Un bref coup de fil alors que j'étais affalée sur mon canapé en attendant d'aller me préparer pour aller bosser, les pieds recouverts d'une paire de chaussettes Cartman posés sur la table et une manette de playstation dans les mains. J'étais en train de jouer quand on m'a appelée. Ce fut très bref et je n'en retins pas grand-chose d'autre que "Alexej Defoucauld est à l'hôpital, ce n'est pas très grave". J'ai raccroché, j'ai éteint ma console en soupirant, me demandant ce qu'il avait bien pu faire encore pour se retrouver dans un tel endroit. A croire qu'il avait un certain don pour se mettre dans la merde ce con, mais bon, on se refait pas. Cela dit, un peu de visite ne lui ferait sans doute pas de mal, et puis j'avais besoin de savoir combien de temps il allait me laisser toute seule à l'appartement. Je m'habillai donc en vitesse, enfilant un jean, une paire d'escarpins, un débardeur et une veste en jean, une petite écharpe au cas où. L'espace d'un instant, je songeai acheter des fleurs pour Alexej, comme le veut les habitudes quand on va voir quelqu'un à l'hôpital ; mais finalement, je n'avais pas envie de payer, alors je me rendis dans ma chambre et y pris un petit nounours ayant un tee-shirt ridicule où était marqué "Love U". De toute façon, je l'aimais pas, ce nounours. Je vérifiai mes cheveux et mon maquillage avant de sortir, prenant mes clés et refermant derrière moi.


Je garai ma 308 au pied de l'hôpital et, arrivée à l'accueil, on me renseigna la chambre de mon colocataire. Quelques étages, quelques enjambées, et j'ouvrai la porte sans aucune douceur ni discrétion. Et puis quoi encore. Mon regard se posa automatiquement sur Alexej, tandis que je refermai la porte derrière moi, arquant un sourcil et lui jetant le nounours dessus.


« Salut coloc. »


J'attrapai une chaise et la fis glisser près du lit, m'asseyant à califourchon sur elle et les bras croisés sur le dossier.


« J'avais pensé t'acheter des fleurs, mais j'me suis dit que pour un truc qui fane, c'était bien trop cher. Et puis que t'en aurais rien à foutre. »

Se reveiller un lundi matin aux urgences sans rien comprendre, c'est comment dire la joie pure et dure. Non mais je me rappelle même pas de ma soiree de dimanche. La seule dont je me rappelle c'est d'etre sortie avec des potes de l'ecole d'architecture puis plus rien. Le lendemain reveil aux urgences sans souvenir. C'est ce que j'appelle chiant. Je me doutais bien pourquoi j'etais ici. Non je vais rectifier, je me doute bien ce qu'il s'est passe. Pouvait pas y avoir d'autre explications au pourquoi je me trouvais dans ce lit super deconfortable avec un moniteur relie a moi et une seringue plantee dans le bras. C'etait surement pas parce que j'avais trop bu. Non mais en tant que russe, l'alcool ca fait rien. J'ai jamais ete bourre a cause de ca. Metabolisme de malade, merci maman. Je t'aime de m'avoir refile ca. Enfin bref, c'etait pas l'alcool ni une bagarre puisque j'avais mal nul part ni de platre, ou de bleu ou d'hematomes. Ca pouvait qu'etre une de ces putains de moments ou mes nerfs decident de faire n'importe quoi et de me lacher. Maladie a la con. Je pouvais etre heureux que ca m'avait pas tue et que mes potes avaient du appeler l'ambulance.

Il etait dans les environs de midi quand une infirmiere m'apporta a manger. Eurk, leur bouffe mega degueulasse que personne n'aime mais ils ont pas compris ca du coup ils continuent a donner cette horreur aux patients. J'y ai même pas touche. J'avais pas faim. De toute facon, c'est pas ca qui allait me redonner des forces. Il y avait des docteurs qui rentraient me posant des questions auxquelles je repondais puis resortaient. Et moi, je me faisais chier.

