I'M YOUR FAVORITE AND YOU CAN'T GET ENOUGH ♥

Encore dehors. Il devait être aux environs de deux heures du matin. A vrai dire il n'avait pas la notion du temps, les jours, les nuits se ressemblaient toutes. Et fallait dire que les cachets faisaient encore effet. Mais justement, ces trucs ça lui permettait d'aller au-devant, du moins c'est ce que lui croyait. Au devant de ce putain de blizzard qui lui perforait les poumons à chacune de ses inspirations saccadées. Au devant de sa douleur crânienne. il ne savait pas trop si c'était celle qu'on lui avait infligé, ou si c'était lui qui se l'était infligée lui-même par l'intermédiaire de substances. Mais bref, problème mineur. Il n'arrivait pas à dormir, comme toutes les autres nuits d'abord. Quand on était Morgan, on ne dormait jamais sur ses deux oreilles, on a appris à rester vigilant, trop vigilant certainement. Mais c'était jamais assez quand on était passé par ce qu'était passé Morgan. Après tout on pourrait bien dire que c'est de sa faute s'il en est arrivé là ; c'est vrai Morgan n'est rien, ne fait rien, ne fera jamais rien de sa vie. Il n'a jamais eu vraiment d'ambition, n'a jamais été vraiment quelqu'un. C'est ce qu'on devient quand on nous a toujours dit que notre existence n'aurait dû être, qu'elle a été une erreur. On ne devient rien. On manque de confiance en soi quand on a jamais pu avoir confiance en quelqu'un d'autre, même si on a toujours dû compter que sur soi-même. Alors on essaye comme on peut de s'affirmer. On cache tous ses ressentiments. On les transforme en haine. On s'invente une personnalité, on fait ce que bon nous semble, on essaye de paraître fort alors que c'en est tout le contraire, on le nie, tellement qu'on finit par s'en convaincre soi-même. C'est ce que fait le brun. Mais Morgan qu'est-ce que tu fous bordel ?

Ses pas le guidèrent comme par miracle à son appartement. Il savait encore où il habitait. il tâta ses poches. Et merde pas les clés... Et merde le numéro de l'interphone. Mais c'était pas un souci. Mo arrivait toujours défoncé et il connaissait un autre moyen d'entrée. Nonchalamment, il se dirigea vers la ruelle qui faisait le tour du pâté de maison et localisa une benne à ordures. Parfait. Très vite sur le toit de l'appartement, Morgan louvoya entre les cheminées, antennes satellites et co. Il s'était introduit dans sa chambre par la petite fenêtre qui donnait sur ce ciel orange sans étoiles. Il la laissait toujours ouverte depuis le jour où tellement HS et sans clés, le brun avait du dormir dehors comme un clodo.
Une sensation d'humidité lui prit. Le brun tâta son jean : en effet il s'était pissé dessus. Il avait eu tellement de mal à pisser tout à l'heure, les effets s'étaient dissipé et tout avait relâché.
« Et merde putain... »
Il passa sa paume sur son front qu'il massa, toujours par-terre. Il savait même pas si Josh dormait, même pas s'il était là d'ailleurs. Direction la cuisine. Tout penaud le coco. Un bruit attira son attention : celui de la télévision. Josh était donc bien là. Il rentrait plus tôt que d'habitude dis donc. Enfin "tôt". Du coin de l'oeil le brun regarda ce qu'il faisait tout en traversant le salon. Rien dans le frigo. Ah ! Des pâtes. Sans demander son reste Morgan saisit le tupperware tout dégling' et s'assit au bar. Il avait tellement la dalle qu'il plongea ses doigts dans les pâtes froides sans fourchette ni rien.

CAUSE TONIGHT I'M FUCKIN' YOU.

Le brun repassa sa paume sur son front, le massant quelques secondes, tout en avalant difficilement l'énorme bouchée, puis baya. Il ne prenait pas vraiment la peine de mâcher, à vrai dire toutes les merdes auxquelles il avait goûter ce soir lui donnaient tellement la dalle. Quand on est défoncé, on fait pas la fine bouche, et on peut s'épargner les bonnes manières nan ? Et c'est pas comme s'il y avait tellement de champignons sur les pâtes qu'on pourrait en faire une omelette, nan. Il s'apprêta à dire quelques chose à l'autre connard vautré dans le canapé mais le bruit de la porte l'en empêcha. Dommage, mais il en aurait certainement l'occasion plus tard. Jéricho, le colocataire arrivé y a pas si long dans l'appartement. Suivi d'Apple. C'était sa veine, une meuf dans son appartement, une maniaque bornée et maternelle en plus de ça. L'arrivant balança un sac en plastique sur la table, que Morgan entrouvrit. Un carton décoré de sushis et typographie japonaise y trônait. A peine arrivé, et déjà dans le canapé à côté de Joshua... Un détail attira son attention...

