Ok, c'était ici qu'on allait emménager, Iyana et moi, je me suis dit en posant mes deux valises près de moi sur le trottoir, et levait ma tête vers le haut de l'immeuble. On habitait au sixième étage, dieu merci avec ascenseur, au 8 rue Caille. Je reprenais mes valises en main et entrait dans l'immeuble - plutôt mignon, l'immeuble, pas un décrépi - et entassait mes bagages dans l'ascenseur, faisant de la place à Iyana. « J'ai trop hâte de voir à quoi il ressemble ! » m'écriais-je, excitée comme une gamine.
Iyana n’en revenait toujours pas d’être ici. Paris, quoi, la capitale de la culture, de l’art, et soi-disant, du romantisme. Il y a encore quelques heures, la jeune coréenne embrassait sa mère et son beau-père, et quittait son appartement Londien. Elle n’en revenait toujours pas que sa folle de meilleure amie l’ait trainée dans cette aventure. Elle connaissait ‘Sha, et avait crut savoir a quoi s’y attendre, mais comme toujours, la blonde ne cessait de l’étonner. Et, parfois, de l’apeurer. Voila pourquoi à travers toutes les préparations, et le voyage en lui-même, elle avait été passive, espérant secrètement que sa meilleure amie lui avoue que c’était une simple farce, pour qu’elle puisse retourner à son train-train quotidien. Mais il semblerait bien qu’il n’y ait pas de farce. Le taxi s’arrêta devant un immeuble, et Iyana poussa son nez contre la vitre, observant son nouveau « chez elle ». Eprise d’une soudaine hâte, qu’elle-même ne comprenait pas, la jeune fille ouvrit la portière, puis le coffre pour récupérer le peu d’affaires qu’elle avait amené, pendant que la blonde piaillait avec le conducteur, essayant de négocier, afin de pouvoir le payer en livres, qu’elle avait oublié de faire échanger en euros a l’aéroport. Une fois qu’il eut démarré, la blonde souleva la montagne de vêtements et la traina vers la porte d’entrée, affichant un sourire béat, auquel Iyana ne put répondre que par un sourire forcé, qui traduisait toute son angoisse. « J'ai trop hâte de voir à quoi il ressemble ! » « Euh, ouais, moi aussi ! » Entendant dans sa propre voix le manque de conviction, la jeune coréenne se ressaisit, portant ses affaires jusqu'à la porte d’entrée massive, qu’elle tint tant bien que mal ouverte pour permettre a sa meilleure amie de passer devant elle, la laissant s’engager jusqu'à l’ascenseur.
Je repérais aussitôt le manque de conviction de mon amie, et lui jetais un regard soucieux ; si Iyana m'avait suivi dans toute cette aventure, je doutais qu'elle l'ait fait avec autant d'enthousiasme que moi, et je la soupçonnais d'avoir voulu rester avec ses parents. Sur ce coup là, je ne pouvais pas l'approuver ; j'en avais tellement ras le bol des miens ! « Iyana, t'inquiètes pas. » je dis d'un ton serein, en appuyant sur le bouton six qui s'illumina aussitôt. L'ascenseur se mit en marche, et je levais les yeux au plafond, appuyée nonchalamment contre une des parois de l'ascenseur. Après un dring ! retentissant, la machine s'arrêta, et je poussais la porte avec mon dos, traînant toujours mes valises derrière moi. Je tenais la porte à Iyana, puis me dirigea vers la porte de notre appartement. J'introduisis la clé dans la serrure, et après quelques tours, ouvrit la porte de notre chez-nous. J'entrais presque précipitamment, jetant limite mes bagages sur le côté et tournais dans le vaste espace constituant notre salon - parce que l'appart' était meublé. Il y avait 4 pièces ; une salle de bain, une seule chambre - iyana et moi devrions dormir dans le même lit, mais ça ne me dérangeait pas - un salon-cuisine et un dressing. Iyana aurait sans doute préféré avoir deux chambre plutôt qu'un dressing, mais comme moi, elle adorait s'habiller, donc je suppose que cela ne la dérangeais pas trop. « Trop cool, il y a un bar dans la cuisine ! J'ai toujours rêvé d'en avoir un ♥ »
Le souffle coupé, la jeune fille attendit que l’ascenseur arrive à destination, avec le cœur lourd. Sasha avait été peu scrupuleuse dans sa description de l’appartement qu’elle avait loué, sans même le visiter au préalable. Iyana avait peur de débarquer dans un trou miteux, mais elle faisait confiance – parfois malgré elle – à la grande blonde. « Iyana, t'inquiètes pas. » La brune se força à respirer, il fallait qu’elle se calme. La blonde ouvrit la porte, et Iyana fut rassurée de voir un espace éclairé, qui semblait spacieux, et une grande baie vitrée. Elle traina directement ses affaires jusqu’au dressing, puis inspecta les autres chambres, tiquant quelque peu lorsqu’elle remarqua qu’il n’y avait qu’une chambre. Certes, le lit double était vaste, mais bon. Revenant vers la cuisine, la jeune fille posa ses fesses sur un tabouret qui trainait prés du bar, elle s’accouda sur le comptoir, trop fatiguée pour ranger ses affaires tout de suite. « Trop cool, il y a un bar dans la cuisine ! J'ai toujours rêvé d'en avoir un ♥ » Iyana acquiesça, esquissant un mince sourire pour la première fois, posant son regard ambré sur une bouteille qui trainait sous le bar. « Bon. Je te félicite, l'endroit n'est pas trop pourri. » Elle esquissa un sourire en direction de son amie, se détendant enfin.
