Sujet: I hate that I love you so ♦ TWF Dim 5 Fév - 19:07
L’appartement se vide. Je suis étalé sur le canapé, secoué de rires frénétiques que je ne parviens pas à calmer. Il faut croire que j’ai finalement bien fait de rester ; cette soirée était… fun ? Je fronce le nez, me redresse légèrement, à la recherche d’un autre verre qui pourrait conclure en beauté le moment qui vient de se dérouler. Habitué aux restrictions de l’alcool, je ne me suis jamais vu boire de la sorte. J’ai enchainé les verres sans compte, oubliant le mélange toxique entre les régulateurs d’humeur et les boissons fortement alcoolisée dans mon sang. La vie semble tellement plus facile quand on a cinq grammes ; finalement, je le comprends. Loin des stéréotypes de la perfection ; plus rien ne semble avoir d’importance. Je m’empare d’un fond de bouteille qui traine et me laisse tomber, avachi, dans le canapé, posant ma tête sur l’accoudoir, fixant le plafond avec une intensité qui ne me ressemble pas. J’entends des rires, la porte claque, reclaque. Les gens évacuent, il joue au parfait maitre de maison comme cinq ou six soirs par semaine. L’appartement est dévasté, mais je ne pense même pas à mes affaires. Je laisse mes yeux se fermer un moment, entend ses pas qui reviennent vers moi dans le salon. « Tu sais », je lance, avant même qu’il ne fasse un commentaire. « Je crois que je comprends mieux ton irascible envie de te mettre par terre tous les soirs ». Je lève mon fond de bouteille à cet acte inouï pour nous qu’est un pas dans la compréhension de l’autre. « Tout est tellement simple. » Je ricane un peu, me redresse et le fixe, tente de le faire en tout cas. Mais ma tête qui tourne n’arrange pas les choses, j’ai l’impression qu’il se dédouble en face de moi. « Je peux te dire un secret, Faure ? » J’inspire, tremble un peu, et me redresse définitivement, tandis que lui s’approche pour se laisser tomber à côté de moi. « Je n’ai pas le droit de boire, normalement. » De nouveau, je lève la bouteille, Cheers.
Son regard ne me quitte pas. Je me sens ailleurs, presque étranger à moi-même. Je ne sais pas ce qu’il se passe exactement, mais j’ai chaud. Très chaud. Mon rythme cardiaque connaît une accélération notable et mes sens perdent de leur efficacité, j’ai l’impression de voir flou. Il est là, en face de moi et… c’est Tristan Faure, je le déteste. Je le hais. Pourquoi déjà ? Cette insupportable capacité à se fourrer toujours dans des situations merdiques, à faire n’importe quoi de tout ce talent qu’il possède. Sa tentative de suicide. Son abandon. Son défilé niaiseux, devant les bancs d’Henri IV, avec son petit ami. « Andrea, Appollon, Appollon Andrea ». Sérieusement ? Nous étions faits pour tellement mieux. La compétition aurait du se poursuivre, au lieu de ça, il a abandonné. Il a décidé que c’était trop difficile, qu’on ne pouvait plus jouer dans la même cour. Il a tenté de mettre fin à ses jours et ensuite, il s’est laissé vivre. Jusqu’à quoi ? Cet état, le même que celui dans lequel je me trouve. L’alcool, les idées embuées, le corps hors de contrôle, l’adrénaline. Mourir le jour et quoi, se sentir vivant la nuit ? Exceller dans l’art du n’importe quoi ? C’est le but de ta vie, Tristan ?
