Quelques invités arrivent, s’installent et discutent, je sers le champagne, mais constate que mon cousin me fait l’affront de se tenir dans le salon avec un verre de coca. Si on ne mentionne pas le fait que personne n’a jamais bu de coca sans whisky chez moi, je ne comprends pas ce qu’il peut bien foutre encore là. Il est 20h30, il n’a pas un film à aller voir au cinéma ? On est samedi il faut sortir. Je grince des dents, et après avoir remplis quelques verres et tente de ne pas m’occuper de lui. Peine presque perdue quand on se rend compte que la moitié des invités le fixent étrangement. Calvin m’adresse un clin d’œil amusé, et je comprends tout de suite ou il veut en venir. Calvin, c’est un peu comme mon frère, un frère avec qui j’aurais bossé dans le porno. Calvin, il se plait à penser qu’Andrea et moi on ferait un couple super hot pour et un duo de choc à l’écran, il ne l’a jamais rencontré ça se voit. « Alors Tris, tu me le présente ton coloc ? » Je lève les yeux au ciel, et secoue la tête avant de faire tinter mon verre contre le sien. « Présente toi, je suis sûr, qu’il va t’adorer, parle lui de ton scénario tiens, ça aussi ça devrait lui plaire. » Je tapote un peu son épaule, et recommence à zigzaguer entre les invités. Je ne trouve ni Leo, ni Hannah, mais ils ne devraient pas tarder à arriver, la porte est ouverte de toute façon. Mon regards croise durement celui de mon cousin, et je soupire agacé. Mon père a eu là une brillante idée. J’avale le contenu de ma coupe, et la repose sur le buffet, je m’avance vers Alex qui montre ses photos de charme à Caro sur son Iphone. « Alex un grand artiste. Garde des fringues ma puce, même lui mérite pas que tu les enlèves pour prendre des photos. » Je leur adresse un clin d’œil à tous les deux et embrasse la joue de Caro.

La soirée pourrait se passer admirablement bien, si je n’avais pas sans cesse ses boucles sous les yeux. Calvin est allé lui parler, cet acte de témérité va lui coûter cher, c’est vraiment pas le même genre de personnage. Je hausse les épaules et attends que la pornstar finisse par laisser tomber et trouver un groupe de personnes sachant apprécier son humour et sa gaieté légendaire. A peine ai-je tourné la tête qu’il est déjà ailleurs, tandis que ce snobinard de Leroy Duchesne, est lui, toujours sur le canapé avec son verre de coca. Je m’approche et me laisse tomber à côté de lui, me saisissant d’une bouteille de whisky qui traîne sur la table en verre. Je lui arrache son verre des mains et laisse couler généreusement l’alcool dedans avant de lui tendre de nouveau. « Si t’es parti pour passer la soirée ici, fais comme les autres et bois. Tu casses l’ambiance. » Je le hais tellement qu’il est difficile d’imaginer que ce sentiment puisse s’atténuer avec la colocation. Depuis qu’il est là c’est pire. Il me fait subir sa musique classique, et ses commentaires désobligeants, il n’y a pas de trêve. J’envoie un texto à Hannah et Leo, qui ne sont toujours pas arrivés, plus y aura de monde ici, plus il sera facile de noyer sa présence dans la masse.

[Petit rp, comme on est plusieurs, mieux vaut que ça avance vite, 500 mots c'est pas mal, mais si vous voulez faire plus je vous empêche pas non plus]