Je haussais les sourcils à la réplique de Iyana, mais souriais quand même. « Arrête d'être aussi grincheuse, sers-moi un verre, si alcool il y a. » lançais-je du bout des lèvres, avant de me précipiter sur la fenêtre donnant sur la rue. L'appartement était très éclairé - dieu merci, je n'aurais pas supporté un appartement sombre. « Putain, faudra aller faire les cours, Yan'. » j'ai dis sur le un ton un peu geignard, mais au fond je suis contente de faire MES courses MOI-MÊME avec MON argent. Bon, un peu l'argent de mes parents aussi ¬¬ Je revenais vers Iyana en pas chassé, et m'asseyais sur le tabouret en face d'elle, la regardant avec malice. Qu'es-ce qui se passait dans sa tête de Coréenne ? Quelle pensées défilaient derrière ses yeux bridés ? Je m'étais souvent demandé durant le voyage en avion si j'avais fait une bonne chose en l'emmenant avec moi ; elle était si fragile parfois, si peu sûre d'elle... Et puis je me disais que Paris serait l'endroit idéal pour qu'elle s’endurcisse, et pour qu'elle apprenne enfin la vraie vie ; elle était trop collée aux jupes de sa mère ! « Dis, tu sais quel job tu vas prendre ou pas ? » je lui demandais avec une petite moue boudeuse, réfléchissant moi aussi à ce que je pourrais faire, maintenant que papa et maman n'était plus là pour ouvrir leur portefeuille. Serveuse ? Vendeuse ? Mouais.
« Arrête d'être aussi grincheuse, sers-moi un verre, si alcool il y a. » Un peu réticente à l’idée de faire boire son amie a seulement deux heures de l’après-midi, Iyana attrapa tout de même la bouteille, et deux verres, dans lesquels elle versa un fond de rhum, avant d’attrapa une canette de coca qu’elle avait trouvé dans le frigo, et de le verser dans les deux verres. Poussant l’un d’entre eux vers Sasha, la brune laissa son regard vagabonder vers l’extérieur. « Putain, faudra aller faire les cours, Yan'. » Ignorant l’ironie certaine de la russe, Iyana lui rendit son regard, un sourcil levé. Secrètement, la jeune fille n’avait qu’une hâte : faire des rencontres, et découvrir Paris. Mais sa timidité rongeante allait l’handicaper fortement, elle le savait, mais elle espérait pouvoir compter sur Sasha pour l’accompagner. En effet, elle ne s’était jamais réellement éloignée de sa mère, car ils étaient une famille très soudée, tout le contraire de celle de la jolie russe. Mais elle se ferait à cette distance. « Dis, tu sais quel job tu vas prendre ou pas ? » Un peu outrée a cette question, la jeune fille se redressa, portant son verre jusqu'à ses lèvres fines. « Hm, je pensais vraiment me consacrer a mes études, le temps de profiter des sous que Maman m’a laissé. Mais après, je en sais pas, décrocher un boulot de photographe, peut-être pour un magazine local, ou quelque chose dans la mode, ce serait génial. » Elle rêvait un peu, naïve comme toujours.
Je pris le verre dans ma main droite, le penchant et le faisant tourner en observer la couleur caramélisée du liquide, puis je le portais finalement à ma bouche, et en avalais une grande gorgée. On ne sentait pas suffisamment l'alcool à mon goût, mais ça ferait l'affaire. A la réponse d'Iyana, je roulais des yeux, exaspérée par sa naïveté éternelle. « Ma chère, je te ferais savoir que nous sommes à Paris. Crois-tu sincèrement trouver un job aussi intéressant rapidement ? » débitais-je d'un ton théâtral, exagérant mes mimiques pour adoucir mon ton. « Redescend sur terre, Yan, ici il faut se battre pour trouver un métier. Pense plutôt à des trucs comme serveuses ou un truc du genre, pour te payer tes études. » Je buvais une seconde gorgée de rhum-coca, tandis que mon regard dérivait sur ma droite. J'avais vraiment hâte de visiter Paris ! Et de faire de nouvelles rencontres évidemment. Je devrais trouver quelques contacts ici, de toute façon. Et j'emmènerais Iyana, car je supposais qu'avec elle et sa timidité, elle ne s'en sortirait pas.
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