♥ CLÉMENCE & LIONEL

L'amitié peut être muette, et le doit être presque toujours. L'amour au contraire doit être éloquent et l'on ne peut jamais trop dire qu'on aime [Madeleine de Scudéry].

« Ouf ».

Ce fut ma réaction quand mon dernier cours de la semaine se termina. J’étudiais à l’école doctorale de philosophie de l’université Paris I Panthéon Sorbonne. Et franchement, ce n’était pas de tout repos. Mais bon, je ne pouvais pas me plaindre : c’était moi-même qui avais choisi ça. J’aurais très bien pu m’arrêter après avoir obtenu mon master de philosophie des sciences et passer les concours de professeurs de lycée. Si j’avais réussi, je serais actuellement en train d’enseigner à des Terminales. Mais je voulais vraiment continuer mes études : depuis tout petit, j’aimais ça. Je voulais devenir enseignant-chercheur en philosophie. Voilà pourquoi je me retrouvais là aujourd’hui. Après avoir travaillé pendant plusieurs heures, j’avais mal aux yeux, un début de mal de crâne, les neurones en compote… Mais j’étais assez satisfait. Et puis, on était vendredi soir. C’était le week-end. Même si j’avais un autre truc à faire, je pourrais me reposer un peu. Profiter de Liam, Léa et Lily.
Je rangeai mes affaires sans précipitation. Je saluai quelques camarades de classe, ainsi que l’intervenant qui était venu, sorti tout droit de l’ENS Cachan. Plongé dans mes pensées, je quittai ma fac. Je récupérai ma petite sœur, Lily, au lycée Henri IV. Je l’écoutais évoquer avec plaisir les joies de sa journée de lycéenne. On ne pouvait pas dire que j’aimais Lily plus que les jumeaux. Je les aimais tous autant les uns que les autres. Mais il était vrai que Lily était ma chouchoute. Normal, c’était ma dernière sœur, encore mineure. J’étais son tuteur légal depuis que mon père avait été envoyé en prison. Et j’essayais de prendre soin d’elle comme si j’étais son propre père.
Nous rentrâmes chez nous. Je vivais dans le 1er arrondissement avec mes frère et sœurs cadets. Lily s’installa aussitôt devant la télé. Comme on était vendredi soir, je ne lui dis pas d’aller faire ses devoirs. Je déposai mes affaires dans ma chambre, et filai sous la douche. J’en avais besoin pour me détendre, ça me faisait du bien. Je revêtis un jean noir et un T-shirt. Les jumeaux étaient revenus de la fac. Comme d’habitude, Liam jacassait, racontant fièrement ses exploits. Je levai les yeux au ciel, avant de leur demander ce qu’ils comptaient faire de leur soirée. Rien de spécial. Très bien. J’avais besoin de sortir un peu. Je leur demandai de ne pas quitter Lily.

« Je vais juste me promener un peu. J’ai besoin d’air frais. Si vous sortez, envoyez-moi un message. »

Les jumeaux acquiescèrent. Je m’emparai d’un blouson en cuir et sortis de chez moi. Le jardin des Tuileries n’était pas très loin. C’était un endroit que j’affectionnais depuis mon enfance. Je m’y rendis en voiture. J’aimais être là quand j’avais besoin de souffler, de réfléchir. Et puis, j’avais surtout envie de voir quelqu’un en particulier. Ce n’était que le début de la soirée.



Citation :

DE LIONEL À CLÉMENCE
Salut toi ! ♥. Ça fait un petit moment qu’on s’est pas vus, hein ? Ça te dit de passer un moment avec moi ? Je suis au jardin des Tuileries, rejoins-moi si tu veux, si tu peux. Bisous ♥.