Oppressé. Je me sens oppressé entre tous les gens qui, à peine arrivés, sont déjà plus alcoolisés que ce je ne pourrais ne serait-ce qu’envisager de l’être. Je suis installé dans un canapé du salon, alerte. Seulement quelques pauvres jours que nous vivons ensemble, mais je suis déjà tellement agacé. Les fêtes incessantes, l’état pitoyable de l’appartement le lendemain, l’alcool qui coule à flots, moi qui dois régulièrement déserter ma propre maison pour foutre la paix à Monsieur. Alors ce soir, je reste là. Bras croisés dans le canapé, je suis bien décidé à faire chier le monde autant que faire se peut. Mon cœur qui joue aux montagnes russes dans ma poitrine ne me facilite pas la tâche, peu friand de ce genre de manifestations populaires, mais il faut que je reste fort. Juste pour la satisfaction de la tâche accomplie. Je sirote un verre de coca que j’ai pris soin d’éloigner de toute source alcoolisée en regardant la déchéance prendre sa plus pure définition devant mes yeux ébahis. Je sais qu’il m’a vu, l’agacement semblant être le mot qui caractérise le mieux son attitude à ce moment précis. Je ris un peu, continue à siroter mon verre tranquillement, refusant de répondre aux gens qui tenteraient d’ouvrir la conversation. Je me fous pas mal des gens qui sont ici, aucun espoir d’amitié quelconque avec des amis de Tristan Faure ne m’animera jamais. Je ne suis ici que dans le but désespéré de le faire chier au maximum, et j’espère bien y parvenir comme il le faut.

Un type lui parle et s’approche de moi, je grimace, le toisant tandis qu’il perce la foule pour venir me rejoindre. Un peu efféminé, il m’offre un sourire sans doute cordial mais qui me tape sur le système au plus haut point. « Andrea c’est ça ? Tristan m’a beaucoup parlé de toi ! Ca fait longtemps que tu as emménagé ici ? » Je ricane. « C’est ça oui. Je ne doute pas que Tristan tarisse d’éloges à mon sujet, mais je n’ai pas besoin qu’il m’envoie ses groupies. Merci quand même. » Je tourne les yeux, attend qu’il s’en aille. Je suis exaspérant, je le sais. Mais je ne peux pas supporter ces étalages d’amis qui viennent jouer les hypocrites. J’essaye de m’imaginer une conversation entre Tristan et ce type sur moi et grimace, secouant la tête avec désapprobation. Quelques secondes de répit, et c’est le grand manitou qui cette fois fait le déplacement, se laissant tomber à côté de moi. Il me vole mon verre qu’il remplit d’alcool et lâche une phrase évidemment désagréable, à sa hauteur. « Mais Tristan, c’est précisément pour gâcher l’ambiance que je suis là. » Je souris comme j’aurais souri si je lui avais fait le plus honnête des compliments et je me saisis du verre qu’il me tend, l’avalant cul-sec, les yeux fermés. S’il croit qu’il va m’avoir à coup d’humiliation ou de remarques sur ma prétendue inaptitude à faire quoi que ce soit de fun, alors là, il se trompe.

«Hannaaaaaaah, Hannaaaaaaaaaaaah ? Hannah ON BOUGE ! Lucas nous attend dehors et avec le froid qu’il fait, je vais me faire arracher les yeux si on ne se dépêche pas ! » Je me rue dans la salle de bain où elle réajuste son maquillage pour la trois millième fois, au bas mot. « Tu es belle comme le jouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuur, plus ce serait trop, on y va ? » Un quart d’heure et un essayage de chaussures plus tard, nous partons. Une fois dehors, j’enfile ma chapka et mes gants avant d’allumer une cigarette. « Tu sais y aller au moins j’espère hein ? » Cinq minutes plus tard, nous arrivons devant chez Lucas qui est tout blanc, son nez rouge excepté, à force d’avoir attendu tout ce temps dehors. Je l’embrasse chastement et lui propose une clope. « Salut mon amouuuuuuur, désolé du retard, c’est de la faute d’Hannah, elle a hésité pendant treize minutes et quarante quatre secondes entre des escarpins noirs et des escarpins bleus marines » Je soupire et lève les yeux au ciel, histoire de lui faire comprendre, que non, vraiment ce n’est pas de ma faute. Je ne suis jamais en retard de toutes les façons, ce n’est tellement pas mon genre. J’attrape ma sœur avec un bras, mon copain avec l’autre et nous nous dirigeons vers la bouche de métro le plus proche. Nous suivons Hannah, qui semble peu sure du trajet et nous finissons par arriver devant un immeuble, au beau milieu du seizième arrondissement. Je m’approche de Lucas et lui chuchote doucement : « Je sais ce que tu penses, petit provincial, mais ils sont très gentils, même s’ils viennent du seizième, ne sois pas désagréable hein » Nous entrons et grimpons dans un ascenseur luxueux jusqu’au troisième étage.
La soirée a manifestement déjà bien commencé. La musique est à fond, et des dizaines de corps se déchainent sur une piste de danse aménagée au milieu du salon. « Hannah, va saluer notre hôte, Lucas, va chercher de l’alcool, je vais poser nos manteaux dans la chambre » En me faufilant entre les apprentis danseurs, je remarque un mec d’une vingtaine d’années sur le côté qui a l’air de se faire chier comme jamais, un verre de coca à la main. Je hausse les sourcils et rejoins Lucas près du bar. « Fais péter la tequila chaton et après on va mettre mon Ipod et chanter I will survive et/ou Fais moi mal Johnny, je me tate… »