Je suis tellement énervé à présent, que ça me fait mal. Partout. Je veux le réveiller, je veux qu’il soit celui que je déteste pour les bonnes raisons. Pas parce qu’il est pitoyable, mais parce qu’il est dangereux. Je ne sais même pas… Je me sens mal. Ma main veut s’emparer de la sienne. Je le veux plus proche, je le veux ailleurs. Qu’est-ce que… ? Je détourne les yeux, lâche les siens. Essaye de rire, de respirer. J’ai l’impression qu’il est de plus en plus proche, pourtant, il n’a pas bougé d’un centimètre. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je grimace, lève la bouteille presque vide jusqu’à mes lèvres, pour en avaler une nouvelle gorgée. « Je te déteste, tu le sais ? » Je ricane de nouveau, le dire à voix haute m’aide à calmer la bataille des émotions qui fait rage dans mon cerveau. Je le déteste. Je le déteste. Je me redresse de nouveau et dépose la bouteille sur la table basse, soupirant un peu. « Et je sais aussi que tu me détestes. » Mon sourire s’élargit dans une mesure étrange. Mon cœur accélère un peu, de nouveau. Cette constatation est faite depuis longtemps mais le prononcer ne rend pas les choses plus faciles. Le silence s’installe et je plante mon regard dans le sien, perturbé. La vague part de moi qui est encore à peu près consciente de mes faits et gestes se demande ce qu’il est en train de m’arriver.
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Sujet: Re: I hate that I love you so ♦ TWF Dim 5 Fév - 23:06
Et ils partent, un a un, il doit être pas moins de cinq heures du martin, et l’appart est dans un état lamentable. Andrea est avachi sur le sofa, et s’est finalement montré de moins mauvaise compagnie que d’ordinaire. Bien que j’ignore parfaitement les raisons de son attitude, je me satisfais de l’entendre rire et déverser un tas d’âneries dans mon salon. Je ne fais pas de commentaire, tentant de ranger quelques objets disséminés ça et là afin d’y voir plus clair. Seulement y voir clair avec autant d’alcool dans le sang cela relève presque de la bonne blague. Je vois à moitié double, ma tête tourne et l’idée d’aller moi aussi échouer contre le canapé me semble une option plus qu’enviable. Mon corps est entièrement engourdi, le miracle résulte sans doute dans le fait que je tienne encore debout. Sacré soirée. Un rire éclate dans le salon de nouveau. Je m’avance et me retrouve face à un Andrea que je n’ai jamais eu l’occasion de voir ainsi de toute ma misérable vie. « Tu sais », commence t-il, visiblement en proie à un débat intérieur hautement philosophique. « Je crois que je comprends mieux ton irascible envie de te mettre par terre tous les soirs » Je hausse un sourcil, il aurait vraiment une explication à ça ? Ce type est définitivement brillant. « Tout est tellement simple. » Heureux d’avoir pu lui faire découvrir l’ébriété, visiblement il apprécie, je ne suis pas un si mauvais cousin semble t-il. Grand dieux, ça devient presque intéressant. Il lève le fond d’une bouteille qu’il a vraisemblablement dégommé, son père serait ravi d’apprendre comment son petit ange tourne. Je les avais tous prévenus, aucun d’entre eux ne m’a écouté. « Je peux te dire un secret, Faure ? » Je ne vais peut être pas perdre ma soirée. Je me laisse tomber sur le canapé à côté de lui sentant la fatigue s’insérer dans mes muscles. Il devrait se taire, profiter du calme, et ne pas se perdre en explications douteuses qu’il regrettera demain, mais bien entendu, je ne suis certainement pas pour lui la voix de la raison. « Je n’ai pas le droit de boire, normalement. » Oh vraiment, papa Leroy-Duchesne, t’interdit même de te torcher, comme c’est étonnant. Je le fixe, laisse échapper un rire. « Je t’avais dis de ne pas emménager ici. » Je murmure dans ma barbe, mais il s’en fiche, continue d’explorer les tréfonds de son âme avec une curiosité soutenue.