La journée avait était longue, commençant par la matinée, de travail, jusqu'à midi et demie. Passant par déballage, de la nouvelle collection, la mettre en place dans les magasins, avant que les clients arrivent. La caisse, les renseignements de pour les clients. Qui a dit que vacances, signifiait repos ? N’importe quoi, bac français à peine fini et le travaille commençait déjà. La journée risquait d’être longue, les soldes commençait et les premiers clients, déjà en vacances, pour la plupart étudiant, arrivait en grand nombre. Le plus grand nombre, mes amis, je ne pouvais pas leur parler, seulement les conseillers. Je souriais, toute la journée, de toute manière, c’est ce qu’une vendeuse devait faire, sourire encore et encore, sans jamais soupirais. Toujours heureuse et polie d’être parmi la foule. Je regardais, autour de moi et les clients m’appelaient de partout, c’était stressant, mais je sentais au fond de moi, la pause déjeuné arriver de plus en plus vite. 12h30, la boutique fermé ses portes, jusque dans une bonne heure. Je rentrais à grande vitesse, en bus jusque chez moi, puis mangeais dans une période très rapide. Portable, sur la table, je discutais en même temps avec Cloé, ma grande sœur que j’adore. Souriant, je voyais l’heure tournais et il me restait quinze minutes, le temps du trajet en bus. J’embrassais ma sœur, tendrement et partais vers le bus, laissant mon portable sur la table.

Le retour a la boutique, l’après midi, les clients arrivaient un peu plus tard, vers trois heures. Oui, vers quatorze heures, il continue de manger, cinéma et discute dans les rues. Heureusement, l’entente dans la boutique était très bonne, je m’entendais assez bien avec ma patronne Norah Deschamps. C’était un ange très gentil, et elle me faisait bien rire quelques fois. L’heure h était arrivé, je regardais, les clients rentrait par dizaines et centaine. Dans quelques heures, tout ça, serait fini. Je regardais, autour de moi, la boutique commençait à se vider, et je souriais. 19h30, la journée était finie, il était temps de rentrer. Cherchant dans mon sac à main, je ne trouvais pas mon téléphone portable. Je soupirais, me rappelant l’avoir laisser sur la table du salon. Je reprenais le bus, directement en direction de ma maison, enfin mon appartement. Arrivant a l’intérieure, je voyais ma sœur, avec mon téléphone a la main. Je courrais a grande vitesse vers elle, et voyais le message qu’elle venait d’envoyer. « Je suis désole, je ne veux pas te voir … Clém ». Je la regardais d’un air méchant, très méchant et absolument sérieux. « Non, mais de quoi tu te mêle Cloé ? .

A grande, vitesse, je prenais mon portable, mon sac, ne prenant pas le temps de répondre au sms. Courant dans les rues de Paris, je me dépêchais pour arriver au jardin des tuileries, avant qu’il ne soit partie. Je me posais devant lui. « Salut, je suis désole c’est Cloé, et le message … »

Le jardin des Tuileries, surement une des merveilles que Paris, habite. Après la Tour Effel l’Arc de Triomphe. Aujourd’hui, la seule merveille que je la voyais, juste la devant moi : Lionel. Je souriais, doucement et le regardais. J’avais l’air essoufflé, et je ne voulais pas paraitre comme la fille, qui c’était pressée à arriver, juste pour le voir, quelques minutes, ou voir son sourire quelques secondes. Cloé, n’avait jamais compris ça, et pourtant ce n’était pas si compliqué, mais elle avait peur, peur de me voir souffrir, qu’il m’arrive encore la même chose qu’il y a quelques années. Après ce drame, j’avais mis du temps a me reconstruire, apprendre à faire confiance de nouveau mais aujourd’hui, c’était différent. J’avais grandis, muri, appris a vivre avec malgré tout, et faisait attention a mes fréquentations. Toujours couvé par sa grande sœur, cependant la seule chose, que je voulais, c’était avoir une adolescence comme les autres, un copain, une rupture, des peines de cœur, mais tout ça, jamais Cloé ne l’avait compris. Je devais rester la petite sœur, sage, qui ne fréquente personne. D’ailleurs, j’avais déjà eu du mal, a la faire aimé Paco alors. Je souriais, a Lionel, très beau encore une fois. « C’est normal. Oh, non je ne suis pas fatiguée, je vais bien et toi ? »

Dans ma tête, le mot idiot résonnait de plus en plus. Quel idiote, j’étais, devant lui, je ne savais jamais quoi dire, d’autre que ça va. J’essayais de continuer a sourire, avec un peu de mal, mais bon. Il avait totalement raison, j’étais fatiguée, a un point. La journée de travail, pendant toute les vacances, qui venait a peine de commencer, cela allait être horrible. Je regardais, autour de moi, puis regarder mon téléphone. 5 appels en absence : Cloé. Je regardais Lionel, lui fit signe de m’excuser et appelait ma sœur, un peu plus loin. Très vite, une dispute dégénérée entre elle et moi. La raison ? je suis sorti sans prévenir, ma raison a moi ? Elle répond a mes amis, a ma place. On ne se comprenait décidément plus. Je soupirais, finissant par lui raccroché au nez, au bout de cinq bonnes minutes, de conversation. Je revenais doucement vers Lionel, un peu déboussolée. Je me souvenais alors, d’une phrase que ma grand-mère m’avait dit : si tu veux savoir si un garçon t’aime toi et pas ton c**, embrasse le et vois ce qu’il fait après.