Il faisait froid. Même dans ce hall d’immeuble il faisait bien trop froid. Je me demandais encore ce qui m’avait pris d’arriver à l’heure à un rendez-vous fixé avec les Woods. Cela faisait bien 10 minutes que je poirotais bien gentiment dans mon hall d’immeuble, probablement à la même température qu’à l’extérieur, le vent en moins. C’était déjà ça. Autant dire que la soirée commençait mal, très mal. D’habitude les retards de Léo ne me dérangeait pas du tout mais la soirée ne m’enchantait déjà pas tellement alors attendre dans le froid était un peu la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Chez qui allait-on ? Tristan Faure, lieu de résidence : 16ème arrondissement. Voilà, rien que ça, ça avait le mérite d’être clair. Lui n’était pas des plus désagréable, je l’avais déjà vu une ou deux fois par le biais de Léo. Ce n’était pas directement lui le problème, c’était tout un appartement rempli de bobos parisiens pendant toute une soirée. Mais bon, ça faisait plaisir à Léo d’y aller alors je suivais le mouvement. Et puis il fallait que j’arrête mes préjugés sur ces gens-là. Certains étaient certes bien cons, mais des cons il y en a partout.

Je sortis de l’immeuble en voyant Léo et Hannah arriver à travers la porte cochère vitrée. Voir Léo me remit de bonne humeur. Quoi qu’il arrive il serait à mes côtés ce soir et ça me rassurait un petit peu. Après un changement de métro et quelques minutes de marche en luttant contre le froid nous arrivâmes à l’adresse de Tristan. Je ne pus m’empêcher de lâcher un soupir. Non mais à combien devait être le loyer ici ? Léo me murmura à l’oreille : « Je sais ce que tu penses, petit provincial, mais ils sont très gentils, même s’ils viennent du seizième, ne sois pas désagréable hein » Il me connaissait décidemment très bien. « C’est pas mon genre, lui répondis-je avec un sourire. Allons profiter du champagne ! »

Le luxe de l’imposante cage d’escalier n’était rien en comparaison avec l’appartement qui nous ouvrait ses portes pour la soirée. Au premier pas que je fis à l’intérieur, je compris qu’il me faudrait une dose assez conséquente d’alcool pour tenir les quelques heures qui nous étaient imposées. Plus je resterai près d’une bouteille quelconque, plus la soirée pourra être en tant soi peu agréable. « Hannah, va saluer notre hôte, Lucas, va chercher de l’alcool, je vais poser nos manteaux dans la chambre » dit Léo à la cantonade en traversant l’appartement, nos manteaux sous le bras. Hannah n’avait apparemment pas besoin des indications de son frère pour partir vivre sa vie et se précipiter vers le canapé ou Tristan était assis. Ce dernier ne m’accorda pas un regard et je décidais de revenir le remercier pour son invitation plus tard, à un moment où il serait moins occupé par sa petite personne et les quelques chanceux qui avaient le privilège de faire partie de son cercle d’amis.

