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| Sujet: ✝ l'enfer est pavé de bonnes intentions. (jagger) Dim 12 Fév - 13:37 | |
| « - Je crois que je touche le fond. » C’est ce que je dirai, si j’en avais conscience. Sauf que non, je n’ai conscience de rien. J’ai juste cette impression de perdre pieds. Et de me noyer dans la foule, parce que je ne peux pas me noyer autrement. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Même la mort ne veut pas de moi. Une overdose par ci, par là, c’est tout ce à quoi j’ai le droit. C’est peut-être trop demander ? De crever, d’avoir la paix. Faut croire que oui. Chaque jour qui se lève, j’ose espérer qu’il sera le dernier. Mais je me réveille, encore et toujours. Seule. Enfin, c’est ce que je crois. Je suis juste bercée de douces illusions. Illusions que je m’inflige moi-même. Parce que j’ai peur de voir la réalité. Alors je la couvre. Et je sais que si je me réveille, si je prends conscience de la réalité alors je pourrai enfin me le dire : « - Cette fois-ci, j’ai vraiment touché le fond. » Et je me suis réveillée, cette après-midi, encore seule. Ça devient de plus en plus fréquent. Je commence à détester de dormir avec quelqu’un d’autre. Je ne suis plus capable de supporter les banalités d’un réveil avec une énième conquête. Alors je les jette, une fois que j’ai eu ce que je voulais. Et je retrouve ma solitude. « - Pandore.. » J’ai tendance à murmurer son prénom chaque fois que je me retrouve seule. Même si je sais que désormais, elle ne pourra plus me répondre. Mais parfois, je lui parle. Comme si elle était encore là. Si on me voyait dans cette situation, on pourrait penser que je suis folle. Peut-être le suis-je devenue sans m’en rendre compte ? J’aime à croire que oui, que cette folie puisse être la dernière chose qui nous lie. Puisqu’elle, n’est plus là et que moi, je suis encore debout.
Il est temps pour moi de faire ce qui aujourd'hui constitue mon quotidien : me défoncer. Je n'irai pas travailler aujourd'hui non plus. Je retarderai ce retour à la normale, autant que possible. Quitte à me faire virer. De toute façon, je n'en ai plus rien à faire de ce boulot, pour le moment. J'ai juste besoin de me créer une nouvelle illusion, d'aller mieux. Juste en surface. Je me lève alors de mon lit. Je suis nue. J'attrape le drap blanc qui recouvre le lit et m'enroule dedans. Pas besoin de choquer tout les vieux petits pervers qui habitent le quartier. Il manquerait plus que je cause des arrêts cardiaques. Je traverse la chambre, à la recherche de cette petite boîte noire où se cache tout ce dont j’ai besoin. Je la retrouve enfin, sous mon lit. Avec la boîte, je regagne le salon et vient m’installer aux pieds de la table basse. Quelle n’est pas ma surprise quand j’ouvre la boîte et que je n’y trouve rien. Rien. Rien à sniffer, rien à fumer. Je panique. Parce que c’est le seul moyen que j’ai pour faire semblant d’aller bien. Je n’ai plus rien et je ne sais pas ce que je vais faire. J’attrape mon téléphone qui traînait sur le canapé, à la recherche d’un numéro. De quelqu’un qui pourrait me dépanner, m’en vendre. Qu’importe, il me faut de quoi me défoncer et vite.
Jagger. Je lis et relis ce prénom, son prénom, au moins une dizaine de fois dans ma tête et j’hésite. Devrai-je m’adresser à lui ou chercher au près d’un autre contact. La réflexion prends un certain moment alors que mes doigts se mettent à taper un sms : « - Je vais avoir besoin de toi et de tes services. Il me faudrait de quoi très bien tenir toute une semaine. Même plus, si tu peux. » J’avais envoyé le sms sans vraiment m’en rendre compte. Et une fois que je reçu l’accusé de réception, je me rendis compte de ce que j’avais fais. Et un mauvais pressentiment me vint. Mais j’attends. J’attends sa réponse. Qui ne tarde pas. « - Rejoins-moi dans une heure au cimetière du Père Lachaise. » Un cimetière ? Plutôt bizarre comme point de rendez-vous. Mais je n’en formalise pas. Je n’ai pas le temps pour ça, je dois me préparer.
Mes pas foulent le sol de ce fameux cimetière. J’ai peine à croire qu’il me donne rendez-vous ici, c’est bondé de monde. Des touristes en tout genre. Je m’enfonce donc dans le cimetière, essayant de trouver un coin plus adéquat pour notre petite affaire. Je suis en avance, c’est rare. Faut croire que je suis tellement en manque que ça, pour avoir aussi si bien négligé mon apparence. Je n’ai même pas osé me regarder dans une glace, je sais que je me ferai peur. Amaigrie depuis un mois, depuis cet accident. Je ne pense plus à rien, sauf à oublier. Et je finis par m’oublier. Si j’osais vraiment me regarder en face, je pense que je pourrai me rendre compte à quel point je ne suis que l’ombre de moi-même. Mais je le nie, je me le cache, ouvertement. Et je tente par tout les moyens de le cacher aux yeux du monde entier. Aux siens, aussi. J’ai trouvé un coin, un banc plutôt. Je m’y assois avec toute la nonchalance qu’il peut me rester et j’attends. Je l’attends. J’espère qu’il n’aura pas de retard. Parce que je suis terriblement en manque.
Perdue dans mes pensées, le bruit de feuilles que l’on dirait que l’on écrase me fait retourner à la réalité. Et il est là, devant moi. Aussi beau que dans mes souvenirs. C’est con à dire mais c’est tellement vrai. L’avoir devant moi me replonge quelques années en arrière mais je ferme les yeux, pour ne pas trop y penser. Je ne suis pas là pour ça. Jagger est devant moi, je n’ai toujours pas coupé le silence dans lequel nous sommes confortés. Je le regarde, je le fixe, le détaille du regard. Depuis combien de temps ne l’ai-je pas vu ? Des jours, des semaines, des mois peut être ? Je ne sais plus. J’ai perdu ce que l’on appelle la notion du temps. Et enfin, j’ose parler : « - Tu as ce dont j’ai besoin ? » Ni plus, ni moins.
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