que faisaient les gens que je connaissais. Je pensais rapidement à mes parents, c'est fou à quel point je m'en foutais d'être loin d'eux, je me sentais vivante et grande et libre.

La brune me demande à son tour comment je vais, je lui réponds avec le sourire toujours collé sur mon visage que ça va super, surtout depuis que je suis arrivée dans le café. Le fait que je sois un peu essoufflée lui fait penser que j'ai couru, alors je lui dis que non, j'ai simplement marché un peu vite, pour être sûre de ne pas arriver en retard. Je préfère être ponctuelle, je n'aime pas trop arriver en retard, ce qui est un plus dans mon travail.

Le serveur arrive rapidement pour prendre la commande, je lui dis brièvement que j'aimerais un diabolo-pèche, et me concentre sur la question qu'Alexys vient de me poser. « Ce que j'ai fait ce matin ? » Je rigole, remets une mèche qui me tombait devant les yeux derrière mes oreilles, et reprends « Hum, si tu savais... un tas de trucs ! » Je rigole à nouveau, fait une pause de deux petites secondes, secoue la tête, et continue « Non je plaisante, je n'ai rien fait du tout. Je me suis réveillée à 12h30, j'ai traîné, mangé, pris ma douche, je me suis habillée... et je suis sortie un peu plus tôt que prévue, je ne savais pas trop quoi faire. » Je m'arrête de parler un peu pour reprendre mon souffle, et pour ne pas achever la jeune femme de paroles. « Je suis allée jusqu'à la Tour Eiffel, je pensais que ça allais m'inspirer pour un prochain reportage (pourquoi pas que je dirigerais moi-même ?), mais en fait trop pas, alors je suis repartie... pile à l'heure pour notre rendez-vous. » Je lâche un petit sourire, au moment où le serveur revient. Je le remercie, et aspire une goulée de ma limonade au sirop. « Et toi alors, qu'est-ce que tu as fais ? Tu t'es levée plus tôt que moi quand même ? » Je rigole encore – à croire que je passe mon temps à faire ça – et attends sa réponse.

Je regarde Alexys, et me dit que, c'était prévu qu'on devienne amies. Dès la première fois que je l'ai vue, c'est-à-dire le premier jour du tournage, quand ils ont constitués les équipes, et que Laurent a présenté « Alexys, photographe, intervenante extérieure. », j'ai tout de suite su qu'on allait bien s'entendre toutes les deux. Et fort heureusement cela s'est révélé, d'autant plus que ça aurait été dommage que l'on ne s'apprécie pas car nous avons dû passer un bon bout de temps ensemble, moi harcelant (non, quand même pas tant !) les gens de questions, elle immortalisant leur visage, leurs expressions avec son superbe appareil, tachant de leur faire signer une autorisation du droit à l'image auparavant, pour n'avoir aucun problème. Entre ceux qui voulaient bien se faire interroger mais pas prendre en photo (ce qui n'était pas trop gênant en soi, nous n'avons pas projeté autant de photos que de texte), et ceux qui voulait se faire prendre en photo, mais pas interroger (plutôt rare néanmoins, c'était surtout les petites poufs pourri-gâtées, affolées de « passer à la télé »), ce n'a pas toujours été facile. Notre travail aura beaucoup aidé, mais à la sortie, les photos n'auront servis qu'à se « repérer » dans le montage du reportage final (ce qui est vraiment dommage, car la prise des photos est nettement meilleure que celle de la vidéo, filmée par quelqu'un d'autre qu'Alexys), et mon interrogatoire a été résumé, et les questions que j'avais préparé ne ressortent pas vraiment dans le reportage. Et puis, c'est une autre journaliste, peut-être plus... esthétiquement présentable que moi, je ne sais pas, qui a présenté le reportage. Tant pis, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Et même si je ne suis pas passée à la télé, ou que mon travail n'apparaît pas explicitement dans la version finale, je ne suis pas déçue car j'aurais fait une super rencontre. J'achève mes pensées par un énième slurp dans mon verre de limonade, et soulève les sourcils, comme pour dire à la brune que je suis toute ouïe.