Après un moment de silence, sa voix perce de nouveau. « Je te déteste, tu le sais ? » Difficile de faire moins clair. Va t-il enfoncer le couteau dans la plaie ? Je ne le déteste pas, enfin pas vraiment, je ne l’aime pas beaucoup sans doute, ses manières ont tout pour m’énerver, et pourtant.... Pourtant quoi ? Je l’admire, injustement. C’est quelque chose qu’on ne choisit pas. Je fais dans le porno, mes amis sont drôles et intéressants, lui est plutôt solitaire en dehors de ses groupies, et on ne peut pas dire qu’il soit vraiment marrant mais...j’envie la vie qu’il mène. Je ne pourrais jamais me targuer de faire la fierté de la famille, et cela même si je recevais une lettre d’admission de l’université d’Oxford. « Et je sais aussi que tu me détestes. » Je hausse les épaules réponds machinalement, l’alcool aidant à ne pas exercer de trop grosse censure verbale. « Je ne te déteste pas, tu m’irrites. » Irriter c’est sans doute le mot, pour que je le déteste il faudrait sans doute que je porte en horreur tout ce qu’il est, mais la vérité est ailleurs. « Si je dois faire preuve d’objectivité, je dirais que je t’apprécie, mais que je suis incapable de te supporter. Les deux sont compatibles sans doute. » Mes explications ne sont pas claires,mais je ne m’en formalise pas et continue. Je tourne la tête vers lui , pose ma tête dans ma main. « Et tu me plais physiquement. » Ma main se pose doucement sur sa cuisse, alors qu’un sourire vient se dessiner stupidement sur mes lèvres. Ce que je suis en train de faire ? Aucune idée, terrain inconnu. Je presse un peu sa chair et approche mes lèvres de son oreilles. « Donc en tout état de cause, je ne déteste pas, ou du moins, je ne déteste pas comment tu es fait. » J’éclate de rire et retire ma main. « Toi et moi on se ressemble n’est-ce pas ? » J’ai très bien remarqué son regard, toute la soirée. Andrea Leroy Duchesne est loin d’être aussi sage qu’il le prétends. Il voit ou je veux en venir, je n’ai nullement besoin de formuler à voix haute quelque chose que nous savons tous les deux. « Ca ne me dérange pas tu sais. » Je hausse les épaules et rejette la tête en arrière fixant le plafond avec un intérêt soudain. J’ai très envie de m’envoyer en l’air.
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Sujet: Re: I hate that I love you so ♦ TWF Dim 5 Fév - 23:50
« Je ne te déteste pas, tu m’irrites. Si je dois faire preuve d’objectivité, je dirais que je t’apprécie, mais que je suis incapable de te supporter. Les deux sont compatibles sans doute. » Tiens donc ? J’hausse un sourcil curieux, pas franchement certain de savoir où il veut en venir. Sa tête se dépose dans ma main et étrangement, quelque chose à l’intérieur de moi s’emballe, sans que je ne puisse déterminer exactement quoi. « Et tu me plais physiquement. » Je tousse légèrement, sa main, elle, se dépose insolemment sur ma cuisse. Mon inconscient tire la sonnette d’alarme, me conseille de fuir le plus rapidement possible et de mettre fin tout de suite à ce qui est en train de se produire, quoi que ce soit. Je frémis, incapable de contrôler la réaction de ma chair à son contact, dissimulant la faiblesse autant que faire se peut. « Donc en tout état de cause, je ne déteste pas, ou du moins, je ne déteste pas comment tu es fait. Toi et moi on se ressemble n’est-ce pas ? » Il éclate de rire avant de formuler l’interrogation soupçonneuse. Je grimace un peu, détourne les yeux pour ne pas avoir à supporter son regard satisfait. « Ca ne me dérange pas tu sais. » J’inspire. Vraiment ? Mes sourcils se froncent avec un peu plus d’insistance tandis que mon cerveau tente lui d’analyser les mots qui sortent de sa bouche. Je relève les yeux et l’observe un instant, tête levé vers le plafond, soudainement captivé par ce qu’il y voit. Les battements rapides de mon cœur dans ma cage thoracique me font presque mal, c’est difficilement supportable. « Tu… » Je secoue la tête, ma voix se brise. L’alcool me donne une furieuse envie de rechercher un contact que mon inconscient m’interdit formellement. La limite à ne pas franchir s’étend là, devant mes yeux embrumés. Il est mon cousin, mon bourreau, mon point faible. Je ne peux pas faire ça. Ma main pourtant, guidée par le fourmillement inhabituel qui m’habite le ventre, se glisse à son tour sur sa cuisse.