Brusquement, la porte s'ouvrit et une tete connue apparue dans la piece. Mikhaile, ma coloc russe completement geek mais putain de bien foutu -bah quoi je suis un mec quand même. Elle me jeta un nounours que j'attrapai et lui lanca un regard suspicieux avant de tourner mon regard sur Mik' qui avait prise et s'etait assise -d'une maniere tellement feminine dessus. J'arquai un sourcil. « Serieusement? Un nounours. » Lui dis-je automatiquement dans notre langue. Ouais, j'ai oublie de dire que Mik' etait russe aussi et que je parlais que notre langue avec elle. Petit truc a nous et personne nous comprennait. J'esquissais un petit sourire a sa remarque. En effet, j'en avais rien a foutre. « T'aurais du m'apporter mon ordi a la place. Ca m'occuperait. » Et ca m'aurait permis d'avancer dans mon projet de fin d'année, pour lequel j'etais déjà vachement en retard.

Un nounours, ouais. A quoi s'était-il attendu venant de moi de toute manière ? Un sourire étira mes lèvres alors que je dévisageais mon colocataire, avant de pointer du doigt le ventre de la fameuse peluche.


« Hey, j'te signale qu'il dit "Love U". J'te ferai pas des déclarations d'amour tous les jours. »


Je ramenai mon bras sur la chaise, amusée. Comme si j'allais offrir des nounours à tout le monde, déjà. Et pire encore quand y avait marqué "Love U" dessus. Il avait fort intérêt à en profiter de cette peluche, parce qu'il n'en aurait pas d'autre avant un sacré moment. Mais ça il le savait sans doute, ça devait être quoi... Le premier cadeau que je lui offrais en dehors de son anniversaire et de Noël ? Ouais, ça devait être ça. Je haussai les épaules à sa remarque.


« Sale geek. J'y penserai la prochaine fois. Tu vas rester combien de temps dans ce trou à rat ? »


Je me levai et fit un petit tour dans la pièce, observant les machines bien que ne touchant à rien. Après tout ce serait bien malheureux que je tripatouille quelque chose et qu'Alexej en meurt. Je doutais que ça arrive, mais après tout, y avait bien une pauvre fille sans doute à l'hygiène laissant à désirer qui avait fait un choc toxic pour avoir gardé un tampon pendant 4h. Alexej avait donc parfaitement des chances de mourir si je débranchais un truc. Mon regard se posa sur le plateau de bouffe qui n'avait même pas été touché. Je grimaçai, reportant mon attention sur Alexej.


« Ca a l'air drôlement bon ton bidule là. J'm'en voudrais de te laisser crever de faim, tu voudras que j't'apporte un truc, tant qu'à y être ? Me demande pas la lune, je ferai quand même pas trente-six détours. »

« Hey, j'te signale qu'il dit "Love U". J'te ferai pas des déclarations d'amour tous les jours. »

Je regardais le petit "love u" sur le nounours et un autre sourire s'afficha sur mes levres. Mik restait Mik après toutn et je devais pas attendre plus d'elle. Cependant ca me faisait quand même plaisir qu'elle etait venuee. Bien que ce nounours, il allait finir au fin fond de ma chambre dans une boite et plus jamais j'allais le revoir. Les nounours s'etait pas du tout mon truc. C'est mignon, mais mon admiration pour eux s'arretait la.

Puis ma coloc me traita de geek parce que je lui avais demande d'apporter mon ordinateur. Un rit s'echappa en remplit la piece froide et non-chalente. La fille qui passe ses journees a jouer sur sa console me traite de geek. Mais ou va donc le monde de nos jours? Vraiment, ca devient du grand n'importe quoi.

Je voulais sortir d'ici, maintenant. J'en avais marre de languir sur ce putain lit d'hopital a pas savoir ce qu'il s'est passe. Je me dis, ils me le diront bien tôt ou tard. Personnellement, je prefererai plus tôt, style maintenant sur le champ. Et je voulais aussi savoir quand j'allais sortir, mais pour ca j'allais devoir attendre qu'on me fasse des centaines de tests, des trucs super chiant que j'avais serieux pas envie de faire. J'haussais les epaules en regardant la jeune fille en face de moi. « Non, zero idee de quand je vais sortir. Ils vont me faire des centaines de tests pour arriver a la conclusion que c'etait rien ce que j'ai eu. » A peu pres mensonge. Je savais tres bien que les medecins allaient venir a la conclusion que mes nerfs avaient saute, que j'avais perdu tout contrôle de mon corps et que donc par consequent, ils allaient me garder aussi longtemps qu'ils voulaient pour etre sur, qu'il n'y a plus de danger pour moi.