Le moment était arrivé, je prenais une respiration forte, et regardant Lionel, je souriais. M’approchant tout doucement et tendrement, je levais un peu les pieds, et atteignait ses lèvres. Pendant quelques secondes, nos lèvres se toucher, pour se baiser, plein de tendresse, et de douceur, venant de ma part. Puis, tout doucement, je me reculais, et le regarder. « Je suis désole … ». Je prenais alors, la deuxième étape de la façon de ma grand-mère. Je déposais un bisou sur sa joue, puis je partais vers la direction de la sortie, en courant. En même temps, je pensais, allait-il me rattraper ou non ? M’aimait-il ou non ? L’amour a notre âge, c’était encore bien plus compliqué qu’on pourrait le croire.

Quand Clémence était là, j’avais l’impression que tout allait mieux, brusquement. Le message que m’avait envoyé Cloé, du portable de Clem, m’avait fait de la peine. Mais maintenant qu’elle avait dit qu’il s’agissait de sa grande sœur, je me sentais soulagé, libéré d’un poids, rasséréné. Oui, elle m’avait rassuré. J’étais heureux à l’idée de passer ne serait-ce qu’un petit moment avec elle. Elle était arrivée essoufflée, je me doutais qu’elle avait couru et je m’en voulais un peu. Je savais aussi que durant ses vacances, elle travaillait. Je savais qu’elle n’avait pas eu autant de chance dans la vie que beaucoup d’autres…

« Je vais très bien, merci. »

Clémence avait dix-sept ans. J’en avais vingt-quatre. Ça peut vous sembler incroyable. Moi non plus, avant, je n’aurais jamais pensé que je pourrais tomber amoureux d’une fille de dix-sept ans. Mais Clem n’était pas une gamine. Elle en avait vu, elle était déjà tellement mature pour son âge. Au début, j’avais craqué pour sa sœur. Cloé. Et puis en me faisant jeter par elle, j’avais rencontré Clémence, sa petite sœur. Elle m’a tout de suite intrigué, tout de suite fait quelque chose. Nous nous sommes revus, comme ça, en tant qu’amis. Nous nous sommes rapprochés, petit à petit. Au début, je me persuadais qu’il n’y avait rien d’autre que de l’amitié. Et puis, j’ai commencé à me poser des questions. Ensuite, j’ai essayé de refouler mes sentiments. Oui, je vous l’assure, j’ai vraiment essayé. En raisonnant sur l’âge, notamment. Mais c’était impossible. Elle était trop merveilleuse, trop sublime. Je n’arrivais pas à oublier que je ressentais quelque chose de fort pour elle. Mais je n’avais jamais osé le lui avouer. Parce que je ne savais pas comment elle réagirait, parce que je ne savais pas si c’était réciproque. Et puis, détournement de mineur, vous en avez déjà entendu parler, non ?
J’étais en train de me faire ces réflexions pendant que Clémence était au téléphone avec sa sœur. Pendant environ cinq minutes. Elles se disputaient, et je me doutais que c’était à cause de moi. Cloé était très protectrice, ce que je ne comprenais que trop, et elle ne voulait pas que Clémence me fréquente. Franchement, je ne pouvais pas lui en vouloir. Et puis, tout d’un coup, de manière tout à fait inattendue, elle se dressa sur la pointe des pieds et m’embrassa. Surpris. Trèèès surpris, c’était le moins qu’on puisse dire. Un baiser de quelques secondes à peine, tendre, doux, que je n’osais pas trop lui rendre. Qu’est-ce que ça signifiait ? Est-ce qu’elle m’aimait ? Bon sang ! Elle me disait qu’elle était désolée, et elle courut en direction de la sortie. Je réagis aussitôt, me lançant à sa poursuite. Les questions se bousculaient dans ma tête, mais je ne pouvais pas la laisser partir. Je la rattrapai rapidement et lui saisit le poignet. Pas violemment, sans lui faire mal, mais juste pour la retenir. Je voulais qu’elle me regarde, qu’elle m’écoute.