La sensation est étrange, presque trop légitime, trop logique. Comme si j’avais pu anticiper ce que j’allais ressentir. Mes émotions s’emmêlent et je retire ma main, regrettant un geste trop audacieux, trop en dehors des limites. C’est Tristan, mon cousin, mon sang. Ce type que je déteste, ce garçon qui n’a plus rien à voir avec moi. C’est un homme. Tout nous oppose, tout nous éloigne l’un de l’autre, pourquoi alors… ? Je ferme les yeux, serre le poing un instant. Je repense à mon père et envisage ne serait-ce qu’une minute sa réaction s’il savait à quoi je pense en ce moment même, sur ce canapé, dans mon nouvel appartement. Comment agir, comment faire ? Je ne peux pas faire ça, pourtant, la tension qui habite mes muscles ne passera que si je m’y autorise, que si je cède à l’appel. Je le fixe, attends une réaction quelconque. Mais les règles sont les mêmes ce soir. Je dois franchir le pas, je dois laisser ma perfection apparente subir une fissure supplémentaire aux yeux d’un cousin qui aura vite fait de se rendre compte à quel point sa vision de moi est idéalisée. Vivre ensemble, l’idée du siècle. Il suffit de tellement de petits détails pour que tout vole en éclats. Je le sais, mon cerveau me le hurle à gorge déployée. Mais mon ventre me presse, ma main me brûle, ma tête me fait un mal de chien. Mon cœur s’emballe, j’ai l’impression de ne plus posséder mon corps tellement je veux avoir le sien. Je me mords la lèvre, ferme les yeux. L’alcool, le mélange avec les comprimés, tellement de choses me poussent à me laisser faire, à céder, simplement. Je me pose trop de questions. J’ai envie de lui, et alors ? Je suis bourré, l’alcool a remplacé le sang dans l’intégralité de mon corps. Peu importe. La maladie s’ajoute elle-même sans doute à l’équation, et moi, moi Andrea, finalement, je n’y peux pas grand-chose, si ? Non. Je me mords la lèvre, remonte ma main le long de sa cuisse et me position légèrement au dessus de lui. « J’ai envie de toi. » Je ferme les yeux, prends l’ampleur de la phrase que je viens de dire mais ne bouge pas. Voilà, c’est fait. La faille est ouverte, il peut s’y engouffrer sans crainte ; lui n’a fait que répondre à l’appel. Ce qui va se produire à partir de maintenant, quelque soit l’accueil de ma requête, est de ma faute.