Mikhaila se levait de sa chaise et commencait a marcher dans toute la chambre. Je la suivais du regard. Par pitie, qu'elle touche a rien. C'est pas que je lui faisais pas confiance mais ma coloc etait legerement folle et donc je voulais m'assurer qu'elle fasse pas de connerie. De toute facon, entre le moniteur et les injection y avaient pas grand chose. Alors qu'elle enleve mes injections de glucose je m'en
fou, j'allais juste etre tout ramoli dans une heure parce que j'avais plus de force.

« Ca a l'air drôlement bon ton bidule là. J'm'en voudrais de te laisser crever de faim, tu voudras que j't'apporte un truc, tant qu'à y être ? Me demande pas la lune, je ferai quand même pas trente-six détours. »

Ah la bouffe. Ouais, non c'etait excellent et absolument appetissant. C'est moi ou Mik avait decide d'avoir un grand moment de bonte. Non mais me proposer de m'apporter a de la nourriture, c'etait un truc. Quoique, Mik etait mon amie et ma coloc. On s'entendait a merveille. « Un McDo, je veux bien. Avec la totale. »
Bah oui, ca allait me nourrire plus que leur bouffe bizarre la.

De toute façon, les docteurs, on sait tous ce que c'est : des escrocs, tous les mêmes ! On a un peu de fièvre, un proche s'inquiète alors on va chez le médecin pour le rassurer... et le toubib, lui, il nous décèle une maladie de-la-mort-qui-tue alors qu'on a juste la gueule de bois. Ils sont forts ces docteurs, ça ne fait aucun doute, Alex était pris au piège. Peut-être que je pouvais rentrer chez moi, enfiler mon costume d'infirmière et tenter de le faire sortir incognito ? Mouais. Je l'aurais bien fait si toutefois mon uniforme n'était pas bieeeeen plus court que celui des véritables infirmières, je serais loin de passer inaperçue. Enfin, au moins, j'avais tenté de trouver une solution, c'est l'intention qui compte.


« Mcdo, ok. »


Je tournai à nouveau les talons, contournant le lit et ouvrant la porte d'entrée de la chambre, me retournant vers Alexej.


« Je reviens vite, tu bouges pas ! »


Je lui tournai à nouveau le dos.... pour finalement réaliser à quel point ma phrase était conne. Je marquai une pause, me retournant vers lui en esquissant un geste nonchalant de la main.


« Chuis conne, fais pas attention. »


A ces quelques mots, je sortis de la chambre, refermant la porte derrière moi et regagnai ma voiture à l'extérieur. En quelques minutes j'étais de retour à l'appartement. Je pris rapidement l'ordinateur portable et son chargeur, soufflant devant le gabarit de l'ordinateur. Il pouvait pas faire comme tout le monde et prendre un 10" ? Bien sûr que non, j'étais du coup particulièrement encombrée quand je refermai la porte d'entrée. Quelques minutes après encore, je passais commande pour un Maxi Best Of au Mcdo au coin de la rue, posant le sachet au pied du siège passager pour enfin reprendre la route de l'hôpital en jetant un coup d'oeil à l'heure. J'avais encore du temps, je commençais à bosser à 19h et il était à peine 14h. Arrivée sur le parking de l'hôpital, je sortis de la voiture et arrivée du côté passager, je pinçai les lèvres. Prendre le pc, ses câbles, plus le mcdo ? Alexej voulait que je me casse le talon ou que je m'écrase dans les escaliers en fait, je ne voyais que cette solution. Je balayai les alentours du regard et repérai un homme assis sur un banc. Je n'avais aucune idée de ce qu'il attendait, en revanche je savais qu'il était la proie idéale. J'ouvris la portière, me penchant faisant mine d'être en grosse galère, les fesses moulées par mon jean bien en évidence. Une vingtaine de secondes après, une voix derrière moi se fit entendre et me proposa de l'aide, tandis qu'un sourire se dessinait sur mes lèvres.