« Clem, s’il te plaît, t’en va pas… Et ne sois pas désolée ! Ce baiser, j’en avais envie. Et… Et la vérité, c’est que je t’aime. Oui, c’est vrai, mais je n’ai pas osé te le dire, parce que tu es bien plus jeune que moi, parce que ta sœur s’y oppose, parce que je ne savais pas ce que tu en penserais. Mais voilà, c’est dit, je t’aime. Je t’en prie, reste avec moi… »

Partir, surement la meilleure solution. Possible, ça m’éviterais de nombreux problèmes avec Cloé, et d’autres gens. Les amis, de Lionel, allaient-ils comprendre, mes amis à mon tour, comprendraient-ils. Tout ça allait être trop compliqué, beaucoup trop, voyait vous. Pourtant, la seule chose que je voulais ça pourrait être bien mieux. C’était totalement dingue, il avait vingt quatre ans, j’en avais dix sept, tout était impossible entre nous, c’était dit et écrit, comme les contes de fées sont écris dans les histoires pour enfant, tout fini bien et ils vécurent heureux. Finalement, je n’étais pas faite, pour vivre une histoire heureuse, j’étais faite, pour vivre une vie, pleine de désespoir, contrariée par ma sœur, et d’ailleurs finir vieille fille, avec elle. Mais ça pourrait être, bien aussi d’être avec lui, je serais plus seule, j’aurais peut être quelqu’un qui me comprends, d’ailleurs ma sœur lui a déjà tout dit, sur mon passée, alors il sait a quoi s’attendre. Mais j’avais quand même peur, d’ailleurs, j’avais toujours peur. La peur, hantait, ma vie, si quelqu’un se réservé de moi, me faisais encore souffrir. J’en avais marre, j’en pouvais plus.

Je continuais le chemin, vers la sorti, en courant. J’y arrivais bientôt lorsque je sentais, une main, se posais sur mon délicatement sur mon bras. Je ne me retournais pas, au début, je ne préférais même pas entendre sa respiration, sentir son odeur, j’aurais trop peur, de tomber dans ses bras, d’un coup, comme une pauvre mauviette. J’écoutais, quand il commençait à me parler. Ça avait l’air compliqué, il m’aimait, comme on aime une ami ou non ? Je soupirais, puis continuant ses phrases, je comprenais alors petit à petit, qu’il m’aimait vraiment. Alors tout le problème refaisait surface. Cloé, les amis. On se croyait dans une chanson de Charles Aznavour. Les amis, les amours, les emmerdes. Je me retournais et le regardais dans les yeux.

« Arrête Lionel. Je vais rester si tu veux, mais le problème reste le même. Tu m’aimes ? Comment tu fais dis moi ? Au cas ou tu l’aurais oublié j’ai dix sept ans, et toi vingt quatre. Tu assumerais pas, devant tout le monde, le regard des autres, a ton travail : Désole, je vais chercher ma copine au lycée. C’est trop compliqué, alors oui, en plus il y a Cloé, mais a ce que je me souviens bien, elle t’a tout racontée sur mon passé, tu sais tout. Alors comprends la aussi. Ce que je pense, ça serait un oui très clair, pour être avec toi, mais on n’est pas seule dans l’histoire. Tu te vois vraiment avec une adolescente de dix sept ans, qui passe son bac, qui veut encore profiter de sa vie, sa jeunesse. Qui en marre, que tout le monde la couvre, comme une petite fille. Tu supporterais encore les crises des ados ? Dis moi, tu te vois vraiment dans une vie, avec une petite fille de dix sept ans. Alors oui, t’as même pas besoin de répondre, parce que je suis sur que tu serais pas capable de ça, désolé. »

Pas très loin, du jardin, il y a, une petite terrasse de café, sur cette terrasse, on pouvait voir Cloé. Je soupirais deux secondes, puis regardais a nouveau Lionel.