Quand Léo me rejoint au bar, je lui dis, après avoir vaguement vérifié les alentours : « As-tu eu l’immense privilège de saluer notre hôte ? » Nos regards se tournèrent vers Faure et sa clique. « Fais péter la tequila chaton et après on va mettre mon Ipod et chanter I will survive et/ou Fais-moi mal Johnny, je me tâte… » me répondit-il en changeant complètement de sujet. Léo était du genre à s’accommoder de tout le monde, surtout aux meilleurs amis snobinards de 20 ans de sa sœur. « On devrait bien trouver quelqu’un dans le même état que nous ici non ? Après un verre de teq j’arriverai mieux à réfléchir ! » Je remplis nos deux verres et hop, cul sec !

Rayonnante, c'est le mot. Je m'admire une dernière fois dans le miroir, remonte mon corset, lisse les plis de mon jean et enfile mes escarpins. Veste en cuir et sac à main viennent compléter ma tenue. Je fais le tour de ma chambre, récupère mon portable qui chargeait que mon lit, enfile mes écouteurs et sors de l'appartement sans laisser de mot à ma mère. A quoi perdre du temps à lui écrire alors que je ne sais même pas si elle rentrera cette nuit ? Je dévale les escaliers et fais quelques pas dans la rue, cherchant vainement à appeler un taxi. Les minutes passent, je commence à m'énerver toute seule. J'expédie un rapide sms à Tristan pour lui faire part de mon humeur et de l'incapacité des chauffeurs de taxi à prendre une jeune femme en détresse à leur bord. Un vombrissement se fait entendre. Le bruit approchant, je lève les yeux de mon portable et croise le regard d'un homme à moto. Je fronce les sourcils. « Quoi ? » Il me décoche un sourire charmeur et me glisse d'une voix qu'il espère sensuelle « Je te dépose quelque part ? » Je serre les dents, regarde l'heure sur mon téléphone et soupire. Je suis déjà en retard. « Je veux bien. Je vais dans le 16ème. » « Grimpe. » Il me tend un casque, j'enfourche la bécane non sans mal et nous démarrons sur les chapeaux de roue. Je constate avec soulagement qu'il se dirige dans la bonne direction. Je lui indique le chemin vers chez Tristan et nous y arrivons en quelques minutes à peine. « Eh bien... Merci. C'était sympa. » « Je peux savoir ton nom ? » « Nathalie. » Je mens sans hésitation, un sourire franc aux lèvres. « Enchanté Nathalie. On se reverra ? » Je lui fourre le casque dans les mains et commence à me diriger vers la porte d'entrée. « Si le destin le veut. Bye ! »
La fête bat son plein. Un des amis de Tristan m'attrape l'épaule dès mon arrivée pour me montrer ses photos de charme. Je les examine soigneusement et donne mon avis sur chacune d'entre elle d'un air concerné. « Oh ! J'adore celle là ! On croirait pas que t'es si souple quand on te regarde comme ça. » Tristan apparaît devant moi, m'embrasse la joue et retourne se fondre dans la foule. J'effleure l'endroit où ses lèvres se sont posées et souris. « Excuse-moi, je vais me chercher un verre. Tu veux quelque chose ? Bouge pas je reviens. » Je me glisse jusqu'à la table où son étalées les boissons, remplis deux gobelets, bois et le mien et le remplis à nouveau. Mais où est Hannah ? Je retourne apporter son verre à Alex avant de partir à la recherche d'Hannah. Je la repère en compagnie de Tristan et Andrea. Ah, tiens. Je me fraye un chemin jusqu'à eux et arrive juste à temps pour l'entendre demander à Andrea de boire. Je passe mes bras autour de sa taille et dépose un bisou sur son épaule. « Salut Andy, ça va ? Tu en profiteras pour me servir aussi ? Dis ouiiiiiiii. » Je bats des cils dans sa direction tout en lui souriant gentiment, un peu amusée par le manège de mes deux amis.