« A la bouffe Alexej ! »


J'entrai dans la chambre du concerné, suivi de l'homme qui portait les câbles, le pc et le mcdo, tant et si bien qu'il n'en voyait plus ses pieds. Je lui pris le mcdo et le posai sur la table près de l'hospitalisé et récupérai l'ordi, remerciant l'homme et lui disant qu'il pouvait partir. Sans mon numéro de téléphone ni mon adresse. Je refermai la porte avec le pied derrière lui et posai le pc sur le lit, posant les mains sur les hanches.


« Tu me revaudras toute cette galère Alexej, j'te préviens ! »

Mik se tournait dos vers moi, s’apprêtant de partir pour aller me chercher a manger. Manger. Oh oui, enfin quelque chose de plus consistant que leur bouffe minable. Elle me sortit que je devais pas bouger. Comment elle voulait que je bouge si je suis coince dans ce putain de lit. D'un cote, avec Mik fallait pas s'attendre a des reponses extraordinaires. Elle se retournait apres pour m'annoncer qu'elle etait conne. Un eclat de rire perca dans la salle. Mik, vraiment avait de quoi me faire rire. J'avais de la chance de connaitre cette fille. Elle quittait la piece, laissant un grand silence. Je pris le nounours, et le regarda. je devais dire qu'il etait mignon avec le petit "love u". En plus, j’appréciais le geste de ma colocataire.

Je sais pas trop combien de temps s'etait ecoule entre le moment ou la porte s'etait referme sur Mikhaile et ou elle s'etait ouverte a nouveau avec la jeune fille qui penetrait la piece a nouveau suivit d'un homme qui portait mon ordinateur dans une main et le sac de mcdo dans l'autre. Euh..se passe quoi la? J'ai rate un truc. Mai bon mon cerveau ne pensait qu'a une chose : manger. De la bouffe. Oh oui. Je sentais deja la salive se former dans ma bouche et mon estomac crier famine. C'est bon ta gueule toi. Mik jeta rapidement l'homme en dehors avant de poser l'ordi sur le lit et la bouffe devant moi. Instinctivement, j'ouvris le sachet ne faisant nullement attention a ce que Mikie disait. Bah quoi je suis un homme, et j'ai faim alors je mange et c'est le plus important. Je m'attaquai aux frites puis au burger. Putain c'etait trop bon. De la bouffe enfin. Avec la bouche a moitie pleine je lui repondis « jetedoisriendutouttulauraisfisquejeteledemandeoupas » Alors pour quelqu'un qui deja ne comprend pas le russe mais en plus de cq que je parlais avec lq bouche a moitie pleine, il devait rien comprendre. Mik, ouais elle avait du comprendre.

A voir comment Alexej s'était jeté sur le mcdo que je venais de lui apporter, il était évident qu'il crevait de faim. En même temps, quand avait-il été trouvé ? La veille au soir ? Nous étions quasiment au beau milieu de l'après-midi et il n'avait donc rien mangé depuis tout ce temps, ce n'était pas étonnant qu'il ait si faim. J'arquai un sourcil en le voyant s'empiffrer tout en me parlant. Doux jésus, c'était presque un décodeur qu'il me fallait ! Après un court instant de réflexion, je compris ce qu'il avait voulu me dire et je haussai les épaules en m'avançant, m'asseyant sur le lit, proche de lui.


« Tu devrais manger moins vite. Déjà, parce que c'est hard core de te comprendre quand tu parles. Et ensuite, parce que si tu dégueules tout, faudra pas compter sur moi pour aller te reprendre un truc à manger. »


N'abusons pas hein ! Une fois, pas deux. Et puis vu là où j'étais placée, s'il vomissait, y avait de grandes chances pour que j'en reçoive et avec ça, je ne risquais pas d'avoir envie de lui remplir l'estomac à nouveau. Je posai les pieds sur le tabouret que j'avais rapproché du lit avant de partir, appuyant mes bras sur mes genoux.


« En tout cas j'espère que tu vas sortir d'ici rapidement, j'aime pas les hôpitaux et ça me ferait chier de devoir passer du temps ici pour te voir. »


Ouais, parce qu'évidemment, je n'avais pas besoin de lui dire que quelque soit le temps qu'il passerait ici, je viendrais le voir. Que j'aime les hôpitaux ou pas et que mes visites soient courtes ou longues ; j'avais l'habitude de l'emmerder un temps donné dans la journée, et il ne fallait pas que je déroge à cette habitude. Mais je préférais de loin l'enquiquiner dans l'appartement.