Je ne pouvais certainement pas la laisser partir simplement comme ça. J’étais perdu, déboussolé. J’avais besoin de comprendre ce que signifiait ce baiser. J’avais besoin d’exprimer enfin ce que je ressentais réellement : n’était-ce pas l’occasion rêvée ? J’avais aussi besoin de savoir si mes sentiments étaient réciproques ou pas. Bref, j’avais besoin de quelque chose de sûr, de clair. Ça ne pouvait tout simplement pas continuer comme ça. Alors je l’ai rattrapée, sans trop de difficultés. Et je lui avais enfin dit tout ce que j’avais sur le cœur. Je m’étais exprimé librement, ce qui m’arrivait assez rarement. Oui, j’avais tout déballé. Que je ne voulais pas qu’elle soit désolée. Que j’avais tout autant envie de ce baiser. Que je l’aimais. Que je l’aimais, sincèrement, malgré notre différence d’âge, malgré les oppositions, malgré les qu’en-dira-t-on. Que j’avais envie qu’elle reste avec moi.
Oui, j’avais enfin ouvert mon cœur, mais j’eus l’impression de prendre une véritable raclée. Une vraie douche froide. J’avais l’impression qu’elle avait soudain été ramenée à la réalité, que tous les problèmes lui étaient revenus en tête. Alors, sans la quitter des yeux, j’écoutai patiemment sa longue tirade. Même si ça me faisait vraiment mal. J’avais l’impression que si elle me plantait un couteau en plein cœur, ce ne serait pas pire. Elle ne disait pas qu’elle ne m’aimait pas, non. Mais en un sens, c’était pire. Elle m’accusait presque d’immaturité. Elle pensait que je n’assumerais pas de sortir avec une ado, que c’était trop compliqué, que je devais comprendre sa sœur, que je ne supporterais pas les crises d’ado… Et tout un tas de truc de ce genre.

« Franchement, Clémence, avec ce que tu as vécu… Tu penses vraiment que tu es une adolescente normale ? Tu ne penses pas que vivre là, sans tes parents, avec ta sœur, en travaillant, ça t’a forcément rendue plus mûre ? Tu n’es plus une petite fille, je le sais bien. »

J’avais l’impression qu’elle me soulevait tous les problèmes du monde tout d’un coup. Oui, c’était compliqué, au moins une chose de certaine.

« Le problème ne vient pas du fait que je ne comprends pas ta sœur, et tu le sais très bien. Je te rappelle, au cas où tu l’aurais oublié, que j’ai des petits frère et sœurs, moi aussi. L’une d’eux est encore mineure, et j’en suis le tuteur légal. Alors figure-toi que je la comprends, parce qu’à sa place, je sais parfaitement que j’aurais ressenti exactement la même chose. »

J’étais un peu indigné, parce que j’avais l’impression qu’elle mettait tout sur mon dos. Bon, c’était moi qui étais censé être l’adulte, certes. Mais ça me faisait de la peine, et je finis par lâcher son poignet. Blessé, je baissai la tête.

« Clémence, tu sais quelle est ma situation familiale. Tu sais que ma mère est décédée, que mon père est en prison pour trafic de drogue, que j’avais à peine vingt ans quand je suis devenu le tuteur légal de mon frère et de mes sœurs. J’ai réussi à m’en sortir. Ne crois-tu pas qu’après tout ça, je serai capable d’assumer le fait de sortir avec celle que j’aime, malgré tout ? Que je ne serai pas capable de gérer tout ça ? Et puis… Et puis, si tu ne m’aimes pas, si tu ne veux pas être avec moi… Pourquoi m’avoir embrassé ? Je comprends pas, là. »

J’avais du mal a comprendre a mon tour. Il pensait que moi, Clémence Vanderosieren, n’était pas une adolescente comme les autres ? Quelques fois, je maudissais Cloé, complètement. Pourquoi elle lui avait tout raconté ? Ça ne le regardait pas du tout, mon viol était la pire chose qui m’était arrivé dans ma vie, et j’aurais aimé que personne ne soit au courant. Désormais, je vivais comme une adolescente normale, entourée d’amis, avec des soucis, des problèmes mais tout le monde en a, ça. Prenons l’exemple de Lionel. Devenir tuteur a son âge n’est pas évident certes, surtout des gens de sa famille, je n’avais aucun soucis avec Léa, ou Liam, mon plus gros problème était Lily-Rose. Elle me détestait complètement c’était hallucinant, et pour des broutilles. D’accord, peut être si petite que ça, les broutilles. J’avais le même âge qu’elle, ou alors une année de plus, du coup, ça ne lui plaisait pas, que j’envisager de fréquenté son frère et que son frère me fréquente d’ailleurs. Elle avait tout essayée, raconter des mensonges sur moi, pleurer, inventer une excuse pour que Lionel, ne vienne pas a un de nos rendez vous. Je ne sais pas ce qu’elle avait avec moi, mais ce n’était pas la joie. Je comprenais Lionel, devenir parents, c’était dur, mais je reprenais. « Cloé, n’est pas mon tuteur, elle a aucune autorité sur moi, c’est juste ma grande sœur. Elle n’est pas dans le même cas que toi. ». J’avais envie de crier, pourquoi personne ne me considérait pas comme une personne normale. « Merde, je suis une adolescente normal ! Ce truc, n’as rien changé dans ma vie !!! ». En réalité, ça avait changé pas mal de chose, beaucoup de chose, ma visions de la vie, ma maturité en avait pris un coup .. En quelques secondes, j’étais passé de gamine de treize ans, a femme de treize ans, qui assume son passée, et qui est totalement prête a avancer. Ça fait de moi un adulte non ? Plus au moins, mais ma vie pouvait rester compliqué quelques fois, comme en ce moment d’ailleurs.