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Sujet: Re: I hate that I love you so ♦ TWF Lun 6 Fév - 0:25
Hélas je n’ai face à moi que mon cousin, certes dans un état lamentable, et certes curieusement réceptif à mes avances si l’on en juge par la réaction formelle de son corps, mais tout de même le dernier choix de ma liste. Chuck Bass said, sleeping with the enemy is hot, but, dans ce cas là l’idée suggérée me semble tout de même osée. Osée ? Il ne dit rien, semble peser le pour et le contre de la situation, et tout cela avec un taux d’alcoolémie trop élevé. Les chiffres s’emmêlent, il sera bien incapable de prendre la bonne décision. Ce que je lui propose est mal, vraiment mal, il pourrait se compromettre. Un sourire se dessine sur mes lèvres, c’est une belle soirée et j’ai toujours envie de m’envoyer en l’air. Mon regard capte celui d’Andrea, vraisemblablement, l’attente ne sera pas trop longue. « Tu… » Il se tait, ne pose finalement pas sa question, la réponse lui semble très certainement évidente. Bien entendu que je m’enverrais en l’air avec lui, qui le saura ? Il n’ira très certainement pas s’en vanter une fois sobre. Après une minute d’hésitation, sa décision est prise, et sa main vient elle aussi explorer ma cuisse, gage de ce qu’il est désormais prêt à me céder, sa première fois avec un homme sans doute, et une première fois qu’il devrait se rappeler toute sa vie. Je devrais manifestement m’arrêter là, avoir pitié de lui et l’empêcher de se donner à moi, mais l’égoïsme me caractérisant et encore plus sous alcool, me sonne de penser au plaisir certain que je vais pouvoir retirer de la situation. Il est consentant, et ce n’est vraiment plus mon problème. Calvin a peut être raison après tout, c’est sûrement la solution. Je doute qu’il continue de jouer avec autant de plaisir après ça.
Ma main tombe le long de mes hanches, lui retire la sienne coupable. L’hésitation encore, il ferme les yeux, je l’observe pour ma part assez curieusement. La fatigue laisse place à l’excitation soudaine, l’envie de réaliser le fantasme insensé, de coucher avec le membre de ma famille que je supporte le moins. Tout ça est étrange et perturbant, mais mon corps accueille l’idée avec un plaisir certain. Andrea Leroy-Duchesne, vraiment ? Un sourire s’étire sur mes lèvres. C’est vraiment parce qu’il n’y a rien de mieux à faire ce soir, ou alors juste l’histoire de gagner quelque chose sur lui. Sa phrase claque cette fois alors que sa main retourne prendre position sur ma cuisse. « J’ai envie de toi. » Je ricane, bien sur qu’il a envie de moi. « Je sais. » Il s’approche de moi, mais je ne perds pas plus de temps, je sais ce que je veux. Mes lèvres viennent s’emparer avec violence des siennes, tandis que mes mains chiffonnent sa chemise, faisant sauter un à un les bouton qui retiennent son corps. Je le pousse un peu et murmure à son oreille. « Allonge toi. »
Le moment de vérité, la température de mon corps monte, le désir ressenti brûle à présent ma peau. Mes mains elles, s’activent et se débarrassent de tous les tissus qui leur opposent résistance. J’agis comme un odieux connard, mais y trouve bien évidemment mon compte. Mes lèvres gagnent les siennes de multiples fois, enlevant toute mysticisme à la situation. Il est un mec parmi beaucoup d’autres finalement, et je me plais à constater la chose alors qu’une vague de plaisir plus intense que les autres finit par me décrocher un sourire satisfait. Andrea pourra dès à présent me dire tout ce qu’il veut, je refuserai de croire à son hétérosexualité pour toujours. Je peux cependant lui accorder d’avoir eu raison sur ses capacités sexuelles. Je me laisse tomber à côté de lui sur le sofa et enfile mes fringues, pudeur pas franchement justifiée vue les circonstances. J’ai finalement apprécié l’after plus que la soirée en elle même, comme quoi, même Andrea Leroy-Duchesne est finalement capable de me donner autre chose qu’envie de vomir. « Je vais me coucher, tu m’aideras à nettoyer le bordel demain. » Je ne lui adresse pas un regard et me laisse tomer ensuite comme une masse sur mon lit. Un sommeil sans rêves me gagne instantanément.