Il n'y avait pas de doute, j'appréciais vraiment Alexie. Elle était entrée dans le café avec sa classe naturelle et sa présence. Elle avait le don d'attirer les regards et en plus de cela, elle ignorait l'attraction qu'elle conférait aux autres hommes. Mais personne ne la draguerait aujourd'hui, car nous avions toutes deux rendez vous entre amies pour rigoler et se raconter nos journées. Je ne pensais pas que je pourrais un jour me lier d'amitié aussi rapidement mais il faut dire que l'alchimie avait opérée tout de suite. Et heureusement d'ailleurs car nous avions travailler chaque jour pendant deux semaines ensemble et nous avions plutôt intérêt à bien nous entendre pour rendre un travail le meilleur possible. Mais en plus de bien s'entendre, nous avions eu exactement la même vision du sujet donner et de la façon dont le traiter. Il immense avantage dans notre travail. Et puis au final, on avait été un peu déçu de voir que notre travail ne ressorte pas vraiment dans le montage final. C'est un caméraman qui avait imposer ses vidéos, proclamant que des vidéos étaient plus parlantes que des photographie - ce qui n'était absolument pas mon avis- et les questions d'Alexie avait été abimé par un reportage de but en blanc rendu par une autre personne. Au final, tant de travail pour se faire coiffer au poteau par deux autres personnes. Mais nous n'étions pas rancunière, il fallait simplement savoir ravaler sa colère et rebondir. Pour ma part, j'avais repris du service dans la galerie d'art et je m'y plaisais, même si ma volonté de faire d'autre chose me démangeait fortement.

Assise face à nos diabolo, pêche pour Alexie et cerise pour moi, j'écoutais les paroles de la jeune femme. J'adorais l'entendre rire et l'écouter. Mon sourire traduisait mon état d'esprit et tout en touillant mon diabolo, je l'écoutais, rigolant en même temps qu'elle. Elle me retourna la question, je me redressais un peu et laissais tomber la touillette dans le fond du verre. Je remettais correctement mes cheveux en place et fit mine de réfléchir. "Eh bien .. je ne sais pas exactement à quelle heure je me suis réveillée, peut être 10h, peut être plus" Alexie savait que l'horaire et moi ça faisait deux. "J'ai trainé à l'appart, pris une douche, manger un peu et je suis sorti vers Montmartre avec mon appareil photo et j'ai tenter quelques nouvelles prises de vues. Et me voilà ! " Je revenais sur ce qu'elle venait de dire à l'instant, à savoir qu'elle allait peut être diriger un projet. "Tu va diriger ton propre reportage ?! Mais c'est géniale Alex ! raconte moi tout ça ! C'est quoi tes idées de projet ?" Lui redonnant la parole, je prenais la première gorgée de mon diabolo et le savourais avec plaisir.