Je le regardais dans les yeux, et écoutais tout ce qu’il avait à me dire. Assumer ? Ce mot, qui terrifiée tout le monde, et pourtant il n’avait pas l’air d’avoir peur. Mais pourtant, j’étais sur, qu’a l’intérieur de lui, il devait être comme moi, terrifiée ?

« Lionel …. Dis-moi, tu serais capable, de perdre des personnes de ta famille ? Léa, ça va, pareil pour Liam. Mais je sais a quel point tu tiens a Lily-Rose, mais elle ne m’aime pas. Elle a tout essayée pour qu’on arrête de se voir, alors dis moi, t’es prêt a la perdre pour moi ? Ne répond pas, je sais la réponse et elle est tout a fait normal, une sœur c’est beaucoup plus important, Lionel. Puis, je ne suis pas sur, que tu arriverais a assumer, devant tes amis, plus vieux. Les potes voici Clémence, elle a dix sept ans et c’est ma copine. Franchement, tu passerais pour quoi ? »

Je soupirais, et regardais, autour de moi. Puis doucement, je m’asseyais sur une bordure, dans l’herbe, au calme. Le soleil tapait mais il y avait du vent, légèrement froid, et humide. Je levais, doucement ma tête vers lui et répliquais.

« Pour répondre a ta question… Oui, je t’aime et oui j’avais très envie de t’embrasser, depuis bien longtemps. Je suis désole. »

Je restais assise, les bras croisés, la tête vers le soleil, pour bronzer.

Tout ce que je voulais faire a ce moment la, était rentrer chez moi, m’allonger sur mon lit et dormir. J’étais arrivé a dix neuf heures au rendez vous et la il était vingt heures trente, passer. Plus d’une heure à parlait et j’avais un mal de crâne horrible. Je savais même plus ce que je voulais, a dix sept ans les sentiments change si vite, qu’être avec Lionel.. je ne savais pu si j’en avais envie. Tout ce qui pouvait être simple, devenait de plus en plus compliqué. Certes il était très beau, d’une classe naturel, et ses yeux pouvaient me faire fondre en quelques secondes mais … Alors il avait surement raison, je n’étais pas encore prête a entamer une relation sérieuse, vraiment sérieuse. Après tout ce qui m’est arrivé, j’avais encore se mal a faire confiance aux hommes comme ma sœur d’ailleurs. Je regardais atour, de moi, écoutant Lionel parlait encore et encore, j’aurais aimé qu’ils ne dissent rien pendant un moment, ma tête aller exploser d’une minute a l’autre. Je l’écoutais quand même, mais ma tête, n’enregistrer pas beaucoup de chose. Je soupirais, posant mes mains sur ma tête, massant le coté de mon crâne pour que ça passe mais rien ne faisait effet.

« STOP ! Enfin le calme arrivait, pendant quelques secondes, je respirais et le regardais. Stop, il est grand temps pour toi que tu m’oublies. T’as raison, tu vois, je ne suis pas prête pour ça. Déjà je ne veux pas de quelqu’un ou sa famille me déteste. Ensuite, tu sais que j’ai un meilleur ami Pacôme et je passe tout mon temps libre avec lui, j’ai bien l’impression que c’est l’homme de ma vie, en amitié bien sur. C’est le seul a qui je fais confiance … Oui, tu sais pour mon problème de confiance avec les hommes. Pacôme me comprend et il est si .. Enfin c’est mon meilleur ami, et j’aime passer du temps avec lui. Après, on a des vies tellement différente. T’es déjà majeur, tu as des grand projets d’avenir. Tu vois, en plus j’ai mon bac l’année prochaine ça me prendra encore plus de temps.. Je suis vraiment désole mais je ne sais pas quoi dire d’autre. »