« On m'laisse le poisson cru et on me propose même pas le spliff ? C'est pas cool ça. »

Dit-il d'un français correct. Il avait cependant un fort accent et ça ne l'étonnerait pas qu'on ne l'ait pas compris. Morgan avait reçu une éducation minimale, mais il avait tout de même appris un peu le Français. D'ailleurs l'ancien manager de son ancien groupe était un français venu lancer quelques groupes en Amérique. Il avait la foi ce mec-là... C'était d'ailleurs grâce à lui si Morgan avait pu passer pro avec ses potes. Et c'était grâce à lui s'il avait pu en apprendre d'avantage en Français. Et puis ça faisait à peu près un an qu'il était en France, même s'il ne s'était pas de suite installé à Paris. Enfin bref il avait de bon restes.
Joshua le bouscula et se jeta littéralement sur les sushis. Qu'il fasse. Morgan n'était pas fan des sushis. Mais qu'il le pousse, ça nan. Morgan, qui sortait très facilement de ses gonds, le poussa de sa main seulement. A vrai dire il était pas trop d'humeur à se battre ce soir. Il se contenta seulement de lancer un regard noir à Josh suite à sa remarque très constructive avant de s'être recouché sur le canapé, et dans un sourire venimeux -bien que bien moins crédible qu'il aurait du l'être vu qu'il avait de la sauce tomate autour de la bouche- lâcha en américain :

« Entre nous, ton cul pue le sperme à 40 kilomètres. »

Affalé sur le canapé, j’attends que Josh daigne enfin me passer le joint dans un soupir las. Il tire quelques lattes et me le tend. Amen. Je le prends et l’apporte à mes lèvres, tirant longuement dessus avant de recracher la fumer. Je ne l’entends même pas partir, trop accaparé à terminer ce joint rapidement pour passer à autre chose. La voix lointaine de Josh gueule sur Morgan, j’ignore totalement fumant la dernière taff de mon joint avant de me lever dans l’espoir de retrouver un sushi qui n’a pas été mangé. La cuisine devait un vrai champ de bataille, entre les deux qui s’engueulent et qui se jettent sur la bouffe, franchement ça me gavais déjà. « Putain vous faîtes chiés sérieux. Vous me donnez la migraine à vous balancer vos conneries. Et j’ai la dalle» Je prends la boîte de sushi, remarquant qu’il ne restait plus rien dedans vu le poids de celle-ci. Dans un faible espoir je secoue la boîte pour être sûr. Rien. Je la jette sur le sol, agacé et me barre dans ma chambre en claquant la porte tel un ado aux hormones en ébullitions.Je me jette sur mon lit avec la seule envie de dormir et qu’on me foute la paix ce soir. Fallait pas rêver. À peine allongé que je remarque une putain d’odeur de pisse qui me file la gerbe. Je fais un bond et regarde sur mon lit. Mais FUCK ! C’était que ce putain de bordel ?! Mon cerveau ne tarde pas à faire le lien entre la pisse sur mon lit et Morgan avec la tâche sur son pantalon et son odeur de rat mort. J’étais rentré depuis à peine dix minutes et mes nerfs commençaient déjà à s’effriter. J’en reviens pas comment certains ne tenaient vraiment pas à leur putain de vie de junkie. Je me lève, entre dans la cuisine en rage et attrape Morgan par le col, le tirant de toutes mes forces dans la salle de bain où je le jette dans le bain. Avant même qu’il est le temps de réaliser, j’allume la douche et lui balance de l’eau glacée à la tronche pour le réveiller. « Mec, pisse encore dans mes draps et je ne serais pas aussi cool. Sérieux t’es crade c’est ton problème, mais pisse dans tes draps quoi ! » Je me retourne et sort de la salle de bain pour nettoyer les conneries de l’autre.