Alexys s'est levée plus tôt que moi, dans les dix heures du matin à peu près. Elle a un peu errer dans son appart', comme j'avais fait, avait manger et était soti faire des photos à Montmartre. Une matinée plus chargée que la mienne ! « Tu as ton appareil sur toi là ? Pour me montrer les photos que tu as prises ! » J'adore son style, son angle de prise de vue... elle peut prendre en photo une canette de coca cabossée que je trouverais ça émouvant. La brune me demande alors de lui parler de mon prochain reportage, celui que je vais diriger. Elle est toute euphorique, mais elle m'a malheureusement mal comprise tout à l'heure. J'avais glissé un petit 'pourquoi pas que je dirigerais moi-même ?' dans mon récit, mais c'était plus de l'ordre du rêve que de la réalité. Ce ne serait pas demain la veille que je m'occuperais d'un reportage de A à Z, et que je serais ma propre chef le temps d'un projet. Je suis encore trop jeune, je sors à peine de l'école, et même si cela fait deux ans que je suis embauchée chez France Television, je n'y suis journaliste que depuis une seule année. J'ai besoin encore de faire mes preuves, je n'ai pas le droit à l'erreur. Si je réalise un reportage qui ne plaît pas, qui n'a aucune audience, et qui ne rapporte donc presque rien, je suis bonne pour la porte. Et pour savoir ce qui sera apprécié ou non, il faut que j'observe la réaction des gens par rapport à tel ou tel programme, que j'analyse les audiences, que je suive des formations... en somme, beaucoup de choses à faire avant d'atteindre le sommet. Mais je ne suis pas impatiente, je n'en suis encore qu'au début, et pourtant, je suis déjà plutôt bien placée. Et puis, si jamais j'avais déjà gravie les échelons au bout d'un an à peine, qu'est-ce qu'il me resterait à faire ? Je rentrerais dans une routine monotone. Alors que là, je dois donner tout ce que j'ai, faire le plus d'effort possible pour être bien vue, pour faire les choses bien, et progresser dans le métier. J'aspire une gorgée de limonade, et commence ma réponse, espérant ne pas trop décevoir mon amie. « Hum, et bien, je ne vais pas vraiment diriger de reportage, je disais juste que je cherchais des idées pour un projet, pourquoi pas que je dirigerais moi-même, mais c'est un rêve plus qu'autre chose. »[/color] Je marque une petite pause, et continue à lui expliquer : « En fait, au boulot, je ne choisis pas le thème sur lequel je veux bosser. Enfin, un peu quand même ; on me propose deux ou trois projets, et je choisis celui que je préfère, tout en sachant que je travaillerais sur les autres plus tard. Le jour où je déciderais sur quoi faire un reportage n'est pas encore arrivé, je n'ai pas encore assez d'expérience ! » Et puis, pour qu'elle comprenne pourquoi je cherche déjà des idées, alors que je ne pourrais diriger un projet que dans quelques années : « Mais bon, ce n'est pas interdit de commencer à chercher des pistes de reportage dès maintenant, ça me servira toujours pour la suite. Il faut que j'observe le comportement des gens aussi, que ce soit à travers des enquêtes de l'Insee ou autre organisme, ou par les reportages actuels, ou même les gens dans la rue ! Comment ils s'habillent, s'ils sont en bande ou tout seul, ce genre de trucs. C'est ça qui, plus tard, va me permettre de trouver des sujets de reportage qui tienne la route ! Quand on est journaliste, on doit avoir le sens de l'observation, du détail, comme en photographie je pense. » Je m'arrête de parler, me rendant compte que j'ai lâché un flot d'information sans m'en rendre compte. Qu'est-ce que je peux être bavarde, c'est incroyable ! « Enfin bref, je ne vais pas t'assommer avec tout un tas d'info qui t'es inutile, mais au moins, tu sais tout. » Je rigole, et bois quelques gorgées de ma boisson. « Bon sinon ! » je lance, joyeuse : « Parle moi un peu de ta vie ! On a parlé une heure hier soir, mais ce n'est pas assez ! » Je pouffe. C'est vrai que nous avions parlé longtemps hier, mais ce n'est pas en une heure que nous allions tout savoir l'une de l'autre. Nous avions surtout parlé des futilités actuelles, comme le fait que nous étions toutes les deux de belles célibataires. J'ouvre la bouche, pensant lui demander si elle a des frères ou des sœurs, mais je m'arrête à temps. La famille, c'est un truc dont je n'ai pas envie de parler, si je commence sur ce sujet, elle me posera des questions dessus, et je n'ai aucunement envie d'y répondre. Une vague de dégoût m'envahit rien que d'y penser, mais je garde le sourire. Je lance alors : « Aller, dis-moi comment s'appelle le premier garçon dont tu as été amoureuse ! Tu dois bien t'en souvenir non ? » Je rigole, une bouffée de nostalgie m'envahissant. Ah, mon premier amoureux, je m'en rappelle moi !