Je soupirais, déposant un bisou sur sa joue et doucement je reprenais le trajet. Je marchais, pensant a tellement de chose, j’étais un peu plus sur, de ce que je voulais. J’avais encore trop peur de souffrir, et malgré ce que je pensais avant, finalement je ne faisais pas encore confiance a Lionel. C’était étrange, avant je pensais pouvoir tout lui dire mais non … Je ne sais pas ce qui m’avait refroidit d’un coup. Mon amitié avec Cerbère, a qui je pouvais tout dire, et qui me conseillait si bien, il devait avoir raison, on ne se remet pas d’une chose comme ça. La seule personne, a qui j’étais sur de faire confiance : Pacôme, mon amour a moi. Le bus arrivait, je montais dedans, très vite il démarrait, et partait pour le trajet. J’arrivais chez moi vers neuf heures, je rencontrais Cloé et lui glissait un : t’avais raison merci. Elle m’avait bien fait comprendre. Ce n’est pas maintenant que j’aurais une bonne relation sentimentale.

Peine perdue. Oui, il était inutile de discuter ce soir avec Clémence. J’en venais à regretter de l’avoir invitée à me rejoindre au jardin des Tuileries. J’en venais à regretter qu’elle m’ait embrassé. Parce que pendant un moment, un petit moment, c’était le pur bonheur. Je m’étais senti gonflé d’espoir, de tendresse, d’amour. Et puis… Quelle immense déception ! J’avais l’impression que Clémence ne savait vraiment pas ce qu’elle voulait. Qu’elle avait agi impulsivement, et après, on en payait tous les deux les frais. Mais en même temps, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Elle n’avait que dix-sept ans. Moi, j’en avais vingt-quatre, j’étais censé me comporter comme un jeune adulte responsable.
Alors j’allais renoncer. Oui, renoncer. Si, pour son bien, je devais m’éloigner d’elle, je le ferai. Sans hésiter, même. Oh, bien sûr, j’en souffrirais. Et pas qu’un peu. Mais s’il le fallait, j’étais prêt… Parce que je tenais à elle, que je voulais la respecter, que… Parce qu’il le fallait, voilà tout. C’était une raison bien suffisante. Je l’écoutais me faire une tirade. J’étais de plus en plus atterré. Je ne savais pas quoi dire. De toute façon, je n’aurais rien pu dire, elle était vraiment lancée dans son discours. J’avais l’impression qu’au fur et à mesure, elle enfonçait de plus en plus le couteau dans la plaie. Tout ce qu’elle disait me faisait énormément de peine.

« Ne sois pas désolée, si c’est ce que tu veux, alors il n’y a rien d’autre à dire. »

Je ne pus que baisser la tête, incapable de soutenir son regard. Les larmes me brûlaient les yeux, mais je m’efforçais de les retenir. Je ne pleurais jamais en public, elle ne m’avait jamais vu en larmes. Alors ça n’allait pas arriver cette fois-ci. Si elle ne voulait pas, à quoi bon pleurer ? Je sentis ses lèvres sur ma joue. Et franchement, j’aurais préféré qu’elle s’en abstienne. C’était comme si ce contact me brûlait la peau. Je ne levai pas la tête, mais je compris qu’elle était partie. Alors je me laissai tomber sur un banc. J’étais vidé, épuisé, incapable de réfléchir. J’étais furieux contre moi-même, déçu, et surtout, j’avais mal. Très mal. Des sentiments et des émotions contradictoires se pressaient dans mon esprit. J’aurais voulu hurler, j’aurais voulu exploser. L’amour. L’amour, qui me faisait mal pour la deuxième fois. J’avais besoin de quelqu’un.

Citation :

DE LIONEL À JULIETTE ♥
Ju… J’ai vraiment besoin de toi. S’il te plaît, viens me rejoindre chez moi. À tout de suite, bisous ♥.

Alors, je me levai du banc, et rentrai chez moi. Je rentrais chez moi en espérant paraître normal devant mon frère et mes sœurs. Mais surtout, je rentrais chez moi en étant un peu consolé par la certitude que Juliette serait là pour moi.