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Sujet: Re: I hate that I love you so ♦ TWF Lun 6 Fév - 1:08
Il prend le relai, bien plus connaisseur en la matière que moi, il s’en doute surement. « Je sais. » Ses lèvres rejoignent les miennes avec une violence inouïe et la bataille des sensations reprend de plus belle à l’intérieur de mon cerveau. Sa main experte me débarrasse de ma chemise avec agilité, tandis que mon inconscient bloque toute réflexion rationnelle qui pourrait me faire revenir à la raison, me faire fuir immédiatement, là, maintenant. Il s’écarte, mon ventre appelle à plus de contact. « Allonge-toi. » Je tremble, la peur viscérale me paralyse chaque muscle. Pourtant, parfaitement inconscient de l’automatisme qui se met en place, je m’exécute, suivant sa voix qui me guide, m’accrochant à l’espoir du désir au moins assouvi pour ne pas penser aux conséquences, à demain, à ce qui va advenir désormais entre nous. Je me laisse glisser sur le canapé, m’allongeant sur le dos, le laissant faire. Je ferme les yeux, effrayé, mon ventre se sert sous la pression de ses mains. Est-ce qu’il va seulement prendre la peine de faire attention, est-ce qu’il s’en fout ? Je le freine légèrement mais c’est de toute façon trop tard pour reculer. La peur est compensée par le désir, le désir est calmé par la frénésie de mes gestes qui s’emportent, se font plus insistants, plus invasifs. J’étouffe en même temps que je me laisse emporter, perdant le contrôle des réactions que je lui offre, perdant le contrôle que j’exerce habituellement si souvent sur moi-même. Nos souffles se mêlent, le plaisir se mêle à la douleur dans un mélange confus, oppressant, étouffant. J’ai l’impression de mourir et de renaître dans ses bras en même temps, de goûter à un plaisir qui ne me sera plus jamais dispensé. Nos lèvres les unes contre les autres, ma respiration qui s’accélère, l’achèvement, et puis plus rien, la rechute pure, la douleur, la souffrance. L’alcool qui évacue mon corps, laissant place à la réalisation. La résignation, aussi. Il se laisse tomber à côté de moi, visiblement, la chose ne lui a pas été désagréable. Il se rhabille, je reste figé sur le dos, fixant le plafond qu’il prenait temps de précautions à observer si finement tout à l’heure. Ma respiration essaye de se caler sur un rythme normal et je fournis tous les efforts du monde pour ne pas avoir de réaction irrationnelle devant lui, maintenant, tout de suite. Lui aussi évite de me jeter ne serait-ce qu’un regard et s’éloigne, lâchant simplement : « Je vais me coucher, tu m’aideras à nettoyer le bordel demain. » Je grimace, ramassant mon jean que j’enfile à la hâte, attendant passivement d’entendre sa porte claquer. Quand elle le fait, je laisse m’échapper un soupir de soulagement et gagne la salle de bain, évitant soigneusement tout contact potentiellement dangereux avec une glace, qui me renverrait la glorieuse image de moi que j’ai en ce moment. Je m’accroche au lavabo, baisse les yeux pour observer l’eau que je fais couler sans raison apparente. Je suis incapable de réfléchir ou de penser à ce que je viens de faire, tout bonnement incapable. Je prends une douche, avale des somnifères et m’étale dans mon lit, programmant un réveil suffisamment tôt pour pouvoir m’éclipser avant d’avoir à subir les ordres de la princesse. Je m’autorise quelques minutes de découragement une fois dans l’épaisse obscurité protectrice de ma chambre, laissant les ressentis m’envahir, serrant les poings pour ne pas céder. La solitude m’écrase, j’ai l’impression d’être sale. Je ferme les yeux, me laisse happer par un sommeil artificiellement créé.
Le lendemain matin, réveil difficile. Mais je dois être fort, et quitter l’endroit avant que mes envies de meurtre ne soit menées à bien. Je me prépare, m’habille, gueule de bois et mal de crâne à l’appui. Je griffonne, un mot insolent sur un bout de papier. « Ne compte pas sur moi pour nettoyer tes conneries. Bon courage, et n’oublie les toilettes, j’ai cru voir quelques dégâts majeurs là-bas aussi. » Je l’abandonne sur la table en verre du salon, enfile mon manteau et sors de l’appartement. Je vais passer la journée chez moi.